Heureusement, Véronique connaissait plusieurs avocats pénalistes de qualité, qu’elle avait pu jauger tout au long de sa carrière professionnelle. Elle choisit un avocat indépendant, le préférant à un associé d’un grand cabinet international. Elle pensait qu’il serait plus disponible, et surtout que le risque d’un conflit d’intérêts serait bien moindre. Elle se décida pour maître René Perrin, dont elle avait pu apprécier l’habileté et le savoir-faire dans des affaires sensibles, délicates et embrouillées comme s’annonçait la sienne. Avant de l’appeler, elle prit quelques instants pour essayer de tirer au clair ce qu’elle venait d’entendre.
L’abus de biens sociaux, c’est pour un dirigeant de société l’utilisation abusive des biens de la société pour son profit personnel, ou pour celui d’un tiers qu’il souhaiterait favoriser. L’actualité médiatique regorgeait de ce type de cas, durement sanctionnés et étalés sur la place publique. Le plus souvent, la carrière des individus concernés était définitivement brisée.
Le trafic d’influence, une accusation utilisée plus rarement, est encore plus redoutable pour le prévenu. Elle sanctionne une atteinte indirecte à l’indépendance d’une autorité publique, en vue d’obtenir de sa part une décision avantageuse : une décoration, un emploi ou une promotion, un marché …
Dans le cadre d’un trafic d’influence, la charge de la preuve est minimaliste. Point n’est besoin d’identifier et encore moins d’interroger ou de confronter les fonctionnaires concernés. L’intime conviction di juge suffit. Autant dire que la défense de son client n’est pas pour l’avocat une partie de plaisir.
Sa principale activité était « hawaladar » : c'est-à-dire un opérateur et un intermédiaire du système « hawala ». Un système de paiement informel millénaire, développé au Moyen-Orient, qui assure en toute sécurité des paiements transfrontaliers, partout dans le monde, sans laisser de traces. Pas de chèques, pas de virements, pas de cartes de crédit …
L’avocat lui fit comprendre que certaines de ces méthodes n’avaient plus cours. L’Etat s’intéressait désormais de très près au secteur de l’intelligence économique, promu au rang de secteur stratégique. Il le considérait comme un outil précieux de développement des entreprises à l’international. Dans le même temps, il voulait que la profession s’organise et se plie à des règles de bonne conduite. En mettant fin aux « barbouzeries » qui avaient fait dans le passé les délices d’une certaine presse.