Je me sens un peu hantée moi aussi, après cette lecture. Je découvre
Sally Mann, l'autrice de la célèbre photo de la petite fille à la fausse cigarette, l'arbre qui cache la forêt de son talent et de sa passion pour la nature sauvage des êtres et des lieux du sud des États-Unis. L'enfance passée dans la nature, à ne pas porter de vêtements, l'amour dévorant des chevaux et des voitures qui filent à fond de balle, la ferme, les paysages à couper le souffle, et puis l'amour, les enfants, photographiés partout, tout le temps, l'intimité partagée au monde, la pureté, l'innocence, la passion maternelle puisée au fond des tripes, et puis la peur, quand c'est l'oeil extérieur, bigot et perverti, qui salit tout. L'obsession de la mort, léguée par le père, ou bien peut-être par la terre désolée, magnifiée par l'obturateur, et les fantômes de l'esclavage. Raconter la honte, la terreur, la liberté, les secrets de famille et la terre qui ancre, tâcher de se souvenir avec des mots, parce que les photographies volent plus qu'elles ne fixent les souvenirs...