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4.39/5 (sur 23 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Roselyne de Ayala est historienne et éditrice.

Source : Decitre
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Bibliographie de Roselyne de Ayala   (17)Voir plus

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le jeune garçon à peine pubère, tenaillé par les désirs de son âge, ressent avec autant de violence les égarement du cœur et ceux de l’esprit, et l’Artur à peine échappé des jupes de sa mère rêve peut-être moins, malgré ce qu’il prétend, de chiffonner des corsages de jeunes vertus que de déflorer des éditions rares, de déshabiller les ouvrages spécialisés, de feuilleter, avec une volupté de libertin, les pages des traités les plus austères et des œuvres les plus étranges et licencieuses.
« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans… » Voire ! Les témoignages de ses condisciples de Charleville nous montrent un Arthur que l’odeur poussiéreuse des bibliothèques et du papier imprimé enivre, du moins autant, sinon plus, que celui des tilleuls d’avril sur la promenade… Silencieux, renfermé, enfoncé en lui-même, il dédaigne les enfantillages, et les seuls jeux à quoi il consent sont ceux qui ont pour règles les impératifs de la prosodie, de la syntaxe, de la versification.
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En cette année 1870, Arthur Rimbaud vit à la bibliothèque de Charleville, où il reste des heures à compulser les dictionnaires et les ouvrages scientifiques, s’imprégnant de ces termes savants que l’on retrouvera dans ses écrits. Fréquentant ce lieu avec trop d’assiduité au goût du bibliothécaire en chef, M. Hubert, qui se voit en permanence dérangé par les demandes de plus en plus souvent extravagantes de son jeune client, il est interdit de bibliothèque. Au début de 1871, il écrit Les Assis, poème sarcastique sur les bureaucrates frileux qu’il n’aura de cesse de mépriser, horribles parangons, pustuleux et goitreux d’inertie, figures caricaturales d’embourgeoisement et de la hargne.
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Je ne vis plus en moi. Tout mon coeur a passé dans mes enfants et dans mes amis. Je ne souffre que de ce qui les fait souffrir. J'en souffre beaucoup, quelquefois trop, parce que j'ai besoin d'un grand effort pour les soutenir. Je manque de courage intérieure pour le mal des autres. Si les autres n'existaient pas, je serais parfaitement heureuse - heureuse comme une pierre qui aurait des yeux - mais ils existent et me font exister. Je me réjouis et m'afflige en eux et pour eux. Moi, je n'ai plus besoin de rien pour moi. Dois-je vivre longtemps ? Cette étonnante vieillesse qui s'est faite pour moi sans infirmité et sans lassitude est-elle le signe d'une longue vie ? Tomberai-je tout d'un coup ? Qu'importerait de savoir cela, puisqu'on peut à toute heure être emporté par un accident ? Serai-je encore utile ? Voilà ce qu'on peut se demander. Il me semble que oui. J'ai acquis sans savoir comment beaucoup de sagesse.
Je ne crains de la mort que le chagrin qu'elle causerait aux miens.
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Quand il prend pour cible les clercs consacrés au service de Dieu, qu’il qualifie d’ « accroupis », Rimbaud « bouffe du curé » depuis plus d’un an. Il dénonce un monde qu’il trouve convenu et dont il décide de démasquer l’imposture. Le portrait caricatural qu’il brosse dépeint le moine Milotus, dont la journée commence tard le matin et se termine lorsque la lune illumine à nouveau le clerc accroupi. Plus proche de Rabelais que de la scatologie, Rimbaud n’en touche pas moins les bas-fonds de la poésie.
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Alors le lecteur pourrait enfin (...) découvrir entre les lignes de leurs correspondances les gribouillages de Balzac, de Musset, ou de George Sand, les dessins de Victor Hugo, les croquis de Van Gogh , de Toulouse Lautrec, de Gauguin, de Delacroix et de Corot, les fleurs ou les fruits de Manet, les autoportraits de Giono ou de Cocteau, les esquisses de Rodin, ou de Frémiet, les graffitis de Maupassant...
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"L'humanité n'offre rien de nouveau. Je crois que la foule, le nombre, le troupeau sera toujours haïssable. Ah ! Cher bon maître si vous pouviez haïr ! C'est là ce qui vous a manqué : la Haine. Malgré vos grands yeux de sphinx, vous avez vu le monde à travers une couleur d'or. Elle venait du soleil de votre coeur."
A ce doux reproche que lui faisait son ami Gustave Flaubert dans une lettre écrite depuis Croisset le 8 septembre 1871, George Sand fit la réponse suivante : "Eh quoi, tu veux que je cesse d'aimer ? Tu veux que je dise que je me suis trompée toute ma vie, que l'humanité est méprisable, haïssable, qu'elle a toujours été, qu'elle sera toujours ainsi ? Non, non, on ne s'isole pas, on ne rompt pas avec les liens du sang, on ne maudit pas, on ne méprise pas son espèce. L'humanité n'est pas un vain mot. Notre vie est faite d'amour, et ne plus aimer, c'est ne plus vivre."
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Henri de Toulouse Lautrec
Paris début mai 1897 5 avenue Frochot
-Henri de Toulouse Lautrec sera très fatté (sic) si vous voulez bien accepter une tasse de lait le mercredi 15 mai vers 3 heures et demie après midi.-

(…) Entre deux voyages en Belgique, en Hollande ou en Angleterre, le peintre reçoit chez lui, comme l’atteste cette invitation lithographiée où il s’est représenté à côté d’une vache et d’une pie pour proposer à ses invités de venir prendre « une tasse de lait ». L’ironie du propos n’aura pas échappé à son entourage : Toulouse Lautrec est un alcoolique notoire, ravi de pouvoir se moquer du milk-bar inauguré quelque temps auparavant à Paris, et qui déclare : « Je boirai du lait quand les vaches brouteront du raisin ». Pour la pendaison de crémaillère de l’avenue Frochot, le barman a même poussé l’humour jusqu’à confectionner quelques cocktails baptisés maiden blush (à faire rougir les jeunes-filles) et corps revivers (à réveiller les morts).
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Mais ces amants, ces êtres qu'elle a su combler, materner, soigner, n'ont pas compris à quel point elle avait besoin à son tour d'être aimée, protégée, sans jamais être dominée, rabaissée, diminuée, ravalée au statut d'objet de plaisir, d'épouse et de mère soumise, de maîtresse captive, de fille légère, de femme facile... Ils n'ont jamais compris à quel point elle ne supportait pas d'être entravée ou d'être déçue... Ils n'ont pas compris que, sous le masque de George, au-delà de ses redingotes, de ses bottes, de ses pantalons et de ses cigares, vivait une femme, petite et frêle, pétrie de doutes et d'espoirs, une femme qui osait exprimer la révolte de toutes les jeunes filles violées pendant leur nuit de noces, l'ennui de toutes les mal mariées, de toutes les femmes déçues, de toutes les épouses dotées mais trompées, de toutes les mères confinées, de toutes les femmes battues, opprimées, de toutes les maîtresses vendues, exhibées ou cachées, dépréciées, cloîtrées, stérilisées, prostituées, marchandées... Ils n'ont pas compris que, à cette époque où les femmes ne pouvaient régner que sur les ors des théâtres et des salons, sur la respectabilité de leur ménage ou dans le coeur des amateurs de courtisanes, George Sand voulait faire l'apprentissage de la liberté, du refus, de l'indépendance, de la solitude matérielle, de la pauvreté, de la littérature... et de l'amour, cherchant celui qui pourrait l'aimer et la comprendre, accepter ses nuits de labeur et d'écriture, sans avoir peur de son intelligence, de son autonomie, de ses initiatives...
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Francis CARCO
A Paul Reboux
(Carco habite le quai d’Orsay dans les années 40)
Mon cher Reboux,
Le « pote Francis » et son meilleur ami M. Carco vous remercient très vivement de votre brillante et amicale chronique de Paris Soir.
Ils vous adressent leur meilleur souvenir et leurs reconnaissantes « régularités ».

Il y avait bien deux Francis Carco : le voyou frotté au monde des prostituées et des truqueurs et le respectable membre de l’Académie Goncourt (…) Cette double vision, Carco l’avait de lui-même, comme en témoigne cette lettre illustrée destinée à l’écrivain et journaliste Paul Reboux (1877-1963). Comme les deux faces d’une même médaille posée à plat, Carco a, d’un trait incisif et assuré, au bord de la caricature, brossé ses deux profils : Monsieur Carco avec chapeau, au col cassé » et cigare à gauche et son « meilleur ami » à droite, « le petit Francis » portant caquette, foulard et mégot au bec.
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Jamais aucun siècle n'a professé l'égoïsme d'une manière aussi révoltante que le nôtre. Il s'est établi il y a 50 ans une guerre acharnée entre les sentiments de justice et ceux de cupidité. Cette guerre est loin d'être finie quoique les cupides aient le dessus pour le moment. Quant tu seras plus grand tu liras l'histoire de cette révolution dont tu as tant entendu parler et qui a fait faire un grand pas à la raison et à la justice. Cependant ceux qui l'avaient entreprise n'ont pas été les plus forts et ceux qui y ont travaillé avec le plus de générosité ont été vaincus par ceux qui, aimant les richesses et les plaisirs, ne se servaient du grand mot de république que pour être des espèces de princes pleins de vices et de fantaisies. Ceux-là furent dont les maîtres, car le peuple est faible à cause de son ignorance, et parmi ceux qui pourraient prendre son parti et le secourir par leurs lumières, il en est un sur mille qui préfère le plaisir de faire du bien à celui d'être riche et comblé d'amusements et de vanité. Ainsi la classe la moins nombreuse, celle qui reçoit de l'éducation l'emportera toujours sur la classe ignorante, quoique cette classe soit la masse des nations.

Extrait d'une lettre à son fils datant de 1835.
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