Shirley B.

Il y a une chose qu’on ne vous apprend pas. Une seule chose que vous apprenez seul : l’amour . Personne ne nous guide, ne nous prend la main pour nous montrer la marche à suivre. On ne vous apprend pas à gérer la souffrance qu’implique nécessairement l’amour. Parce qu’il n’y a pas d’amour sans douleur. Nous n’aimons pas sans drames, sans tension, sans cassure et personne ne vous apprend comment les gérer. Personne ne m’a dit que je subirais ce que je subis aujourd’hui. Un accident de voiture, un cancer ? Ça n’arrive qu’aux autres ! Voilà ce que je me suis dit toute ma vie. Pourtant aujourd’hui, je suis devant vous. Je suis devant vous parce qu’un cancer a terrassé celle qui m’a donné la vie.

Il faut que tu comprennes que celui dont on parle c’était… C’était avant… Je ne suis plus le même. Je ne suis plus le gars imbu de sa personne qui pense pouvoir tout acheter avec son fric. C’est important que tu sois au courant, que tu ne me juges pas uniquement à travers les propos que vont tenir les médias sur moi.
Parce qu’ils diront un nombre incalculable de conneries à mon sujet. C’est facile, je suis riche et pouvoir utiliser de fausses preuves contre moi est une occasion en or de me détruire. Alors, il faut que tu saches qu’avec toi… Avec toi, je suis sincère depuis le début. Il faut que tu croies.
Vraiment… Tu me plais beaucoup et je… Je tiens à toi.

New York.
Cette ville, où le vacarme incessant augmente au fil des heures et des jours sans que personne n’y prête attention. Cette ville où, si vous n’avez pas la taille d’un faux mannequin de vitrines de boutique de luxe ou la cervelle d’un matheux s’adonnant au jeu sordide et cruel de la bourse, vous n’êtes personne. Cette ville où personne n’est personne et où tout le monde devient tout le monde. Cette cité urbaine qui donne aux illuminés du monde entier, la prétention de croire encore en un monde irréel où « l’American Dream » existe vraiment.
Bienvenue dans la ville qui ne dort jamais.

Elle ne se rend pas compte de l’effet qu’elle a sur moi, de l’emprise qu’elle exerce sur mon esprit rien qu’avec son regard. Nous sommes attirés l’un à l’autre comme deux aimants.
La passion nous enivre, nous dévore de l’intérieur dès lors que nous sommes en contact.
Et la passion est vorace.
Elle prend tout, elle consume jusqu’au dernier sentiment, jusqu’à la dernière cel ule du corps et jusqu’à la dernière lueur de raison.
Puissante, dévastatrice, elle finit par mettre les gens à terre. Elle anéantit tout et le fait avec le sourire, la garce !

On dit que la gent féminine se sert de sa faculté à pleurer pour rendre les hommes plus sensibles, mais je sais que ce n’est pas son cas.
Je sais que ses larmes ne sont que le contrecoup du choc.
Un effondrement total.
Elle ne joue pas.
Nous sommes proches.
Trop proches.
Nos souffles se confondent, mais elle ne cherche plus à se dérober.
Nos parfums se mélangent, aussi forts et entêtants l’un que l’autre. La situation devient de plus en plus déstabilisante.
Nocive.
Elle reste là à me fixer, attendant désespérément une réponse.

Une source, dont le nom n’a pas été divulgué, vient de dévoiler la triste mort de la jeune fille auprès d’un journaliste qui n’a pas hésité à tout déballer.
La source en question affirme posséder le résultat des analyses sanguines précédemment établies sur le corps de Johanna après son décès.
Pas besoin d’être devin pour comprendre que la personne dont il est question n’est autre que Mackenzie et qu’elle a encore usé de je ne sais quel stratagème pour faire exploser le pot aux roses.

On a toujours été là l’un pour l’autre et j’ai besoin de lui, de ses conseils. Qu’il me rassure et me dise que ça va aller, que l’on va réussir à s’en sortir. Mais d’un autre côté, je ne suis plus aussi sûre de notre relation. Je n’arrive pas à savoir si je peux encore lui faire confiance ou non. Il est perdu dans ses propres démons et j’ai l’impression de ne plus avoir la force de l’en sortir.
Tant pis. Qui ne tente rien n’a rien.

Il a tout pris. Il s’est abreuvé de toutes mes émotions, du peu de bonheur qui pouvait réellement exister en moi. Il a joué avec mon corps comme on joue avec une poupée. Sa colère et son désir cruel de me voir souffrir se sont imprégnés dans chacune de mes cellules. À l’image d’une oie que l’on gave et que l’on égorge, il a rempli tout mon corps, chacun de mes orifices et m’a abandonnée au détour d’une ruelle sombre de Paris.

Lorsque l’amour est vrai, est sincère, qu’il nous englobe tout entier, on est capable de tout. Du pire comme du meil eur. Parce qu’on devient égoïstes. Parce qu’il n’y a plus rien d’autre qui compte que la personne que l’on aime. C’est explosif, ravageur et terriblement influent. La raison est toujours là, étouffée par le cœur, qui devient incapable de contrôler les actes des hommes.
L’amour tue.

Ce gars est aussi inutile que l’étiquette « ouverture facile » d’un produit alimentaire.
Il n’a pas daigné m’adresser un seul mot depuis que je l’ai retrouvé. Pas une ombre d’explication et pourtant, j’ai tout essayé. Je suis passé par la gentillesse ou du moins, la pseudo-gentillesse, puis par la colère, la menace, mais il est resté le cul assis sur son siège, complètement stoïque.