« La femme au renard bleu » de Robyn Mundy est le récit romancé de l’épopée de Wanny Woldstad, devenue la première trappeuse norvégienne en 1932. Dans le décor glacé du Spitzberg, la vie est austère, intense avec ses peurs mais aussi les joies procurées par la beauté de la nature.
En me lançant dans ce roman biographique, je n’avais pas d’attente particulière si ce n’est découvrir le parcours de la première femme trappeuse. Si le destin est exceptionnel, il n’occulte pas les doutes, la dureté de la vie mais aussi toute la beauté de ces terres polaires que l’on a du mal à imaginer ici, sous nos latitudes au climat tempéré.
Partir chasser l’ours et le renard durant une saison de trappe est assurément une affaire d’hommes. C’est ce que tout le monde dit à Tromsø en ce début des années 1930. Mais Wanny Woldstad se fiche des convenances. Veuve avec deux enfants puis remariée avec un homme bien plus âgé qu’elle, Wanny cherche sa place. Lorsque le roman débute, elle a déjà conquis une part de liberté en étant l’unique chauffeuse de taxi à Tromsø. Alors pourquoi en vouloir plus ? Juste pour vivre comme bon lui semble, aurait-elle pu nous répondre !
Dans ce roman, le récit alterne le point de vue de cette femme et celui d’une renarde bleue. Elles vivent en parallèle, s’observent et partagent le même quotidien : chercher de la nourriture, survivre au froid et aux aléas climatiques, avancer (toujours), s’affirmer. Une vie simple et rude en osmose avec la nature.
Le quotidien de Wanny et du trappeur Anders Saeterdal qui va l’initier à la chasse aux ours et aux renards est fait de routines, de kilomètres à parcourir, de pièges à poser (puis à relever), de cabanes minuscules au confort spartiate. Car si une chose est sûre, c’est qu’on ne part pas pour le plaisir sur ces terres gelées. On y vient pour rapporter un maximum de fourrures pour les revendre et vivre jusqu’à la saison prochaine.
Les chapitres où l’on suit les renards dans leur quotidien sont aussi fascinants. Les rivalités, les amours, les proies, la relation avec les humains… Qu’il est astucieux d’inverser les rôles et de nous montrer comment les animaux ressentent la présence des trappeurs, comment ils cohabitent et tentent de contourner les pièges. La vie est un drôle de jeu. À la fin, il n’y a qu’un vainqueur : celui qui survit.
Ainsi, au Spitzberg, Wanny s’affirme comme une trappeuse talentueuse et courageuse. Elle apprend à survivre dans des conditions extrêmes, à chasser et à cohabiter avec la faune sauvage. Sa ténacité et son esprit d’indépendance forcent le respect d’Anders…. et le nôtre évidemment.
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