Citations de Saïdeh Pakravan (63)
Le sentiment amoureux est une chose étrange. Une fois disparu, on est incapable de dire pourquoi il a surgi. (p.19)
Disons que la plupart des gens regrettent le passé, quel qu’il ait été. Ce que nous regrettons, ce n’est pas le passé mais ce que nous étions dans le passé. Nous étions jeunes, nous avions la vie devant nous, pas écoulée aux trois-quarts.
(p.133)
Certains gardiens (de prison) trouvaient incroyable qu'un type, depuis aussi longtemps dans le métier parvienne à garder confiance dans la nature humaine en espérant toujours le meilleur. C'était pourtant le cas de Robie et si tout le monde l'aimait bien, c'était probablement à cause de cet incorrigible optimisme. (p. 130)
Vaut-il mieux supporter une vie difficile sous un régime que l’on méprise et rester dans son propre pays ou bien partir et passer le reste de sa vie à en garder la nostalgie et comparer sans fin le neuf avec le vieux, trouvant toujours le neuf en deçà de ses attentes ?
(p.111)
Tous les deux vivaient un moment inédit, quelque chose qui ne leur etait jamais arrive auparavant .Une attirance , une sorte de faim d'être ensemble, encore et encore, de se prendre dans les bras, de s' aimer, de se noyer dans l'autre, et pourtant d'en ressortir plus vivant qu'au premier jour de la Création, avec la sensation que le monde leur appartenait. (p.61)
ose
Non, personne ne lui avait donné, comme elle, le désir de mourir en même temps que celui de vivre par dessus tout. (p.75)
Nous vivons dans une société où existent trop d'impossibilités. Comme tout le monde ici, nous ne disons pas ce que nous pensons et osons parfois à peine penser, de peur des conséquences, de représailles, de châtiment. Nous transposons dans notre vie privée les habitudes que nous avons prises dans notre vie publique. Je me sens étouffer de ne jamais pouvoir exprimer ce qui est dans mon coeur. Je suis oppressée par toutes ces années à toujours faire attention, à toujours essayer de sentir les limites de ce que je peux dire ou être. Nous nous comportons tous comme ça, ça fait partie de ce que nous sommes devenus.
Le fait est que malgré tous ces règlements absurdes, tout le monde fait des choses que nous ne sommes pas supposés faire et tout va bien, il ne se passe rien. Et puis tout d’un coup quelque chose arrive et ça ne va plus bien, et nous devons payer le prix pour cette liberté dérisoire que nous pensions pouvoir nous accorder.
(p.169)
A la minute où j'ai entendu des pas derrière moi, j'ai attrapé une serviette pour cacher mon maillot mais c'était seulement Kian, tout juste sorti de la piscine et trempé, qui s'est secoué sur moi, me faisant crier. Je déteste le fait que même quand nous sommes en train de nous amuser, il y ait toujours cette peur diffuse de quelque chose qui peut arriver, des officiels faisant irruption et nous attrapant en train de faire ce que nous ne considérons pas comme mal mais eux, si, puisque pour eux, tout est mal. Nous nous sentons toujours coupable, nous avons le sentiment que nous commettons des péchés impardonnables... p 169
Un autre garçon arrive avec le thé glacé, tenant la carafe avec autant de cérémonie qu'il le ferait pour un grand bourgogne. Je m'attend presque à ce qu'il fasse goûter le breuvage à Djamshid mais il y a quand même des limites au cérémonial possible dans un restaurant de la capitale de la république islamique.
Avant mon arrestation, j'étais une jeune femme de vingt-deux ans qui devait bientôt terminer ses études, se marier. J'aimais la vie, mes amis, Kian. J'avais aussi découvert l'action politique et nourrissais l'espoir que le régime deviendrait raisonnable et l'Iran, un pays civilisé. Mais à présent ? Que suis-je à présent ?
- Qu'est-ce qu'ils disent ? demande ma mère.
- Marg bar diktator, mort au dictateur, dit Pari.
- Lequel ? demande ma mère.
Tu es comme tous les hommes iraniens ! Ils sont pleins d'arrogance et de suffisance et à la minute où quelque chose arrive, ils se cachent la tête dans le sable et attendent que ça passe.
La stupidité des régimes décidés à museler la presse est insondable. Il ne comprennent pas que moins ils autorisent de comptes-rendus, et des informations fantaisistes circulent.
Peter et Rachel échangent des regards, s'envoyant des commentaires dans le morse conjugal peaufiné par des décennies de télépathie.
Le Dr Sadighi, un des collègues de Mossadegh, a bien défini la situation quand il a dit que le régime du chah était impardonnable et celui de Khomeyni insupportable.
Ainsi la gamine qui se dépêche de dire au revoir à ses copines à la sortie de l'école pour rentrer chez elle à toute vitesse et attraper son portable ou s'installer devant son ordinateur pour tweeter avec les mêmes copines, leur envoyer un SMS ou les retrouver sur Snapchat et Instragram pour échanger des nouvelles qu'on ne pouvait se donner tout à l'heure.
Plus les gens sont petits et plus leur prétention est grande.
Mais au moins, à l’époque, nous étions en apparence civilisé et sur la route du progrès. Personne n’embêtait ma famille, personne ne disait aux gens comment s’habiller ou quoi boire.
Nous tournons l'un autour de l'autre en eexécutant de petits cercles, exprimant en paroles des versions édulcorées de ce qui nous préoccupe, gardant pour nous beaucoup plus de pensées non exprimées. Nous vivons dans une société où existent trop d'impossibilités. Comme tout le monde ici, nous ne disons pas ce que nous pensons et osons parfois à peine penser, de peur des conséquences, de représailles, de châtiment; Nous transposons dans notre vie privée les habitudes que nous avons prises dans notre vie publique. Je me sens étouffer de ne jamais pouvoir exprimer ce qui est dans mon cœur.