Sandra Nelson

D’un, ma mère a quitté mon père un soir de réveillon de Noël et elle m’a ensuite trimballée partout avec elle sans me demander mon avis. Elle est partie en douce alors que mon père avait tout préparé, ça a brisé notre bonheur familial. Jusqu’à ce jour, j’étais très heureuse et j’adorais fêter Noël.

– Chaque année à Noël, nous organisons une grande fête au domaine, pour tous ceux qui sont seuls au village, qui n’ont pas de famille avec qui célébrer le réveillon. Il y a, bien sûr, le traditionnel sapin, la crèche immense remplie de santons de Provence et les treize desserts. Je prépare moi-même nos sablés étoilés à la lavande et à la fleur d’oranger. J’en fais aussi à la cannelle, bien sûr. Pas de Noël sans cannelle, non ? Je fais aussi la bûche au chocolat. Vous aimez le chocolat ?
– Qui n’aime pas le chocolat ?

Pas vraiment pratique d’attacher le carton sur le petit porte-bagages. Heureusement, j’ai une quantité industrielle de sandows élastiques avec crochets de toutes les tailles.
Ce qui ne m’empêche pas de perdre mon chargement en plein dans une flaque. Noooon ! Je m’arrête au milieu de la route, au risque de passer sous les roues des automobilistes. Une nuée de klaxons retentit. Vite, je récupère le carton trempé et repars en sueur. Cerise on the cake, le crachin londonien s’est transformé en pluie torrentielle, version tropicale. En pire, puisqu’on est en hiver.

C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à mon apparence. Au style. Aux fringues. Aux marques. Aux mannequins. Et aux photographes qui en font ce qu’elles sont. Et que je me suis fixé cet objectif : je deviendrai, moi la bouseuse, une incontournable dans le monde de la photo de mode.

Chaussettes trouées, chaussures percées, me voici, me voilà, c'est moi, la Béfana.

Baba Yaga était l'horrible sorcière qui habitait de l'autre côté de la rivière, dans une petite isba montée sur quatre pattes de poule.
Cette ogresse aimait par-dessus tout dévorer des petites filles pour son dîner.

Je sais que c’est difficile à croire, mais laissez-moi vous raconter mon histoire.

Les humains sont carrément bouchés à l’émeri. Qu’est-ce qu'il faut pas faire pour leur ouvrir les yeux !

– Quand vous m’aidez, ça m’aide pas. Alors ne faites plus rien s’il vous plaît.

– Un homme qui bouffe pas, c’est pas bon signe au pieu, ça, dit Arlette dans l’oreille de Calypso.

Immédiatement, elle entama une conversation qui ressemblait plutôt à un monologue.

C’est un peu maladroit d’espionner ainsi les gens chez eux et surtout pas très légal.

Elle secoua la tête avec conviction.
– Commandant Pavlov, ouvrez les yeux ! Il s’agit bien d’un meurtre, je le sens au plus profond de moi.
Vadim se demandait s’il devait laisser aller sa mauvaise humeur et la remettre à sa place, ou s’il fallait la ménager. Après tout, s’il restait poli avec elle, sachant qu’il lui arrivait parfois d’avoir des idées valables, elle les lui communiquerait. De plus, comme il n’était pas du coin, elle le faisait bénéficier de rumeurs de première main pouvant parfois être révélatrices. Et elle semblait avoir justement des infos sur l’affaire. Elle était au coeur de l’action.
Au moment même où il se faisait cette réflexion, un nouveau doute s’insinua en lui.
– Étrange comme vous avez le chic pour vous retrouver dans l’oeil du cyclone. En l’occurrence, exactement sur les scènes de crime. Enfin… Si crime il y a.
– Comment ? Vous en doutez ?

- Vous écrivez quoi ? demanda-t-il.
- Un polar, pourquoi ? répondit Calyso sans le regarder.
- Vous vous prenez pour Agatha Christie ? railla-t-il.
- Dans une autre vie j'étais détective sous le nom de Zézé Pinta, répondit fièrement Calypso.

Poker était sûr, comme Calypso, qu'il y avait eu un autre corps avant celui de Boris. Toute cette histoire de cadavres rendait Calypso nerveuse et Poker voulait retrouver sa tranquillité dans la maison. Il n'avait donc qu'une solution : aider Calypso à démasquer le coupable.
Poker avait repéré des odeurs intéressantes, alors il décida de sortit dans la rue pour procéder par élimination. Il reniflerait chaque humain et éliminerait ceux dont la senteur ne correspondait pas. Ensuite, il faudrait leur faire comprendre ses conclusions, mais c'était une autre histoire.

Il était minuit environ quand Calypso fut réveillée par des miaulements. Elle ouvrit subitement les yeux et face à elle, deux grosses billes d’un jaune brillant la scrutaient dans l’obscurité. Elle sursauta. Poker lui faisait face en lui donnant des petits coups de tête. Ce n’était pas dans son habitude d’attirer ainsi son attention. Elle comprit immédiatement qu’il se passait quelque chose d’anormal.

Immédiatement, je pense à mon pull troué, mes bottes crottées et ma barbe de plusieurs jours ! J’aurais bien aimé prendre une douche, me raser et me changer. Je regarde ma montre, par réflexe. Impossible. Je dois y aller. Tant pis ! Angela me verra dans mon jus. C’est une fille très nature, ça ne va pas l’effrayer !

À l’aéroport, je réalise que je n’ai rien à rapporter comme souvenirs de New York à mes amis et je traîne dans les allées. Je tombe sur des bonnets de Noël d’un mauvais goût délicieux. J’en prends un gris pour Ben avec des bonhommes en pain d’épice marron, un rouge à pompon pour Laure avec des petits flocons de neige et une inscription Let it snow et pour moi, je me défoule avec un magnifique bonnet vert et rouge bien criard affichant la totale : des rennes, des étoiles et des sucres d’orge bariolés.

Dans le Uber qui me ramène à mon entresol, je me dis que je vais devoir me farcir tous les clichés sur les Noëls anglais traditionnels, pudding compris. Et je n’arrive pas à apprécier l’aspect folklorique de la chose.

Ma passion, c’était la photo et il ne voulait pas en entendre parler. Il était exigeant, autoritaire et me rabaissait tout le temps. Le soir du réveillon, il a eu des mots très durs, comme quoi j’étais la grande déception de sa vie, mais que c’était normal après tout je n’étais qu’une fille. Quelle adolescente peut encaisser ces mots ? J’ai eu le cœur brisé. Je me suis enfermée dans ma chambre et je suis partie rejoindre ma mère le lendemain.