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EAN : 9782246814382
288 pages
Grasset (29/01/2020)
3.81/5   32 notes
Résumé :
Lorsqu’il quitte Conakry avec sa famille pour fuir Sékou Touré, Hamadi a 11 ans, des parents qui s’aiment, un père respecté qu’on appelle Le Chirurgien, une mère douce et belle de qui il est le préféré, trois frères et sœurs dont il se sent déjà responsable. 40 ans plus tard, c’est un homme rompu qui hurle sur un brancard dans un hôpital parisien, ivre pour la énième fois. Ce jour-là, ses frères et sœurs, ceux venus d’Afrique et les deux nés Français, décident de le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Que faire quand le régime politique de votre pays d'origine devient menaçant ? Fuir , naturellement et malheureusement . Fuir vers un autre pays plus accueillant , le " pays des droits de l'homme " , de la Révolution, des philosophes . Un bon pécule en poche , un métier de chirurgien en mains , des enfants brillants à l'école, l'avenir ne peut être que radieux malgré la "douleur du partir" . La chute n'en sera que plus cruelle et dure . Tout va vite " voler en éclats " face à la difficulté voire l'impossibilité de l'insertion . La République est accueillante , certes , mais a aussi des exigences qui viennent à bout des meilleures volontés. Cynisme , cruauté, humiliation , désespoir, racisme deviennent le lot quotidien ...Et tout se dégrade.....jusqu'à.....Implacable parcours du combattant .
Ce roman nous donne , à travers le personnage d'Hamadi , une image sociétale terrible , impitoyable . Tout explose , tout implose . C'est tellement sensible , tellement désespérant qu'on colle nos pas dans ceux du jeune homme plein d' espoirs du début et qu'on se demande comment , à la fin , on peut se retrouver , à cinquante ans ,avec la bouteille comme seule compagnie après un parcours de vie terriblement éprouvant. Certes , certains personnages introduisent dans ce récit des rais de lumière, des mains vont se tendre mais....
L'ambiance grave du propos me semble grandement augmentée par une présentation " consistante " , on parle peu , on doit affronter de " grosses masses compactes de mots " qui nous plaquent le nez sur la page . On " rame " , on doit bien tout disséquer, digérer avant de tourner la page . Pas de grandes envolées, pas d'écriture aérienne, virevoltante , légère, non , une " masse " dont il faut s'extirper sans jamais pouvoir " souffler et sourire " .
Attention , je ne dis pas que c'est " indigeste " non , c'est " roboratif" . Plutôt "pâté pommes de terre limousin "que "salade niçoise" si je peux me permettre cette image....( Avant de recevoir les critiques de certains et certaines , je suis limousin et j'adore le pâté de pommes de terres , qui , comme on dit " tient au corps " mais est ...tellement bon ) . Les phrases , surtout au début du roman se sont mises au diapason de la souffrance : indépendantes juxtaposées. Un rythme saccadé . Comme une souffrance respiratoire , un nouvel étouffement au fur et à mesure des épreuves. L'auteure a incontestablement du talent pour unir le fond et la forme et ce premier roman me semble vraiment prometteur .Certes , le sujet est d'actualité et pas forcément très " original " , mais c'est la façon dont il est abordé qui fait sa force .Une description d'un monde loin d'être celui des " Bisounours " , loin de l'image d'Epinal , avec , vous le verrez juste un zeste d'espoir pour continuer à....espérer . Bonne lecture . A bientôt.


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Un premier roman pour cette écrivaine et je trouve que c'est une réelle réussite.

Le lecteur est invité à suivre Hamadi qui se trouve dans une mauvaise passe au début du récit. Le roman permettra de comprendre à travers l'histoire de ce personnage et de sa famille comment il en est arrivé là.

Les thèmes développés ici sont des thèmes très largement abordés dans la littérature actuelle : les discriminations, la famille, les addictions...
Bien que pas très originaux, ce sont toujours des thèmes piégeurs puisqu'il est facile de sombrer dans la caricature. Ce n'est pas le cas ici et c'est clairement le point fort de ce roman, j'ai trouvé le traitement de ces différents thèmes très juste.

Par ailleurs, l'écrivaine a un vrai talent d'écriture, la plume est belle ce qui permet une lecture très fluide. Mais disons le tout de suite, cela n'en reste pas moins un roman dur, qui pousse à s'interroger, et le lecteur ne sortira pas totalement indemne après avoir été le spectateur de cette descente aux enfers.

Petite remarque, c'est la première fois que je relève autant de coquilles / fautes dans un roman. Même si il n'est pas rare d'en trouver dans les romans, là je me suis fait la remarque au bout de la 3ème ou 4ème, j'ai trouvé que ça faisait beaucoup pour un texte normalement lu et relu avant sa sortie.

Mais bon, cela n'enlève rien à ce texte qui mérite d'être lu. Un premier roman parfaitement ancré dans le réel, qui bouscule, qui interroge. Une chose est certaine, la jeune écrivaine derrière texte est à suivre.
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Le roman commence par la situation d'aujourd'hui. Hamadi a une cinquantaine d'années, il vient d'être admis à l'hôpital dans un état lamentable. SDF, dénutri, alcoolique, drogué, abimé par la vie, il est pourtant accompagné par ses frères et soeurs qui n'ont d'autre choix, s'ils veulent garder l'espoir de le voir vivre encore, de le laisser aux mains d'infirmiers et de médecins de cet hôpital parisien. Que s'est-il passé pour que cet homme, ainé de la fratrie, aimé et choyé par ses parents en arrive là ? C'est ce que va nous expliquer tout le texte qui suit ce premier chapitre.

Hamadi a onze ans quand il quitte Conakry avec sa famille. Son père est chirurgien, ils vivent dans une belle maison en bord de mer, ils ont de l'argent, des domestiques. Sa mère est élégante, solaire, leurs amis sont des gens influents.
Mais le climat politique ne leur est plus favorable après l'arrivée au pouvoir de Sékou Touré et il vaut mieux pour leur survie qu'ils fuient rapidement l'Afrique.

Ils se retrouvent immigrés à Bobigny, dans un HLM. Les parents courageux se débrouillent pour faire bouillir la marmite, mais font face à leurs désillusions et finissent par perdre la main. Hamadi se laisse emporter par l'entourage des groupes de banlieue. Sa nouvelle famille, la Fraternité sera composée de petits malfrats, parce qu'il est peut-être plus facile, à l'adolescence, de s'affirmer en compagnie d'autres jeunes issus de l'immigration que de se faire accepter et respecter dans un collège où l'on se moque de lui, de ses costumes brillants taillés sur mesure, tellement seyants en Afrique et tellement ridicules en France.

J'ai retrouvé dans ce roman l'ambiance désenchantée d'autres textes tels que Soleil amer de Lilia Hassaine lu cet hiver. Même difficulté à s'intégrer, même dilemme quand on quitte un pays, que ce soit la Guinée l'Algérie ou n'importe lequel, pour s'installer ailleurs.

C'est un livre sombre par le thème traité et pourtant lumineux par la puissance d'évocation de l'autrice. J'ai vraiment beaucoup apprécié la plume de cette jeune femme de 26 ans qui signe ici son premier roman.
Elle avait avant cela écrit quelques nouvelles et un texte court. Je me ferai un plaisir de la lire encore et surtout de la suivre dans ses publications futures.

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Hamadi noie sa vie dans l'alcool, prostré sur un brancard, c'est aujourd'hui un ivrogne perdu dans la blancheur de l'hôpital. Sa longue déchéance ne pouvait pas se terminer autrement, mais comment en est-il arrivé là ?

Il est arrivé en France avec ses parents trente ans auparavant. Ce pays porteur d'espoir, de liberté et d'égalité qui accueille, éduque, protège ceux qui souffrent et doivent fuir leur pays.

C'est une famille aisée et confortablement installée dans la vie qui quitte Conakry en Guinée pour fuir le régime de Sékou Touré. le père Chirurgien, la mère et la fratrie s'installent en région parisienne dans une banlieue hostile. Là, les espoirs s'envolent lorsque le Chirurgien comprend qu'il ne pourra pas exercer son métier, celui pour lequel il était largement reconnu et apprécié dans son pays. Marie, la mère, une belle femme d'origine peule, n'a jamais travaillé. Mais elle trouve rapidement un emploi de caissière, car il faut faire vivre la famille. le Chirurgien ne parvient pas à trouver d'emploi et doit accepter de devenir un simple.

Hamadi est l'enfant chéri, le fils préféré de sa mère, bon élève au pays, il est celui qui doit montrer l'exemple et protéger les frères et soeurs. La tâche est lourde de sens, le poids trop grand pour ses épaules. A l'école, après des débuts prometteurs, c'est avec une bande de voyous qu'il s'accoquine pour se faire accepter du quartier, pour enfin s'autoriser à vivre. Devenu à son tour membre de la Fraternité, petit voyou comme eux, ils entre rapidement dans la spirale de la délinquance. Et quitte l'école pour des emplois plus généreux et plus faciles. Si les frères ont beaucoup de mal à s'intégrer, les filles et la mère portent une fois encore sur leurs épaules l'unité et l'espoir de la famille.
.....
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/09/02/le-premier-qui-tombera-salome-berlemont-gilles/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Dans ce premier roman, Salomé Berlemont-Gilles retrace les cinquante premières années d'Hamida, jeune guinéen venu en France avec ses parents et ses frères et soeurs à l'âge de 11 ans, après un exil douloureux. Son père, grand chirurgien respecté à Conakry, n'est plus rien en France. Il n'a plus de travail, ne peut pas exercer car ses diplômes ne sont pas valides ici. Sa femme est obligée de travailler à la caisse d'un supermarché pour subvenir aux besoins de la famille nombreuse. Ils ne peuvent se payer qu'un modeste appartement à Bobigny, alors qu'ils vivaient dans une somptueuse villa et dépensaient sans compter. Au milieu de ce chaos, Hamida, l'ainé de la fratrie trouve difficilement sa place. D'enfant roi surprotégé par ses parents, il doit affronter seul le collège et ses humiliations répétées, la pauvreté limite de la misère, la banlieue mal famée. C'est la dérive, l'engrenage. Hamida se déscolarise, commence les bêtises, devient membre d'une fraternité de quartier, un petit caïd, un délinquant, puis il devient surveillant de prostitués, devient addict au sexe, à l'alcool. On assiste à l'enrôlement, à sa descente aux enfers, au pacifisme de ses parents qui ont d'autres chats à fouetter, d'autres enfants à s'occuper. Petit à petit, Hamida, grand frère responsable, devient le maillon faible de la famille, celui que ses frères et soeurs doivent prendre en charge.

Le roman commence par un évènement brutal, on assiste à l'arrivée en urgence d'Hamida dans un hôpital parisien, ivre mort. Comment en est-il arrivé là ? Pourquoi ? C'est son histoire que nous raconte brillamment avec une écriture fine et ciselée, des phrases courtes, expressives, et descriptives, la jeune auteure Salomé Berlemont-Gilles sous nos yeux ébahis. Un roman puissant qui sonne juste.

Je recommande vivement ce premier roman magnifique qui réussit à nous emporter. Une belle lecture, marquante, qui signe les débuts prometteurs de l'auteure.
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critiques presse (1)
Liberation
28 septembre 2020
Salomé Berlemont-Gilles (26 ans) dresse sur une quarantaine d’années un puissant portrait tout en nuances et sans jugement. La maturité de son roman au style très travaillé est frappante.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Parce qu’on n’est pas chez soi. Les bons et les mauvais, les truands, les bêtes. Les hommes et les singes. Ces dichotomies assumées servent de cri de ralliement aux extrêmes et d’autel aux bien-pensants. Si on peut, et en dépit de sa nature, contre sa culture, il faut être un bon Noir. Cette classification qu’on apprend sur ceux qui vivent au bout des lignes de métro, sur la racaille présumée. Surtout celle qui est née ici. Des excuses aussi, que l’on donne aux jeunes trop défavorisés pour réussir, et qu’on condamne avec mansuétude à rater leurs vies, mais qu’on rassure en leur disant qu’ils sont des martyrs du système. Des générations coincées entre la haine et la fatalisme intellectuel engagé.
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La vague a été gigantesque : des années d'espoirs, des rêves, une certitude de s'en sortir qui s'explose contre une vérité. La mort des parents et la cruauté des frères, son manque de courage, ses échecs, le mauvais départ. Il allume une autre cigarette et va chercher au fond de sa poche la rondeur froide et régulière du bouchon de bouteille qu'il garde toujours dans sa doublure, et le desserre entre deux doigts. Il boit pour calmer la douleur et chasser les rivages heureux de Conakry, ce temps fantasmé où tout était possible
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Avoir un là-bas vous condamne ici, parce qu'un bout de terre sans référence qui n'a jamais rien voulu dire pour vous entache la terre que vous foulez ; peut-être pour payer la liberté des ancêtres, sûrement parce que vous êtes des taches sur la mémoire collective. On n'a pas su les éduquer, regarde maintenant les dégâts qu'ils font ici. Les mauvais Noirs, les mauvais Arabes, les mauvais d'ailleurs, ces pucerons sur la tige de la république.
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La jeunesse à laquelle on pense, quand on dit qu’elle est notre avenir. Avoir un là-bas vous condamne ici, parce qu’un bout de terre sans référence qui n’a jamais rien voulu dire pour vous entache la terre que vous foulez ; peut-être pour payer la liberté des ancêtres, sûrement parce que vous êtes des taches sur la mémoire collective. On n’a pas su les éduquer, regarde maintenant les dégâts qu’ils font ici.
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Il réfléchit à son histoire, l’exil, l’avenir des enfants qui l’inquiète tous les jours. Il sait que l’avocat ne comprendrait pas, qu’il est étranglé par sa jalousie, par sa médiocrité d’homme sans histoires. Le Chirurgien pense à Marie. Même s’il l’aime, il ne lui révélera pas tous les détails de sa rencontre. Il pense aux heures d’insomnies, recroquevillé dans le lit conjugal, à sa frustration. À ce moment-là, il en veut à sa femme, il envie sa dignité, aussi. Derrière lui, Ornelle bave encore sur cet homme qui ne réussit pas à être laid dans la chute.
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Videos de Salomé Berlemont-Gilles (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Salomé Berlemont-Gilles
Arrivé en France à l'âge de 11 ans, issu d'une famille de la bourgeoisie guinéenne, Hamadi fait l'expérience du déracinement. 40 ans plus tard, entre alcool et désillusion, celui qui était l'espoir de la famille est au fond du gouffre. Sans pathos, avec une écriture sensible et poignante, Salomé Berlemont-Gilles nous raconte le sort de tous les laissés pour compte. Un livre bouleversant, magnifique et indispensable. En lice pour le Prix de la Vocation et la Bourse de la Découverte Prince Pierre de Monaco.
Le premier qui tombera de Salomé Berlemont-Gilles, aux éditions Grasset
Retrouvez l'émission intégrale sur https://www.web-tv-culture.com/emission/salome-berlemont-gilles-le-premier-qui-tombera-51853.html
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