Alors que la maison de famille est en vente, le fils retrace ce qu'il a vécu dans cette demeure. Petit à petit il s'aperçoit qu'une seule personne est restée fidèle à cette maison. C'est Maria la femme de ménage d'origine portugaise. Son parcours intéresse le jeune homme qui voudrait retracer en bd.
La couverture ne donne pas envie alors que les dessins sont plutôt aboutis et l'histoire est agréable.
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Du récit écrit de son grand-père, Robin Walter fait une bande dessinée juste, et presque tendre. Récit de déportation à Buchenwald-Dora, dans le tunnel de fabrication des V1 et V2. Grâce à l'amitié, Pierre reste debout, un homme, et échappe à la déchéance promise, à l'épuisement par le travail. Ici la main-d'œuvre est un consommable parmi d'autres. Le livre montre bien la confrontation des idéaux, ceux des deux jeunes déportés, fauchés en pleine envie de vivre, celui des chercheurs allemands prêts à tout pour combler leur rêve de fusées, celui de soldats allemands, l'un simple gardien de la Wehrmacht, l'autre officier SS. Au final, la vie et l'homme (voir R.Antelme) reprennent leurs sens.
Le récit est admirablement porté par un dessin contrasté de noir intense.
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Emile a 18 ans quand il est dénoncé par un villageois aux Allemands. Emile faisait passer clandestinement des Juifs, il leur permettait de fuir la zone occupée, passer la ligne de démarcation pour pouvoir de nouveau vivre libre.
Paul vient de terminer l’école de l’Armée de l’Air, il est maintenant officier. Refusant de se soumettre, il décide de passer clandestinement la frontière de l’Espagne pour rejoindre les forces aériennes libres basées en Afrique du Nord.
Et puis il y a tous les autres qui ont été pris dans les mailles du filet allemand. Comme eux, ils vont passer de camp de concentration en camp de concentration, exploité par les allemands pour effectuer des travaux colossaux dans des conditions de vie déplorables… plus que déplorables. Inhumaines. Privation d’eau, de nourriture, de sommeil. Soumis quotidiennement aux humiliations, aux coups, aux travaux forcés, aux intimidations, à la cruauté sans frontière des officiers allemands. Dormants entassés sur des paillasses, sans matelas et encore moins de couverture. Dans le froid.
Des prisonniers, des scientifiques, des officiers SS. Les points de vue se croisent et ne se rencontrent jamais. Des réalités totalement aux antipodes. Trois manières de voir et de vivre l’horrible réalité.
Des morts. Des centaines de morts. Des milliers de morts… Des charniers. Des cheminées d’où sortent en permanence de la fumée. Des examens médicaux dont on ne ressort jamais. Des tunnels à creuser. Des paillasses à partager. Des kilos de corps, de terre, de fer… à porter. Des charniers. Des colis qui arrivent au compte-goutte. La vie se poursuit dehors. Des proches qui pensent à leurs proches. Des colis qui arrivent… et les SS qui se sont servis avant.
Des corps entassés dans des wagons. Dans des baraquements. Dans des fosses communes.
L’horreur.
(la suite de la chronique : https://chezmo.wordpress.com/2018/03/14/kz-dora-walter/)
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Deux parties dans ce livre : Bd et carnets ramenés par le grand père.
Je choisis de commencer par découvrir le texte, cela me semble préférable pour mieux m'imprégner du contexte ( de la même façon il me faut lire un livre avant de voir sa version cinéma ).
Camp de dora ?
Le camp de Dora, également appelé Nordhausen-Dora, est un camp de concentration nazi créé en août 1943 comme dépendance du camp de Buchenwald et destiné à la fabrication de missiles. Il devient un camp de concentration autonome en octobre 1944 sous le nom de Dora-Mittelbau. Environ 60 000 prisonniers de vingt-et-un pays y sont passés et on estime que plus de 20 000 y sont morts.
En plein milieu de l'Allemagne pour les fanas de géographie.
Le texte souligne, jour après jour, le côté misérable de la vie avec des descriptions précises des différents festins de la journée .... 75 grammes de pain quotidien, et les maltraitances, les brimades, les coups, les blessures, les meurtres ... une si longue litanie.
Le texte est centré sur le narrateur. Il nous parle pour survivre. Ce n'est pas littéraire, c'est une longue liste de ce qui a permis que la vie continue, des petites choses, de toutes petites choses qui aident à tenir.
La BD elle, insiste beaucoup plus sur l'aspect sociétal du conflit avec des descriptions du parcours de plusieurs individus dans leurs vies d'avant, avec leurs familles, leurs villages, nous les suivons le long de ces années.
Le trait est lourd mais comme les allusions que le livre comportent.
Loin de moi de vouloir le reprocher à l'auteur car il est évident qu'il parle avec ses tripes et l'histoire est si douloureuse au milieu de toute cette détresse humaine.
Un texte plus narratif pourrait toutefois se révéler salutaire pour nous aider à mieux comprendre de quel côté de l'histoire on se retrouve.
Ce sera ma seule remarque désobligeante.
À lire pour ne pas oublier !
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Cette BD retrace l'histoire du grand-père de l'auteur, arrêté alors qu'il tentait de rejoindre le Maroc via l'Espagne pendant la Seconde guerre mondiale. Déporté à Dora, camp où les prisonniers étaient utilisés pour fabriquer les fameux V2.
Je n'ai pas du tout aimé cette BD, pas à cause de son contenu, terrible mais intéressant. C'est la façon dont la BD est présentée et dessinée qui m'a dérangée. C'est une BD en noir et blanc. On suit deux prisonniers, un SS et deux scientifiques. Mais rien dans le texte ne précise de qui on parle, j'ai très souvent eu du mal à comprendre de qui et de quoi on parlait. J'ai trouvé ça très inconfortable, d'autant plus que ce qui est relaté est difficile à lire...
À la fin de la BD, on trouve les notes du grand-père de l'auteur, Pierre Walter. Je n'ai pas réussi à les lire non plus... On va dire que cette BD n'était pas pour moi, ou que je ne l'ai pas lue au bon moment...
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C’est au détour du salon du livre de Saint-Malo, Quai des Bulles, que j’ai rencontré l’auteur Robin Walter. Pour tout vous dire, je lis un peu de romans graphiques et/ou quelques bandes-dessinées, mais j’y allais surtout pour mon mari, grand fan de bd. Et cette rencontre, je la dois à un ensemble de facteurs avec comme dénominateur commun, le Portugal.
Peu de temps auparavant, j’avais lu un manuscrit avec pour trame de fond l’émigration portugaise dans les années 60/70 et la dictature de Salazar ; et ce texte m’avait marquée.
Alors en voyant le stand de la maison d’édition, la couverture du livre à la représentation en bandeau du drapeau portugais, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers l’auteur pour en savoir plus sur son ouvrage.
J’ai été très vite convaincu par l’auteur, et je le remercie pour le temps qu’il m’a accordé ; notre discussion fût fort intéressante.
Son ouvrage est quant à lui à la hauteur de ce que j’attendais. L’histoire y est simplement raconté, du pourquoi de l’écriture de cette histoire, en passant par les recherches effectuées, les discussions avec Maria, leur femme de ménage, et autres proches de la famille. L’auteur témoigne d’une tranche de vie, la sienne avec ses parents et ses frères et soeurs, dans cette maison mise en vente, et pour qui, le départ signe le début d’une autre belle histoire, celle des souvenirs, ceux de Maria, Manuel son mari, de leur fuite de la dictature. S’y ajoutent des détails historiques plus précis soutenus par un graphisme épuré, parfois dénué de textes ou encore seulement par un encadré.
Les dessins, en dégradé de noir et blanc, ne m’ont pas séduit tout de suite ; je ne suis pas adepte du noir et blanc. Puis finalement, je me suis laissée porter et avec le recul, je trouve que cela sert le contenu historique et la souffrance de cette époque.
J’ai passé un superbe moment de lecture avec cet ouvrage. Je le recommande vivement pour tous ceux que l’histoire du Portugal intéresse.
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