En littérature, la brièveté oblige à purifier le style, à clarifier la pensée.
Sur Twitter, elle encourage à dire vite et vulgairement toutes les stupidités imaginables.
Loi sociologique : l'intérêt des informations échangées diminue en proportion de la quantité et de la variété des moyens de communication disponibles
(Bernard Quiriny)
-Laurent Mauvignier-(extr. hommage à Christian Gailly)
Je me souviens de mon émotion, de ma fierté aussi, en lisant la première lettre que j'avais reçue de Gailly à la sortie de mon premier livre; (...) C'était une lettre où Gailly me parlait de son livre, des auteurs aussi qu'il nous sentait en commun, Duras et Bernhard, et puis, très gentiment, il me parlait de la solitude du métier d'écrire, genre, bienvenue en enfer, soldat, et puis un conseil, quand vous ne savez pourquoi écrire, pensez à votre éditeur, ça aide. J'ai suivi le conseil, et je le suis encore. Une autre lettre, quelques livres plus tard. Quelques mots sur la tentative de suicide de sa mère-quelque chose d'irréparable, une douleur qui fait des inconsolables, mais des inconsolables qui se reconnaissent suffisamment pour ne jamais en parler ouvertement. (p.17)
-Hommage de Thomas Vinau à Jules Mougin-
...mais rencontrer vos mots et vos poèmes ce fut comme de recevoir une lettre avec encore sur l'enveloppe une goutte de pluie évaporée. De la main à la main. Une lettre qui aurait traversé l'usine et la guerre, la solitude, la faim et les coups de pied au cul, une lettre en somme qui aurait traversé l'hiver pour m'amener un bleuet. C'est petit un bleuet mais qu'est-ce que ça fait du bien ! Merci Facteur ! (p.33)
Le roman est le plus fort.
Je veux dire, de tous les modes d'expressions, c'est le mode d'expression le plus puissant,
qu'un roman soit porteur de tout un monde,
de mille histoires ou d'une seule, il est incomparablement ample et intime, tentaculaire comme un rhizome courant
le monde ou une simple racine remontant en soi.
J'ai fait le choix de ne jamais réellement arbitrer entre fiction et éléments biographiques, les deux se confondent
toute vie est une histoire que l'on se raconte, que l'on
subit ou décide,
toute fiction est une vie en plus faite de cent autres.
p98
Fragments du journal d'Arnaud Cathrine- (1994-1998)
-A partir d'un certain âge, mieux vaut être mal accompagné que seul. Voilà la couardise suprême à laquelle je devrais peut-être me résoudre un jour. (p.96)
Les livres sont un trésor plus inouï, plus étincelant que toutes les richesses matérielles- et qui ont l'avantage de ne pas être imposables.
Une journée dans la vie d'OLIVIER LIRON
Savoir lire induit ainsi un investissement de la part du lecteur, une intention réflexive, un engagement, une immersion dans le temps aussi, une acceptation de la lenteur afin d'approfondir la connaissance du paysage de littérature et de se forger une grille de compréhension ds textes: lire ne se réduit pas au goût...
Chronique littéraire de PHILIPPE VILAIN
Envie aujourd'hui de citer quelques autres qui ne figuraient pas dans mon essai (cf. "Nos vies romancées"): Annie Ernaux, Jean-Luc Lagarce, Didier Eribon, Marguerite Duras, Pierre Reverdy, Charles Juliet, Romain Gary, Georges Perros, Chantal Thomas (et je cesse là sous peine de céder à la tentation de l'inventaire). Tous ont en commun de n'avoir pu s'empêcher d'être libres. Ils ont remué-et remuent encore- ciel et terre pour l'être le plus possible. Et Dieu sait qu'il faut apprendre à "supporter sa liberté" (selon la belle formule de Chantal Thomas) car on vous la reprochera toujours. Bref: ils se sont "inventés" (p.70-71 / Arnaud Cathrine)
Christine Angot au Grand Journal. Instinctivement, je change de chaîne. Gould téléphone pour dire avec enthousiasme qu’elle est à l’écran. Je réponds que je viens de zapper, et m’étonne. « Vous regardez donc Angot à la télé ? – Oui. Je ne me lasse jamais de la voir ne pas écrire.» [Journal de Bernard Quiriny ]
La lecture obligatoire, les injonctions de l'actualité, le conformisme de mode ou de culture sont en contradiction totale avec la littérature. (...) La patience des livres prouve qu'ils nous aiment. Et que leur matière est cela surtout : du temps.
Grégoire Polet, Décapage n°57