https://www.editions-dialogues.fr/livre/brest_insoumise/
Rencontre avec Roger Faligot, qui a publié Brest l'insoumise aux éditions Dialogues.
Questions posées par Laure-Anne Cappellesso.
Réalisation : Ronan Loup.
Boulainvilliers, rue de
N°68- C'est, dans les années 1960 et 1970, le domicile de Fernande Grudet, donc le quartier général de "Madame Claude", le pseudonyme sous lequel cette Angevine -condisciple de Claude Pompidou au collège des Visitandines- a monté le plus sélect des réseaux de galanterie tarifée avec la protection des services secrets. Cette ancienne jeune résistante s'est d'abord retrouvée, à 25 ans, dans le sérail du roi égyptien érotomane Farouk et, comme elle l'a raconté à l'auteur au cours d'une interview pour Penthouse, elle a gardé un souvenir impérissable de la fabuleuse collection de jouets sexuels de Sa Majesté, qui sera renversé par Gamal Abdel Nasser, lui même ancien agent des services secrets nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Montée à Paris, elle prépare des soirées épicées pour les têtes couronnées, des diplomates de haut vol et des personnalités de premier plan: le Shah d'Iran, la femme du dictateur indonésien Soekarno, le général Oufkir, âme damnée du roi du Maroc Hassan II, et même John Fitzgerald Kennedy. De passage à Paris, toutes et tous rendent visite à "Claude de Marignan", comme on la surnomme, ou bien louent les services de ses pensionnaires. Ce qui explique évidemment que la SDECE, par le biais de sa base Bison (parfois surnommée "Baisons") , apprécie ses services, et les informations stratégiques que soutirent ses filles.
Marlene (Dietrich), justement, avait l'habitude de venir avant-guerre au One two Two, avec ses amis Humphrey Bogart, Katharine Hepburn et natürlich, Jean Gabin! Tout ce beau monde déjeunait dans le restaurant d'un boeuf à la ficelle servi par des soubrettes cul nu, vêtues d'un seul petit tablier à ourlets, avant de monter avec "ces dames" (y compris Marlene) dans les suites royales. Mais, en 1940, cette fine équipe a rejoint les Etats-Unis et affiche sa résistance aux nazis. La Dietrich chantera "Lili Marlene" et Gabin combattra dans les FNFL (Forces Navales Françaises Libres).
Même l'acteur Michel Simon, qui continue sous l'Occupation de fréquenter les "p'tites femmes" du 122, rue de Provence, fait de la résistance. Mais, dans son cas, personne ne le sait: il travaille secrètement pour le renseignement communiste, lui qui fut l'un des fondateurs du parti communiste suisse.
Santé, rue de la:
N°127- Au sein de l'hôpital Sainte-Anne pour les aliénés, le couvent des soeurs de la Sainte-Agonie, une branche des lazaristes, abrite entre ses murs l'état-major du réseau Jade-Amicol des services secrets britanniques. Sous l'Occupation, en effet, neuf nonnes et leur mère supérieure, Henriette Frede, servent de courriers pour le réseau dirigé par le colonel Arnould, alias Claude Ollivier. Un émetteur-récepteur a été caché sous la sacristie de la chapelle, et Jade-Amical possède des émetteurs de sous-réseaux dans Paris, comme celui de l'hôtel Scribe, pourtant le quartier général de l'un des services allemands.
FLORIMONT, Impasse
N°9- Les RG enquêtent sur un suspect anarchiste qui habite chez une certaine Mme Planche. On a ouvert un dossier (N°470-109) , le 27 juillet 1949, parce que ce quidam a signé un article dans le journal de la Fédération anarchiste, Le Libertaire. Il s'appelle Georges Brassens. Voici ce qu'écrit monsieur l'inspecteur: "Brassens se dit homme de lettres et collabore occasionnellement à divers journaux et revues. Bien que l'enquête présente n'ait pu apporter de précisions sur ses relations exactes avec les milieux de la Fédération anarchiste , il est permis d'affirmer que Brassens fréquente les milieux en vue dont il partage les opinions. Il est connu des services de la direction des R.G. comme militant anarchiste. Dans les milieux artistiques, M. Brassens est considéré comme un "anarchiste intellectuel" et ses chansons sont inspirées des théories libertaires".
AVENUE GEORGE-V
N°13
L'Ambassade d'Espagne a, durant toute la période du franquisme, abrité un poste d'espionnage chargé de traquer les opposants au Caudillo. Pendant la seconde guerre mondiale, l'attaché de police Pedro Rendueles Urraça, est également le patron de la Phalange en France. Il collabore étroitement avec la Gestapo et entretient des relations étroites avec ses chefs, tels Karl Boemelburg ou Helmut Konchen. Le service de contre-espionnage clandestin dirigé par le colonel Paillole l'inclut dans son fichier d'agents allemands à arrêter. Voici ce que dit sa fiche: " Implacable pour les Espagnols arrêtés ayant des sympathies pour les Alliés. Son activité s'étendait aussi aux relations commerciales avec les Allemands de Paris et de Bruxelles."
Le grotesque et la caricature devinrent la règle, pour ces jeunes gens qu'on appelait aussi les Muscadins, les Inconcevables et les Incroyables. Tout y passait dans la difformité : chapeaux ridicules leur hypertrophiant la tête, plis dans le dos de la redingote pour faire bossu, culotte attachée d'un seul bouton au genou pour donner l'impression qu'il était cagneux, énorme cravate semblant cacher un goitre, lunettes géantes pour grossir des yeux de crapaud myope, bottes dépareillées pour simuler un boitement.
La Révolution était un tel cyclone que ses tourbillons mettaient en présence, au Luxembourg, les ennemis d'hier, les amis de toujours, peut-être les adversaires de demain.
Ils se valorisent en fournissant un rapport sur une source occidental spécialisée... C'est ce qu'on appelle "utiliser les étrangers pour qu'ils servent la Chine" !
Un journaliste européen qui vit depuis longtemps dans la capital du Nord m'a déjà expliqué que jadis son appartement, ayant anciennement appartenu à un cadre dirigeant, possédait une trappe qui permettait de descendre dans un abri relié à Zhongnanhai, le palais gouvernemental des " Lacs du milieu et du sud", à l'ouest de la Cité interdite.
Tout ce beau monde est loin de se douter que cette danseuse qui se fait appeler Mata Hari ("l’œil du jour" en malais) est en réalité une certaine Margaretha Geertruida Zelle.[...] Mais, alors que la guerre de 14-18 va éclater, elle deviendra "H21", une sorte de naïve agent double [...], elle finira fusillée dans les fossés du château de Vincennes, le 15 Octobre 1917, sorte de victime expiatoire qui symbolise la chasse aux espionnes pendant la Grande Guerre.