Citations de Sacha Erbel (67)
Cameron paraît gêné de regarder le corps. Lilly sent le jeune flic très incommodé et prêt à vomir. Pour autant, elle n’a pas l’intention d’en rester là. Autant les visages différents sur une même personne déconcertent Lilly. Il est bien étrange ce gamin. Il se présente comme le crétin de l’année, et la minute d’après, il semble à la fois impressionné et intéressé par la scène de crime et surtout par ce que le corps peut apprendre. Ça reste incomplet et maladroit, mais y aurait-il une envie de bien faire ?
L’agent Anak décide de laisser sa chance à cette jeune recrue. Depuis plus de vingt ans qu’elle bosse au FBI, elle a acquis beaucoup d’expérience. Elle aime ce qu’elle fait et elle aime le transmettre. Encore faut-il qu’en face, l’autre accepte cette transmission et qu’il n’érige pas un mur d’arrogance entre lui et le reste du monde, persuadé qu’il est seul à connaître la « vérité ».
Le policier se tourne vers elle avec une expression qu’elle ne saurait traduire précisément. Elle se demande même si elle traduit vraiment quelque chose dans son esprit à lui.
Cameron tente de reprendre une contenance, mais Lilly ne lui laisse pas le temps de cogiter.
- À toi maintenant. Qu’est-ce que tu constates, Bébé Finnigan ? Observe bien. Déverrouille ton esprit. Laisse-le voir ce que tout un chacun ne saurait voir.
Si je vous écris cette lettre , c’est pour vous expliquer comment j’ai fait honneur à votre petite fille . Elle n’a fait l’objet d’aucun sévices sexuels . Un fœtus , enfin ! Ce serait de la sauvagerie pure. Moi , je lui ai donné l’occasion de servir un plus grand dessein. Pour cela , il me fallait la faire mienne. J’adore cuisiner , vous savez ....
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La scène de crime présumée se situe à deux pas du Quai des Bananes, un bar à cocktails que Yan aime fréquenter de temps en temps. En un clin d’œil, elle voyage vers les couleurs et la musique de Cuba.
Bon, c’est pas l’heure de rêvasser, mais plutôt celle de sauter dans la « panoplie PTS » : combinaison blanche, charlotte blanche, masque blanc, gants et les so glamour surchaussures, blanches évidemment. […]
Une montée d’adrénaline pointe, accompagnée d’un léger stress. Que vont-ils trouver sur place, dans quel état ?... et en combien de morceaux ? Ce sentiment, toujours présent, Yan n’ose l’avouer à personne, de peur de se faire chambrer par les gars.
La "blessure" est toujours présente mais elle sait que c'est dû à la contrariété, à la maladie, à la douleur. Elle est de plus en plus perméable à des sentiments comme la tristesse ou l'abattement. Elle met pourtant toute son énergie à ce que rien ne transparaisse. Force est de constater que plus le temps passe, plus c'est compliqué.
Je te savais forte, mais là je reconnais que je suis face à une guerrière.
L’odeur d’essence, là, en plein sur la Grand-Place de Lille, juste devant l’ex-café Leffe où Yan avait bu sa première bière belge. L’image de cette Kwak, dans ce verre improbable posé sur son socle en bois. Le passage fatidique de la boule : elle avait penché un peu trop vite le verre et avec l’appel d’air, plaf ! Le liquide ambré l’avait aspergée et ils avaient ri à s’en décrocher la mâchoire…
Son chef et ses collègues la traitaient comme une moins que rien. Elle faisait bien son travail, mais plus ils étaient sur son dos, plus elle cumulait les erreurs. Ça devenait un cercle vicieux. Pour finir, ils lui envoyaient ses dossiers à la figure en lui répétant que tout ce qu’elle faisait était “de la merde” ! Elle encaissait ce genre de paroles chaque jour ! J’étais la seule à la soutenir, à faire attention à elle, mais… je suis divorcée, j’ai trois enfants… Je ne peux pas me permettre de perdre mon travail. Vous saisissez, cette fois ? J’ai fait ce que j’ai pu pour l’aider.
Et c’est à ce moment précis que Sandra a une révélation : le malaise, la nausée, elle n’est pas encore prête pour ça. Du plus loin qu’elle se rappelle, la PJ, c’est son rêve. Mais maintenant qu’elle est face à la réalité crue et sordide, elle se rend bien compte qu’elle doit d’abord s’endurcir avant d’affronter tout ça. C’est trop tôt pour elle. Beaucoup trop tôt.
La criminologie, sur les enquêtes criminelles, c’est comme l’acupuncture et la médecine traditionnelle. C’est une médecine parallèle, mais si tant est qu’on lui laisse une chance, cela s’avère être un bon outil pour combattre les maux.
Tout le monde a un surnom ici, même les véhicules de la PJ. C’est leur monde à eux, leur seconde famille. Un repère dans une réalité qui montre l’être humain dans ce qu’il fait de pire. Ils passent plus de temps ensemble au boulot qu’avec leurs femmes et leurs enfants, alors ces surnoms, ce microcosme qu’ils se sont créé, c’est leur point d’ancrage à l’image d’une bulle d’air qui remonterait des profondeurs.
Le matraquage de tronche symbolise la rage, la haine pure et simple. La vengeance me semble une piste intéressante, mais je ne sais pas encore dire pourquoi. En criminologie, la strangulation signifie que l’on veut faire taire la personne. On veut qu’elle arrête de parler. Le fait de porter des coups au visage peut faire ressortir la frustration, la volonté de prendre l’ascendant sur l’autre, ou les deux à la fois.
1… Vous commencez à ressentir une sensation énergisante parcourir tout votre corps…
2… Vous vous éveillez de plus en plus… votre respiration est calme, naturelle… vous vous sentez parfaitement énergisée et cette sensation d'énergie va demeurer tout au long de vos activités… Vous prenez une grande inspiration profonde…
3… À votre rythme, vous pouvez revenir tranquillement, pleinement ici et maintenant.
Yan se perd dans ses réflexions. Toujours les mêmes remises en questions, qui la mettent un peu mal à l'aise. Elle ne réalise pas vraiment ce qu'est une fin de vie. La fin, c'est quoi ? Est-ce qu'on flotte au-dessus de son corps en se moquant de ces pauvres cons qui pleurent autour d'une enveloppe vide ? Est-ce que l'on part sans se retourner dans ce fameux tunnel, attiré par cette lumière douce et ardente à la fois ? Ou, est-ce qu'il n'y a rien ? Rien du tout ? Sans être portée sur la religion, n'y aurait-il rien d'autre que le néant ? Toute une vie construite de souvenirs pour que tout disparaisse aussi vite ?
…dans le domaine de la psychiatrie, la mélancolie est une pathologie bien plus grave que la dépression. C'est-à-dire qu'une personne diagnostiquée comme telle par un psychiatre doit être surveillée comme le lait sur le feu, car elle va vraiment tenter de se suicider. Ce n'est plus un appel à l'aide, mais une certitude. C'est plus fort qu'elle. On, n'est pas face à un état d'âme. C'est une vraie maladie, comme la dépression.
La porte de l'ascenseur coulisse sur une Yan aux yeux si rouges qu'on pourrait penser qu'elle n'a pas dormi depuis des jours. Elle lâche ses affaires sur son bureau. Son soupir en dit long sur sa lassitude et sa fatigue, mais comme d'habitude, elle fait comme si.
Elle reconnaît la voix grave et rassurante de Brath. Au passage devant la cafetière, elle se sert une tasse du breuvage fumant et se dirige vers le bureau de son ami.
Elle se laisse tomber lourdement sur un fauteuil à roulette et se met à tourner sur elle-même. Brath la scrute de son regard inquiet, sans toutefois éveiller les soupçons de Michel.
Jamais je n'aurais soupçonné une telle tempête à l'intérieur de moi. Mon autre nature était enfermée comme dans une prison de haute sécurité avec ses écrous et ses barreaux. Ne laissant apparaître que naïveté et apparente légèreté.
Mais le monstre a libéré un autre monstre. Et ce que toi tu m'as fait, je vais te le rendre. Je vais te le renvoyer tel un miroir et il ne manquera rien, tu peux me croire. Douleur, colère, terreur, vengeance, tout y sera. Et ce miroir reflétera toutes tes imperfections. Tel le portrait de Dorian Gray, ces imperfections deviendront pustules, pourriture de ce que tu es à l'intérieur de toi...
(...) Il y a une pensée cohérente derrière la psychopathie. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de maladie mentale. C’est bien pour cela que nombre de tueurs psychopathes sont incarcérés, et non en établissement psychiatrique.
— Oui, ça y est ! Le fait de cacher ou, a contrario, d’exposer ses victimes selon une mise en scène particulière ? ! ajoute Charlie. Elle sent ses connaissances refaire surface.
— Exactement ! Et aussi le fait de choisir des victimes de même type physique, comme Ted Bundy le faisait, et de passer à l’acte selon des rituels précis démontre une pensée. Ce ne sont pas des meurtres d’opportunité. Il est toujours difficile de faire comprendre à quelqu’un qu’un homme comme Ted Bundy n’était pas fou, au vu de ce qu’il faisait endurer à ses victimes !