Le 15 avril 2019, le temps s'est suspendu : Notre-Dame de Paris, en flammes, pouvait disparaître. Il a fallu la détermination et le courage des sapeurs-pompiers de Paris pour éviter le pire. Après une première partie historique, ce livre à l'iconographie spectaculaire dévoile la face cachée de la cathédrale, de la charpente à la flèche, et permet de suivre, en images, son sauvetage.
Avec la même approche, s'appuyant sur les photographies et les témoignages inédits de la Brigade, l'auteur revient ensuite sur les attentats de 2015, l'explosion de la rue de Trévise et l'incendie de la rue Erlanger, trois autres événements dramatiques qui montrent que ce modèle interdépartemental, unique en France, fait en permanence face aux risques et à la menace terroriste.
Inclus : des témoignages de première main, des photographies inédites fournies par la Brigade ou issues d'archives rares (pour la face cachée de Notre-Dame), des encadrés sur les innovations techniques et des vidéos réalisées par la Brigade et les dronistes de la Préfecture de Police (accessibles en flashant la page de sommaire du livre avec l'application gratuite AlbinMichelBeauxLivres+).
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Ce Sultan, fils de Sélim II l’Ivrogne, était un jouisseur effréné. Il passait pour avoir “un cœur modéré et paisible”. On en donnait pour preuve que si, lors de son avènement, il avait, selon l’usage, fait tuer ses cinq frères, en revanche il s’était montré clément envers vizirs et gouverneurs.
Tenir conseil, donner des audiences, lire des rapports, signer interminablement, prendre des décisions , tout cela ennuyait profondément le jeune Empereur et souvent le mettait à la torture. Mais le pire était le scrupule, la crainte permanente de ne pas remplir son devoir. Se sentir en conscience obligé de gouverner et se savoir incapable de la faire comme les circonstances l’exigeaient, constater sa faiblesse devant ces grands monstres qui se nommaient Philippe II, Catherine de Médicis, Elisabeth d’Angleterre, quel intolérable supplice !
Le crime du dernier des Valois, fut d'avoir devancé son temps non seulement par l'audace et le raffinement des mœurs, mais surtout par la lucidité, la tolérance, l'abnégation morale. Crime à tel point odieux que la France, sauvée grâce à ce prince, persiste à lui dénier la paternité de son oeuvre, qu'il s'agisse du maintien de la communauté nationale, de la liberté de conscience, de l'Académie ou du premier Code civil. et pourtant, rien de tout cela n'eût existé sans lui.
197 - [Le Livre de Poche n°3257, p. 7] Avant-propos
[...] ... A défaut de sainteté, Cinq-Mars avait sa propre "nature" qui ne l'attirait en aucune façon vers les "étrangetés" sur lesquelles les libertins lui avaient fourni quelques aperçus. Il ne s'en trouvait pas moins dans une situation inextricable. Le moyen de repousser un roi après l'avoir effectivement attiré ? D'ailleurs, repousse-t-on le Roi, l'Oint du Seigneur, le maître absolu des personnes et des biens ? N'est-il pas grisant, même pour un garçon furieusement épris des femmes, de voir à sa merci le personnage sacré auquel Dieu a remis la France ?
La question a soulevé d'âpres controverses. Beaucoup d'historiens modernes ont repoussé avec horreur la scandaleuse hypothèse. D'autres ont voulu laisser à Louis XIII le bénéfice du doute.
Les contemporains n'en éprouvaient aucun. Perrault écrivait au prince de Condé : "Votre Altesse se peut remémorer ce qu'elle a su de l'histoire de Henri Troisième quand il affectionnait Monsieur d'Epernon et de sa conduite quand il lui faisait des présents." Vittorio Siri partageait l'opinion ainsi sous-entendue. Et aussi le grave Henri Arnauld, futur évêque d'Angers, frère des célèbres Jansénistes, familier de l'Hôtel de Rambouillet, "qui savait de première main tout ce qui pouvait intéresser la Cour et la Ville." Il en informait régulièrement le président Barillon, alors en exil, auquel il ne laissait pas ignorer le moindre épisode de l'affaire Cinq-Mars. Quant à Tallemant des Réaux, il cite des faits précis, nomme ses informateurs qui en furent témoins. L'auteur des "Historiettes" fut longtemps tenu pour un amateur de scandale, un collecteur de ragots, une source extrêmement suspecte. Nous savons aujourd'hui que, s'il poussa très loin le non-conformisme, il mérite d'autant plus d'être pris en considération. Ses tableaux réalistes du XVIIème siècle doivent souvent être préférés à tant de peintures trop décoratives.
On ne saurait donc écarter absolument l'idée d'une liaison singulière où l'orgueil et la curiosité de l'un laissèrent le champ libre à la passion de l'autre. ... [...]
[...] ... Arrachant les ciseaux des mains du bourreau, il coupa une partie de ses boucles brunes et pria le Père de les brûler avec le portrait. Peut-être espérait-il que le religieux remettrait ces reliques à la princesse Marie. On ne sait ce qu'il en advint.
Selon ses vœux, l'assistant du Père Malavette lui coupa les cheveux et non le bourreau.
- "Ah ! Mon Dieu !" soupira-t-il pendant l'opération, "Qu'est-ce que ce monde !"
Ayant prié quelques moments, il se tourna soudain vers l'exécuteur :
- "Que fais-tu là ?" cria-t-il. "Qu'attends-tu ?"
L'homme sortit d'un sac un couperet "qui était comme celui des bouchers mais plus gros et plus carré."
- "Allons ! Il faut mourir," soupira Cinq-Mars. "Mon Dieu, ayez pitié de moi !"
On ne lui banda pas les yeux.
Monsieur le Grand, "d'une constance incroyable, ... posa fort proprement son col sur le poteau, tenant le visage droit tourné vers le devant de l'échafaud. Embrassant fortement le poteau, il ferma les yeux et la bouche et attendit le coup que l'exécuteur lui vint donner assez lentement et pesamment, s'étant mis à sa gauche et tenant son couperet des deux mains. En recevant le coup, il poussa d'une voix forte comme un : "Ah !" qui fut étouffé dans le sang. Il leva les genoux comme pour se lever et retomba dans la même assiette qu'il était. La tête ne s'étant pas entièrement séparée du corps par ce coup, l'exécuteur passa à sa droite par derrière et, prenant les cheveux de la main droite, de la gauche il scia avec son couperet une partie de la trachée artère et la peau du cou qui n'était pas coupée."
La tête charmante qui avait troublé tant de cœurs roula le long de l'échafaud et tomba sur le sol, au milieu de la foule, d'où s'éleva une immense clameur. "Les plaintes et les gémissements firent un bruit si horrible que l'on ne savait où l'on était."
Le corps, difficilement détaché du poteau tant le malheureux l'avait serré, fut enveloppé d'un drap sous lequel le bourreau plaça également la tête. ... [...]
[...] ... Le dernier de sa lignée, Louis courut les chemins, coucha à la belle-étoile, se battit en soldat, rendit la justice, se mêla personnellement de chaque incident de la vie du royaume. Comment aurait-il jugé un Louis XVI qui, sauf le sacre, un voyage à Cherbourg et la fuite de Varennes, ne quitta jamais l'Île-de-France et qui, à une heure décisive, fut incapable de passer une revue à cheval ? Qu'aurait-il pensé du comte d'Artois, près de tomber entre les mains de Napoléon (en 1815) à cause d'une question d'étiquette qui ne permettait pas de le tirer de son lit ? Car telle fut la pente descendue par ses héritiers en moins d'un siècle et demi.
Le dernier aussi, il exerça une autorité simple, directe, patriarcale, analogue à celle d'un propriétaire scrupuleux, d'un bon chef de famille. Un jour, l'administration cherchait querelle à des soldats parce qu'ils avaient pris indûment du bois pour se chauffer en forêt d'Halatte. Le Roi se fâcha :
- "Vous pouvez jeter vos informations au feu ! La forêt et les soldats sont à moi ! N'en parlez plus !"
Louis XIII ne mit jamais le despotisme au service de ses passions, de ses caprices. La rude discipline qu'il imposa aux autres, il se l'appliqua d'abord à soi,-même. Surtout, il se garda de s'isoler des masses. C'est après lui que le contact se rompit. C'est après lui que le souverain cessa peu à peu de connaître ses sujets qui ne le connurent plus du tout.
Le second des Bourbons clôt, enfin, la série des princes qui menèrent la lutte non seulement de la royauté, mais encore du peuple contre la féodalité et les privilèges. Pas une fois il ne trahit la confiance passionnée que le Tiers lui avait manifesté aux Etats généraux de 1614. Malgré l'incompréhension, malgré les révoltes, son effort ne cessa de servir la vocation du pays. Il incarna la souveraineté nationale - si nous osons cet anachronisme - autant que le droit divin. ... [...]
Il n'est pas vrai que l'Histoire reste indifférente aux caractères de certains hommes. A moins qu'une puissance mystérieuse ne façonne précisément ces caractères de manière à faciliter la marche de l'Histoire.
Son erreur n'était pas de vice de volonté, mais d'entendement, qui croyait volontiers voir dans les secrets de la Providence divine qu'il ne voyait pas.
Un Hanovrien régnait à Londres,un Français à Madrid,un Saxon à Varsovie,un Polonais à Nancy,un Lorrain à Florence un Espagnol à Naples.Ce qui ne serait pas tolérable un siècle plus tard semblait conforme au sens de l'histoire,bien que le terme fû encore inconnu.
Rodolphe répondit comme l’aurait fait trois siècles plus tard un souverain constitutionnel : « Nous sommes arbitre, intermédiaire et juge, nous ne devons prendre parti en aucun cas. » Rester le juge suprême au-dessus de la mêlée : ce devait être sa constante maxime.