AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Richard Corben (98)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Rolf

Les Humanoïdes Associés nous ont servi là un conte typique du maître CORBEN. Deux histoires dans le plus pur esprit corbennien, des animaux moitié transformé en humain ou inversement. La moralité de la première histoire pourrait se résumer à "la fidélité du chien à sa maîtresse enfin récompensée"; quant au second récit il est plus cynique, l'homme n'y est pas dépeint sous son meilleur jour. L'humour noir transparait dans ce genre de dialogue "- Tu aimes ton mari ? - Eux ..oui. - Dommage".
Commenter  J’apprécie          80
Ogre

Recueil de courtes nouvelles, Ogre nous emmène dans les univers oniriques, fantastiques et très sexués cher à Corben.

Les différentes nouvelles adoptent des styles différents plus ou moins réussis. J'ai bien aimé l'histoire titre faite de collage et de photos retouchées mais, dans l'ensemble, j'ai parfois eu du mal à comprendre où l'auteur voulait vraiment en venir. Les contextes ne sont pas toujours clairs et la chute vient souvent trop vite pour une histoire qui, finalement, manque de subtilité.

Mais, bon, je comprends que ça ait pu plaire et émoustiller les lecteurs des années 70.
Commenter  J’apprécie          70
Rat God

Une légende Cthanhlk, en Tlingit

-

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits, dessinés et encrés par Richard Corben. La mise en couleurs a été réalisée par Beth Corben Reed, avec l'aide de Richard Corben.



La scène d'ouverture montre Mak-Kitoto (la sœur) et Achak (le frère) en train d'essayer d'échapper à quelque chose que le lecteur ne voit pas. Ils sont également poursuivis par plusieurs personnes qu'ils qualifient de Cthanhluk (une tribu d'indiens originaires du sud de l'Alaska). Ils finissent par être séparés par les circonstances.



Clark Elwood conduit sa voiture (dont le modèle atteste que le récit se passe dans les années 1920 ou 1930) sur la route qui mène à un bled paumé du nom de Lame Dog. Sur la route, il croit apercevoir au loin, une jeune femme nue. En se rapprochant, il est hélé par Chuk, un homme du coin qui lui demande de le prendre en stop. Ils font le plein de carburant et l'autochtone leur conseille de ne pas aller jusqu'à Lame Dog et de faire demi-tour car il va bientôt neiger.



Avant de commencer cette histoire, le lecteur sait déjà ce qu'il va lire : une histoire dérivative d'Howard Philips Lovecraft, avec une créature monstrueuse, et vraisemblablement une touche gothique (sous influence Edgar Allan Poe). Paradoxalement, il n'a aucune idée des détails. Il sait aussi qu'il va retrouver les tics graphiques de Richard Corben, sans pour autant savoir à l'avance ce qu'il représentera.



Effectivement, le lecteur retrouve les figures imposées auxquelles il s'attendait : bizarre créature issue d'une humanité dégénérée, culte bizarre rendu à cette créature ou à une déité mal définie. Il y a des indigènes d'une race indéfinie. Il y a un malaise ambiant lié à un secret qui lie les habitants de Lame Dog, cette ville à la population bizarre peu accueillante envers les étrangers. L'auteur a choisi de situer son récit à l'époque où écrivait Lovecraft. Le personnage principal a étudié à l'université d'Arkham, située proche de la rivière Miskatonic.



Effectivement, visuellement, c'est du Corben. Il y a une jeune femme bien en chair (Gharlena) qui n'est pas farouche, avec une poitrine hypertrophiée et un peu tombante (soumise aux lois de la gravité). Les personnages ont des visages un peu marqués, pas spécialement beaux. Les personnages évoluent parfois dans des décors naturels, où la verdure est mise en valeur. Il y a un peu de nudité, mais pas très détaillée. Comme à son habitude, cet artiste peut passer de dessins très peaufinés de type hyper réalistes, à des esquisses un peu grossières.



En fonction de l'ambiance qu'il souhaite développer dans une scène, Corben ajuste son mode de représentation. Le lecteur peut prendre un grand plaisir à voir des cases très détaillées, comme un hibou avec un rat dans le bec, un tronc d'arbre avec toutes ses aspérités, avec le côté rêche de son écorce, une Ford T représentée avec minutie, un lit rustique (des planches de bois) avec les réserves en dessous et une simple peau de bête comme couverture, l'aménagement intérieur de la maison où Clark Elwood trouve une chambre, le magnifique nœud papillon de Damon Peck, la grille rouillée du cimetière, l'hallucinante soirée costumée dans le manoir des Peck, etc.



Il faut un peu de temps d'adaptation pour accepter que l'artiste ait décidé de représenter d'autres éléments de manière plus simpliste. Il peut parfois s'agir des feuilles des arbres. Mais dans ces cas-là, le travail sur la couleur étoffe ces surfaces pour les rendre plus substantiels, pour leur donner plus de volume. Il y a quelques éléments de détails qui apparaissent presqu'en toc, comme les pointes de flèche dans la première séquence, où il ne reste plus qu'une forme juste détourée. À d'autres moments, les simplifications ont pour effet de rehausser la texture de ce qui est représenté. Dans la première page de l'épisode 2, l'artiste n'a que détouré les pins recouverts de neige, donnant ainsi plus d'importance au bloc de neige. Dans l'épisode 3 (page 44), la deuxième case représente l'avancée de la voiture de Clark Elwood sur la route, en vue du ciel. Les pins et la route sont représentés de manière esquissée, laissant la couleur porter l'information. Toujours dans l'épisode 3, Elwood assiste à une cérémonie nocturne dans le cimetière où les individus sont recouverts d'une robe avec cagoule. Corben leur dessine des grands yeux tous ronds, avec un effet comique et moqueur.



Néanmoins le lecteur n'a aucune idée de ce qui l'attend. Pour commencer, Richard Corben n'utilise pas le suspense comme dynamique principale du récit. Il sait que son lecteur peut être un habitué des récits d'horreur, de Lovecraft ou de Corben, et donc qu'il peut anticiper plusieurs éléments de l'intrigue. Il sait aussi que son ouvrage précédent Edgar Allan Poe's Spirits of the dead constitue une indication claire et nette sur les mécanismes de son intrigue. Il ne peut donc pas espérer surprendre le lecteur par des révélations tonitruantes. Dès la première scène, Corben cueille son lecteur par surprise en intégrant un élément humoristique totalement décalé. Il fait apparaître Mag la Harpie (Mag the Hag, une vieille femme borgne habillée d'une couverture) qui interagit avec un personnage, plutôt que de s'en tenir à son rôle de commentatrice.



Dans la deuxième scène, Clark Elwood rencontre quelques difficultés à parvenir jusqu'à Lame Dog, avec un autochtone qui l'avertit du danger, mais le lecteur est pris par surprise par la chute de cette séquence, inattendue, avec un élément narratif supplémentaire. Le lecteur s'en trouve déstabilisé car le rythme n'est pas celui d'un comics d'action habituel, il se rapproche plus de celui d'un roman. La narration semble ne rien s'interdire, entre l'effet comique de Mag la Harpie, l'attitude maladroite du personnage principal. Il ne semble pas très à l'aise, et d'ailleurs se fait passer à tabac à plusieurs reprises, sans aucun panache, ou dimension romantique, juste un individu pas très doué qui se fait tomber dessus par plusieurs personne.



Clark Elwood n'a pas la fibre romantique des personnages de romans de Poe. À part sa volonté de retrouver Kito Hontz qu'il a connu à l'université, il se contente de réagir aux événements, sans grande perspicacité. Il se fait trimballer dans des situations dangereuses, s'en sortant par chance ou grâce à l'aide des autres. Pourtant l'intérêt est bien là. Il y a des scènes d'une puissance étonnante (l'incroyable soirée costumée dans la demeure des Peck). Il y a aussi le mythe du dieu rat en filigrane, visiblement adapté d'une légende indienne Cthanhluk, Corben remerciant le professeur Universitaire Twitchell, pour les traductions à partir de la langue indienne Tlingit.



Au fil des pages, le lecteur se rend compte que cette histoire reflète la personnalité de son auteur dans toutes ses facettes. Corben a mis un gros monstre pas beau, avec une scène de bal costumé, Mag la Harpie, une ou deux femmes callipyges, un personnage principal trop sûr de lui, une touche gothique, l'esprit d'Edgar Allan Poe, etc. Du coup, la dernière page tournée, le lecteur s'interroge sur ce qu'il peut penser de cette histoire. Le fait est qu'elle atteint son objectif de divertissement. Elle est racontée d'une manière personnelle qui n'appartient qu'à Richard Corben, avec un humour très particulier et pourtant parfaitement intégré, sous la forme d'un hommage maîtrisé à Poe et Lovecraft. Elle raconte le périple d'un individu qui souhaite retrouver une femme qu'il estime avoir traitée de manière irrespectueuse, et qui souhaite s'excuser.



Ce que trouve Clark Elwood le confronte à ses certitudes nées de sa position sociale et de sa culture. Richard Corben a choisi de mettre en scène ces confrontations successives, de manière physique, pour respecter la dimension visuelle des comics. Elwood doit se battre contre les autochtones. Il doit se confronter à leurs pratiques pour les interrompre physiquement. Il adopte une position moralement supérieure, avec une condescendance vis-à-vis de ces individus (qui pratiquent quand même le sacrifice humain). La fin l'oblige à reconsidérer cette position supérieure, en constatant qu'il s'agit d'êtres humains comme lui. Derrière des dehors de gentille histoire à la forme un peu désuète, il y a une parabole montrant un personnage imparfait qui se retrouve parmi d'autres individus imparfaits. La difficulté provient du fait que ces imperfections ne sont pas les mêmes.
Commenter  J’apprécie          60
Esprits des morts et autres récits (BD)

Ce tome est constitué d'histoires courtes indépendantes de toute autre ; il donc peut se lire indépendamment de toute autre lecture. Il comprend 14 adaptations de textes d'Edgar Allan Poe, parus entre 1829 et 1846. Ces récits sont tous écrits, dessinés et encrés par Richard Corben, avec une mise en couleurs réalisées par lui-même assisté par Beth Corben Reed. Ces histoires sont initialement parues dans des numéros spéciaux, et dans des numéros de l'anthologie "Dark Horse presents" (numéros 9, 16 à 18, 28 et 29), de 2012 à 2014. Il s'agit de nouvelles adaptations réalisées dans les années 2010.



Ce tome commence par une table des matières indiquant pour chaque adaptation, l'année à laquelle le texte d'Edgar Allan Poe est paru. Vient ensuite une introduction de 3 pages rédigée par Thomas Inge (professeur de lettres en université) identifiant la force de ces adaptations. En page 10, le lecteur trouve la reproduction du texte du poème "Spirits of the dead" d'Edgar Allan Poe.



Les 200 pages suivantes sont constituées de bandes dessinées réalisées par Richard Corben, commençant par "Alone", et se terminant avec "The cask of Amontillado" (la liste des textes se trouve en fin du présent commentaire). En fin de volume se trouvent les 6 couvertures réalisées pour le numéro spécial "The conqueror worm", les 2 épisodes de "The fall of the house of Usher", et les numéros spéciaux "Morella, and The murders in the rue Morgue", "The raven and The red death", et "The premature burial".



Ce n'est pas la première fois que Richard Corben réalise des adaptations de textes ou de poèmes d'Adgar Allan Poe. La première fois, c'était en 1974 dans le numéro 47 du magazine Creepy, réédité dans "Creepy présente Richard Corben. Durant les années 1970, cet artiste a ainsi transposé plusieurs histoires de Poe, soit sous forme d'une courte bande dessinée, soit sous une forme un peu plus longue (par exemple La chute de la Maison Usher).



Quand Corben revient aux comics en 2006, il commence par une courte série en 3 épisodes publiés par Marvel MAX : "Haunt of Horror" qui contient des adaptations de texte d'Edgar Allan Poe. Il s'agit de nouvelles versions, même si certaines reviennent sur des textes déjà adaptés dans les années 1970 : (1) The raven, (2) The sleeper (3) The conqueror worm, (4) The tell-tale heart, (5) Spirits of the dead, (6) Eulalie, (7) The lake (8) Izrafel (9) The happiest day, (10) Berenice.



Le présent recueil comprend uniquement des bandes dessinées originales, pas de rééditions des versions précédentes pour Creepy ou pour Marvel MAX. Le lecteur y retrouve de nouvelles versions de textes déjà adaptés plusieurs fois comme The Raven, ou La chute de la Maison Usher, ou encore Le masque de la mort rouge. À la différence des précédentes versions, ce recueil compose un ouvrage thématique placé sous le signe de l'esprit des morts, c'est-à-dire la manière dont les vivants ressentent l'influence des morts. Il ne s'agit pas tant d'histoires de fantômes, que plutôt du poids des défunts sur l'inconscient.



En choisissant le titre de l'ouvrage Richard Corben livre une clef de compréhension sur la direction qu'il a donnée à ses adaptations. L'esprit des morts pèse sur la vie psychique des vivants, qu'ils le veuillent ou non, qu'il s'agisse d'une épouse défunte sur l'esprit du veuf, ou de celui d'une victime tuée sur l'esprit de son assassin. Avec ce point de vue en tête, le lecteur constate que l'auteur fait preuve d'une grande cohérence dans son approche. Cette cohérence est renforcée par le choix de ne pas moderniser les récits, de les laisser à l'époque où Poe les a situés, c’est-à-dire majoritairement au dix-neuvième siècle.



Toujours en termes de technique d'adaptation, Corben a choisi de reprendre l'intrigue de chaque texte, ainsi que l'état d'esprit ou l'émotion qui y sont développés. Il n'y a pas presque pas d'inclusion du texte original. Le lecteur découvre donc des histoires racontées en bandes dessinée, plutôt qu'un entre-deux inconfortable entre fidélité servile au texte et dessins cantonnés au rôle d'illustration. Ainsi le long poème "The raven" (18 strophes de 5 vers) devient une bande dessinée de 10 pages, dans laquelle l'auteur montre ce qui se passe plutôt que de faire un dessin accompagnant chaque strophe. Le corbeau et le buste de Pallas sont bien présents et il dit toujours "Nevermore".



Ce choix de prendre de la distance vis-à-vis du texte originel, pour se concentrer sur l'état d'esprit et l'émotion aboutit à des bandes dessinées autonomes qui mettent en valeur la force du récit d'Edgar Allan Poe qui supporte des interprétations multiples, et l'intelligence narrative de Corben qui réussit à transposer l'esprit des textes. Le lecteur retrouve bien les caractéristiques de narration visuelle de Corben. Comme dans ces récits récents, il a mis la pédale douce sur la nudité (par rapport à ces œuvres des années 1970) ; il n'apparaît qu'une paire de fesses et une paire de seins dans ces 200 pages, et pas en gros plan.



Il a rapatrié un dispositif narratif des années 1970 qui est d'inclure dans certains récits (pas tous) la présence d'un personnage qui introduit l'histoire, qui en consolide la morale, et qui peut faire une remarque ou deux en cours. Corben utilise ce dispositif avec parcimonie. Il a choisi le personnage de Mag la Harpie (une vieille femme avec bandeau noir su l'œil gauche, vêtue d'un simple drap grossier qui lui couvre la tête et le corps que l'on devine fatigué par les années.



Le lecteur a l'excellente surprise de voir que les Corben (Richard & Beth) maîtrisent l'usage de l'infographie pour la mise en couleurs. Ils ne tentent pas de reproduire l'exubérance des couleurs à l'aérographe qui ont fait la réputation de Corben sur Den. Ils les utilisent afin d'accentuer le volume et le relief des surfaces, par l'usage de dégradés maîtrisés (par opposition à systématique). Ils s'en servent dans certaines séquences pour installer une teinte qui donne le ton et renforce l'ambiance. Il y a un gros travail dans le choix des couleurs, en particulier pour ce qui est de la teinte de la chair, ce qui renforce la dimension sensuelle (et souvent morbide) associée à la chair.



Dès la première bande de cases, le lecteur peut constater que l'artiste dispose toujours de cette capacité surnaturelle à rendre compte de la texture de ce qu'il dessine. Ici il s'agit dans la troisième case de la partie supérieure des feuilles d'un arbre, où le lecteur peut voir le léger reflet occasionné par le vernis qui les protège. Par la suite il peut apprécier le granité de la pierre d'une statue, la friabilité d'une peau parcheminée en décomposition, la tension superficielle de l'eau, le velouté d'une peau, la rougeur d'une gencive, la viscosité du sang, les craquelures d'un revêtement mural attaqué par les moisissures, etc. Corben ne sature pas ses cases en texture : une feuille peut être représentée avec soin dans une case, puis de manière schématique dans celle en dessous. Il ajuste le niveau d'informations visuelles, en fonction des besoins narratifs.



Cette façon de varier le réalisme de la représentation peut être déconcertante pour un lecteur qui n'y est pas habitué, car elle s'applique aussi bien aux textures, qu'aux décors, et même aux personnages. Dans "The cask of Amontillado", les murs sont représentés avec toute la rugosité des briques, et la granularité du mortier, tant que le personnage principal est en train de le monter. Puis dans la page suivante, les arrière-plans sont uniformément noirs parce que Corben souhaite focaliser l'attention du lecteur sur les personnages.



Si certaines pages suggèrent plus les décors qu'elles ne les montrent, ils bénéficient tous d'un réel travail de conception. L'artiste s'y entend pour recréer les intérieurs de l'époque, de l'architecture de la bâtisse, à son ameublement, en passant par l'aménagement intérieur. Il n'y a que la reconstitution des rues de Paris (Double assassinat dans le rue Morgue) qui prête à sourire par quelques détails fantaisistes (mettons ça sur le compte de la licence artistique).



Cette approche variable dans le degré de détails peut parfois déconcerter en ce qui concerne les personnages. Corben peut aussi bien les représenter avec une exactitude quasi photographique, que les détourer à gros traits. Dans le deuxième cas, la mise en couleurs vient apporter une consistance aux différentes formes, à commencer par du relief, et du volume. Ces dessins un peu caricaturaux portent bien les éléments nécessaires à la narration, tout en induisant une forme de distanciation moqueuse. À bien y regarder, le lecteur peut détecter une moquerie discrète et insidieuse, dans des expressions veules et peu flatteuses pour les personnages, ou dans des gestes trop précipités. Cette ironie sous-jacente ne neutralise pas les effets dramatiques. Elle apporte une dimension adulte, un léger cynisme quant aux actions et réactions de certains personnages, pas toujours très bien dans leur tête, ou très conscients d'agir de façon immorale.



Régulièrement, Richard Corben revient aux textes d'Edgar Allan Poe pour les adapter à nouveau. Ce recueil présente une rare cohérence narrative, à la fois visuelle, et à la fois dans sa manière d'adapter les textes. La préface souligne à quel point Poe était un conteur né, sachant structurer une nouvelle ou un poème de manière à instiller une tension dramatique, tout en construisant des personnages. Richard Corben a trouvé la bonne approche pour à la fois se reposer sur cet art de la narration, et pour transposer les émotions et les états d'esprit sans les dénaturer, sous forme de nouvelles relevant entièrement de la bande dessinée, et pas d'une réalisation n'arrivant pas amalgamer le texte original avec les conventions de la BD.



-

- Liste des textes adaptés -



(1) Alone

(2) The city in the sea

(3) The sleeper

(4) The assignation

(5) Berenice

(6) Morella

(7) Shadow

(8) The fall of the house of Usher

(9) The murders in the rue Morgue

(10) The masque of the red death

(11) The conqueror worm

(12) The premature burial

(13) The raven

(14) The cask of amontillado
Commenter  J’apprécie          60
Buffy contre les vampires, Saison 10, tome ..

La série continue à cumuler brillamment émotions, humour, action et fantastique.



Ce tome retourne aux sources, et prouve une fois de plus la puissance des personnages et de leur parcours.

Déjà au début, la série TV était l'une des seules a avoir tant de mémoire sur ce qui s'est déroulé précédemment et sur l'impact que le cela a sur ses personnages.

Cette mémoire est toujours vive, et continue à charger la force dramatique que peuvent apporter un simple nom, un visage, un souvenir, donnant à chacun une épaisseur réelle et crédible, comme si on ne suivait pas les aventures de personnes fictives mais celles de vieux amis.



La série qui a changé la télé est en train de changer les comics !
Commenter  J’apprécie          60
Buffy contre les vampires, Saison 10, tome ..

Un excellent second tome pour cette saison 10 de Buffy ! J'y ai retrouvé tout ce que j'aime dans la série : humour, passion, tension, émotion !

Les personnages grandissent et mûrissent. Les relations changent et un nouvel équilibre se crée.

Des anciens personnages refont leur apparition et c'est tant mieux !

Buffy arrive toujours à me surprendre et me prendre aux tripes. Vivement la suite !
Commenter  J’apprécie          60
Eerie et Creepy présentent Richard Corben, to..

Nevermore.

Richard Corben (1940-2020) est l’auteur américain de bandes dessinées d’horreur et de fantasy dont l’œuvre continue à irradier aujourd’hui, les couleurs flashy posées sur les rotondités féminines participant certainement grandement au phénomène. Dès les années 1970, ses histoires horrifiques et futuristes explosaient les cases et les codes du genre dans un trio de revues devenues mythiques, Creepy, Eerie et Vampirella. Histoires courtes à chute percutante, la teneur effrayante ne terrorisait guère le lectorat des années 1970. Seuls l’oncle Creepy et le cousin Eerie, avec leurs hideuses bobines goguenardes avaient de quoi repousser mais ils introduisaient et concluaient les récits avec des mines gourmandes d’ogres qui ont tout vu, la balourdise humaine se dégustant sans fin. Richard Corben, dans sa trentaine florissante, est venu apporter sa patte unique et secouer le cocotier d’une production déjà stéréotypée. Avec son aérographe et son graphisme ultra réaliste, il frappait le lecteur de plein fouet. Autant à l’aise en noir et blanc qu’en couleur, Richard Corben s’est hissé au pinacle avec ses adaptations d’Edgar Poe dont on peut jauger de la puissance graphique et narrative à travers la mise en scène du « Corbeau », poème emblématique du poète romantique américain. « Le portrait ovale » est à nouveau une revisitation dessinée de la très courte nouvelle (deux pages) d’Edgar Allan Poe. Dans un noir et blanc expressif, Corben recrée l’ambiance mortifère du récit initial, la femme pulpeuse de la peinture semblant absorber la vitalité du modèle vivant. Le second recueil de bonne facture proposé par Delirium offre en réédition un beau panel de l’œuvre de Richard Corben, auteur prolifique avec environ 5 000 planches réalisées tout au long de sa vie. Pour lui, il n’y avait pas de retraite envisageable.
Commenter  J’apprécie          50
Gangland

Ce tome est une anthologie d'histoires courtes autour du thème des criminels. Il regroupe les 4 numéros initialement parus en 1998. Chaque couverture est réalisée par un artiste différent : Tim Bradstreet, Brian Bolland, Glenn Fabry, Dave Gibbons. En 1999, l'éditeur Vertigo a reconduit ce format l'année suivante sur le thème de l'horreur avec la série Flinch en 8 épisodes. Pour le détail des auteurs, se reporter à la fin du commentaire.



Alphonse Capriccio est un ancien mafieux qui a vendu ses chefs pour éviter une peine de prison et qui bénéficie du programme de protection des témoins, mais il rentre chez lui pour trouver son chien égorgé et sa femme tuée. En Amérique du Sud un homme récolte du pavot et le vend dans une chaîne qui aboutit au trafic de drogue. C'est l'histoire d'un tueur à gages anonyme qui intervient dans la cérémonie de mariage de la fille d'un parrain. Mishka est un parrain de la mafia russe et il revient en ville confronter celui qui l'a laissé pour mort. Rico Jansci fuit la police et trouve refuge dans l'immeuble où il a parlé à son frère pour la dernière fois. Ce parrain est arrivé au sommet des affaires et s'y est maintenu pendant des années, avec Stella à ses côtés, mais ce matin il se sent vieux. Chapo est un petit malfrat des quartiers, mais ce matin il a reçu par courrier une carte bleue sans plafond et son pote Reggie le convainc de s'en servir pour louer une chambre d'hôtel dans les beaux quartiers et se faire approvisionner en poules de luxe et en drogues.



Le dentiste Harvey Lowry reçoit la visite nocturne de Mickey Dolan dans son cabinet, et il le supplie d'accepter qu'il l'accompagne dans ses activités criminelles, car il n'en peut plus de sa vie rangée et monotone. Déjà à l'époque préhistorique des tribus en pillaient d'autres en les massacrant. Cet employé de bureau est un voleur mesquin qui pioche dans les fournitures de bureau, depuis qu'enfant il a découvert que tout le monde se sert comme il peut. Monsieur Melchizedek est persuadé que des individus observent ses moindres faits et gestes et il s'en protège comme il peut. Dino est un Berger allemand, élevé à coups de pied par un truand, mais récupéré par un policier qui l'intègre à la brigade canine. 2 frangins vont faire des courses pour leur mère, saluent Jezebel, un garçon manqué dont ils moquent, puis croisent les mauvais garçons du quartier. 2 hommes de main vont manger dans un restaurant asiatique et expliquent au patron qu'ils ne bénéficient plus de la protection du parrain local, et qu'il doit lui céder son bail.



Ces 14 brefs synopsis correspondent aux histoires des 4 numéros. Chacune de ces histoires courtes est différente et autonome. Le cadre de cette anthologie semble d'avoir été de raconter des histoires majoritairement contemporaines, avec quelques rares récits dans un passé récent comme les années 1950/1960, sans science-fiction ou anticipation. Le titre de l'anthologie renvoie au milieu, aux gangs criminels. Il s'agit donc de raconter des histoires criminelles, de voleurs et d'organisation criminelle. Dans les années 1960 et 1970, les éditeurs principaux de comics (Marvel et DC) publiaient des anthologies mais plutôt de type horreur, sur le principe de plusieurs histoires courtes, tradition héritée des EC Comics, puis de Warren (Creepy et Eerie). Chaque décennie l'éditeur DC essaye de relancer le format de l'anthologie, souvent dans sa branche adulte Vertigo, ce qui présente l'avantage d'attirer des auteurs qui ne souhaitent pas investir le temps nécessaire à réaliser une histoire en plusieurs épisodes.



Avant de se lancer dans la lecture de ce recueil, le lecteur jette un coup d'œil aux noms des créateurs. Il en ressort alléché par le fait qu'il s'agit du haut du panier, et que les responsables éditoriaux ont été solliciter des créateurs renommés dans issus des comics indépendants (James Romberger, Simon Revelsroke, Joe R. Lansdale, Randy DuBurke), ou ayant connu leur heure de gloire dans les années 1970/1980 (Richard Corben, Dave Gibbons, Eric Shanower, Tony Salmons), voire ayant déjà régulièrement travaillé pour Vertigo (Brian Azzarello, Tim Bradstreet, Jamie Delano, David Lloyd). Il ne peut pas estimer la qualité des histoires d'un coup d'œil. En effet, l'art de l'histoire courte est très délicat. Il faut savoir nourrir suffisamment le récit pour que le lecteur ait la sensation d'une histoire complète, mais ne pas le noyer de phylactères d'exposition pour compenser sa brièveté. L'exercice est rendu encore plus compliqué, car le lecteur sait qu'il est en train de lire une histoire avec une chute, et il en a lu d'autres. Réussir à le surprendre suppose une maîtrise du rythme et un art de prestidigitateur pour monopoliser la concentration du lecteur sur l'intrigue, et détourner son attention de l'arrivée de la chute.



Par la force des choses, il y a de tout dans 14 récits, et il y en a pour tous les goûts. Il y a bien une ou deux histoires avec un simple scénario de vengeance, linéaire et basique comme celui écrit par Dave Gibbons, ou le dernier du recueil par Richard Brunning. Il y a également un hommage très appuyé à Edgar Allan Poe réalisé par Simon Revelstroke. Mais la majeure partie des auteurs écrivent un récit personnel, que ce soit dans la situation, ou dans le thème. Il y a aussi bien un témoin sous protection, que la chaîne de production et de vente de drogue, en passant par un voleur de fourniture de bureau et un duo de gamins qui se font intimider par des plus grands qu'eux, d'une année ou deux. Au travers de ces histoires, les auteurs écrivent de vrais polars qui s'inscrivent dans le milieu où l'histoire se déroule, et cet environnement exerce une incidence directe sur l'histoire, agissant comme un révélateur de cette société particulière. Il y a des problématiques de rentabilités et de ressources limitées, d'obsolescence, de confiance, de paranoïa, de préjugés, et de stéréotypes raciaux. Les histoires les plus cruelles ou les plus pénétrantes ne sont pas forcément les plus violentes ou les plus gores. Lucius Shepard et James Romberger montrent un jeune homme qui décroche la timbale en recevant une carte platinium sans plafond. L'usage qu'ils en font reflète leur culture et leur condition sociale, et ils se heurtent au fait que l'argent ne fait pas le bonheur. L'histoire personnelle du petit employé de bureau qui pique dans les fournitures et commet d'autre larcins mesquins (par Ed Brubaker & Eric Shanower) met en scène le fait que tout le monde gruge à sa manière, reflétant l'imperfection de l'être humain. Rapidement, le lecteur s'aperçoit que l'histoire du chien Dino (par David Lloyd) provoque chez le lecteur l'impression que le comportement de ce chien pourrait également être celui d'un homme un peu confiant et balloté par les circonstances.



Outre la qualité potentielle des histoires, il est probable également que le lecteur ait été attiré par la liste des dessinateurs. Tim Bradstreet réalise des dessins photoréalistes âpres, complétés par des couleurs crépusculaires, décrivant un monde sans pitié. Peter Kuper réalise 3 pages sans texte, au pochoir, comme il l'avait fait pour The System, d'une grande richesse. Frank Quitely est en mode descriptif, sans la délicatesse romantique qu'il développera par la suite, pour des dessins exhalant une ironie savoureuse. Dave Gibbons est égal à lui-même avec des dessins faussement simples, comportant un degré élevé d'informations visuelles. Ce premier numéro est un régal visuel de bout en bout, un sans-faute. Dans les épisodes suivants, le lecteur se repaît des dessins de Richard Corben, toujours aussi épatant avec des volumes qui sortent presque de la page, et des textures sur le lecteur croit pouvoir toucher de ses doigts. La fête visuelle continue avec Kilian Plunkett dans un registre également descriptif mais émaillé de traits non ébarbés évoquant la rugosité d'une réalité non adoucie. Le lecteur plonge dans un monde où les ténèbres menacent d'engloutir le personnage, dans les pages toujours aussi envoutantes de Danijel Zezelj. Les ombres représentées par David Lloyd sont plus expressionnistes, mais tout aussi inquiétantes. Mark Chiarello joue à la fois sur les contrastes forts entre les zones noircies et les autres, mais aussi sur l'épure des formes.



Le lecteur se régale donc à retrouver les artistes à la forte personnalité qu'il connaît déjà, et il apprécie que les autres disposent d'une personnalité graphique tout aussi prononcée. Randy DuBurke présente lui aussi une réalité un peu torturée, du fait des lignes de contours irrégulières. James Romberger sait montrer 2 latinos naturels, dans leurs gestes et dans leurs tenues. Comme Peter Kuper, Tayyar Ozkan réalise une histoire sans parole avec des dessins plus traditionnels, et un humour noir plein d'entrain. Eric Shanower réalise des planches en apparence inoffensive dans leur naturel, mais finalement subversive par le naturel, la banalité et l'évidence des situations. Les dessins de Tony Salmons sont moins léchés, mais ils savent montrer la vivacité des personnages et la force de leurs réactions émotionnelles.



Le ressenti à la lecture d'une telle anthologie peut vite se révéler trompeur, en sautant rapidement d'une histoire à l'autre, et en enchaînant les artistes à une grande vitesse. Mais en prenant un peu de recul, le lecteur constate que chaque histoire est consistante, avec sa propre saveur, sa propre tonalité, à la fois grâce à l'intrigue et grâce aux dessins, avec un niveau élevé pour chaque et une majorité de pépites. 5 étoiles.



Épisode 1 : (1) Brian Azzarello + Tim Bradstreet, (2) Peter Kuper, (3) Doselle Young + Frank Quitely, (4) Dave Gibbons

Épisode 2 : (1) Simon Revelstroke + Richard Corben, (2) Jamie Delano + Randy DuBurke, (3) Lucius Shepard + James Romberger

Épisode 3 : (1) Darko Macan + Kilian Plunkett, (2) Tayyar Ozkan, (3) Ed Brubaker + Eric Shanower, (4) Scott Cunnigham + Danijel Zezelj

Épisode 4 : (1) David Lloyd, (2) Joe Lansdale & Rick Klaw + Tony Salmons, (3) Richard Brunning + Mark Chiarello
Commenter  J’apprécie          50
Ragemoor

Très inspiré de l’univers de Lovecraft, Ragemoor est une BD sombre et inquiétante comme le genre l’exige. Les dessins en noir et blanc collent parfaitement à l’ambiance mais je trouve qu’ils sont assez inégaux en qualité. Les premières planches sont magnifiques mais malheureusement, tout n’est pas aussi réussi. L’ensemble est quand même très bien et plaira certainement à la plupart des lecteurs. L’histoire elle, recèle quelques bonnes idées mais je n’ai ni eu peur, ni été très marqué par celle-ci. Un album attirant au premier regard mais qui s’avère légèrement décevant au final.
Commenter  J’apprécie          50
Haunt of Horror: Edgar Allan Poe

Autant être honnête tout de suite : l'esthétique de Richard Corben m'a marqué à tout jamais. Il faut revenir au tout début des années 1970 pour prendre en pleine figure des histoires de science-fiction matinées de barbares et d'épées avec des héros bodybuildés se baladant avec tout le bazar au vent et croisant des femmes généreusement dotées par la nature et adeptes du naturisme.



Ces histoires en noir et blanc ou en couleurs d'une extraordinaire vivacité s'impriment dans votre rétine pour définir l'expression "plus grand que nature". Il suffit de lire les rééditions pour s'en rendre compte : "Creepy présene Richard Corben", ou les introuvables histoires de Den ou de Bloodstar, Jeremy Brood (avec Jan Strnad), sans oublier la pochette de Bat Out Of Hell de Meat Loaf.



Récemment le monde des comics a reconnu l'empreinte indélébile de ce géant graphique avec des louanges de Will Eisner, Frank Miller, Robert Crumb, Moebius, Alan Moore, H.R. Giger, etc. Et Corben a repris les pinceaux pour Dark Horse Comics (Hellboy 7: The Troll Witch and Other Stories), pour Vertigo (Hellblazer: Hard Time) et pour Marvel (Banner, Starr the Slayer). Le présent recueil consiste en des adaptations en comics de 10 histoires ou poèmes d'Edgar Allan Poe, avec des textes de Richard Margopoulos et des dessins ombrés de Richard Corben.



Évidemment, Corben ne peut pas se permettre une aussi grande liberté sexuelle que lorsqu'il était un artiste créant des comics publiés par des revues underground. Mais heureusement, le maître n'a rien perdu de force graphique et les histoires retenues sont noires et gothiques à souhait que ce soit le poème Eulalie ou la courte nouvelle Bérénice. Au total, ce sont environ 80 pages de comics chaque histoire étant suivi par les textes originaux d'Edgar Allan Poe.



Toutes les adaptations ne sont pas indispensables. On aurait pu se passer d'une enième redite du poème "The Raven". Certaines histoires sont mises en images littéralement, tandis que d'autres sont illustrées par un récit qui interprète le poème. Margopoulos et Corben respectent le ton morbide des histoires de Poe et y ajoutent une bonne dose d'humour très noir. Les personnages de Corben sont toujours aussi bien en chair et leurs visages semblent parfois sortir des années 70. Lorsque que les illustrations s'aventurent dans des décors contemporains, Corben fait mouche avec ses gangstas et ses banlieues décrépites. Et la patte du maître est toujours efficace pour faire naître l'horreur des cadavres et de la chair en décomposition.



Ce choix d'histoires d'Edgar Allan Poe s'accompagne d'une deuxième volume de recueil d'histoires d'Howard Phillips Lovecraft (H. P. Lovecraft's Haunt of Horror). C'est un vrai plaisir que de retrouver Richard Corben en pleine forme, même si être édité par Marvel Comics le limite dans ses provocations graphiques.
Commenter  J’apprécie          50
Haunt of Horror: Lovecraft

J'avais bien aimé Haunt of Horror: Edgar Allan Poe illustré par le même Richard Corben. Et c'est donc avec une certaine fébrilité que j'ai ouvert ce tome consacré à des adaptations de textes de Lovecraft, par l'un de mes dessinateurs préférés.



Ce tome comprend 68 pages de bandes dessinées réalisées par Richard Corben. À la fin de chaque adaptation, il y a le texte original d'Howard Philips Lovecraft correspondant. Richard Corben a adapté des fragments de poésie pas forcément très connus, ainsi que des nouvelles plus souvent rééditées. On retrouve ainsi "Dagon" et "la musique d'Erich Zann", ainsi que "Les faits relatifs à Feu Arthur Jermyn et sa famille".



Comme dans le tome consacré à E.A. Poe, les adaptations sont plus ou moins fidèles. Contrairement à celles d'E.A. Poe, elles n'apportent pas grand-chose, voire elles nuisent à l'impact de l'histoire. Si vous avez déjà lu des histoires de Lovecraft, vous savez que l'intrigue est souvent très mince, et que ce qui fait tout leur charme, c'est à la fois la mythologie des Grands Anciens et l'effroi ressenti par les personnages qui leur donnent toute leur saveur.



Or bizarrement, les concepts visuels développés par Corben pour mettre en images ces récits sont très naïfs et beaucoup trop sages. Ainsi dans "Dagon", la créature indicible est montrée de manière très plate et elle a l'apparence d'une pieuvre géante de type monstre en caoutchouc pour film fauché des années 1950. Un comble pour ce maître des monstres qu'est Corben et un choix qui fait ressortir tout le ridicule de l'histoire, plutôt que son coté horrifique. De la même manière, les horreurs tapies derrière les volets de la chambre d'Erich Zann sont une simple nuée de spectres basiques, sans aucun pouvoir d'effroi.



De la même manière, Richard Corben s'avère incapable de traduire en images les sensations d'effroi et d'épouvante des personnages. Du coup, la nouvelle de référence qu'est "Dagon" est réduit à l'histoire d'un simple naufragé sur une île désertique bizarre avec une espèce de race extraterrestre mal définie qui vénère une pieuvre géante, et un mauvais acteur qui fait des grimaces risibles.



Heureusement il y a quand même quelques histoires qui sortent du lot. Dans "A Memory", un explorateur est confronté à la vision d'une sorcière qui a maudit l'un de ses ancêtres. Et l'aspect très terre à terre du récit permet à Corben de bien définir ses personnages et de réussir la vision de l'apparition de la sorcière. De la même manière le récit d'Arthur Jermyn réussit à capturer l'animalité de l'ancienne race de singes et la fierté aristocratique du personnage principal.



J'aurai vraiment aimé pouvoir dire que ces adaptations étaient exceptionnelles. Mais à part 2 exceptions, les qualités de dessinateur de Corben nuisent plutôt aux ambiances spéciales des récits de Lovecraft. Et au final j'ai pris plus de plaisir à relire les textes originaux insérés à la suite de chaque histoire, qu'à me repaître des dessins du maître.
Commenter  J’apprécie          50
Buffy contre les vampires, Saison 10, tome ..

Ce second tome de la saison 10 aux intrigues plutôt calmes initie le regroupement du bon vieux Scooby Gang. Après les différentes épreuves qui ont plus ou moins séparés Buffy et ses amis (comme la quête solitaire de Willow pour récupérer la magie ou bien l'installation du couple Alex/Dawn) et ceux qui les ont réunis (la confrontation face à Simone et Severin dans le Puits Sépulcral) nos amis ne se quittent plus depuis que les lois de la magie sont en cours de réécriture.

Les auteurs nous ont donc concocté un petit épisode consacré au relogement de notre équipe de héros dans un sympathique bâtiment envahit par un démon (que le Scooby Gang va bien entendu mettre dehors).



Autre épisode intéressant, celui du retour à Sunnydale. Cela faisant bien longtemps qu'on n'y avait pas mis les pieds. Depuis l'affaire Twilight et la mort de Giles. Désormais, les mythes et légendes étant une affaire publique, certains aiment bien passer leur Halloween sur les bouches de l'Enfer. Une façon d'apporter un joli buffet pour les démons. L'occasion d'une mission pour Buffy et ses amis mais aussi de poser les bases du nouvel antagoniste pour cette saison.



Enfin, dernier épisode de ce tome : le retour d'Harmony. Un personnage très secondaire insupportable, toujours dans l'ombre de Cordélia dans les premières saisons, elle a depuis sa transformation en vampire fait un long chemin. Désormais, guest régulière de la série, elle permet de jouer un peu sur la corde de la nostalgie tout en apportant quelques petites nouveautés sympathiques : la création d'une créature mythique en l'occurrence dans ce tome.



Pour conclure ce sympathique tome, on notera avec plaisir les nombreuses références qui insèrent parfaitement cet opus dans la mythologie du Buffyverse. Que ce soit avec la série télévisée ou avec les précédents comics (notamment le one shot sur Spike "Into the Light" et le retour d'un de ses personnages en la personne de Dylan), les liens sont nombreux, bien tangibles et cohérents. Un vrai travail de la part des auteurs pour rester fidèles à cette série culte.
Commenter  J’apprécie          50
Jeremy Brood

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, indépendante de toute autre. Le scénario est de Jan Strnad (attention, l'association des orthophonistes vous déconseille de prononcer son nom à haute voix), les illustrations et les couleurs de Richard Corben. Cette histoire a été publiée pour la première fois en 1982/1983.



Quelque part dans le vide de l'espace, à bord d'un petit vaisseau isolé, Charlene et Jeremy Brood essaye d'avoir un rapport sexuel en attendant que leur soit confiée une mission. Leur tentative est interrompue par un message codé requérant leur aide sur Eden, une planète éloignée, mais la fin du message qui explique la situation et la solution est indéchiffrable. Charlene et Jeremy se rendent compte que leur voyage durera 2 mois, mais que sur la planète 200 ans se seront écoulés. Sur place, Finchley, un étrange meneur religieux, rend visite à Brynne (une jeune vierge en âge de procréer détenue dans une tour). Cette dernière lui dit avoir vu arriver une étoile filante, en plein jour. Finchley comprend que le sauveur annoncé par la prophétie vient d'arriver. Il est urgent de prendre contact avec lui.



Strnad et Corben invite le lecteur à suivre le parcours de Jeremy Brood sur cette planète étrange. Le scénario expose à grands traits la situation : le peuple habitant la cité où se trouve Finchley est oppressé par un mystérieux Holobar qui n'apparaît qu'une seule fois dans le récit. Brood est décrit comme un militaire compétent avec un entraînement qui lui confère une grande science du combat à main nue, et armé. Il a pour équipière une femme noire magnifique à la forte personnalité, et tout aussi compétente que lui. Brood plonge au coeur du mystère que représente cet appel de détresse auquel il manque la fin. Mais bien vite il est dépassé par les événements et il se retrouve au milieu d'une mise en scène qui le prend de court. Au-delà de ses capacités physiques et tactiques, Strnad le décrit comme un individu normal n'ayant pas la science infuse et se sentant moyennement concerné par le sort des indigènes. Dans une interview, Strnad a expliqué que la série n'avait pas rencontré le succès escompté et que c'est la raison pour laquelle la fin est aussi abrupte. À la lecture, la fin ressemble à une chute qui prend les attentes du lecteur à contrepied, de manière magnifique. Non seulement elle s'accorde parfaitement avec le personnage faillible de Jeremy Brood, mais en plus elle met en perspective le récit comme une histoire choisissant le chemin le moins emprunté. Strnad répond à une question aussi basique que rarement abordée, propre à tous les récits mettant en scène un héros valeureux et courageux, avec une chute aussi évidente qu'ironique.



En quelques cases et quelques répliques, Strnad sait doter chaque personnage de particularités psychologiques crédibles. Jeremy Brood n'est pas un simple militaire capable de terrasser tout le monde en combat singulier et d'inventer des stratégies brillantes. Il apparaît également qu'il a des doutes sur ses capacités, et sur la nature de la mission qu'il doit effectuer. Dès la première scène, Charlene dispose d'une forte personnalité, éloignée de tout stéréotype, et cohérente avec sa fonction militaire. Strnad dresse un portrait aux petits oignons de Finchley, en sage retors, pas dupe, et agissant selon un plan d'actions mûrement réfléchi. Le lecteur familier de Corben sent poindre toute la rouerie attribuée aux vieux dans ses histoires (en moins pervers que d'habitude).



Ce récit est également unique du fait des illustrations de Richard Corben. Il s'agit donc d'un récit où il assure lui-même la mise en couleurs principalement à l'aérographe, mais également avec tout ce qui lui semble pertinent. Cette technique sophistiquée (à une époque où l'infographie n'existait pas) lui permet de donner un relief unique à chaque forme, et de le contraster avec les surfaces colorées par un ton plein. S'il peut être difficile pour de jeunes lecteurs de se rendre compte de la prouesse technique pour l'époque, la maîtrise des couleurs reste évidente après toutes ces années et elle n'a rien à envier aux meilleurs metteurs en couleurs actuels. Les tons sont aussi riches, intenses et chauds. De plus Corben a l'art et la manière de gérer sa palette pour créer des ambiances de couleurs spécifiques à chaque scène, sans s'éparpiller dans une démonstration stérile. Lors de la deuxième scène, le lecteur découvre une zone boisée sur la planète Eden, avec une flore délicieusement extraterrestre, dans des tons vert-bleu succulents. Le lecteur peut aussi apprécier l'aspect visuel du monstre qui se délecte d'une sorte de rongeur. Cette scène oppose 2 esclaves à leur maître et le sang coule. Là encore la maîtrise de Corben éclate : il évite les litres d'hémoglobine pour avoir un écoulement de sang normal dont le rouge tranche avec encore plus d'intensité sur le reste des couleurs.



Richard Corben utilise un style qui marie des éléments photoréalistes, avec d'autres plus esquissés, afin de donner encore plus de substance aux premiers. Les 3 premières cases représentent le petit vaisseau spatial vu depuis l'espace. Corben a conçu une forme biscornue qui a tout son sens dans la mesure où le frottement est négligeable dans le vide spatial. Il utilise un rendu très travaillé pour les jeux de lumière sur le métal. Le lecteur pénètre ensuite dans l'habitacle et contemple Charlene et Jeremy dans le plus simple appareil (nudité frontale au dessus de la ceinture) et leur corps d'athlètes musculeux. Par contraste, le panneau de contrôle de la radio est rendu de manière plus grossière, intensifiant ainsi la présence des 2 humains. Il faut dire que les illustrations de Corben traduise une fascination pour la plasticité de la chair et pour le corps humain (ou extraterrestre de forme humanoïde). Avec ce mode représentation, les personnages s'incarnent avec intensité dans chaque case. Une autre scène très intense correspond au sacrifice de la vierge qui a dénudé son corps pour la cérémonie (nudité frontale totale). Corben joue avec le voyeurisme du lecteur dans une mise en scène époustouflante mêlant la tension générée par le sacrifice, la position moralement inconfortable de Brood et les bizarreries de la cérémonie. Corben marie horreur, érotisme et humour de façon magistrale.



À rajouter à son crédit, il y a encore sa capacité à créer des apparences visuelles chargée d'ironie pour les monstres. Une fois le vaisseau posé sur Eden, Jeremy Brood effectue une sortie et se retrouve face à 2 créatures mutantes agressives qui se battent pour essayer de récupérer une sorte de ver fouisseur. Il leur donne une apparence dégingandée de dégénérés pourvus de 2 neurones, aux instincts les plus bas. À la fois leur apparence et leur langage corporel sont un délice d'ironie et de moquerie, tout en leur conférant un comportement hautement dangereux.



L'histoire de Jeremy Brood n'a rien de banal. Elle suit le parcours atypique d'un héros malgré lui. Elle mélange harmonieusement science-fiction, horreur et quelques scènes érotiques, avec un grand sens de la dérision et du second degré. Elle bénéficie des illustrations sophistiquées de Richard Corben, à l'esthétisme exubérant et second degré.
Commenter  J’apprécie          50
L'antre de l'horreur

Tous les textes succèdent aux adaptations dessinées et la plupart du temps les poèmes y figurent en intégralité, causant un curieux et savoureux décalage entre la lettre, qui fait office de narration, et le dessin. L'horreur et le fantastique sont bien restitués,le noir et blanc restituant bien les ambiances fantastiques et macabres. L'auteur se permet même d'utiliser des graphismes pouvant varier, sans pour autant que le style soit décousu. Les traductions sont celles de Baudelaire et Mallarmé, ainsi que de profs de fac ! C'est franchement un régal que de les lire et l'album en tire toute son originalité.
Commenter  J’apprécie          50
Temps dechire

Que le scénario est vraiment comique : c'est digne d'un nanar des années 50. De la vraie série Z pur sucre !!! On surfe ici sur la vague du Jurassik Park.



Dialogues pathétiques entre les personnages, scénario plus qu'invraisemblable, la totale quoi...



Alors pourquoi quand même "2 étoiles" ? Cela pourrait paraître comme cher payé. Je dois dire que c'est de la pure BD de divertissement comme on pourrait lire par exemple un "Harlequin" sous le titre "Passion sous l'ère des dinosaures". Vite lu et vite consommé tout en passant un agréable moment sans réfléchir, sans prise de tête. Le dessin de Corben est correct sans plus.



Je crois qu'il ne faut pas prendre cette BD au premier degré car si les auteurs ne l'ont pas fait exprès, c'est que c'est vraiment mauvais.
Commenter  J’apprécie          40
Grave

C'est une oeuvre inédite de Richard Corben qui ressort du placard pour le plus grand plaisir des fans. En vérité, il y a deux ouvrages dans un seul format à savoir les contes du cimetière ainsi que l'épopée complète de Denaeus, héros dans la lignée de l’une des plus grandes créations de Richard Corben à savoir Den.



Les contes du cimetière sont une sorte de conte de la crypte revu par l'auteur dans une série de petites nouvelles horrifiques. Le format des histoires est assez court. C'est toujours aussi bien dessinée avec la patte si caractéristique de l'auteur qu'on aime ou pas. En contenu additionnel, on aura droit à une interview de l'auteur du grand prix de la ville d'Angoulême 2018.



En ce qui me concerne, je ne suis pas le fan absolu. J'avoue avoir passé un bon moment mais sans plus. Pour moi, c'est un peu daté.
Commenter  J’apprécie          40
Esprits des morts et autres récits (BD)

Superbe adaptation BD des courtes nouvelles de poe dont la chute de la maison Usher et le corbeau
Commenter  J’apprécie          40
Hellboy, tome 15 : Hellboy au Mexique

Ce nouveau tome des aventures d’Hellboy revient sur la disparition du héros au Mexique. Alors qu’il fut envoyé en mission en 1956 pour résoudre des crimes collectifs, Hellboy a disparu pendant 5 mois. Au programme, des esprits, des catcheurs et l’Enfer dans plusieurs histoires courtes avec plusieurs illustrateurs.

Cet album se présente comme un recueil où chaque aventure est une pièce du puzzle. L’épisode mexicain d’Hellboy reste un mystère. Qu’a-t-il vécu, vu et combattu? Dès le début, on sent la douleur profonde d’Hellboy. Chaque scénario de Mike Mignolia manie très bien la personnalité hors norme d’Hellboy et les esprits de la culture mexicaine (tant mythologiques qu’actuels avec les catcheurs). L’ironie du protagoniste installe une distance avec les drames vécus mais Mignolia arrive à nuancer la force du personnage. Au fur et à mesure de ses confrontations avec les esprits, Hellboy semble fatigué et tellement épuisé qu’il en devient poignant. L’auteur n’a pas suivi le fil chronologique pour assembler les histoires mais le fil émotionnel du protagoniste.

Chaque histoire bénéficie de dessinateurs différents. La diversité des styles convient parfaitement à la volonté de complexifier l’ambiance mexicaine. Le scénario ainsi que les émotions d’Hellboy servent de fil conducteur. Chaque dessinateur apporte ainsi sa touche très librement que ce soit avec réalisme ou dans le mysticisme. La cohabitation entre le fantastique des personnages et les repères culturels mexicains fonctionnent parfaitement. La férocité des forces combattues par Hellboy est puissante et la violence est transcendée par des couleurs franches.
Lien : https://tourneurdepages.word..
Commenter  J’apprécie          40
La maison au bord du monde

Cette adaptation en comics d'un classique de la littérature fantastique, ne plaira certes pas à tout le monde. Le graphisme très reconnaissable de Corben et les couleurs (assez vilaines, il faut bien le dire) y seront pour beaucoup. Toutefois, les auteurs, parviennent à restituer l'ambiance de délires et de cauchemars de l'œuvre originale. Demie réussite, donc , à mon avis, bien sur.
Commenter  J’apprécie          40
Starr le tueur

Ce tome regroupe les 4 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2009.



Dans un pays moyenâgeux, un ménestrel d'une race indéterminée (mais pas de notre terre) raconte l'édifiante histoire de Starr en vers (en tout cas en phrases qui riment). Bizarrement son récit commence avec l'ascension vers la gloire d'un romancier de série Z bien de chez nous (enfin américain). Len Carson a créé Starr, un personnage d'heroic fantasy, barbare de base aux cheveux blonds et à l'épée tranchante. Grâce à sa création, il vend des palettes de livres et il fait la fortune de son éditeur. Il décide de changer de registre pour se lancer dans le roman sérieux et écrire un vrai roman américain qui fera date dans l'histoire de la littérature. La pauvreté est vite au rendez-vous. En parallèle le ménestrel raconte comment Starr a quitté sa cambrousse natale avec son père, son frère et sa soeur, comment il est arrivé à la civilisation (une petite ville avec un système féodal rudimentaire), comment il s'est rapidement retrouvé gladiateur dans l'arène et victime d'un sorcier dont il a malencontreusement tué le frère.



Pour des raisons inconnues, Marvel avait décidé en 2009 de ressuciter 2 titres oubliés de tout le monde : Dominic Fortune et Starr the Slayer. Pour mon plus grand plaisir "Dominic Fortune" a bénéficié des talents d'Howard Chaykin, et "Starr" a le droit à un dessinateur encore plus culte : Richard Corben. C'est son nom qui m'a convaincu de me lancer dans la lecture de ce tome. Il faut dire que le personnage de Starr est encore plus obscur que celui de Dominic Fortune. Il s'agit à la base d'un comics écrit par Roy Thomas et dessiné par Barry Windsor Smith, paru pour la première fois en 1970. L'objectif pour Marvel était de voir comment répondrait le public à un comics à base de barbares et d'épées. Le résultat ayant été concluant, Roy Thomas et Barry Windsor Smith furent ensuite associés pour lancer l'adaptation en comics de Conan avec le succès que l'on connaît.



Pour avoir une idée de la prestation de Corben, il faut commencer par quelques mots sur le scénario. Il a été écrit par Daniel Way qui n'est pas réputé pour sa finesse. Pour autant, dans cette histoire, il fait preuve d'un second degré suffisant pour accompagner les illustrations parfois pince sans rire de Corben. Le ménestrel donne le ton du récit : il ne raconte que pour pouvoir payer son loyer, il émaille sa chanson de quelques mots grossiers bien placés et en nombre restreint pour qu'ils gardent tout leur pouvoir. Il présente les événements avec une vision narquoise et légèrement cynique. Daniel Way prend le soin d'inclure tous les éléments propres à ce genre de récit : barbare musclé, épée tranchante, belle demoiselle pulpeuse, méchant sorcier, créatures horribles. Et il prend également soin de prendre le contrepied de certains de ces clichés : demoiselle physiquement plus forte et plus intelligente que le héros, barbare respectueux des lois de la civilisation, femmes entreprenantes au lieu d'être soumises et victimes, etc.



Ce scénario est du pain béni pour Corben dont le style marie des éléments hyper réalistes avec des déformations cartoons. Le vieux fan retrouve même par moment le Corben des années 1970 quand Starr écrase son poing dans la figure d'un citadin avec la chair qui cède, le sang qui gicle et le lettrage du bruitage limite artisanal. Corben renoue également avec les formes généreuses du corps humain. Son héros présente une musculature qu'aucun culturiste ne pourra jamais égaler, avec des veines saillantes sous l'effort. Les représentantes de la gente féminine disposent de courbes bien en chair (elles sont vraiment girondes) avec une musculature très efficace. Les 2 ou 3 monstres qui apparaissent constituent des croisements entre le règne animal et des déformations répugnantes. De la même manière les races humanoïdes doivent autant aux humains qu'à une imagination parfaitement maîtrisée qui les rend aussi bizarres qu'étranges grâce à un ou deux détails bien choisis. Comme toujours la connaissance anatomique de Corben décuple la force visuelle de chaque mouvement, de chaque blessure, de chaque exagération. Chaque coup porté avec force fait des ravages sur l'anatomie que les illustrations rendent parfaitement et le lecteur voit les dégâts, perçoit la douleur du corps abimé comme rarement dans les comics. Il manque quand même 2 éléments pour que le niveau de provocation des années 1970 soit atteint. Le premier est évident : même sous la bannière "Max" de Marvel, il n'est pas question de montrer des corps nus de front. Le deuxième élément que seuls les lecteurs de Den ou Jeremy Brood ou autre décèleront : Richard Corben n'a pas réalisé la mise en couleurs. José Villarrubia réalise un travail de bon niveau, mais qui n'a ni la saveur, ni l'intensité, ni la subtilité des couleurs du maître.



"Starr the slayer" constitue un bon défouloir avec quelques touches de second degré et de dérision servi par les illustrations toujours aussi délicieuses de Richard Corben.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Richard Corben (252)Voir plus

Quiz Voir plus

Bilbo le Hobbit

On l'appelle Bilbon Sacquet dans la version Française mais comment s'appelle t-il en version originale ?

Bilbo Bag-End
Bilbo Baggens
Bilbo Baggins
Bilbon Bag-End

12 questions
680 lecteurs ont répondu
Thème : Bilbo le Hobbit de J.R.R. TolkienCréer un quiz sur cet auteur

{* *}