Citations de Sandra Reinflet (17)
J’entends ta basse. Son rythme en moi. Le concert continue.
Un liquide chaud m’emplit la gorge. Je tousse et recrache. J’en ai plein les mains. Soudain, quelque chose me pénètre. D’un coup. Crac. Un doigt ou un sexe à l’intérieur. Je sens mais n’ai pas mal. Laisser faire, lâcher prise. Flotter, m’abandonner à qui veut.
J’espère que tu me vois et que t’es jalouse à crever.
Ils sont combien autour de moi ? Deux ? Dix ? N’importe. Je ferme les yeux. Mon heure de gloire est arrivée. Regarde bien ça, ma Polonaise. Moi aussi je suis populaire.
J'ai toujours essayé de ne pas me faire remarquer, de rester à ma place, ma petite place de petite fille de petite vie.
Parce qu'on m'a appris à dire merci, à dire pardon, à refuser les compliments et les invitations, à ne pas être redevable, à rester discrète et me fondre dans la foule, à m'évanouir.
La cour des grands était séparée de celle des petits par un mur. Après le CE2 nous passions la frontière.
Entre les deux il y avait un escalier, mais nous ne l'empruntions jamais. Les petits avaient peur des grands. Les grands avaient peur de passer pour des petits.
"[...] ce n'est pas qu'une question d'âge, la mort ça ne se comprend pas, ça se prend en pleine figure à n'importe quel moment." P. 327
Lorsque nous tendons notre carnet à Anita afin qu'elle y écrive ses coordonnées, elle y inscrit quelques mots, que je découvre avec surprise une fois rentrée à l'hôtel : " Tout ce qui arrive dans la vie est une bonne chose. Même s'il nous faut parfois du temps pour le réaliser, nous comprenons rétrospectivement que c'était ce qui pouvais arriver de mieux. C'est ainsi que va la vie, ainsi que je la construis."
Sur ce rocher, je me promet de céder définitivement la place à Marine Goodmorning, l'enfant en moi qui savait ce qu'elle voulait faire avant de se laisser convaincre par le raisonnable. C'est le témoignage de ces 81 femmes, leur leçon de survie. Prendre le risque d'échouer ou d'accomplir, mais tenter de toutes ses forces, sans remettre à plus tard. Beaucoup d'entre elles ont conscience que tout peut s'arrêter très vite. Peut-être parce qu'elles côtoient la mort de près, elles ont conscience que l'existence est fragile et qu'elles n'ont pas le temps d'attendre pour réaliser leur rêves.
En Occident, on nous promet une longévité qui incite au contraire à reporter les choses. Nous projetons sans cesse : "Plus tard je ferai ceci ou cela. Quand j'aurai de l'argent, quand j'aurai du temps, quand je serai à la retraite...". Et si on n'arrivait pas jusqu'aux 80 ans promis... Je ne veux pas attendre qu'il soit trop tard.
Madame Ettel a vu le début de la mixité.
La fin du certificat d'études.
La rénovation des bâtiments.
Les cris, les bagarres, les pleurs.
Les hurlements de joie.
Les grands frères qui attendent devant les grilles.
Les mères dilettantes et les angoissées.
Les spectacles de fin d'année.
Et puis elle a vu les cadenas aux portes.
Ceux qui les escaladent.
Elle a entendu le verre brisé.
La musique et les rires parfois.
Et puis le silence.
Siège 22A, à côté du hublot, décollage imminent. L'hôtesse fait des gestes incompréhensibles. S'il faut être capable de les reproduire pour survivre, je suis mal barrée.
Face à moi, la carte routière affichée est formelle : la Serbie est un énorme détour pour aller jusqu'en Pologne.
Nouvelle tentative d'extraction du denim. Il passe les rotules mais se coince aux chevilles. Putain de mode de merde. On n'a pas idée de se coller une deuxième peau comme ça.
Avec Pierre, j'avais pourtant juré de ne plus jamais m'attacher. A quoi ça sert d'aimer les gens si après ils disparaissent en te laissant encore plus seul qu'avant ?
Je ne sais pas si protéger, c'est aimer. Si s'inquiéter, c'est aimer. Si enfermer, c'est aimer. Mais peut-être que ma mère est comme Buca. Le portail, les ne pas, les interdits tout ça, elle doit croire que c'est pour mon bien. Et donc... Te laisser disparaître, ce serait ça, t'aimer vraiment ?
Moi, j'espère que devenir adulte, c'est pas forcément ne plus être une enfant. J'espère qu'on peut vieillir sans ternir, sans s'interdire tout ce qui n'est pas "sérieux", sans renoncer comme elle.
Cette part d'inconnu, c'est ton passe-partout. Elle fait sauter les verrous de la bienséance. Si tu bois trop, si tu ris fort, si t'es tatouée et que tu fumes comme une cheminée, si t'as pas fait ton devoir de maths, si tu embrasses une fille en public...C'est pour ça, oui, parce que tu viens d'ailleurs. On ne peut pas juger, il manque des pièces au dossier.
Le soleil est doux, l'excitation palpable et une seule ombre semble être prête à noircir cet idyllique tableau : le 4 x 4 "spécial safari de luxe" véhicule d'autres touristes. Une bande d'Américains peu enclins à accepter les aléas de la nature ne cesse de se plaindre. Je suis atterrée de constater la manière dont ils s'adressent à Meeke. "ON se fiche des oiseaux, ON veut voir des lions, des mâles, ON a payé pour ça, ON nous les a promis." Meeke reste impassible, résigné. Comment peut-on penser que tout s'achète, qu'un instant est un consommable, que les animaux se pointent sur commande ?
Tu es comme un cauchemar que le jour n’éteint pas. Ça cogne à l’intérieur. Tu te rappelles à moi par les pores. J’ai voulu m’éloigner mais on ne se sevre pas de toi comme ça.
Il faut que je reparte, que je sache.
Trouver une aspirine, de l’eau, et puis toi.