Citations de Pierre Oster (49)
L’essentiel est de savoir pratiquer l’attente méthodique…
L’essentiel est de savoir pratiquer l’attente méthodique,
de ne rien peindre avant que de raison.
Je n’aurai garde de combler mon vide
(je le consulte).
TREIZIÈME POÈME
Extrait 1
J’épie, en faveur de la Nuit, un oiseau noir et blanc,
une pie.
J’épie, ô univers, un oiseau noir et blanc qui m’épie.
L’ombre est divine… elle devine mes rivaux :
Les derniers sangliers, la sanglante forêt, et les
derniers chevaux !
Semblable aux meutes des feuillages qu’un dieu tourmente,
J’écoute, et les oiseaux écoutent, l’unique voix véhémente.
Partout une promesse approfondit l’hymne de l’air.
Solitaire, je me confonds à la disparition de l’éclair.
Un arbre dans le ciel. Et la force se lave.
Un arbre dans le ciel, que protège un oiseau.
Ah! qui protègera l'arbre assiégé d'épaves
De regarder au ciel trop haut ?
Tous les secours de l'érudition et de la critique, toute l'écriture amassée autour des textes, celle des autres comme la mienne, ont pour fin dernière la lecture personnelle des textes.
1571 - Gustave Lanson (1857-1934)
Les gens qui prient perdent du temps.
2496 – [p. 998] Gustave Courbet
TREIZIÈME POÈME
Extrait 2
Mon âme est accordée à l’ordre des choses. Qu’importe
Si la pluie en novembre abîme un peu le toit, arrache un
peu la porte !
Mon âme seule… Ainsi les arbres absolus,
En s’insurgeant contre la mer, ne s’insurgent qu’en vain
contre ce qui n’est plus.
Un Nom toujours nouveau a consacré ma bouche indigne.
D’autres signes que le Soleil gravitent autour du Signe.
Je dispute l’Espace à la ténuité des torrents…
Des feux très solennels font les feuillages transparents.
L’univers est une prairie incomparable…
L’émotion méditée est le pain du poète.
Dieu présent est absent …
Dieu présent est absent, Dieu absent est présent ;
c’est l’acte de penser qui, donnant forme à son absence,
nous permet de Le «toucher».
Ainsi le jour paisible à mes pieds se prépare et se nuance.
Une même ferveur enfantine, un même amour, un même nom
M'incline à découvrir entre les lourdes racines d'un saule
Toute une étroite grotte à l'abri du soleil et des eaux !
Le nid que je préfère est comblé par les feuilles qui tombent…
[...] Appliquer un regard aux premiers mots du Poème pour que de suivants, disposés comme ils sont, l'amènent aux derniers, le tout sans nouveauté qu'un espacement de la lecture.
1572 - Stéphane Mallarmé, Un Coup de dés jamais n'abolira le hasard.
Présages
Présages arbres gonflés de pluie / Inassouvi
désir de lumière / Espace du recueil
Ruissellement / le jour ses fruits
Répandus dans l’ombre / Ensanglantée de l’été
Océan royaume docile des / Secrets de l’âme
sur la crête / Triomphe qui s’impose à toi
Embellie du vieil édifice céleste / Rendu présent à ta vue
Dix-neuvième poème
(fragment initial)
Extrait 4
La rivière déjà si haute affleurera ses bords à l'heure
du serein.
Un cheval noir, que j'ai loué, hennit et galope sans
frein.
Contre la terre encore humide, longtemps je colle
mon oreille.
Quand je me dresse, la lune est là : qui me pose
une énigme pareille
Au bourdonnement des beaux jours, au reflux de
la saison,
À la caducité, dans la bouche des dieux, des mots
que nous taisons !
Dix-neuvième poème
(fragment initial)
Extrait 2
Le ciel a pour toujours quelque chose de grave et
d'agreste.
Un nuage, le ciel… Et rien d'autre à la fin ne me
reste.
Mon repos n'est que solitude au prix de la paix
des roseaux.
J'honore, avec un chant, l'orgueilleux mouvement
de la terre et des eaux.
Une même souche pourrie, une même grandeur
me repousse et me hante.
…
Un vers héroïque…
Un vers héroïque, vers victorieux
où se devine
une fusion splendide.
L’observance de l’éthique du poème…
L’observance de l’éthique du poème
nous donne de nous livrer sans risque
à l’étroitesse de la vie.
Pierre en mémoire
Puisse vent au comble d’une tourmente / ouvrir
brèche dans le cœur / Inquiet de son devenir / Eternité
au bout de la Rue bondée de passants / Réjouis
à flâner un moment avant d’ / Entrer chez soi
Où un obscur / Sentiment module Terre et mer en gloire et s’
Éveille dans le lointain ce Rêve qui t’enveloppe
TREIZIÈME POÈME
Extrait 3
Les beaux chemins égaux qui couraient à la mer
première,
Les roseaux, et le fleuve, s’inclinent sous la Lumière.
Rivages, je vivrai ! l’abîme a l’éclat de l’Esprit.
Je sonde l’Océan, où l’antique Soleil s’inscrit.
Une vague me jette un bâton. Je dresse un mât de
fortune.
Dans les pierres je sens blanchir comme une voile
opportune.
Debout, je vois les monts ! Debout. Les vaisseaux
et les mers,
Les monts et les vaisseaux font vaciller mes vers.
Amour …
Amour, sur-nom de l’Esprit.
Dix-neuvième poème
(fragment initial)
Extrait 3
J'entends tomber le jour tout au fond d'une fosse
béante.
Un souffle rapide et glacé m'incline à me mettre
à couvert,
À cueillir, pour cacher mon visage, un rameau
jaune et vert !
Dans les taillis la nuit tressaille et je songe à la
houle.
Mes pas me mènent, légèrement, le long d'une
berge qui croule,
Vers un grand arbre plein de silence et d'immobilité.
Et c'est ainsi que, sous un chêne, au coucher du soleil,
je me tiens abrité,
Que je recule, que je résiste, que je recule, que je
plie,
Que près du chêne qui m'abrite ma défaite s'est
accomplie…
...
Que l’attache sacrée se rompe…
Que l’attache sacrée se rompe,
et le langage paraît être un ornement du néant.
Réapprendre la réalité par cœur.