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Critiques de Richard Neville (4)
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On the Trail of the Serpent : The Life and ..

++ SUR LA PISTE DU SERPENT : Vie et crimes de Charles Sobhraj ++



Le 23 décembre dernier, Charles Sobhraj, surnommé "Le Serpent", un tueur en série français, est arrivé à Paris au bout de 19 ans d’un séjour dans une prison népalaise.



Au cours des procès à New Delhi en Inde et Katmandou au Népal, 12 meurtres lui ont été imputés, mais selon certains chroniqueurs, il est responsable directement ou par personne interposée de la mort d’une trentaine de victimes.



Charles Sobhraj est né le 6 avril 1944 à Saïgon en Indochine française de mère vietnamienne et père indien.

Tiraillé entre sa mère à Marseille, où elle s’était remariée avec un citoyen français, et son père au Vietnam, le petit Charles a eu une enfance compliquée et est devenu très jeune délinquant.

Aussi bien que déjà à 19 ans il s’est retrouvé en taule pour vols multiples.



Intelligent, ambitieux, narcissique, violent et sans scrupules, il a commencé une carrière dans le crime dès 1970. D’abord en France et ensuite en Orient, Istanbul, Delhi, Téhéran, Katmandou, Kaboul, Beyrouth, Peshawar etc.



Officiellement marchand en pierres précieuses, il s’était spécialisé à détrousser et à éliminer des routards occidentaux lors de leur voyage en Orient ou des collègues négociants. Ce fût le cas des Français Stéphanie Parry, Jean-Luc Salomon, André Breugnot..., des Américaines Connie Bronzich et Teresa Knowlton, des Hollandais Cornelia Hemker et Henri Bintanja et du Turc Vitali Hakim.....



En 1977, le journaliste, auteur et scénariste australien Richard Neville a eu de longs entretiens avec Sobhraj en prison à Delhi et en 1980 est paru la première version de l’ouvrage qu’il a écrit ensemble avec son épouse Julie Clarke. Après la mort de Neville en 2016, son épouse a, en 2020, publié une mise à jour du livre initial.



Dans leur ouvrage de 350 pages (plus 8 pages de photos exclusives), les auteurs parcourent en 4 grandes parties : l’enfance et l’adolescence de Sobhraj ; ses premiers pas et aventures dans le monde ; ses crimes et le déroulement final de sa "carrière" de tueur en série.



Le récit est très complet et instructif pour voir un horrible psychopathe à l’œuvre, bien qu’il ne s’agisse évidemment pas d’une lecture particulièrement agréable, quand bien même si les auteurs ont réussi à maintenir un rythme captivant.



Ce que je reproche cependant à Richard Neville c’est que, par moments, il s’est montré un peu trop indulgent et clément envers cet écœurant personnage. C’est aussi ce que sa veuve laisse élégamment comprendre dans l’épilogue de sa mise à jour.



En 2021, une série télévisée de la BBC One et Netflix a été produite, avec l’acteur Tahar Rahim dans le rôle principal, basée largement sur l’ouvrage en rubrique.

Je ne l’ai pas vue et je n’ai pas l’intention non plus de la regarder, l’homme m’est franchement trop abject et répugnant.



En tout cas, pour la France hériter un tel monstre de 78 ans n’est pas exactement un enviable cadeau de Noël !

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Hippie hippie shake : Rock, drogues, sexe, ..

"Your sons and your daughters are beyond your command / you old road is rapidly agin' / please get out of the new one if you can't lend a hand / for the times they are a-changin' "



Dans les années 60, la jeunesse, incarnée par les "enfants-fleurs", fait souffler un vent nouveau sur le monde. A travers le récit de sa carrière d'éditeur de magazines underground, Richard Neville fait revivre cette ère de révolte.



Parti d'Australie, Neville, après un détour asiatique, débarque dans le swinging London. Là, Neville va monter la version anglaise du magazine Oz (il était déjà à l'origine de la version australienne), véritable reflet de la jeunesse contestataire et de la contre-culture qui connaîtra des déboires judiciaires retentissants.



On suit Neville pas à pas et c'est toute une époque qui prend vie sous sa plume. "Hippie, hippie shake" rappelle que ce mouvement allait bien plus loin que le simple "sexe, drogues et rock'n'roll" auquel on le réduit aujourd'hui. Il s'agissait pour la jeunesse de se révolter contre un ordre établi régi par des valeurs conservatrices en lesquelles elle ne se reconnaissait pas. Neville rappelle le contexte social et moral de l'époque : la guerre du Viet-Nam, la censure (on parle d'un temps où "Last exit to Brooklyn" ou les œuvres de Genet étaient interdits), l'homosexualité perçue comme une perversion, l'avortement pénalisé... Il s'agissait pour cette génération en colère d'une remise en cause totale du système.



Neville a tant à raconter, il a côtoyé tant de personnalités hors normes que son récit est décousu, parfois confus, il part dans tous les sens, on s'y perd parfois. A l'image de la vie qu'il a mené, son livre est une ébullition d'idées, de fêtes, de rébellion. On y croise des grandes figures de l'époque : Jean-Jacques Lebel (un des héros de mai 68), Abbie Hoffman, Jerry Rubin...



La musique était alors le reflet de cette génération rebelle, les musiciens, des portes-parole. Le récit est rythmé par les chansons de Dylan, des Who, des Stones... Les artistes d'alors, loin d'être déconnectés de la société, étaient partie intégrante de la contestation, que ce soit par des paroles de chansons, par des actions médiatiques ou du mécenat (comme ont pu le faire John et Yoko par exemple) quand ils n'étaient pas carrément eux-mêmes des activistes, tel Mick Farren, le leader des excellents Deviants.



A la lecture de ce livre, on ne peut s'empêcher d'envier la génération qui a connu cette époque exaltée et bouillonnante. Ces "enfants-fleurs", même s'ils ont par la suite vu leurs espoirs déçus, ont eu la chance de ressentir le désir ardent de changer le monde et surtout ils avaient la folie de croire qu'ils y parviendraient.



"Hippie, hippie shake" est un récit jouissif et exaltant, un voyage dans le temps à une époque où une jeunesse avide de liberté, d'amour et de paix s'est révoltée contre l'ordre établi, un récit à la fois touchant et lucide, jamais cynique qui dégage une énergie vivifiante qui donnerait envie d'y croire à nouveau.



Challenge Variété 21 (catégorie "un livre de plus de 500 pages")

Challenge Musique 3
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Hippie hippie shake : Rock, drogues, sexe, ..

Une plongée tout à fait personnelle dans le swimming London par un de ses principaux acteurs, le rédac chef de Oz, journal underground qui inventa (avec quelques autres publications, en particulier le journal It) une nouvelle manière de faire du journalisme et fut le fer de lance de nombreux thèmes hippies que la presse traditionnelle n'abordaient alors pas : la drogue, la libération sexuelle, l'homosexualité, l'écologie, le féminisme, le racisme...

Richard Neville nous raconte par le menu sa vie de 1963 à 1971, multipliant les anecdotes parfois anodines mais toujours révélatrices de l'esprit du temps, en prise direct avec la naissance de la contre-culture dans ce qu'elle avait de plus naïve et de plus radicale, de plus ambitieuse et de plus dérangeante dans une Angleterre encore très conservatrice (l'homosexualité était considérée comme un délit par exemple). Le livre s'achève par une description minutieuse du procès retentissant de l'auteur (et des deux autres rédacteurs en chef de Oz) qui mis la jeunesse anglaise en émois et qui d'une défaite (ils furent tous condamnés à de lourdes peines pour obscénité et complot contre l'ordre public (sic)) se transforma en victoire alors que sous la pression de la rue, le ministère de la justice commua leur peine de prison en une simple amende.

Le récit est chronologique et très complet, l'auteur se borne à relater les faits sans jamais nous fournir d'analyse sur le mouvement dont il est une des têtes pensantes pourtant, sans jamais non plus nous faire part de son regard d'homme mûr (il écrivit cette bio dans les années 90). Dommage. Ceux qui, comme moi, sont fascinés par cette période y trouveront un peu (beaucoup) à contenter leur appétit. Pour les autres, les 549 pages relatant les aventures de Richard Neville paraîtront sans doute un peu laborieuses.
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Hippie hippie shake : Rock, drogues, sexe, ..

Oz : une plongée dans la contre-culture



Années 60, en Australie. Le jeune Richard Neville monte un magazine à tendance humoristique et subversive dans son lycée. Rapidement, la tentative est avortée par l’autorité bien-pensante de l’école. Mais qu’à cela ne tienne : Richard a bien envie de créer son propre journal. Comme de nombreux jeunes de sa génération, il en a marre de la morale vieillissante des pères et grands-pères (oui bien sûr, on ne parle même pas des femmes !) qui tente de contraindre une société dans des carcans qui ne demandent qu’à éclater et paraissent de plus en plus en décalage avec le monde actuel. Lui, son langage, comme celui d’une multitude d’autres jeunes enfants fleurs, c’est la contre-culture, pas seulement crise d’adolescence partant du principe qu’on est antitout, mais simplement pour être et vivre de la façon dont il l’entend : liberté, communauté, découverte, ouverture de l’esprit, pour tous et toutes sans distinction.



Richard Neville est donc le fondateur du magazine underground Oz. L’idée ? Simplement dire ce que l’on pense, offrir un lieu d’expression à ce qui active réellement les neurones des gens plutôt que de recouvrir encore des magazines de superficialité et de contingences. On parle donc de tout dans Oz : sexe bien sûr, politique, société, arts et culture, évènements dont on ne parlera jamais dans les journaux « reconnus » et donc « sage », « correcte », etc.



Oz rencontre rapidement quelques problèmes, mais il paraît que sur l’autre continent, en Angleterre, il y a des gens qui bougent, un mouvement communautaire et libertaire dynamique et plus prêt à accueillir la vague du changement sans aucun doute que les frileux australiens. Neville débarque à Londres, s’enchaînent les numéros tous plus « osés » les uns que les autres, « osés » parce qu’il n’y a aucun tabou. A l’avènement de l’année 68, Neville a une idée : et si on laissait parler aussi les très très jeunes ? Il fait passer une annonce et une dizaine de lycéens débarquent dans les locaux d’Oz pour participer et monter ce qui sera le Schoolkids Oz. C’est la première fois qu’ils peuvent vraiment exprimer ce qu’ils ressentent, ce que c’est que d’être jeune dans le monde actuel.



Seulement, voilà, Oz a déjà quelques fois fait l’objet de descentes de flics pour des prétextes divers et variés (en fait parce que ce magazine qui dit ce qu’il pense, ça fait tâche dans la bonne société anglaise), mais là, ils s’agit d’enfants, d’innocence, de préserver la naïveté des plus jeunes, qu’ils rentrent bien dans le moule comme il faut et participer à un magazine comme ça, c’est une atteinte aux bonnes mœurs, et en plus il y a des images de scènes de sexe triviales et écœurantes. Oz est donc attaqué pour atteinte aux bonnes mœurs et obscénité (comme Flaubert à peu près un siècle avant).



Le procès est très long. Richard s’en prend plein la tronche pour pas un rond. C’est inadmissible, c’est obscène, c’est trop, décidément trop libertaire. Le premier verdict tombe : moins d’un an de prison. Prison ?! Personne ne s’attendait vraiment à ça. Pour l’opinion publique, ça a tout l’air d’un abus de pouvoir, comme si on prenait Oz pour donner un exemple. Richard fait appel : la cours d’appel avoue que leurs prédécesseurs y sont allé un peu fort et ont largement débordé des cadres de leur juridiction judiciaire. L’affaire Oz fait jurisprudence, c’est l’un des premiers magazines à faire l’objet de ce type d’accusation, et voilà qui réveille un peu l’opinion publique quant à l’importance de la liberté de la presse.



Richard raconte donc l’histoire de ses jeunes années, des années Oz, et, en filigrane tout au long du récit, c’est un portrait inside de la contre-culture hippie des années 60 avec ses espoirs, ses élans vite réprimés, déçus, ses bilans. Un récit qui se boit et s’écoute sans modération.
Lien : https://justine-coffin.me/20..
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