Robert Escarpit
Jacques CHANCEL s'entretient avec
Robert ESCARPIT,
journaliste et universitaire : Sa fonction de président de l'université Bordeaux III. Son livre "Vivre la Gauche". Son enracinement provincial. Son tempérament d'homme de Gauche. Propos désabusés sur les appareils des partis politiques. Son anti-cléricalisme. Sa polémique avec des critiques littéraires. Critique de "l'Etat gendarme".
La colère est comme l'alcool: à petites doses et de temps en temps, cela peut rendre service.
Il n'y a pas d'imposture plus flagrante que l'élite.
Faire comme si son prochain était un pauvre minable est simplement une façon indirecte d'avouer sans le reconnaître explicitement qu'on est un pauvre minable soi-même.
On peut faire du laid et du monstrueux avec n'importe quoi, y compris la vertu.
Il vaut mieux avoir honte d'un éclat que d'un silence,d'une violence que d'une abstention.
Mes grands-parents Escoube habitaient Bordeaux dans une autre grande maison sombre du quartier des Chartrons. Ils habitaient les Chartrons, mais ils n'étaient pas des Chartrons. Ils n'avaient jamais été vraiment admis par la vieille aristocratie danoise, allemande, anglaise dont le déclin accompagnait le leur, mais sans compromissions ni mélanges. Les Chartronais véritables étaient protestants. Les Escoubes étaient d'autant plus catholiques.
Ma mère a toujours été d'une piété ostentatoire.
- N'en remets pas trop, Emilie, lui disait oncle Armand. N'oublie pas que les terres des Escoubes sont des biens du clergé acquis à bas pris sous la Révolution.
Elle le traitait de franc-maçon, de communiste. C'était une sorte de jeu entre frère et sœur, mais il venait un moment où Emilie crachait son venin. Oncle Armand haussait les épaules et s'en allait en mâchonnant son cigare parler de chasse avec mon père.
Il n'y a pas d'imposture plus flagrante que l'élite.
[ Lettre ouverte au diable ]
« Étendez-moi rigide au fond de cette bière,
placez entre mes mains nos livres décadents :
Laforgue, Maldoror, Rimbaud, Tristan Corbière
mais – pas René Ghil : ça me fout mal aux dents ! »
2398 - [p. 99] Georges Fourest, La négresse blonde (1909) Épître falote et testamentaire
- Tu disais qu'à force d'attendre la liberté, on finit par être sévère pour elle.
- Oui, mais quand elle arrive, elle est si belle qu'on lui pardonne. C'est comme une femme.
Excuse-moi de ne t'avoir laissé que de l'argent et des terres. Je ne sais même pas si tu en voudras. J'aurais voulu te laisser de l'amour, mais quand on est, comme moi, dans l'enseignement depuis bientôt quarante ans, on ne se fait aucune illusion sur la dévaluation des sentiments qu'on peut offrir aux jeunes.