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Citations de Salomé Berlemont-Gilles (28)


Moi je n'avais rien. Rien d'autre qu'un peu de pain et mes souvenirs qui ne valaient rien, rien d'autre que mon grain de beauté du diable et le souvenir des portes du purgatoire, de la boue, du gris et de la douleur, rien d'autre que l'assurance qu'il n'y avait rien de pire que là d'où je venais.
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Avoir un là-bas vous condamne ici, parce qu'un bout de terre sans référence qui n'a jamais rien voulu dire pour vous entache la terre que vous foulez ; peut-être pour payer la liberté des ancêtres, sûrement parce que vous êtes des taches sur la mémoire collective. On n'a pas su les éduquer, regarde maintenant les dégâts qu'ils font ici. Les mauvais Noirs, les mauvais Arabes, les mauvais d'ailleurs, ces pucerons sur la tige de la république.
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La jeunesse à laquelle on pense, quand on dit qu’elle est notre avenir. Avoir un là-bas vous condamne ici, parce qu’un bout de terre sans référence qui n’a jamais rien voulu dire pour vous entache la terre que vous foulez ; peut-être pour payer la liberté des ancêtres, sûrement parce que vous êtes des taches sur la mémoire collective. On n’a pas su les éduquer, regarde maintenant les dégâts qu’ils font ici.
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Parce qu’on n’est pas chez soi. Les bons et les mauvais, les truands, les bêtes. Les hommes et les singes. Ces dichotomies assumées servent de cri de ralliement aux extrêmes et d’autel aux bien-pensants. Si on peut, et en dépit de sa nature, contre sa culture, il faut être un bon Noir. Cette classification qu’on apprend sur ceux qui vivent au bout des lignes de métro, sur la racaille présumée. Surtout celle qui est née ici. Des excuses aussi, que l’on donne aux jeunes trop défavorisés pour réussir, et qu’on condamne avec mansuétude à rater leurs vies, mais qu’on rassure en leur disant qu’ils sont des martyrs du système. Des générations coincées entre la haine et la fatalisme intellectuel engagé.
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Il y a les bons Noirs et les mauvais Noirs. C’est une affirmation qui vient de l’extérieur et qu’on vous impose, aussi sûrement qu’on vous donne à la naissance un nom que vous n’avez pas demandé. Ça s’applique pour les Arabes, les juifs et autres étrangers. Surtout ceux qui sont nés ici.
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La vague a été gigantesque : des années d'espoirs, des rêves, une certitude de s'en sortir qui s'explose contre une vérité. La mort des parents et la cruauté des frères, son manque de courage, ses échecs, le mauvais départ. Il allume une autre cigarette et va chercher au fond de sa poche la rondeur froide et régulière du bouchon de bouteille qu'il garde toujours dans sa doublure, et le desserre entre deux doigts. Il boit pour calmer la douleur et chasser les rivages heureux de Conakry, ce temps fantasmé où tout était possible
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Pedro était l'homme le plus gros du village. C'était le plus riche et le plus respecté. Il savait faire de la misère des autres sa propre fortune et c'est un talent qu'ont toujours certains hommes.
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Il réfléchit à son histoire, l’exil, l’avenir des enfants qui l’inquiète tous les jours. Il sait que l’avocat ne comprendrait pas, qu’il est étranglé par sa jalousie, par sa médiocrité d’homme sans histoires. Le Chirurgien pense à Marie. Même s’il l’aime, il ne lui révélera pas tous les détails de sa rencontre. Il pense aux heures d’insomnies, recroquevillé dans le lit conjugal, à sa frustration. À ce moment-là, il en veut à sa femme, il envie sa dignité, aussi. Derrière lui, Ornelle bave encore sur cet homme qui ne réussit pas à être laid dans la chute.
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Hamadi ne comprend pas les prétextes ethniques, les folies des dirigeants ou le discours populiste. Il ne comprend pas pourquoi son peuple est devenu le bouc émissaire des douleurs du pays. Ni Marie ni le Chirurgien ne parviennent à trouver les mots pour expliquer l’injustice à leurs enfants.
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Les adultes parlent de Soussou, de Foulah, de Guinéens. De l’homme en vert qui apparaît à la télévision et qui s’insurge contre les complots, de l’homme qu’ils méprisent et qu’ils craignent. On les traite d’alcooliques, de traîtres, de sous-hommes. Hamadi entend des choses sur la révolution populaire et les amis disparus. Pour lui, Sékou Touré n’est pas qu’un héros : il est l’homme dont il doit avoir peur.
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Sékou Touré affirme que ces opposants au régime méprisent les autres ethnies, qu’ils regrettent même le temps de l’oppresseur blanc. Il prétend que les Peuls ne sont pas des hommes noirs, presque pas des Africains. Il y a toujours deux côtés à une histoire, deux grâces à une vérité. Le Chirurgien, lui, croyait aux promesses de l’indépendance. Il militait, fébrile, pour la force de son peuple. Mais cette version plus belle et plus libre de la Guinée, s’est réalisée sans l’inclure. Ses études occidentales, ses années passées en France n’aident en rien.
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Le Chirurgien est fier d’être un homme noir dans ce quartier de Blancs. Il sait ce que les enfants n’imaginent pas. On lui a raconté le passé de la mer et des bateaux au ventre plein de Guinéens. Ceux qu’on a vendus, ceux qui ont fui.
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Elle est la mère biologique et secrète qu’on lui refuse, maternelle par pulsion et détachée par devoir, comme les chiennes rousses qui portent leurs petits dans leurs gueules le long du bord de mer et qui les laissent crever de faim quand elles ne peuvent plus faire autrement. Une mère aimante mais pragmatique qui sait qu’on ne peut s’attacher aux enfants parce qu’ils vivent rarement assez pour devenir des hommes, et qu’ils n’ont que faire, une fois devenus grands, de l’amour des mères. Il l’aime parce qu’elle est la mère qu’il s’est choisie.
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Il sent l’ivresse dans son ventre comme une putain de puissance, une plongée vertigineuse vers l’avant. C’est une faim qui connaît la mort et n’en a rien à foutre, une envie de dévorer le monde qui renaît. Hamadi pense au destin. Il voit le futur comme un général étudie le plan d’une bataille étalé sur la table. Plus personne à impressionner. Plus de mère à honorer, de père à décevoir. Des frères et sœurs seulement, mais être l’aîné doit suffire à ce qu’ils l’aiment encore.
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Les souvenirs s’étalent comme une flaque d’huile, dilués par l’alcool. Ils prennent des reflets plus colorés, plus intenses, comme des visions d’enfant. Ils ne sont plus lestés de cohérence.
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Presque tous les professeurs sont des femmes, souvent semblables, cheveux mi-longs, jean brut et blouses fleuries. Les surveillants, des hommes. Restes tenaces d’une époque où on affirmait que s’occuper des enfants était un rôle de femme et que l’autorité revenait aux hommes.
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C’est l’école de l’égalité, des citoyens et de l’excellence. Hamadi demande si les enfants des bonnes vont dans la même école. Le Chirurgien hésite et lui répond qu’il n’y a plus de bonnes ou de maîtres, que c’est cela justement, la République, et qu’à l’école tout le monde est égal.
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Il pourrait accepter d’être médecin non titulaire, un de ces étrangers qu’on engage pour travailler trois fois plus et payer deux fois moins, mais là encore, dans sa spécialité, une des plus courues par les médecins français, il lui serait difficile de trouver. Même si une place se libérait par miracle, les nombreuses heures de garde payées trois fois moins que ses confrères n’auraient pas de sens financier, puisqu’elles obligeraient la famille à engager une nourrice.
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La violence du mot « immigré » pour celui qu’on nomme comme tel et qui cherche un refuge, la stupidité qu’ont certains à vouloir forcer l’autre à être de quelque part, comme si l’origine se mêlait au sang. Il pourrait se lever et montrer à Ornelle sa supériorité, lui envoyer en pleine gueule sa culture, sa connaissance parfaite de l’histoire française, de Balzac ou de Romain Gary, mais il ne le fait pas
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Il affirme que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, qu’au lieu de se plaindre, le Noir aurait dû rester chez lui et se battre pour son ethnie et sa famille. Partir si tôt après l’indépendance, quelle honte ! C’est vraiment abandonner son peuple. Il aurait dû résister, comme les Français pendant la Seconde Guerre mondiale.
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