J'aimais son travail photographique. La curiosité m'a amené à cette pseudo biographie singulière et captivante. D'abord Sally Mann a une belle plume. Fluide, concise et riche (j'ai sorti mon Larousse plusieurs fois). Surtout, elle a une manière de traiter son sujet en s'appuyant sur les archives essentiellement photographiques qui est vraiment originale. C'est presque de l'auto-psycho-généalogie. C'est aussi une sorte de petite histoire de l'Amérique qui se lit de pages en pages. La photographe a tout de même de la chance d'avoir grandi dans un milieu très favorisé et d'avoir les archives de sa famille sur plus de 100 ans. J'aimerais bien avoir le quart des documents qu'elle a pu dénicher sur les siens. En tout cas cette autobiographie est avant tout un grand livre de réflexions sur la vocation et sur l'art. D'où les obsessions des artistes leur viennent-elles ? SOnt-elles transmises, inscrites dans leurs gênes ? On est l"héritier des siens, d'une époque, d'un milieu, c'est ce qui me semble transparaître dans le récit de Sally Mann. L'art est une psychanalyse au fond...
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Je me sens un peu hantée moi aussi, après cette lecture. Je découvre Sally Mann, l'autrice de la célèbre photo de la petite fille à la fausse cigarette, l'arbre qui cache la forêt de son talent et de sa passion pour la nature sauvage des êtres et des lieux du sud des États-Unis. L'enfance passée dans la nature, à ne pas porter de vêtements, l'amour dévorant des chevaux et des voitures qui filent à fond de balle, la ferme, les paysages à couper le souffle, et puis l'amour, les enfants, photographiés partout, tout le temps, l'intimité partagée au monde, la pureté, l'innocence, la passion maternelle puisée au fond des tripes, et puis la peur, quand c'est l'oeil extérieur, bigot et perverti, qui salit tout. L'obsession de la mort, léguée par le père, ou bien peut-être par la terre désolée, magnifiée par l'obturateur, et les fantômes de l'esclavage. Raconter la honte, la terreur, la liberté, les secrets de famille et la terre qui ancre, tâcher de se souvenir avec des mots, parce que les photographies volent plus qu'elles ne fixent les souvenirs...
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Je connaissais mal Sally Mann à l'exception de certaines de ses photos. Ma curiosité a été récompensée par son autobiographie qui sort des chemins battus. Elle est déroutante, car elle ne s'attarde que très peu sur son travail de photographe, même s'il est présent partout, une vraie seconde peau, mais qu'elle cache derrière une multitude d'autres préoccupations dont elle ne nous épargne rien. Elle en devient intrigante avec tant de chat à fouetter. Par ailleurs, il y a des polémiques très américaines qui l'entourent, dont certains aspects nous passent au dessus de la tête. Il y a donc un méli-mélo de thèmes qui ne peuvent passionner tout le monde, mais dans lesquels on trouve nombre de satisfaction. Le livre se clôt de façon bizarre sur sa fascination de la mort, héritée de son père et à moins de partager cela, c'est un peu hard !
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