Citations de Robbert Fortin (21)
habille-toi de vent va te promener
et donne-toi des pas qui écoutent
l'origine de ton nom
Désir
Je veux voir
ce que la vie contient
quand le vide compte
ses pas jusqu'à la lumière
Tout obstacle s’abolit
Il ne suffit pas d’attendre l’amour
ou de lui ouvrir le chemin pour rendre clair
ce que d’autres ont peur d’oser
on tente ce qui nous rend heureux
même si viennent des accident de parcours
qui nous rappellent qu’un sentiment est un risque
qui prend corps dans l’altitude d’un regard
le cœur devient repère
d’une promesse tournée vers soleil
quand s’attarde la vibration d’un appel
tourné vers la proximité du désir
tout obstacle s’abolit
l’intensité s’élance vers l’intime
elle est chacun de nos rêves bus
accueillant qui sait s’oublier en aimant
Laisse les mots être
Tu veux dépoussiérer ce qui traîne
depuis longtemps tu t'éparpilles
comme sables secs
dans conflits de tendances
saletés ça s'imrpeigne partout
jours moches collent à guenille sale
tu pirouettes comme l'homme mordant
la poussière dans une vie en location
connais-tu autres choses que forces brutes
affaiblies par agitations
du ça du moi du surmoi
relève la tête mets la hache
dans cette léthargie de faîence
ça suffit expire pour voir
si quelqu'un te réclame
détermine tes priorités
comme l'oiseau prêt à chanter
sur l'arbre désséché
vivre dans la lumière exige
de tuer toutes les guerres en toi
sors de ta bulle et mange tes étoiles mortes
tu la connais bien la fragilité
sois neuf et nu devant tes chantiers de travail
laisse les mots être
Voir vivre
Chaque route
séparée
cherche
le même rayon
d'elle
emprunte
l'apparence
ça commence
par solitude
quand le pas résiste
aux vents
on dit que son apaisementglace qui la goûte
et ne reste à l'homme qu'un tintement de la nuit
Corps de pluie
Tu retiens sous ta paupière
un dernier grondement
en délai de grâce
ce matin tu remettrais tes ombres
aux oiseaux avec envie de faire basculer
impulsion vers une portée d’éclairs
en gage une volée d’oies blanches
te rendrait sourire pourvu que tu retrouves
ce cœur vigilant qui aurait su préserver
une faune lumineuse à même l’abandon
des bruits sourds dans ton corps de pluie
Donner un nom au bonheur
Quand tu m’attends au parc
le vent dans les arbres transporte
ton prénom jusqu’à moi
comme si l’invention de l’air
cherchait à combler ce qu’il faut de chemin
pour te continuer à mes lèvres
tu dis aimer recommence
jusqu’à craindre de te perdre
je tomberai à t’atteindre
avant que tu n’arrives
surprends-moi
porte tes mots à ma bouche
c’est peut-être ici que je cesserai
de donner un nom au bonheur
Lac flânant sur ses reflets
Le même lac
des siècles plus tard
nomme-le Lamartine ou romantisme
bleu green d’une danse marine
contour d’une pensée
pacifiant ses reflets
sur une perspective d’étoiles
comme si le soir réactualisait un temps
suspendu dans son vol
vingt fois je retraverse cette image
sans vouloir la remettre au goût du jour
est-ce une invention du regard
un flash pour frissons de mémoire
en ai-je trop dit
le silence n’en serait que plus troublant
comment ramasser réalité
sans m’installer dans cette atmosphère
de point d’exclamation sur l’infini
à quel moment le savoir doit abandonner
l’exercice dans sa tête parfaite
dois-je céder le pas à l’ivresse
à l’algèbre du cœur
sans remplir un baril de larmes
Chaque mouvement se complique
Le dernier vol de l’ange est compté
l’aile plane au-dessus des brouillards
d’heure en heure chaque mouvement se complique
il suffirait que l’eau monte jusqu’aux genoux
que la mer s’approche des chevaux
les miracles asséchés jusqu’aux derniers
ça viendrait aggraver les mots
que la peur raconte pour étendre la menace
demande-toi comment traverser
si l’ange n’a plus de porte par où entrer
il ne fait pas meilleur dans la tête des pigeons
ni mieux dans tes questions
où pourras-tu poser les yeux
que tu ne peux plus porter sur tes épaules
Aurores boréales
La nuit s'étend dans ses pistes
éponge sa lune la marée qui monte
le ciel bouge amoureux
les baleines fument dans l'espace
des virgules d'eau bleue
elles ont quitté le fleuve
l'air peigne sa chevelure
imagine un son
sur rideaux de lumière
rayons pluies polaires
vagues de feux
sacres de soie
si mes yeux sont exacts
c'est l'heure des aurores boréales
Chaque étoile est une boussole
À nouveau tu questionnes la vie
penché comme un tournesol ton corps
fait monter la terre vers le jour
à présent tu mélanges à ton regard
ce bleu avec la nuit
toutes les braises le traversent
en attendant d'éviter les catastrophes
les dégoûts les petites coupures
au-dessus du sourcil
tourne les yeux du côté du ciel
chaque étoile est une boussole
l'idée qu'il suffit
de s'abreuver
à ces médicaments d'azur
fait de l'être un pont
qui mène à l'avide
un astre sous le bras
Le chant des possibles
Le printemps des fleurs est une bougie à cheveux blancs où naît le plus félin des mystères. Tu étais l'oxygène des eaux. Mai traçait des prodiges dans ton coeur, nous avons bu devant ma porte le chant des possibles, nous étions du même côté de la lumière. Plus rien ne nous séparait des roses et du ruissellement des yeux, jamais si seul, jamais, plus seul.
Mes sens
Mon corps pour contenir ton cri
j'ai mal à ta douleur
et j'aime de ta joie
l'intuition aurait voulu se défaire
des premières erreurs
ne laissant dans ton coeur
que d'amples vibrations
mais l'étoile ne sait que faire de l'amour
le baume de l'aurore donne à l'espace
une métaphore pour sa beauté
dans l'exercice de la lumière
Impressions
Début d'automne
le soleil se noie
dans son vin
comme une joie au creux d'un livre
une phrase sur un visage
un petit vent frais
couleur rouge sur les pins
j'ai le choix des rêves
le paysage est air
nue dans son sang la lumière
les parfums de la terre s'enfoncent
dans ma pensée
j'ai perdu
mon privilège d'éternité
en conséquence tant de choses
flottent dans mes yeux
Envies
J'enviais
le reflet de la lune
sur la rivière
jusqu'au jour où
j'ai tenté de le saisir
il s'est dissipé
goutte de rosée
dans un lac
j'enviais
le ruissellement du soleil
sur la neige
jusqu'au jour où
j'ai marché vers lui
il a disparu
comme le sourire d'une pensée
sur tes lèvres
Maintenant montre-toi, méditatif moi, embrasé par tes yeux magnifiques. À l'aurore, ma vie sera l'énigme de tous les possibles. Je serai poète par intuition, pour calmer la blessure par l'altitude du détachement. Je serai seul et nu entre la verdeur de la mort et la rédemption des sens.
À propos des voyages
Attends-tu des voyages qu’ils te rendent
plus agile à surmonter tes bouleversements
rends tes yeux jusqu’à mi-chemin
pour te donner temps de trouver
des solutions de rechange
si tu peux apporter à tes jours
ce quelque chose qui te réconcilie
avec le grave des fureurs de vivre
tu te rapproches des constructeurs de substances
tu as envie qu’avant et demain
excluent tout commentaire
l’usage des mots compte peu
pour laver la souffrance
parfois tu en viens à souhaiter
que bouts de présent se nettoient
d’eux-mêmes d’un surplus d’apprentissage
tu mendies chaque seconde
aux choses qui te font du bien
après les premiers balbutiements
fais le décompte
le tiers de ta vie est déjà passé
Tu n’as plus d’arbre à perdre
Rappelle-toi que tout change
tu n’as plus de détour à prendre
comme excuse de circonstance
pour demain ni d’arbre à perdre
ça laisse songeur
soigne ton grand saule au bout de l’île
deux cent cinquante anneaux d’écriture
pas un seul allaité par Saturne
ça devrait compter ça pour nous venger
de l’incohérence des chiens
épines ne t’intéressent pas
ni chicots d’hommes secs
quand ils déplient leur guerre
on l’avait compris
travail sur soi à faire
les longues descriptions
ne nous éviteront jamais le pire
les exemples fatiguent
ceux qui ne pensent plus
à protéger les arbres
tu t’en remets à ceux qui font l’effort
de sensibiliser les autres à la cause
tu voudrais seulement
un coin de fraîcheur à l’ombre
vert sans frein d’usure
va prendre une marche
un seul arbre et tu es sauvé
Les jours d’été tu penses à la mer
Les jours d’été
tu penses à la mer
sur ton balcon de géraniums
tu donnerais tout pour marcher
pieds nus sur les dunes de sable
les oiseaux s’élevant des plages
comme une blancheur en direction de l’avenir
c’est juillet combien de soleils
as-tu tracés dans ta tête aujourd’hui
combien de fois as-tu fermé les yeux
pour retrouver la mer
tu la cherches muette devant un livre d’images
tu t’es habillée en promesses
au cas où l’océan serait caché dans un tiroir
tu te consoles d’un horizon sur papier
pendant que la ville pleure à l’étage des pluies
Jeune fille château le jour
En hommage à George Sand
Je suis une jeune fille château le jour
ma petite solitude
assise sur mes genoux
une blessure ne s’endort jamais
on m’a dit mal d’être
trajet des inquiétudes
soir bat paupières aux fenêtres
je me sens belle maquillée en lune
c’est l’heure des hommes qui abandonnent
leurs cicatrices dans leurs romans
comme dépouille de vie
qu’ils découpent dans mirage
la main est vide quand ils crient orgueil
d’un trait temps heureux n’existe plus
un jour je laisserai mes heures aux heures
pour m’en faire des feuilles mortes
et bijoux pour mes amants