Robin Wasserman

C'était remarquable de voir la variété de moyens horribles qui existaient pour tuer des gens. Les bourreaux avaient donc une imagination infinie ?

Les gens ne posent pas des questions parce que la vie des autres les intéressent, mais juste par peur du silence.

À l'inverse des autres garçons que je connaissais, il n'avait jamais peur d'être sincère, même au risque de paraître ridicule.

« Un homme n'a pas de plus grand ennemi que son plus grand ami. »

Avant Max, j'avais l'arrogance de l'ignorance. Je disais que l'amour était un précepte moderne, une rationalisation pour préserver la monogamie dans une société fondée sur l'abondance des choix. Une illusion nourrie de sexualité et d'hormones. Un pseudo-conte de fées où les jeunes filles choisissent leur Prince Charmant en fonction de son compte en banque et de ses biens immobiliers.

- La foi repose sur le doute. S'il y avait une vérité unique, une seule réponse, il n'y aurait plus de combat.
- Certaines personnes diraient que tu es dangereusement naïf, répliqua Eli. Et qu'une connaissance aussi absolue peut être dangereuse.
- Comme l'est l'ignorance, remarquai-je. C'est toujours mieux de savoir.
- Vraiment ? On sait pourtant tout sur la pollution et l'armement nucléaire. Savoir ne suffit pas toujours. Et ce n'est pas parce qu'on sait construire quelque chose qu'il faut forcément le construire. (…) Si nous sommes trop bêtes pour tirer les conséquences de nos erreurs, c'est la preuve que nous sommes trop bêtes pour ne pas en commettre d'autres.

Les alchimistes ne sont pas des magiciens (…). C'étaient les premiers chimistes, les premiers pharmaciens. Et même ceux qui essayaient de fabriquer de l'or ne le faisaient pas pour devenir riches. Ils pensaient qu'en purifiant le métal, ils pouvaient purifier l'âme. Ils recherchaient les liens entre la terre et les cieux, le monde de l'homme et le monde de... Dieu.

« Je sens son odeur dans le laboratoire : un riche mélange de soufre et de cendres. Il dit que c'est un signe distinctif de sa basse condition. Pourtant sa modestie est toute vibrante de fierté. »

Le blasphème est une invention de l'Église qui proscrit nos interrogations et fournit ses propres réponses.

Avoir l'impression d'être un toutou dont on ne voulait pas était une chose, et une autre d'entendre confirmer cette impression par un inconnu.

J'avais lu quelque part que les meilleurs mensonges ont toujours une part de vérité. Et aussi que chacun a sa vérité propre. Que devais-je croire, alors ?

Adrianne avait semblé de bien meilleure humeur dès qu'elle avait pris connaissance de mon projet d'aller à Prague. Mais elle avait passé la plus grande partie du vol à énumérer les statistiques sur nos chances de heurter des météorites, des planeurs incontrôlés et des oiseaux kamikazes. Bref, nous risquions à tout moment de mourir de froid ou du manque d'oxygène, ou bien de nous noyer, de nous écraser sur une ville ou d'être brûlés vifs. Ce n'était pas la première fois que j'avais à pâtir de son incroyable mémoire et je savais qu'il valait mieux faire la sourde oreille.

Je vis d'abord les traces de pas, rouges et brillantes sous la rampe de spots. Elles se dirigeaient droit vers moi, me dépassaient et franchissaient la porte. Puis mes yeux se posèrent sur le dessin tracé hâtivement sur le mur : un point entre deux lignes courbes, avec un éclair qui en traversait le centre. Il y avait d'autres empreintes. Ou plutôt des traînées floues... comme si on avait tiré un corps sur le somptueux carrelage.

"Mme Moore va avoir une crise cardiaque, lorsqu'elle verra ça", me dis-je, envahie d'une étrange envie de rire. Elle, qui voulait toujours que son sol reste immaculé !
Mon rire mourut dans ma gorge. Il avait goût de bile.

Aristote nous enseigne que la nature a horreur du vide. Mais il ne tient pas compte du vide laissé en l'absence de l'amour.

Les gens ne posent pas des questions parce que la vie des autres les intéresse, mais juste par peur du silence.

Elle avait parfois le sentiment que l'infinité d'options qu'elle avait entrevue jadis était devenue un entonnoir. Une mauvaise décision après l'autre, sa vie rétrécissait, chaque erreur diminuant les opportunités de moitié et l'entraînant dans un tourbillon. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus nulle part où tomber sinon dans un petit trou sombre et sans fond.

J'aurais voulu revenir sur cette rive ensanglantée, m'interposer entre le corps de mon cheval et la flèche qui l'avait tué ; j'aurais préféré mourir dans l'ignorance en étant amoureuse ... Plutôt être tuée par une flèche que par les paroles de celui en qui j'avais mis toute ma confiance.

Je n'ai pas oublié les instructions de notre père : la raison est l'ultime et la meilleure arme de l'homme impuissant. Il m'a appris que la lame peut facilement être retournée contre celui qui la brandit.

J'étais restée quelques instants au bord du vide, hésitant à faire un pas de plus, ou plus exactement mesurant le pouvoir que me donnait cette possibilité. Ce n'est pas souvent qu'on a l'occasion de détruire d'un simple geste ce qui a de la valeur. Quand on est gosse, on peut toujours renverser d'un coup de poing la tour de cubes qu'on a patiemment érigé ou forer sa Barbie au four à micro-ondes. Quand on grandit, on nous retire nos jouets.

N'allez pas croire que mes parents étaient devenus fous. Ni alcooliques. Ils n'avaient pas non plus érigé un autel dans le salon avec la photo du défunt, ne mettaient pas le couvert d'Andy à table et ne dépensaient pas des fortunes dans des séances de spiritisme sur des hotlines de parapsychologie. Le gothique, les histoires de revenants, les lamentations funèbres à minuit et tout le tintouin, ça n'était pas leur genre. D'accord, il y a eut, quelques mois après l'accident, une époque où ma mère prenait des cachets ... Mais il vaut mieux passer ça sous silence.