A l'occasion d'une soirée "Livre Unplugged" à la Bellevilloise autour du parolier Pierre Grillet, l'auteur de "Madame rêve" (la chanson d'Alain Bashung et un livre éponyme paru chez Stock où il raconte l'origine de ce texte), de nombreux interprètes se sont succédés sur la scène. Ici, Raby interprète la chanson culte d'Alain Bashung et Pierre Grillet.
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Je crois qu’on s’est tout fait Natasha et moi. Je l’ai quittée, je l’ai chassée, je l’ai perdue. On s’est revus et corrigés, on s’est trompés et passés à côté. J’ai compté en jours, en mois, aujourd’hui je ne compte plus.
Madame rêve d'atomiseurs
Et de cylindres si longs
Qu'ils sont les seuls
Qui la remplissent de bonheur
Madame rêve d'artifices
De formes oblongues
Et de totems qui la punissent
Rêve d'archipels
De vagues perpétuelles
Sismiques et sensuelles
D'un amour qui la flingue
D'une fusée qui l'épingle
Au ciel
Au ciel
On est loin des amours de loin
On est loin des amours de loin
On est loin
Madame rêve ad libitum
Comme si c'était tout comme
Dans les prières
Qui emprisonnent et vous libèrent
Madame rêve d'apesanteur
Des heures des heures
De voltige à plusieurs
Rêve de fougères
De foudres et de guerres
À faire et à refaire
D'un amour qui la flingue
D'une fusée qui l'épingle
Au ciel
Au ciel
Natasha, il suffisait que je la respire pour la désirer. Je parle de ce parfum qui vient avec la peau. C’est tout ou rien mais lorsqu’il convient c’est pour toujours.
Spinoza a dit : « On ne subit pas ce que l’on comprend ». Il y a des phrases comme ça qui, comme la loupe du couteau suisse, peuvent vous sauver. J’ai renoncé si souvent à me comprendre que cette phrase me parle. Elle s’adapte à tout.
J’ai la chance de pouvoir écrire. Nulle autre chance que celle-là. A mes yeux ce n’est pas un don mais une faculté. Une faculté de traducteur. Comment font les gens qui ne peuvent rien faire de leur chagrin, qui ne peuvent rien faire de leur vie, aussi belle soit-elle, à part la vivre ? Je les plains sincèrement. Ils ne peuvent que crier quand ils souffrent ou quand ils aiment. « Toi tu écris, tu t’en tires toujours ! » Quelqu’un m’a dit ça un jour. C’est vrai. Cela m’a sauvé et cela me sauve.
On peut bien tout partager, le pire et le meilleur à deux, celui qui repart avec la chanson, c'est moi.
Un jour ma mère m'appelle. Elle vit en province et écoute Europe n°1 fidèlement depuis toujours : "Je viens d'entendre ta chanson à la radio ! dit-elle sans prendre le temps de dire bonjour. J'ai bien aimé." Je suis un peu surpris, la connaissant. Ce qui me pousse à lui demander si elle a bien compris les paroles. "Je vais la réécouter et je te rappelle." Elle ne m'a jamais rappelé. Voilà que ma propre mère, destin cruel, semble donner raison aux marchands lucides : "Les paroles, les gens s'en foutent!" Oui et non. Une chanson c'est un être vivant, une rencontre. Qu'il s'agisse d'un coup de foudre ou d'une liaison, il y a ce qu'elle montre, ce qu'elle cache, et ce qu'elle ignore elle-même. On croyait bien la connaître et puis non, on croyait l'aimer et puis non. Enfin si. Il y a soudain une petite ligne de choeurs, une harmonie subtile, ou un jeu sur les mots qu'un jour, un soir, un peu plus sensible, on entend pour la première fois. Aimer sans comprendre, sans comprendre forcément tout tout de suite, c'est la magie de l'amour et des chansons. Les gens ne se foutent pas des paroles, dans cette rencontre qu'ils font, ils ne déshabillent pas leur partenaire instantanément, c'est tout.
"De courage j'ai manqué, d'argent j'ai manqué, de temps j'ai manqué, et d'excuses c'est connu on ne manque jamais."
"Parmi les rêveurs il y a ceux qui projettent un futur et ceux qui regrettent un passé. Parfois je m'interroge : ai-je changé de catégorie ?"
Aimer sans comprendre, sans comprendre forcément tout de suite, c'est la magie de l'amour et des chansons.