Pierre Pouchairet

Derrière le tueur, le jeune avocat cachait difficilement son effarement. Le commandant se dit qu'il n'était pas au bout de ses surprises, s'il croyait trouver de l'humanité chez certains de ses clients.

-Une idée qui vient d'en haut. Vous avez rendez-vous au siège de l'entreprise, ou le directeur gébèral vous attend, en personne, à 15 heures cet après-midi. Le commissaire Aubert vous accompagnera. Pas d'ésclandre, c'est un ordre. Pas question de mettre qui que ce soit en garde à vue... Vous y allez pour des vérifications, pas pour déclencher une guerre. Je me fais bien comprendre ?
Johana sourit.
- Parfaitement, monsieur le directeur.
- Prenez aussi Malika.
Johana eut un moment de surprise ,elle appréciait fort peu que Bertinon se mêle de la répartition des tâches au sein de son groupe. Il le remarqua.
- C'est juste une requête ! La présence de deux femmes, ça fera moins rapport de force.
- Le commissaire et deux secrétaires, c'est ça ?
_ Ne faites pas votre mauvaise tête, vous comprenez très bien ce que je veux dire.
_ Pas trop, répondit-elle fermement, sans insister.
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Ils sont spécialistes du pilotage d’épaves. Les deux fous volants font comme s’il n’y avait aucun risque, « So far so good» , disent les Anglais. Jusque là, ils sont toujours arrivés à destination. Quelques sorties de piste dues à des freins défectueux, des pneumatiques qui ne résistent pas à la pression de l’atterrissage, rien de grave, juste de bons souvenirs. D’ailleurs, les problèmes n’ont pas été dus qu’au matériel, il est arrivé que la consommation abusive de vodka ne soit pas étrangère à leurs ennuis. Il y a eu aussi la fille sur les genoux ou plus précisément entre les cuisses de Rustam. Bien qu’agréable, cette présence n’avait guère facilité l’accès aux commandes et le spectacle offert avait perturbé Ansar.
Les deux hommes ont beau être musulmans, leur pratique de l’islam est des plus light.

Tous ces chefs de service, c'est bien à des flics comme elle qu'ils doivent leur avancement ou leur place sur cette estrade. Si les policiers de terrain ne mouillaient pas le maillot, leurs sacrosaintes statistiques raseraient l'horizon.

Inutile de chercher le conflit. Elle ne gagnera pas contre un con.

-On va vous protéger, et puis l'assassin ne peut pas savoir que vous êtes ici.
- Je crois que j'ai fait une bêtise... Ce matin, j'ai mis une photo du port de Brest sur Facebook.
-Le tueur a raison, vous êtes vraiment un crétin.

Le meurtre remonte à seulement quelques heures. Il y a bien un témoin, le chat siamois. Jusqu'ici, il n'a rien dit.

- regarde-moi ! lui cria Patrick. Dis-moi comment tu l'as tué ce gosse ! il avait compris ton intention ? il a eu peur ? Comment tu t'y es pris ?
- je ne sais pas, ce n'étais pas moi, je ne me souviens plus. C'est pas possible, je n'ai pas pu faire ça.

Il pensait qu’à plus de quarante ans elle aurait envie de poser ses valises et d’arrêter de risquer sa vie aux quatre coins du globe.
Il aurait d’ailleurs mieux fait de fermer sa gueule et de ne pas lui faire part de son sentiment. Il se rappelle la dispute qu’ils ont eue lorsqu’il lui a demandé qui regardait ses reportages. Et si ça valait le coup de risquer sa peau en courant après l’interview d’un chef Taliban, de rebelles kurdes ou de djihadistes encerclés. Tout cela pour un auditoire qui attend impatiemment Hanouna. Les trucs qu’elle dénonce n’intéressent qu’un microcosme de bobos parisiens.

Encore des cadavres. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Cette formule à la gomme, Nino la lui rabâchait régulièrement, sans se douter pour autant qu'il citait du Balzac.

Il y avait toujours un moment où une sorte de confiance s'établissait entre flics et voyous. Ce n'était pas du respect, comme certains pouvaient le croire, mais plus de la complicité entre gens qui côtoient le même monde.

Il ouvre sa veste, attrape un paquet et le donne à son ami. C’est à ce moment qu’il remarque un couple en train de se rouler des pelles à quelques mètres d’eux. Son estomac se contracte. Il a horreur des témoins. Il s’immobilise, les sens en éveil. La fille est appuyée contre le type. Ils se mangent la bouche. La vue le réconforte. Il fait un signe à son pote.
— On pourrait les inviter, ceux-là aussi. Elle a l’air bonne, mate son cul.
Ils ont parlé suffisamment fort pour déranger les amoureux. La nana se détache de son mec et se rapproche des deux hommes.
— Vous n’auriez pas du feu ?
Le motard lui sourit.
— Non, désolé.
Elle lance un œil vers le second, c’est lui qui a maintenant le paquet. Leurs regards se croisent. L’intérêt pour ce qu’il tient ne lui échappe pas. Elle s’en rend compte. Les visages se crispent. La main droite de la jeune femme fait un aller-retour jusqu’à sa veste. L’estomac du motard se glace. La fille a une arme et la braque vers eux.
— Police ! On ne bouge pas.
Moment d’incertitude, comme si quelqu’un avait pressé sur pause. Puis ça part en live.

On sortait plus facilement d'une prison que d'un cercueil.

Comme quoi, des cons, fainéants, machistes et grandes gueules, il y en avait partout.

Comme tous les célibataires, Fahrid logeait chez papa et maman... En Palestine, l’oiseau ne quitte le nid que s’il fonde le sien.

Trouver un responsable de la SNCF n'était pas une mince affaire

Il n'y a bien que dans les films et les polars qu'on sait tout à la fin. Dans la réalité, il y a presque toujours des zones d'ombre.

L'étudiant ne va pas avoir la vie facile en prison.Tout le monde va lui faire payer ses aveux.
- On ne va pas le plaindre avec les saloperies auxquelles il a participé.
- Tu as raison.

L'avantage, c'est qu'en vieillissant j'aurai tellement de cicatrices qu'il n'y aura plus de place pour les rides.

- Je sais, Léanne. L'administration ne garde en mémoire que ce qui l'arrange. Elle peut vous donner des félicitations, du grade, même des médailles, et du jour au lendemain vous envoyer au gibet.
C'était tellement vrai.