GEORGE. Oui, je connais ça... Hélen aussi a de grandes qualités.
DORIS. Qui est Hélen?
GEORGE. Ma femme.
DORIS. Tu m'as dit qu'elle s'appelait Phyliss.
GEORGE. J'ai menti. Hélen, Phyliss, quelle différence? Je suis marié, c'est l'essentiel. Pardonne-moi mais c'était par prudence. On ne sait jamais. Tu aurais pu essayer de me retrouver, téléphoner chez moi ou je ne sais quoi.
DORIS. George c'est vraiment ton nom?
GEORGE. Quoi! Tu ne penses tout de même pas que je t'ai donné un faux prénom?
DORIS. Si.
GEORGE. C'est complétement dingue!
DORIS. Tu es complétement dingue.
GEORGE. C'est tout de même extraordinaire, non? Nous sommes là, tête à tête, dans une chambre de Motel, les yeux remplis l'un de l'autre, et nous sommes mariés chacun de notre côté et avec une bonne demi-douzaine de gosses entre nous.
Car si l'on a montré bien des ménages à trois, c'est sans doute la première fois qu'il y aura sur la scène un ménage à cinq, ou plutôt, car ces quatre brunes sont mariés, un ménage à neuf ...
Dans un pays où sévit le chômage, l’État se désorganise et laisse la population poursuivre les réfugiés comme s'ils étaient la cause de tous ses maux.
Jean en sauve un, Zenno, par compassion instinctive.
Bientôt sa femme, Marie, s'enfuit avec Zenno à qui ses compétences commerciales promettent provisoirement de vivre une vie aisée.
Cependant la situation s'aggrave et même Zenno ne se sent plus en sécurité.
Marie regrette d'avoir abandonné Jean qui, exaspéré par la trahison de sa femme, apparaît comme un des chefs de la persécution.
Elle obtient de Jean un laissez-passer pour Zenno, parce qu'elle s'engage à revenir vivre avec son mari, mais elle est tuée d'un coup de feu à la frontière....
(extrait de "Visages du Théâtre contemporain" de Sylviane Bonnerot, essai paru, en 1971, aux éditions "Masson et Cie")
GEORGE. Ecoute, ça ne peut pas se passer comme ça. Il faut absolument qu'on se parle tous les deux.
DORIS. Ah! bon.
Elle se lève du lit, le drap enroulé autour d'elle et se dirige vers la salle de bains.
GEORGE. Où vas-tu?
DORIS. Me laver les dents.
GEORGE. Dorothy, assieds-toi, je t'en prie. (Doris va pour dire quelque chose.) Assieds-toi, je t'en prie, et écoute ce que j'ai à te dire. (Elle s'assied sur le bord du lit.) Dorothy, avant tout je veux que tu saches que la nuit qui vient de s'écouler a été pour moi la chose la plus belle, la plus formidable, la plus folle que j'aie jamais connue. Je n'oublierai jamais cette nuit... ni toi, Dorothy.
DORIS. Doris.
GEORGE. Quoi?
DORIS. Mon nom est Doris.
GEORGE. Ton nom est Doris. Et je t'ai appelée Dorothy toute la nuit. Tu ne pouvais pas me le dire plus tôt.
DORIS. Ben, je ne savais pas que les choses finiraient comme ça. Et puis quand j'ai essayé de te le dire, ce n'était plus le moment. Tu n'écoutais pas.
GEORGE. Quand ça?
DORIS. Juste au moment où...
GEORGE. Cela a été incroyable, hein?
DORIS. C'était... bien. Surtout la dernière fois.
GEORGE. J'étais comme une bête. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Pourquoi était-ce moins bien les deux premières fois?
DORIS. Comment? Euh! Eh bien... il m'a semblé que la première fois était peut-être un peu expéditive, quant à la seconde... Oh! et puis non, écoute, cela me fait drôle de parler de ça.
GEORGE. Nous avons connu ensemble un grand et beau moment, Doris. Il n'y a pas de quoi en avoir honte.
DORIS. Alors pourquoi as-tu l'air si déprimé?
GEORGE. Ma femme va me tuer.
Mais qu'entendez-vous par péchés, Anton Antonovitch ? Il y a péché et péché. Moi, je ne m'en cache pas, je prends des pots-de-vin, mais quels pots-de-vin ?
LUCREZIA. Ni rois ni nations ne pourraient vivre un jour avec la rigidité des serments qu'on tiendrait...............................une parole jurée n'est une nécessité que quand il n'y en a pas d'autre.
DORIS. Pendant toutes ces années, j'ai cru que je faisais l'amour avec un Libéral Démocrate, et voilà que maintenant... Enfin, je ne me trompe pas, tu as bien milité pour Stevenson?
GEORGE. C'était il y a bien des années.
DORIS. Mais qu'est-ce-qui a pu te faire changer d'opinion à ce point? Qu'est-ce qui t'es arrivé?
GEORGE. J'ai mûri.
DORIS. Ouais, ben, si tu veux mon avis, pas dans le bon sens. Ah! non, alors!
GEORGE. Oublions tout ça, veux-tu?
DORIS. Oublier? Comment veux-tu que je l'oublie? Que je te retrouve pompeux comme un âne et démodé, passe encore, mais que tu sois devenu un fasciste!
GEORGE. Je ne suis pas un fasciste!
DORIS. Tu es pour la bombe en tout cas!
GEORGE. Doris, arrête, tu veux bien? Sois gentille : arrête.
DORIS. Tu représentes tout ce que je déteste.
GEORGE. Et qui te dit que tu ne me détestes pas à tort?
DORIS. Avant, nous partagions les mêmes idées, toi et moi.
GEORGE. Plus maintenant.
DORIS. Pourquoi?
GEORGE. Parce que Michael a été tué.
DORIS. Oh! mon Dieu. Mais comment?
GEORGE. Il aidait à transporter un blessé dans un hélicoptère et il a été abattu par un franc-tireur.
DORIS. Quand?
GEORGE. Nous l'avons appris un 4 juillet, chez des amis qui donnaient une petite réunion. Hélen est devenue comme folle. Moi, je n'ai rien ressenti. J'ai pensé que c'était le choc et que le chagrin viendrait plus tard. Il n'est jamais venu. J'éprouvais seulement une terrible colère froide. C'est tout. Je n'ai pas versé une larme. C'est étrange, non? c'était mon fils, je l'aimais, et pas une larme. C'était comme si je ne pouvais plus jamais pleurer... Doris, je regrette que nous nous soyons si mal retrouvés, pardon. Mais, ces derniers temps, je n'ai pas été vraiment moi-même. On dirait... je ne sais pas... que tout s'écroule. Une chose après l'autre. Oui, une chose après... (Il éclate en sanglots. Doris le prend dans ses bras.)
Nous sommes à Saint-Malo, en l'an de grâce 1666.
Lorsque le rideau se lève, la scène est vide.
Mais tout de suite, et ce pendant que l'heure sonne au clocher d'une église voisine, et qu'on entend, venant de la rue, la voix d'une poissonnière ambulante qui appelle ses chalands : Allons ! les dames d'en haut ! v'là la marchande de crabes velus !, on voit apparaître sur le palier un garçon de treize à quatorze ans, vêtue d'une vieille culotte rapiécée, d'une chemise en loques, d'une ceinture en laine de couleurs, coiffé d'une espèce de bonnet, et nu-pieds ...
Vous me suivez? Il faut avoir des échanges avec QUELQUE CHOSE. Sinon les gens..., au moins avec QUELQUE CHOSE. Avec un lit, avec une punaise, avec un miroir... non, non, non, non, pas ça, les miroirs, c’est la dernière ressource.
Les voilà ! Ils m'ont repéré. Caca... cacachez-moi. Ils vont me recaca
... cacaca... pulter !