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Critiques de Romain Bertrand (30)
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L'exploration du monde

J'adore ce livre passionnant qui retrace l'histoire complexe de l'exploration du monde de 645 (Xunzang sur les traces de Bouddha) à 1938 avec de Lévi-Strauss. Il s'agit d'une histoire décentrée et élargie de ce que l'on aurait appelé autrefois les "Grandes Découvertes". Décentrée car les explorations ne sont plus perçues du seul point de vue occidental et élargie parce que la chronologie est bien plus étendue.

Cela a l'air bien compliqué comme cela mais en fait ce livre (qui regroupe des articles provenant de dizaines de spécialistes) est très accessible. Chaque date se présente comme un court texte assez dense d'environ 4 à 6 pages (mais sur deux colonnes à la fois) et l'on apprend beaucoup à chaque fois. Et surtout on apprend à réfléchir et à remettre en question ce que l'on savait ou croyait savoir.

J'en veux pour preuve le beau texte consacré par François-Xavier Fauvelle (professeur au collège de France) sur la découverte par Dias du Cap de Bonne Espérance. Qu'est ce qu'il a découvert en fait ? Dans quel contexte ? Et qu'est ce que cela signifie vu de l'Afrique du Sud (dont Fauvelle est spécialiste) ? Et que faut-il pense de notre façon de concevoir le récit des exploration portugaises ?

Je ne sais pas si je suis clair, mais le livre l'est et l'on apprend donc énormément dans ce joli livre (illustré de plus), pétri des connaissances les plus récentes. Ainsi l'article sur l'ascension par Mary Kingsley du Mont Cameroun est passionnant également sur le plan de l'histoire des genres. N'en déplaise aux grincheux, l'histoire est une science qui implique une constante remise en question et ne peut rester étanche face aux problématiques qui agitent la société dans son ensemble.

Angkor, Magellan, Tenochtitlan, Ceuta, les flibustiers, Albert Kahn...Une livre, comme vous le voyez, d'une très grande richesse et qui constitue une superbe invitation au voyage (bilan carbone neutre par ailleurs...).

J'ai adoré.
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L'exploration du monde



Il y a longtemps qu je m’étonne que dans les cours d’histoire mais aussi les émissions et les livres d’histoire courants, on ne parle jamais d’explorateurs africains et plus généralement d’autres pays que l’Europe. Je me suis donc jetée sur cet ouvrage qui parle de tous ces voyageurs nés sur les autres continents.

Après une longue introduction de 40 pages, cet ouvrage présente en 88 textes de 6 pages de signatures diverses, des découvreurs issus de tous les continents. Beaucoup de trajets se font en dehors de l’Europe, ce qui explique peut-être la méconnaissance de ces déplacements par le vieux continent. Le premier texte parle du voyage du moine Xuanzang pour le compte de l’empereur Taizong en 645, le dernier du séjour de Lévi-Strauss chez les Nambikwara en 1938.

Je regrette qu’il n’y ait pas eu pour chaque périple une carte sommaire montrant le trajet parcouru.

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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

« Qui a fait le tour de quoi ? », un titre volontairement un brin provocateur de la part de Romain Bertrand pour son essai sur le voyage de Magellan.



Une vraie question quand on sait que l’Histoire n’a longtemps associé que le nom de Magellan à la première circumnavigation. Et pourtant Fernão de Magalhães n’a jamais réalisé de tour du monde (il est mort à mi-chemin), il n’a pas non plus montré que la Terre était ronde (on le savait déjà) et il n’est peut-être pas le navigateur visionnaire et héroïque que l’histoire a retenu (une image idéalisée sans doute en grande partie due à l’admiration que le chroniqueur Pigafetta lui portait).



Avant de parler de cette incroyable expédition, il faut donc replacer le projet de Magellan dans le contexte historique de l’époque. Loin des idéaux de découvertes de nouvelles terres, de nouvelles cultures, de recherches ethnographiques ou naturalistes, Romain Bertrand nous rappelle bien que le nerf de la guerre à cette époque était plutôt : gloire et richesse. Avec en plus dans le cas de Magellan un petit désir de vengeance qui l’amène à délaisser son Portugal d’origine pour partir naviguer pour le compte de la couronne espagnole. Au temps pour le romanesque de l’aventure !

Une remise en perspective intéressante et bien documentée, notamment grâce à plusieurs témoignages d’époque.



L’expédition lancée, la question se pose de savoir qui a finalement réalisé la première circumnavigation de l’Histoire. L’auteur rappelle à juste titre que l’Histoire justement à tendance à ne retenir qu’un seul nom, là où finalement ils sont nombreux à prétendre à ce titre honorifique. En premier lieu, Enrique, l’esclave malais de Magellan, qui est très probablement le premier à avoir fait le tour du monde (même si cela n’a pu être prouvé). Et qui se souvient du nom des dix-huit marins arrivés à Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522 à bord du seul navire rescapé ?

Un voyage, plusieurs candidats.



Autre point intéressant abordé dans cet essai, la vision très occidentale que nous avons de cette fameuse période des grandes découvertes et avec elle l’impression que ces audacieux marins ont ouvert des voies jamais naviguées et découvert de nouvelles terres inhabitées. Erreur !

Les commentaires de Pigafetta sont bien la preuve du contraire. Des endroits reculés comme le détroit de Magellan étaient déjà habités et toute l’Indonésie était une zone d’échanges commerciaux établie.



Si le livre n’apporte pas de nouvelles connaissances à ceux qui ont déjà lu « Le voyage de Magellan » d’Antonio Pigafetta édité par Chandeigne, j’ai trouvé qu’il permettait de faire un pas de côté et d’avoir un regard plus critique sur cette aventure, et plus généralement sur les grandes découvertes.
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Ce livre est une tentative de remise en perspective du voyage de Magellan autour du monde, pour une vision moins enjolivée, plus réaliste.

Malheureusement, les textes ne sont pas nouveaux et leur réinterprétation (Le journal de bord de Pigafetta en particulier) ne permet pas d'apporter de véritables avancées sur ce qu'a véritablement réalisé Magellan.

On y découvre certains aspects de sa personnalité, et la place qu'ont pu prendre les personnage secondaires, notamment domestiques, qui ont réellement fait ce tour du monde.

Les tentatives d'interprétation économiques et culturelles manquent de profondeur.

C'est bien écrit, bien documenté, mais ça ne remet pas véritablement en cause l'histoire, sauf si on considère que le grand voyage autour du monde s'est terminé avant d'avoir été bouclé, par la mort du grand capitaine.

Peu de chose sur la découverte du passage qui porte son nom, mais la confirmation que c'est bien grâce à sa persévérance, au risque de la vie des marins, qu'il fut découvert.

Pour moi il n'y avait pas matière à en faire un livre,
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Le détail du monde

En trois chapitres Romain Bertrand raconte l'entreprise de la Description de la nature de Bernardin de Saint Pierre et Buffon en passant par Goethe, trois siècles d'histoire des sciences !



Dans la première partie : La vie rêvée des coléoptères, l'auteur dresse un tableau de cet inventaire du monde par les naturalistes du XIXème siècle. Il présente Wallace (1823-1913) gallois qui a sillonné le pays pour arpenter les pâtures et labours pour le compte de l'Eglise d'Angleterre et qui, dans le sillage  de Humboldt part en expédition sur l'Amazone, 





Il part ensuite pour Singapour et Bornéo, rencontre Brooke, un aventurier, un peu bandit, qui s'offre un royaume à Sarawak.





Sous d'autres latitudes, observant d'autres espèces, il arrive à des conclusions analogues à celles de Darwin qui publie simultanément L'Origine des Espèces. Wallace se reconnaîtra darwinien avec fairplay. 



Le XIXème siècle est celui des grandes collections qui ne se font pas sans un massacre systématique de la faune étudiée. Pour  dessiner ses merveilleux oiseaux Audubon utilisera des techniques de thanatopracteur aussi sophistiquée que les égyptiens anciens dans leur momification. Des centaines d'oiseaux, de mammifères sont abattus pour la cause de la science sans état d'âme. Si



Alfred Russel Wallace, le grand et austère savant coauteur de la « théorie de l’évolution », donnant le biberon puis la becquée à un bébé orang-outan,



c'est parce qu'il a arraché le bébé à sa mère. Pour lui "il n'existe aucune contradiction entre la vie contemplée et la vie prise" et il est dit plus loin que la "somme des spécimens collectés par Wallace est tout bonnement colossale pas mois de 125.660 pièces" . 



Le chapitre 2 : Le bleu des choses commence au début du XXème siècle lors de l'Exposition universelle de Paris, plus précisément dans le Pavillon de Madagascar où se trouvent un diorama  "une série de scènes d'après natures signées d'un certain Louis Tinayre". Un des protagonistes de l'histoire sera le peintre Louis Tinayre - ancêtre des reporters de guerre qui a cheminé à Madagascar. Le "bleu" qui donne son nom au chapitre est celui du ciel, ou tout au moins la difficulté de rendre toutes les nuances de bleu. 



Albert 1er de Monaco repère le peintre et l'associe à ses expéditions de 1904 à 1914 qui aboutiront à l'exploration des abysses. 



La réputation de pionnier de la protection des milieux marins d’Albert Ier de Monaco ne sort d’évidence pas

indemne du récit détaillé des  chasses auquel le prince s'est livré"



comme Wallace, dans le chapitre précédent, le prince est un "viandard"



Dans la palette des peintres se trouve le "Bleu Guimet" , encore un explorateur! L'auteur s'attarde sur la "Nomenclature des couleurs, devenue outil de référence de la description naturaliste" et nous fait rencontrer Syme et Werner. 



A la croisée de l'art et de la science, Haeckel est un savant remarquable



 "Toute la vie intérieure de Haeckel se trouve placée sous le double signe de Darwin et de Humboldt. [...]

En 1866, c’est encore en hommage à Humboldt qu’il forge, dans sa Morphologie générale des organismes, le

terme d’« écologie » pour désigner « la science des relations d’un organisme avec son environnement ».



Il note la réciprocité de l'admiration de Darwin



"Darwin s'émeut de la qualité et de la beauté de l'oeuvre de Haeckel, et en conséquence, l'admet dans le cercle restreint de ses disciples"



"l'esthétique de Haeckel est, sous cet aspect, impeccablement darwinienne, qui donne à voir les marqueurs de surface de l'Evolution"



Peinture, dessin il manquait la poésie, déjà évoquée avec Goethe, au début du livre, maintenant Valéry et Ponge sont convoqués. Ponge puis DH Lawrence et toujours cette difficulté à rendre le bleu du ciel!



le chapitre 3 : Le sociologue et l'oiseau va introduire le Birdwatching , science ou passe-temps amateur particulièrement développé dans le Royaume Uni. 



"Pour Nicholson, qui gravite dans l’orbe d’influence du célèbre zoologiste Julian Huxley, l’art de l’observation

des oiseaux, amusant passe-temps s’il en est, se doit de devenir une véritable science. Il n’est plus question de se

contenter d’identifier au jugé les espèces selon les seuls critères – pittoresques mais trompeurs – de leur ramage et de leur plumage, mais de décrire scrupuleusement leur habitat et leur comportement."



Le héros de ces observations est Tom Harrison et son groupe de Birdwatchers qui vont opérer une véritable révolution en



"Prenant le contrepied de la théorie de Darwin – pour qui c’est toujours la nature qui opère, souveraine, la

sélection des espèces –, il y affirme qu’il existe un processus concurrent de « sélection de l’environnement par l’animal ».



"La connaissance fine des milieux modifie la perception même des paysages. Ceux-ci ne sont plus des étendues

étales, mais des damiers d’habitats, des chapelets d’orées ouvrant sur des univers où coexistent et s’entremêlent des formes de vie."



Il ne s'agira plus de chasser, de décrire des espèces, de collectionner des plumages mais de se cacher, d'être à l'affût, de se mettre dans la peau d'une poule d'eau pour raconter le comportement de l'oiseau, du point de vue de l'oiseau!



Et de la description des sociétés animales à celle des sociétés humaines, en appliquant les méthodes d'observation mises au point avec les oiseaux, "anthropologie de nous-mêmes" conduit à une anthropologie de masse. 



On note aussi l'évolution des scientifiques qui passent des massacres des chasseurs à la protection des oiseaux.



C'est donc un ouvrage très riche, parfois un peu touffu, mais toujours passionnant qui complète la lecture des Arpenteurs du   Monde  de Daniel Kehlmann  et de l'Invention de la Nature d'Andrea Wulf qui m'avaient fait connaître Humboldt et Haeckel et que j'avais dévorés. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

France Culture avait éveillé ma curiosité pour ce livre et les Cafés littéraires de Montélimar m’ont permis de rencontrer son auteur et renforcé mon intérêt pour l’ouvrage . Après la lecture , aucune déception : c’est un remarquable travail d’historien consacré à la remise en perspective (je préfère ce terme à déconstruction) d’un évènement mythifié . Excellente utilisation des rares sources et attention portée aux « seconds rôles » et « petites mains » de cette aventure , éclipsés par l’aura (en partie injustifiée) du personnage principal. Mise en évidence du rôle de l’européocentrisme et des nationalismes dans l’élaboration de la légende. Mais ce que montre aussi l’auteur c’est que la réalité est bien plus passionnante que le scénario retenu par l’histoire traditionnelle :l’esclave Henrique ,par exemple offrirait matière à un fabuleux roman d’aventure . Enfin, je soulignerai la qualité du style de Romain Bertrand qui fait de la lecture de ce travail rigoureux un plaisir.
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Voici un ouvrage magistral. Ecrit par un historien professionnel (il me semble que c'est un "élève" de Boucheron) , ce récit de l'expédition de Magellan, celle dont on n'a qu'un seul récit,celui d'un compagnon qui a accompagné le voyage et la souffrance de Magellan, Antonio Pigafetta. Or Magellan n'a pas fait le tour du monde, mais tout juste la moitié; et celui qui a fait le premier le tour du monde d'Ouest en Est, sera un esclave revenu au Portugal après maintes péripéties. le livre raconte avec concision et une verve certaine, ce récit, ce croisement historique entre l'Occident et les civilisations du Pacifique. Avec une galerie de portraits brossés en quelques lignes, dont plusieurs marins et navigateurs, esclaves ou libres, marins et agriculteurs, tous embarqués dans cette folle aventure. Ce que Magellan a réussi fut de retrouver les lieux "découverts" bien longtemps avant, la côte d'Amérique du Sud (où un capitaine retrouve un fils semé à Buenos Aires), en Terre de feu (où la culture de l'ail permet aux équipages de survivre), parmi les îles de Bornéo (je ne dirais pas ce qui s'y passe), ... En moins de 100 pages, récit historique grandiose et réflexion d'une rare intelligence sur le sens qu'à pris une aventure bien moins grandiose que le souvenir qu'on en a gardé.
Lien : http://rigas.ouvaton.org/art..
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Le détail du monde

Comment aimer le monde quand on ne sait plus le nommer? A trop vouloir dominer la nature, l'homme n'a plus de mots pour la décrire. Alors, Romain décide de prendre la parole, et livre un essai très poétique.
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Mémoires d'empire : La controverse autour du ..

Le livre de Romain Bertrand revient sur fait colonial tel qu’il s’est inscrit dans les débats autour de la « loi de février 2005 » puis de l’appel « des indigènes de la république ».



Travail remarquable sur les discours, les mémoires et l’histoire, les inscriptions dans le champ politique, cet ouvrage parcourt le nouvel espace de débats où la « question (post)coloniale » tend à éluder la « question sociale ».



Les uns glorifient la colonisation en scindant l’histoire en violence inaugurale et malheureuse et en progrès de la civilisation sous la bannière de la république, sans traiter des rapports économiques et sociaux et de leurs violences spécifiques, dont l’inégalité citoyenne.

L’auteur nous montre comment est inventée une politique de la mémoire, étudie les rapports entre clientélisme et conviction, explicite la levée du verrou anti-OAS dans le parti se réclamant du gaullisme, analyse les politiques dites de repentance.



Les autres présentent une continuité des oppressions de manière anachronique qui, de surcroît, nie à la fois la spécification de l’oppression coloniale et les réalités actuelles des discriminations « c’est finalement se dispenser à bon compte de penser, dans le renouvellement permanent de leur fonctionnalité sociale, les fabrications contemporaines des racismes ordinaires ».

Il ne s’agit bien évidemment pas de renvoyer dos à dos les uns et les autres dans une responsabilité partagée mais de monter comment les discours participent à des reconstructions mythiques du passé et à leurs projections linéaires dans le présent.



R. Bertrand déconstruit la naissance du regard politique sur le tord républicain « cette mise en relation du passé colonial et du présent politique s’effectue par le biais d’une équivalence historiquement problématique, mais transformé en évidence indiscutable par sa réitération : celle qui établit une stricte équivalence, au regard de la constitution d’un tord républicain primordial, entre les colonisés d’hier et l’immigration discriminée d‘aujourd’hui. » avant d’analyser en détail l’appel des « indigènes de la république ».



Un chapitre sera consacré aux conséquences juridiques de la loi du 21 mai 2001 caractérisant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Ainsi Olivier Pétré Grenouilleau, auteur des « Traites négrières » sera assigné en justice pour contestation de crimes contre l’humanité, pour « avoir rappelé ce que décennies de recherches africanistes ont démontré, à savoir la participation de royaumes et de réseaux africains et/ou musulmans aux systèmes de la mise en esclavage (Pap N’Diaye) ».



Pour l’auteur, dont je partage les conclusions, la définition « ethnique » d’identités victimaires tendant à se substituer à la définition sociale d’identités politiques est une régression qui permet entre autres de repousser les frontières de l’indicible.



Pour modifier les conditions qui ont rendu « probable le propos que l’on croyait impossible » il me semble utile de poursuivre et approfondir les débats entre recherches historiques et politiques de la mémoire, de prendre en compte les points de vue du genre et des opprimés ou des vaincus dans la construction d’une histoire à vocation scientifique et universelle.



De plus, je pense qu’il faut aujourd’hui réfléchir aux modalités d’abrogation de toutes les lois dites mémorielles, y compris la Loi Gayssot.



Sur les positions défendus par « les indigènes de la république », je renvoie, au delà des désaccords profonds, à deux ouvrages porteurs de riches argumentations et réflexions l’un de Sadri Khiari et l’autre de la revue Contretemps (numéro de janvier 2006).
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Le détail du monde

Romain Bertrand, dans cet ouvrage, fait un historique de l'art de décrire la nature, depuis le XVIIIème siècles au XXème siècles. En suivant le travail de naturalistes et de scientifiques, il nous fait parcourir le monde à la découverte de la nature et de ses habitants et la manière de les décrire, de les présenter au monde.



L'auteur nous livre un essai qui, je trouve, a une grande importance de nos jours. À force d'avoir utilisé et d'utiliser encore la nature de nos jours, à des fins de productions pure et simple, à force de la dégrader, l'Homme a perdu son émerveillement de cette nature et les mots pour la décrire. Le texte est truffé de références très pertinentes, qui aident à comprendre cet art. Cela donne de belles sources de lectures pour approfondir le sujet. C'est ce travail minutieux qui rend le livre très riche.

Quelques fois, j'ai du relire quelques paragraphes deux ou trois fois pour bien comprendre ce que voulait dire l'auteur, ce qui m'amène à dire qu'il faut un minimum de concentration pour bien comprendre le texte. Cela dit, ce livre est accessible à tout le monde.

Pour conclure, j'ai fortement apprécié cette lecture et j'espère qu'elle vous plaira également.
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Une version de plus du voyage de Magellan. Rien de bien nouveau sur le sujet en ce qui concerne les faits si l'on connait déjà bien le sujet. Tout y est, c'est concis, bien écrit et agréable à lire. Par contre il y à un biais idéologique très dans l'air du temps qui consiste à déboulonner les idoles. L'auteur à choisis un point de vue qui se veux un peu plus critique vis à vis des Européens et minimisant leurs supériorité technique sur les peuples Asiatiques du sud-est. La figure de Magellan est écornée, malmenée pourquoi pas, mais il ne faudrait pas oublier les crimes commis par le "camp" d'en face ni tomber dans le mythe du bon sauvage ce que Romain Bertrand ne fait pas dans ce court ouvrage mais laisse craindre qu'il pourrait le faire dans d'autres. A voir.  
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Quel livre ! Romain Bertrand, historien spécialiste de la domination coloniale en Asie, réalise en tour de force : écrire la véritable histoire de Magellan et de son expédition dans des terres "inconnues" - terres qui en fait n'ont pas attendues d'être "découvertes" par ce portugais opportuniste pour être au coeur du commerce des épices mondiales. Roman Bertrand écrit avec ironie, sarcasme et rythme, reléguant pour cela la finesse de sa solide enquête historienne dans les notes de bas de page en fin de livre ou dans des morceaux choisies de sources édifiantes qui parsèment le récit. Il écrit surtout cette histoire, ce voyage à la manière d'un roman d'aventure, retraçant les déboires, les avidités, les rouages diplomatiques, la fin peu glorieuse, en dressant le portrait de simples hommes à la recherche de gain. Il écrit pour rétablir la vérité derrière la légende dorée de Magelan, de son "tour du monde" et des soit-disantes "grandes découvertes" de l'Europe. Un ouvrage accessible à tous, rythmé et drôle qui a le mérite de lier la rigueur et la méthode historienne au souffle romanesque en 100 pages. Bravo.
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Un moment exemplaire d’Histoire, pour confronter la légende dorée aux sources historiques occultées et aux réalités imperméables au storytelling des grandes découvertes coloniales.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/06/03/note-de-lecture-qui-a-fait-le-tour-de-quoi-laffaire-magellan-romain-bertrand/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Une nouvelle lecture historique du navigateur associé à la circumnavigation.

Mais on quitte la légende qui s'est construite pour se plonger à la hauteur du navigateur, et nous confronter à la réalité historique, source à l'appui.

On change de perspective, on s'intéresse aux petits, le mythe tend à en prendre un coup. derrière les grands hommes se cachent tous ceux qui permettent la réalisation du projet, et un navigateur n'est jamais seul...
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Le détail du monde

Le Détail du monde examine le rapport au vivant des pionniers du naturalisme. L’historien livre avec son nouvel essai, selon ses mots, une évocation poétique.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'Histoire à parts égales : Récits d'une rencontr..

Un livre qui nous éloigne des manuels scolaires formatés en fonction du pays où ils sévissent! Une démarche saine qui nous rappelle, si c'était encore nécessaire, que le centre du monde n'est pas l'Europe et que notre "civilisation" évoluait en parallèles avec celle d'autres continents. Une autre façon de lire l'Histoire.
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L'exploration du monde

L'exploration du monde ressemble à l'histoire mondiale de la France. Mais cet ouvrage est plus abordable. Les chapitres sont courts et clairs, la lecture en est plutôt agréable.



J'ai beaucoup apprécié cette vision qui décentre le regard. Ce livre raconte une multitude de petites histoires, celles de voyageurs quittant les frontières de leur "civilisation" pour en découvrir une autre.



Cependant, j'ai deux reproches à faire à cet ouvrage.

Le premier est de ne pas avoir mis de carte représentant chaque voyage. Il aurait été beaucoup plus facile de suivre les récits avec ce genre d'outil. Car les noms de lieux défilent sans que l'on soit capable de les situer précisément.

Le second reproche est la longueur des chapitres. Ils font autour de 3-5 pages chacun, je trouve que cela est trop court.



Finalement ce livre est plus une introduction à l'histoire mondiale qu'une référence relativement complète sur le sujet. Néanmoins je le recommande, notamment à ceux qui n'ont pas fait d'étude d'histoire à l'université et souhaiteraient découvrir des récits courts de voyages qui ne soient pas occidentalo-centrés.
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L'exploration du monde

Quand on parle de Grandes découvertes on pense à Christophe Colomb, Vasco de Gama, Magellan... Cet ouvrage collectif nous invite à un regard moins européocentré. En suivant un découpage chronologique en 88 chapitres, de "645, Xuanzang sur les traces de Bouddha" à "1938, la leçon d'écriture du Nambikwara Júlio à Claude Lévi-Strauss", 80 historien.ne.s, spécialistes des questions qu'ils traitent, proposent d'aborder l'exploration du monde de façon décalée. C'est l'occasion pour le lecteur de découvrir des voyageurs asiatiques comme le Bagdadien Ibn Fadlān qui, en 921-922, s'en va chez les Bulgares de la Volga pour leur enseigner l'islam ou africains comme Muhammad ʽalī "Nicholas" Saʽīd qui, en 1863, s'engage dans l'armée de l'Union mais aussi des Européens moins connus que les grands découvreurs telle Maria Sibylla Merian qui part observer fleurs et insectes dans les forêts du Surinam en 1699. Les grandes figures ne sont pas oubliées cependant, mais leurs exploits sont remis en perspective avec une volonté d'élargissement des points de vue. Ainsi "avant Gama et ses équipages, des religieux occidentaux, des marchands musulmans et des voyageurs russes, toscans et vénitiens, avaient déjà foulé le sol indien".



Il s'agit aussi de rendre justice aux assistants indigènes, porteurs, guides, interprètes, souvent passés sous silence et pourtant indispensables à la réussite d'une expédition.



J'ai trouvé ce gros ouvrage fort intéressant. Le format des courts chapitres qui racontent chacun une histoire différente permet de le lire par petits morceaux. En même temps il y a bien un fil conducteur, celui d'une vision globale de toutes ces aventures.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

Romain Bertrand montre que le Portugais et son équipage ont joué un rôle moins déterminant que ce que les manuels d’histoire nous ont enseigné.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Le détail du monde

Un texte magnifique, qui replace l'art des description en perspective. Salutaire.
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