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Critiques de René Étiemble (8)
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Lettres

La plus vieille édition des lettres de T.E. Lawrence en France possède le charme des premières traductions, de celles qui ont longtemps marqué les esprits : David Garnett avait fait ce choix de lettres publiées en Angleterre et livrées dans une version française réalisée par René Étiemble et Yassu Gauclère aussi proche que possible de l'esprit de l'auteur, de sa manière de s'exprimer et de penser.

Les premières lettres mettent en évidence l'amour de Thomas Edward Lawrence pour l'architecture médiévale (religieuse et militaire) et elles ont pour destinataires ses amis de jeunesse, sa mère, ses frères, ou l'orientaliste C.M. Doughty ; et, par la suite, dès que le jeune homme est employé sur le champ de fouilles de Carshemish (Karkémish), sur l'Euphrate, elles s'adressent à l'archéologue David George Hogarth ; quand le champ s'étend à la politique et à l'action militaire, les correspondants se multiplient, et l'on y trouve des dirigeants, des officiers supérieurs et toutes sortes de gens d'influence ; l'écrivain s'adresse lui à quantité d'hommes et de femmes de plume (George Bernard Shaw, Thomas Hardy, E. M. Forster et tant d'autres) ; l'homme se livre à quelques personnalités et à quelques amis (et là, il se montre tel qu'il est, et l'on peut le trouver un peu dur, surtout à l'endroit de sa mère et des femmes). Comme simple soldat et mécanicien dans les rangs de la Royal Air Force, il revendique le droit d'assumer librement son nouveau rôle et son attachement à cette arme, sans qu'on le soupçonne d'avoir la moindre arrière-pensée politique ou d'agir sur commande, surtout quand l'on veut l'en éloigner (il y revient, mais, lorsque le terme du contrat d'engagement arrive et qu'il doit la quitter, c'est en homme perdu et sans avenir qu'il nous apparaît, comme s'il avait fait le tour de toutes choses et épuisé les bonnes raisons de continuer à vivre).



François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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Blason d'un corps

Le plus beau roman d'amour que j'ai jamais lu!

A travers les lettres, jamais remises, adressées durant onze ans par un homme épris de liberté à la femme qu'il aime, on est embarqué dans les profondeurs d'une passion dont on peut lire tant l'ardeur émotionnelle que la fougue érotique.

Magnifique.

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L'erotisme et l'amour

Malgré le titre, voici un ouvrage pas si facile à lire et finalement moins érotique qu'il n'y paraît car il est beaucoup question d'histoire, de littérature ancienne, notamment chinoise. L'auteur est très critique à l'égard de la littérature érotique moderne, crue; Plutôt que d'appeler un chat un chat... Etiemble préfère les belles images, le langage fleuri et esthétique nourri par l'imagination, la délicatesse, le culte de la beauté, l'Amour de la femme. Oui à l'acte charnel, mais avec des sentiments et des formes.
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Le jargon des sciences

On est trop souvent tenté de réduire Etiemble à son combat contre le franglais. Mais ce combat là n'était pour lui qu'un champ de bataille parmi bien d'autres où devrait se livrer une guerre mondiale contre ce qu'il appelle le babélien. Le babélien est à toutes les langues ce que le franglais est au français et le globish à l'anglais ; le produit informe d'une contamination irréfléchie et paresseuse entre les langues. Dans cet ouvrage, l'auteur de « Parlez-vous franglais ? » et de « Le Babélien » étudie la manière dont les sciences produisent leur jargon, sur l'évolution du vocabulaire scientifique. Il s'y pose en juge de la création de mots nouveaux et des emprunts justifiés ou paresseux à d'autres langues par la communauté scientifique. Comme souvent chez Etiemble, l'essai est chauffé par l'humeur polémique. Il ne prétend pas constituer un inventaire exhaustif des pratiques linguistiques dans les laboratoires de toutes les nations. Mais la très vaste connaissance des langues de ce professeur de littérature comparée ouvre la réflexion bien au-delà de la question des usages scientifiques du français.

De nos jours (2016), les imprécations d'Etiemble (1966) semblent bien vaines. Etiemble a laissé le souvenir d'un puriste atrabilaire et vindicatif. Mais la qualification de puriste ne lui va guère; son intelligence des langues lui interdit de croire au concept de pureté linguistique. Et s'il a combattu les intrusions de l'anglais dans le vocabulaire français ainsi que les insidieux anglicismes, c'est plus par sa foi dans le caractère organique et vivant d'une langue dont il mesure la vitalité à sa capacité de puiser dans ses propres ressources pour créer des mots nouveaux ; l'emprunt inconsidéré dans le vocabulaire d'autres langues ne peut être qu'un signe de faiblesse. Mais il ne s'agit pas de faiblesse linguistique ; c'est le symptôme d'une faiblesse politique et économique. C'est une question de diplomatie culturelle ou de soft power.

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L'enfant de choeur

C'est un roman extrêmement troublant, qui nous amène à suivre "l'éducation sensuelle" et sentimentale d'un jeune garçon, entré comme pensionnaire dans un lycée de province, où les "grands" n'ont aucun scrupules à satisfaire leurs élans sexuels au détriment des petits...Du début à la fin, on oscille entre la séduction qu'inspire la beauté d'âme de certains êtres naîfs (ou particulièrement droits, grands) et foncièrement bienveillants, et le malaise intense de devenir témoins de relations malsaines et perverses. L'émotion est d'autant plus grande lorsque l'on sait que le roman s'inspire d'éléments réels de l'adolescence d'Etiemble. Le tout est écrit de main de maître.

Un roman à lire, mais en ayant pris garde de bein "accrocher son copeur", auparavant.
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L'enfant de choeur

Publié en 1937, ce roman d'Etiemble est, dit-on, en grande partie autobiographique.

André Steindel (un nom proche De Stendhal), est élevé par sa mère veuve dans un petit village de la Mayenne (bien que le narrateur, André lui-même) donne peu d'informations à ce sujet, si l'on lit quelques lignes sur Etiemble, on sait qu'il fréquenta le lycée de Laval, qu'on désigne ici par L.

Mme Steindel veut le mieux pour son fils : moralité et études. Dans la confection, c'est une femme qui s'est faite seule et par son travail acharné. Elle en a gardé un caractère autoritaire et intransigeant. Elle élève son fils dans le culte des bienséances et la mémoire sublimée de son « petit père ».

Très tôt, le jeune André cherche à percer le mystère féminin , se montrant prévenant avec certaines ouvrières de sa mère puis le cherchant et le découvrant, à travers sa mère justement, qui le séquestre et lui interdit plus tard de fréquenter quelque jeune fille que ce soit, tant est forte sa jalousie qui confine à la perversion voire à la folie dévastatrice.

Plusieurs problèmes et questions se posent alors à André après la mort d'un chanoine compréhensif qui lui permettait de rencontrer sa belle en cachette. Il découvre surtout l'absurdité d'une religion bourrée de contradictions, qui ne fonctionne qu'avec la peur de l'enfer et la répétition de rites qui ressemblent à une farce (Etiemble est devenu un grand athée devant l'Eternel – ou pas !).

La question de l'inceste et le mythe d'Oedipe est au centre du roman, évidemment, question que le narrateur amène petit-à petit, par touches successives jusqu'à l'apogée des injustices issues de la jalousie maladives de sa mère. L'autre pendant, punition de la misère sexuelle est la syphilis. Sa mère a contracté cette maladie alors qu'elle s'est gardée d'aller voir ailleurs après la mort de son époux. André veille sur sa « petite mère» comme un fils dévoué et pendant qu'il la soigne à l'aide d'une infirmière, on a droit alors à des descriptions « réalistes » peu ragoûtantes des premiers stades de la syphilis. Là encore, la société est dans le non-dit et ce père si vénéré avait dû donner à sa femme, avant de partir pour l'au-delà, ladite maladie vénérienne.

En fait, André est un garçon curieux et cherche, dans ce roman des réponses que le monde dans lequel il vit ne lui apporte pas que ce soit sur les femmes et le sexe, la religion, l'inceste - qu'il définit comme à l'origine du monde si l'on en croit la Bible puisque si Adam et Ève était tout seuls, leurs enfants ont forcément commis l'inceste – et la maladie. L'incurie des manuels de médecine rejoint celui des manuels de classe hyper-censurés où le lycée qu'il fréquente –pourtant public- ne recèle que des « morceaux choisis » et jamais des romans complets de la littérature. Bien sûr, il passe pour un pervers pour avoir « volé » un Zola dans la bibliothèque de son oncle.

L'oncle Chauvache et sa femme, couple flaubertien dans leur naïveté un peu vulgaire, est justement celui qui, dans sa volonté d'éduquer un peu son neveu, lui permet certaines ouvertures dans le monde littéraire (Zola, même s'il lui interdit) et sa qualité d'enfant de choeur auprès du chanoine qui le comprend et même l'encourage dans son amour pour Laurence, sa petite amie.

Et puis il y a les études, bien sûr, l'internat et ses « lapinages » des bleus, la découverte encore de son corps à travers celui des autres et l'attente impatiente de la promenade à l'on verra défiler, voire contacter les filles du PB (petit bahut). Nous sommes dans les années trente et j'imagine sans peine ce que ce livre a dû soulever de polémiques.

le style en est très classique et d'une grande pureté rhétorique mais le narrateur- de même que l'auteur – parle parfois dans l'argot des lycéens de l'époque et le parler crû rajoute à l'envie d'authenticité et de sincérité du propos.

Roman classique qui se lit aussi bien qu'un documentaire sur les moeurs d'une époque qu'ils soient publics ou privés, « L'enfant de choeur » peut- être considéré comme un titre à la fois ironique (André ne l'est plus à la fin), symbolique : l'enfant de choeur est celui qui assiste au mystère sans forcément le comprendre, ni y avoir accès et enfin pris au premier degré et dans sa sonorité, comme le garçon qui fait la fierté de sa mère par son comportement soumis et ses brillantes études. Par son discours de fin d'année, André semble est rentré dans le rang tout comme les jeunes du lycée qu'il fréquente. Mais on sait combien il sait s'adapter aux idées des gens de pouvoir (il l'a montré en philosophie) et tout est toujours possible.



« Recrutés parmi les fils de petits et moyens bourgeois libéraux, de fonctionnaires et de « commerçants à leur aise », les autres élèves de philo n'avaient pour la réflexion philosophique aucune inclination sensible. Leur niveau social leur imposait de parcourir les deux cycles de l'enseignement secondaire ; mais le goût pour la méditation et l'aptitude à la pensée ne sont pas toujours proportionnels aux revenus. »



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L'erotisme et l'amour

Un ouvrage très dense malgré le format, d’un auteur pour lequel « l’érotisme, c’était mieux avant »… D’ailleurs tout était mieux avant à en croire ce personnage que j’ai trouvé excessivement désagréable.

Bref, ce livre finira en bouquinerie et ne restera pas sur mes étagères



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L'enfant de choeur

Le roman d'Etiemble n'est pas un brûlot contre les curés. Il se moque de leur enseignement, de leur petitesse d'esprit qui rend l'enseignement décalé, leur bibliothèque un océan de niaiseries, ce qui donne à André le goût pour les livres interdits [...] Cette objectivité donne au texte cette impression de vérité.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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