Malheureusement, les humains ont appris à créer d’autres ondes pour leur propre intérêt, auxquelles je suis aussi connectée : radio, téléphones, ordinateurs, télévision… Le problème est que j’y suis trop réceptive et sensible. Beaucoup trop. Celles qui viennent de la Terre m’apaisent, tandis que celles des Humains tambourinent dans ma tête avec brutalité. À cause d’une surcharge sensorielle quand j’étais plus jeune, je suis incapable de vivre à proximité d’une trop grande concentration de ces ondes artificielles, au risque d’y perdre ma santé mentale. Cela m’est arrivé une fois. Plus jamais ça. Des années plus tard, je me souviens encore de chaque millième de seconde de mon calvaire. Je refuse de revivre cette situation ne serait-ce qu’un micro-instant. Une petite partie de mon esprit s’est retrouvée bloquée à l’intérieur de mon corps. Je pouvais voir, entendre, ressentir, mais je ne pouvais plus bouger ni interagir. L’autre était emprisonnée dans une sorte de pièce noire, ballotée entre les murs de cette cage, au gré des différents messages que me transmettaient les ondes et qui m’envahissaient sans que je puisse les arrêter ou les contrôler. Comme un raz-de-marée emportant tout sur son passage. Rien que d’y repenser, une goutte de sueur dévale ma colonne vertébrale. Ma respiration s’accélère et, par réflexe, je mets une main sur mon cœur pour tenter de le calmer. Inspiration. Tout va bien, je suis à l’extérieur. Mes doigts tremblent, mais je ne dois pas me laisser distraire. Expiration. Je remue les bras, juste pour me prouver que je suis capable de le faire.
Une sourde angoisse envahit mes veines, et mon instinct me dicte de fuir le plus possible.
- Mais qu'est-ce qu'il vous prend à la fin ? Vous me faites peur ! m'exclamé-je en tentant de me débattre, en vain.
- Si j'avais pu faire autrement, je l'aurais fait. Soyez-en sûre.. Mais ils ne m'ont pas laissé le choix. Je suis dans une impasse ! Pardonnez-moi Lana !
Je ne comprends pas du tout ce qu'il se passe, mais ça sent mauvais pour moi.
« — Bonjour, jeune demoiselle, comment vas-tu en cette merveilleuse journée qui démarre ? me demande-t-il d’une voix rocailleuse.
— Bien, merci, répliqué-je d’une voix très douce en lisant un article de presse sur le journal apporté par mon amant. Bienvenue dans ma maison de prêt. Assieds-toi et viens donc partager notre petit-déjeuner. Ah, mais j’oubliais, c’est déjà fait.
Le jeune homme, qui ne s’est toujours pas présenté, reste perplexe devant mon sarcasme. Quelques secondes à peine.
— Jason, grommelle-t-il, pourquoi mon charme dévastateur ne semble-t-il pas fonctionner sur Ely ? Elle est nouvelle, ce serait normal qu’elle me regarde, mais elle ne réagit pas !
Il ne lui prête pas plus attention quand il répond.
— Peut-être parce qu’elle n’est pas impressionnée par tes gros muscles, y as-tu pensé au moins ?
— Mais non ! Tout le monde admire ma musculature ! s’exclame-t-il en examinant ses bras.
Et arrogant avec ça ! »
Lorsque nous sortons du véhicule, Aidan se met à grogner avec force et me rejoint d'un saut, du côté passager, pour se positionner devant moi en signe de défense. Tous mes sens sont en alerte. Un danger approche.
- Qu'est-ce qui se passe ? chuchoté-je.
- Embuscade. Nous sommes encerclés, répond-il sur le même ton. ❞
Cheveyo a un manche à balai coincé dans son derrière ? demandé-je.
Ce dernier grogne sans agressivité à mon intention. Je ne comprends pas, ma pique était pourtant très drôle… Aidan, lui, respire la satisfaction et la bonne humeur.
— Non, il est très honoré de faire la connaissance de ton compagnon et il veut l’accueillir comme il se doit. Lui souhaiter la bienvenue au sein de sa nouvelle famille.
Mon nouveau compagnon regarde Cheveyo de biais et décide de l’ignorer en lui tournant le dos et en relevant sa queue d’une manière très hautaine. Il contourne la maison et nous le suivons quelques pas derrière. Il rejoint la jeep, dans laquelle il saute et se tourne vers les bois environnants, sans plus nous prêter attention. Aidan explose de rire.
— Un compagnon tout à fait à ton image, remarque-t-il.
Les cinq minutes sont écoulées. Je suis dans mon lit. Tu peux partir.
Je l’entends ricaner, puis le froissement de vêtements qui tombent au sol m’indique qu’il s’est déshabillé à son tour. Je ne peux pas le voir dans cette position, mais le matelas s’affaisse de chaque côté de ma tête. Ma peau se couvre de chair de poule par anticipation. Son sexe se positionne contre mes fesses pour me tenter encore plus. Puis il me murmure tout en me mordillant l’oreille :
— Je t’ai dit qu’après nos cinq minutes de discussion, tu pourrais retrouver ton lit… Je ne t’ai jamais affirmé que tu y serais seule !
— Arrogant !
— Tu vas beaucoup l’aimer, l’arrogant, cette nuit, avec tout ce qu’il a l’intention de te faire.
— Je demande à voir.
— Ne me lance pas de défi, chérie ! Tu n’y survivras pas.
— Vantard.
Comment veux-tu que je t’appelle alors ?
— Lana, c’est très bien, grommelé-je en tirant sur ma natte et en détournant le regard.
— Et si j’aime te donner des surnoms ?
— Alors « tigresse » m’irait beaucoup mieux que « chaton », lui affirmé-je avec aplomb.
Il n’attend pas la fin de ma phrase pour exploser de rire. Je vais mal le prendre ! Même s’il est vrai que son rire est plaisant à entendre et qu’il est communicatif. Je me mords l’intérieur de la joue afin qu’il ne voie pas une once d’amusement sur mes lèvres. Plutôt souffrir que d’admettre que je suis à l’aise avec lui.
— Impossible, tu es trop petite pour me faire penser à une tigresse. Et puis un chaton, c’est mignon, et ça s’énerve dès que ça sent une « menace. Regarde-toi dans un miroir, c’est ton portrait craché !
— Je serai plus sage pour le prochain round, chaton ! Promis !
Je me retrouve à califourchon sur ses genoux, en train d’agripper un torse nu et très bien sculpté. Chaque petite imperfection de sa peau lui procure encore plus de virilité et me donne envie de ronronner de plaisir !
Il me prend la bouche dans un baiser ardent en baissant les bretelles de ma robe d’une main et en me maintenant collée contre lui de l’autre. Son sexe palpite à travers son pantalon, prêt à faire plus ample connaissance avec le mien. Sa bouche descend sur mon décolleté et happe un téton au passage. La sensation est grisante et le plaisir immense. Je n’ai qu’une seule envie, qu’il entre enfin en moi !
Jusqu’à ce que des coups, contre la porte d’entrée, se fassent entendre avec fracas.
Bien entendu, Keira décide de s’exposer dans la seconde. Elle a grimpé en haut d’un arbre, sur une branche qui donne sur notre position. Elle peut ainsi sauter par-dessus le mur de terre qui tourbillonne toujours autour de nous. Tout le monde sursaute et s’éparpille entre Malek et moi. Jusqu’à ce qu’elle se mette à miauler… Oui, oui, à miauler… Cette panthère me désespère !
— Keira, ne me fous pas la honte devant tout le monde ! Tu étais pourtant bien partie jusque-là ! Dommage, nargué-je Malek, l’air de rien. Pas assez haut ton mur.
— Waouh ! C’est ton animal totem, Naya ? me demande Miranda.
— Oui, vous pouvez aller la voir. Elle va adorer parader devant vous maintenant qu’elle a réussi à vous faire peur. Vous avez tous très bien réagi. Je vous félicite.
D’ordinaire, l’harmonie terrestre de cette partie du globe me procure une immense paix. Cette fois, j’ai beau me connecter à elle, sous mes pieds, elle ne m’apaise pas...
Je me retourne en direction de l’Institut, puis de nouveau face à l’objet laissé par Mia et me tords les doigts d’incertitude. Que dois-je faire ? Je peux m’éloigner en mettant en danger notre défense pendant quelques dizaines de minutes. Ou alors, je reviens au complexe pour demander de l’aide, en sachant que Mia ne se laissera jamais approcher. Et têtue comme elle est, elle risque de passer la nuit dehors. Si tant est qu’il ne lui soit rien arrivé… Non, j’ai beau examiner la situation dans tous les sens, je ne vois qu’une seule solution : retrouver Mia au plus vite !