Calendrier de l'Avent booktube féministe : #unlivrefeministeparjour
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Je n'y vais pas (à la mort) pour l'Empereur,
j'y vais pour celle que j'aime le plus au monde,
pour ma femme…
C'est pour la protéger que je vais mourir.
Seki Yukio
pilote kamikaze japonais,
1921-1944
Il était un temps, où le Temps n'était pas,
où le jour n'existait pas et la nuit ne tombait pas...
La lumière brillait éternellement, égale à elle-même,
sans jamais faiblir.
Il était ce temps, où régnait un Roi.
Il avait toujours été tel qu'il était aujourd'hui.
Comme lui, son peuple ne vieillissait pas.
Ni rides, ni cheveux blancs ne déparaient les visages.
Le Roi soupirait. Quelque chose lui manquait.
" Ma vie s'écoule encore et encore...
Pourquoi ai-je ce sentiment d'inachevé ?
Cette envie de... de... ? "
Il ne pouvait savoir, dans ce temps sans le Temps,
qu'il ne souhaitait pas être, mais voulait devenir,
qu'il ne désirait pas vivre, mais aspirait à vieillir.
Elle s'était perdue, la nuit précédente,
dans une contrée singulière.
Ciel violet, sable aux tons pâles,
les arbres transparents s'assemblaient en forêts. Au bout d'une longue marche, elle était arrivée
devant l'eau froide d'un étang.
Une brume blanche voilait les roseaux.
Et sur l'onde dansait...
Une fille...
Coton… Ce n’est pas un nom. C’est pourtant le sien. Le Maître l’a choisi pour se moquer de ses cheveux rêches, pour rire de ses gros yeux, et surtout de sa peau si sombre qu’on la dirait découpée dans la nuit. Quel âge a-t-elle, Coton ? Elle-même n’en sait rien. Dix ans, douze peut-être… Assez pour être vendue, assez pour travailler… Coton aussi, parce que dans la plantation, c’est le trésor, c’est la richesse. Parce que sans les champs de flocons, le Maître vaudrait bien peu de chose… Elle ne dit rien, Coton. Aucun son n’a jamais franchi ses lèvres. On la croirait muette, Coton. En vérité, personne ne sait qu’elle rêve ?
Le roi de ce pays avait deux filles.
L'aînée, enfant étrange, ne parlait pas.
Elle riait parfois, sans qu'on sache
pourquoi, devant des ombres sans objet
ou des silhouettes invisibles.
Elle marchait comme en dansant,
d'une folle ronde, que rien ne pouvait arrêter.
Et quand on tentait de l'approcher,
elle criait si fort, prise d'une douleur si profonde,
que tout le château en restait oppressé...
Les enfants du royaume ne peuvent s'en douter mais Iléna est atteinte d'autisme. Cela signifie qu'elle ne peut pas exprimer ses sentiments ou ses sensations comme les autres. Elle réagit, parle et joue différemment. Elle ne comprend pas comment fonctionne le monde dans lequel elle vit et ne parvient pas à communiquer et à se lier avec les personnes qui l'entourent.
[extrait du texte en fin d'ouvrage, à l'issue du conte]
D'abord, fermer les yeux. Se laisser remplir par cette chaleur,
cette musique, venues du vieux pays.
Dans l'obscurité, Coton cherche la mémoire de Kunta
pour sentir comme le vent courait sur la savane,
comme l'odeur sauvage des bêtes coulait dans les veines.
Enfin elle s'endort, les yeux ouverts,
avec dans la tête le refrain des koras...
C'est d'abord le vent qui court sur les champs,
puis la vie des bêtes, qui remplit sa tête.
Toute la journée,
c'est le blanc qui domine.
Le blanc cinglant du fouet,
le blanc doux des fleurs
qu'elle cueille,
le blanc brûlant de la chaleur
qui la mine et qui lui fait
tourner la tête...
Elle se tait, Coton.
Elle travaille en silence.
Il ne mérite pas le dernier mot, comme les condamnés ont droit à leur dernière cigarette. Ce ne sera pas un coup de folie, pardonnable devant un tribunal. Moi, j'ai mûrement réfléchi.
J'ai quatorze ans, et un jour, je le tuerai.