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Citations de Roland Le Mollé (21)


A un moment, dans un souffle à peine audible, il a parlé, je crois, d'un de ses tableaux, mais je n'ai pas bien compris lequel : «Trop de regards, beaucoup trop de regards se détournent et s'évitent pour ne pas rencontrer le regard de l'autre porteur de la sentence. Les yeux s'effraient et le regard se vide dans le cercle noir de la terreur. Lorsque les mains s'ouvrent, la vie s'enfuit. Car, dis-moi, qu'est-ce que protègent les yeux clos, qu'est-ce que renferment les mains repliées sur elles-mêmes sinon le dernier secret ? »
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Les visages, en effet, me déconcertèrent. Tous sont tournés dans des directions différentes comme s'ils cherchaient à s'éviter. Dans ce tableau où l'on compte neuf personnages, personne ne se regarde. Et aucun, non plus, ne regarde dans la même direction. Ils se fuient les uns les autres. Ils sont tous enfermés au centre d'eux-mêmes. Chacun est isolé dans sa pensée, dans son histoire personnelle, dans sa nostalgie ou son désir. Comme s'ils se trouvaient réunis là par hasard, mais aucun ne se sent concerné par la scène dans laquelle figurent les autres et à laquelle il se sent étranger.

À propos de son tableau la Pala Pucci (retable Pucci) Église san Michele Visdomini
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Cela fait huit ans maintenant que Pontormo lutte contre les fresques du chœur de San Lorenzo, l'église des Médicis. Il est hanté par ce Jugement dernier, par cette chute des corps agglutinés dans des abîmes visqueux, qui se cramponnent les uns aux autres, terrifiés. Visionnaire halluciné, il a la révélation de scènes que Dante n'aurait jamais imaginées.
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Tu sais, Giambattista, d'ailleurs tu pourras en parler à Bronzino, ces fresques-là, pour moi aussi ça a été une passion. Je n'ai vécu pour elles pendant des semaines et même pendant des mois. Je les ai peintes avec ma sueur et avec mon sang. Je me suis complètement immergé dans ma peinture. Je crois que, depuis, je n'ai rien fait de meilleur, Alors, il a fallu que ce sinistre Vasari casse toute ma joie d'un seul coup, qu'il déconsidère mon travail et ruine ma réputation.
– Vasari? Comment ça, Vasari ? Qu'est-ce qu'il vous a donc fait ?
– Oh, il ne m'a rien fait. Il parle, c'est tout, il faut qu'il parle, qu'il montre qu'il sait, qu'il connaît tout et que ça l'autorise à juger, à critiquer, à condamner aussi. Il cancane dans tous les coins de Florence comme une vieille commère, [...]. Et, comme tu le sais, les propos de Vasari ont du poids dans la ville.
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Pontormo ! Il a toujours construit des murs entre lui et les autres, comme à San Lorenzo à Florence. Il a toujours enlevé des échelles pour qu'on ne vienne pas le déranger dans son aire. On comprend mieux qu'avec le temps, il soit passé de la solitude à l'isolement et qu'aujourd'hui, comme depuis toujours, il avance seul et nu vers la vieillesse et la mort.
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– Écoutez ceci :
Gl'infiniti pensieri mie d'error pieni
Negli ultim'anni della vita mia
Ristringer si dorien 'n sol che sia
Guida agli éternité suo giorni sereni*

Connaissez-vous quelqu'un chez vous qui serait capable d'écrire ceci ?
Il y eut un long silence. Tout ému d'avoir évoqué Michelangelo, Pontormo gardait la tête baissée et don Leonardo semblait lui-même ébranlé.

*mes pensées infinies toutes pleines d'erreurs, / Dans les dernières années de ma vie, / Devraient se resserrer en une seule, / Qui me guide vers les jours sereins de l'éternité.
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une simple ligne qui n'a pas du tout été réfléchie par le peintre, jetée là par sa main sans être guidée par une étude quelconque, et qui va d'elle-même, comme ça, et qui vous bouleverse, eh bien cela, il n'y a qu'un artiste exceptionnel qui soit capable de le faire. Avec lui, la ligne avance et la main suit.
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J'aurai peint cet instant. Seulement ce si court instant. Je ne peins pas l'éternité. Nous n'avons plus de temps pour l'éternité. Nos révélations et nos émotions naissent et meurent dans l'instant. Je peins la vie qui s'écoule, le moment qui passe. Je peins ce qui n'existe déjà plus.
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"D'abord, je ne m'appelle pas Pontormo !"
Il avait cette voix rauque, une voix râpeuse, rugueuse. Gouailleuse parfois quand il lui arrivait d'être gai. Mais le plus souvent, c'était sa voix granuleuse des mauvais jours. Pour une vie qui ne fut que de mauvais jours. J'aurais dû me méfier. Je n'avais cependant posé aucune question. Simplement le nom qui revient, comme ça, dans la conversation. Le retour du nom comme une façon de ressaisir l'attention de l'autre, Mais tant d'exaspération sous ce nom, je ne l'aurais jamais imaginé, même si, je le savais pourtant, avec lui, il fallait toujours se méfier, De la prudence dans ses mots. J'avais dû le vexer, Ou pire, l'humilier, Ce fut le silence.

(INCIPIT)
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Mentre io con penna oscura, e basso inchiostro
Tanti anni, e Tanti un vivo lauro formo,
Voi con chiaro pennello alto Puntormo
Fate pari all'antico il secolo nostro

Alors que moi-même, avec une plume obscure et une encre vulgaire
Au bout de tant d'années, j'esquisse un vivant laurier,
Vous, d'un pinceau léger, grand Pontormo,
Vous rendez notre siècle comparable à l'antique.

Sonnet de Benedetto Varchi pour Pontormo
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Pontormo fait parti de ces curieuse personnes que, chaque soir, le coucher du soleil rend volubiles et fait déraisonner. même lui l'homme d'ombre et de silence. cela dure le temps de l'éclipse puis la ville se voile et le calme revient pour ces esprits quotidiennement angoissés par la disparation du soleil.
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– Écoutez ceci :
Gl'infiniti pensieri mie d'error pieni
Negli ultim'anni della vita mia
Ristringer si dorien 'n sol che sia
Guida agli éternité suo giorni sereni*

Connaissez-vous quelqu'un chez vous qui serait capable d'écrire ceci ?
Il y eut un long silence. Tout ému d'avoir évoqué Michelangelo, Pontormo gardait la tête baissée et don Leonardo semblait lui-même ébranlé.

*mes pensées infinies toutes pleines d'erreurs, / Dans les dernières années de ma vie, / Devraient se resserrer en une seule, / Qui me guide vers les jours sereins de l'éternité.
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son journal intime, c'est l'histoire d'un combat de chaque jour, ou plutôt c'est l'histoire d'un naufrage dans la tristesse des jours.
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je pense que, s'il a changé de style c'est aussi pour échapper à l'influence écrasante de Michelangelo qu'il idolâtrait mais qui l'empêchait d'être lui même.
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C'est quand il efface qu'il a l'impression de progresser. le dessin efface le dessin. Chaque trait remet en question le précédent.
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Seule la peinture me sauve et me donne l'espace nécessaire pour dire les angoisses. je ne peins pas dans la logique du pouvoir ni de la religion. C'est pour répondre à un appel plus profond en moi que j'ai interrogé la religion.
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les papes, ils trafiquent, ils s'enrichissent, les papes sont corrompus jusqu'à la moelle des os. Aujourd'hui; ils s'engagent dans des guerres sans fin pour agrandir leur territoire et consolider leur pouvoir. "Mon royaume n'est pas de ce monde", disait Jesus. Ah vous l'avez bien oublié, ça!
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Pontormo était terrifié par cette mise en scène de la mort, par ce lugubre théatre de la la rue.
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sa joie en expansion occulte le dessein du sujet. Pontormo n'existe plus que dans l'acte de peindre. Il s'est servi du sujet pour se servir lui-même. il en fait son histoire, l'histoire d'un homme qui n'a été heureux qu'un court moment dans sa vie.
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Il a fréquenté très vite l'avant garde florentine avec la Bottega d'Andrea del Sarto, l'atelier le plus novateur de l'époque. c'est là qu'il va rencontrer cet autre fou de génie, le Rosso, un gamin comme lui. Dans ce petit monde en décrépitude ils vont devenir des visionnaires.
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