A la fenêtre, elle y va mille fois par jour, dit sa fille. Pour elle, la fenêtre est quelque chose comme la scène pour un critique dramatique, je ne sais pas si je me fais bien comprendre.
Dans ce pays,les lecteurs de romans policiers qui imaginent des coups bas à chaque coin de rue sont légions.
On est un peu irritable quand on travaille le dimanche. Ambrosio perçut cette sensation d'agacement qu'éprouvent d'habitude ceux qui travaillent à contrecœur jusque chez les employés du fourgon de la morgue. Comme si c'était moins pénible de transporter des cadavres le mardi ou le samedi.
La via Giacomo Watt est une rue de la périphérie sud-ouest de Milan, parallèle au Naviglio Grande. L'unique chose digne d'être notée est la présence de deux rangées de réverbères peints en vert, seule nouveauté de cette zone désolée. Elle ne s'anime qu'à heure fixe, quand quelques dizaines d'ouvriers entrent ou sortent des entrepôts. Le reste de la journée, surtout l'hiver, par la pluie ou le brouillard, la via Watt rappelle certaines rues de province américaine qui servaient au temps du cinéma muet pour terminer un film sur l'image évanescente d'un homme et d'un chien, d'un homme et d'un orphelin, ou d'un orphelin et d'un chien.
Quand on dirige un journal, il faut être prudent ; et même, il vaudrait mieux éviter d’en diriger certains. Vous savez que, l’an dernier, Carlo a été obligé de faire changer son numéro de téléphone parce qu’il était menacé par une bande de maîtres chanteurs. Il avait publié une enquête sur le racket dans les boîtes de nuit, vous vous souvenez ? Sans parler du terrorisme, de la mafia.
Quand on devient chef de la Mobiel d'une ville comme Milan, on n'est pas un crétin, pensa Ambrosio ; peut-être un salopard mais pas un crétin.
Il avait dû être un de ces jeunes gens qui plaisent aux femmes ; il avait les yeux clairs, un nez bien dessiné, une épaisse moustache blonde et une bouche vaguement cruelle. Sa mère, au contraire, était une vieille dame maigre aux lunettes bleutées à monture dorée ; elle portait une robe gris perle, ses cheveux blancs étaient retenus dans un filet de nylon, elle avait une voix aiguë.
Je ne crois pas être de ceux qui divisent le monde entre les bons et les méchants. Je vous dis ça parce que je suis sûr que vous êtes en train de vous demander si vous devez me parler. Disons que vous avez besoin de protection, mais vous ne savez pas encore si je peux vous être utile ou si au contraire je ne vais pas vous compromettre tout à fait.
J’ai toujours été attirée par certaines pierres précieuses, surtout les rubis, et par les montres. Vous ne me croirez pas, mais il y a des montres, les Audemars Piguet, les Gerald Genta, les Patek Philippe, qui sont plus attirantes que des bijoux, ce sont de véritables petites œuvres d’art.
C’est pour ça que, chez nous, malgré la liberté de la presse, on en sait si peu et que la vérité est toujours diffuse. Comme… comme si on ne pouvait pas dépasser certaines limites sans encourir, pour qui les franchirait, une punition terrible.