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Citations de Sophie Bienvenu (76)


Ça a juste duré quelques secondes, notre baiser, puis il a mis son bras autour de mes épaules. Et tout ce temps-là, même quelques heures après, j'avais l'impression que tout ce que je voyais était à moi.
J'ai eu envie de me pencher dans le vide et de gueuler ''I am the queen of the world'', mais c'est crissement haut, de un, et de deux, j'ai même pas aimé Titanic. Ou juste ce bout-là, même si c'est un bout de filles. Donc j'ai crié : ''Je t'aime !''
Y a un gars qui m'a dit de fermer ma gueule, alors, je l'ai envoyé se faire foutre.
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C'est plate ici,non? On peut pas mettre de la musique, quelque chose? Je sais pas comment tu fais pour être dans le silence. comme ça. Ça t'étourdit pas, genre? Moi, quand y a trop pas de bruit, ça me fait comme un ronflement de frigo dans la tête à force que toutes les affaires à quoi je pense s'entrechoquent.
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Monsieur Klop, le patron du dépanneur. Je ne sais pas quel âge il a, mais il est tellement vieux que non seulement il a du poil dans les oreilles, mais en plus, c'est du poil blanc.
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Tsé quand quelque chose te fait capoter, mais vraiment capoter, que t'étouffes pis que tu finis par vraiment en être malade... comme tantôt un peu... et que quelqu'un à côté essaie de te convaincre que c'est pas grave... Mais pas genre « voyons, pauvre tarte, tu capotes donc ben sur des niaiseries», mais juste par son énergie qui transpire et qui te fait savoir que tout va bien aller. Même si ça chie tout autour, même si tu te fais attaquer de partout, que le monde menace de finir là, là, ou que ton intolérance au lactose pourrait te tuer.
C'est le genre de gars qu'il est. Comme une île déserte où tu t'échoues après une crisse de grosse tempête. Mais avec de la bouffe et de l'eau et tout dessus. [...]
[p.96]
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J'aime ça, être triste pour toi, ça me fait une pause d'être triste à cause de toi.
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Une grande maison-cocon aux allures de cour de récréation, des vies qui s'entrechoquent dans un chaos juste assez organisé pour que ça ressemble au bonheur, et assez de temps pour s'apercevoir que ça ne fait pas qu'y ressembler.
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C'est comme une super caresse vraiment le fun, partout sur ton corps et en dedans en même temps. Imagine qu'avec tous les pores de ta peau, tu manges un truc vraiment bon...
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Il pleurait, mais des fois tu peux pleurer de colère ou de mal. Des fois tu peux être triste, mais pas pour la raison pour laquelle tu devrais être triste.
[p.148-149]
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-Ta mère à invité les voisins à souper tantôt.
-Cool.
-Ben non pas cool ! On est Dimanche !
-Pis ?
-Ben le Dimanche c'est "Tout le monde en parle"
-Pis ??
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Quand toute ta vie tu te fais un chemin que tu veux suivre, tu te fais un devoir de rester sur une ligne, c’est ça qui te définit, c’est ça qui fait qui tu es… Et là, il t’arrive plein de trucs qui font que t’es… épuisée, genre. Mais vraiment épuisée, je veux dire. Épuisée comme quand t’as plus du tout de vie à l’intérieur. T’es vidée de ton sang, de ton eau, de tout ce qui fait que tu es toi. T’es tellement vide que t’as juste tes organes qui restent dedans. Ton coeur qui continue de battre rien que pour te narguer, on dirait. Tu voudrais crever, ce serait reposant, mais non. Il continue de battre, ce salaud, et chaque battement t’épuise encore plus, c’est de la torture.
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Y a rien qui a de la valeur, si tu peux rien que le prendre. C'est si on te le donne que ça vaut quelque chose.
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Sam soupire. C’est-tu parce que je la gosse ou parce qu’elle est bien? Je choisis ce qui me tente en fonction de mon humeur. Y a des fois où le ciel est rose, quand il est encore trop tôt pour que les bruits de la vie aient commencé. J’ai trouvé une position confortable sur le sol, pas trop dur, pas trop froid. Y a personne dans la rue. Y a p’têt juste deux ou trois chats qui fouillent dans les poubelles ou qui se baladent à la recherche d’un oiseau ou d’une souris à torturer. Je sors une épaule de mon sleep juste pour être content de la remettre au chaud à l’intérieur. La joie dure une seconde. Ces matins-là, on est presque bien, et j’ai presque envie d’en profiter un peu. Mais j’ai trop peur que mon cerveau embarque et gâche tout, alors je ferme les yeux sur le rose et les chats, je me retourne pour bien sentir le sol sous mes os et je sors les deux bras du sac de couchage d’un coup, comme si plongeais dans un lac gelé. N’importe quoi pour ne pas penser.
Sam soupire. Je me rendors.
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Je me dirige vers le banc où j’avais attaché Sam et je me prends un coup en pleine poitrine. La nausée arrive drette après ça : elle est plus là. Guy me parle, mais j’entends juste un bourdonnement. Elle est pas à droite, elle est pas à gauche, elle est pas de l’autre bord de la rue à gosser l’autre chien parké avant du Première moisson, Sam est pas nulle part. Tout autour, l’air devient épais, presque solide. Je suis sous l’eau. C’est sourd et ça bouge moins vite.
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Tout ce que je me souviens après, c'est de nos affaires sur le banc de la gare, et en arrière, la vraie vie devant moi.
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Fait que là, on est là, chez moi, dans mon lit. Elle est en train d'être belle et ça fait bourdonner mes oreilles.
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Mon grand-père était un héros de guerre – je me figure – et ce qu’il me reste de lui, c’est le sentiment diffus d’un amour sans limite que je retrouve dans une carcasse de poulet nettoyée à la perfection.
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(Les premières pages du livre)
Avant, Sam et moi on se calait dans l’entrée du magasin de tissus qui a brûlé, sur Masson. On pouvait étaler nos shits sans qu’elles partent au vent, ça fait qu’on avait un peu l’impression d’être chez nous. Sam dormait dans le coin, même que les gens s’arrêtaient pour me demander « Y est où ton chien ? » tellement on la
voyait pas de la rue. C’était un bon spot, mais on a pas pu rester là trop longtemps parce qu’ils ont commencé à faire des travaux en dedans, pour mettre je sais pas quoi à la place du magasin de tissus. P’têt’ un resto.
Sûrement un resto.
Avant ça, on était souvent en avant du Poivre et Sel. C’est un bon endroit, mais justement, trop. Une fois, on était même quatre à quêter : moi pis Sam, le vieux avec sa casquette, le gars avec sa guitare pis son chien-loup et un petit Noir qui vendait du chocolat pour son école. Évidemment, le kid nous clenchait tous, fait
qu’on s’est tannés et on a voulu aller se prendre une pointe de pizz en mettant tout notre cash ensemble. Le vieux a essayé de nous crosser, l’autre gars s’est énervé après, le gérant de la place nous a chassés en menaçant d’appeler la police. Dehors ç’a dégénéré. Ils se sont mis à se taper dessus en se traitant d’osties de voleurs. Le chien-loup essayait de pogner les mollets
du vieux, mais comme il était attaché, il se rendait pas, jusqu’à ce que les deux gars se ramassent à terre, où là, il a réussi à lui mordre l’avant-bras. Le vieux s’est mis à gueuler « rappelle ton chien, rappelle ton chien ! ».
Il essayait de fesser dedans, mais ça donnait rien. Il s’est pissé dessus et s’est tourné sur le ventre pour se cacher le visage. Le gars a crié « lâche ! » et son chien a lâché. Il l’a détaché et il est parti en gueulant et en se retournant une couple de fois pour être sûr que ses insultes se rendaient bien où elles étaient supposées.
Le vieux s’est assis, appuyé contre le mur. Il frottait son avant-bras en chignant comme un kid qui s’est fait péter la gueule, alors que c’était lui qui avait cherché le trouble, à la base.
Le peu de monde qu’y avait dans la rue à cette heure-là, en plein après-midi un jour de semaine, s’était attroupé autour pour être sûr de bien voir, d’un coup qu’y en ait un des deux qui tue l’autre, ou quoi. C’est pas tous les jours qu’on a la chance d’être témoin d’un meurtre.
Une fille s’est approchée du vieux et s’est agenouillée à côté: «Monsieur, ça va? Je vais prendre votre bras pour regarder ce qu’il y a, c’est correct?» Les autres trouvaient ça dégueulasse, ça se voyait. Y en avait qui la trouvaient courageuse, y en avait qui se faisaient croire que si elle y était pas allée, ils y seraient allés, eux, mais la vérité, c’est que tous, ils trouvaient ça dégueulasse. Parce que les itinérants, tu peux leur donner de l’argent, tu peux leur faire un sourire, ou même leur demander comment ça va, mais tu peux jamais, jamais, jamais les toucher. Parce que t’as beaucoup trop peur que notre misère s’attrape.

C’était jamais assez propre, chez nous. Ma mère nettoyait tout, tout le temps. J’avais pas le droit de toucher rien parce que je faisais des traces de doigts. J’avais pas le droit de marcher nulle part parce que je faisais des traces de pieds.
— Tu vas-tu le laisser vivre ?
— On voit bien que c’est pas toi qui nettoies sans arrêt.
— Tu nettoies pas, t’essayes d’effacer les traces de vie.
Là, mon père se levait, mettait son manteau et me faisait un signe de tête pour que je l’accompagne. Je courais chercher le mien.
«Non non non, toi tu restes ici avec maman!» que ma mère me disait. Et à mon père: « Tu m’enlèveras pas mon fils, certain.»
Avec le temps, j’ai fini par arrêter d’espérer qu’elle me laisse sortir avec lui. Avec le temps, p’têt’ à cause de sa lâcheté, p’têt’ aussi à cause de la mienne, j’ai fini par le détester.
On est pas encore en novembre, mais il commence à faire vraiment froid, surtout la nuit. Dans le parc, Sam renifle l’air d’une façon weird, pas de la même façon que quand elle repère un écureuil, ou du jus de poubelle.
Comme si ça lui piquait l’intérieur du nez, comme si elle savait que ça s’en venait. Elle me regarde pour me demander si j’ai un plan, pis ben... j’en ai pas, de plan.
Fait que je la pogne par le cou et je lui fais une colle. Ça la rassure pas, mais ça me réchauffe. Un peu. Notre première nuit dehors, j’ai pleuré. Pas vraiment de tristesse. De vide. De qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ?
C’était au mois de décembre, mais y avait pas encore de neige. J’avais entendu dire qu’on pourrait p’têt’ dormir à la Maison du Père, alors je suis allé voir, mais ils acceptent pas les chiens, là-bas. Alors je me suis retrouvé sous un porche du centre-ville, dans une ruelle qui sentait les vidanges, le vomi et la pisse. Je me suis calé entre un vieux rack à vélos et le mur, sous l’escalier de secours. Je fixais la porte de garage en face de moi. La nuit la faisait passer du jaune au brun. Quand tout le monde dort, le laid et le pire en profitent pour ressortir. Je voyais pas ça, avant. J’essayais de respirer correctement, comme une femme qui accouche, ou plutôt comme un gars qui court. Inspirer, expirer... pour pas étouffer. Mais ça puait trop, alors je suis parti pleurer. Sam léchait mes larmes et elle me donnait des coups de nez frouillés. Froids et mouillés.

Elle arrivait en tapant des talons sur le plancher. Ça faisait vibrer le bloc entier, même si elle était toute légère. Le chien la suivait de tellement près qu’en regardant vite vite, on aurait cru un genre de centaure ou d’animal bizarre avec un cul de chien et un devant d’humain. «Sam arrête pas de me donner des coups de nez frouillés pour que je m’occupe d’elle!
—C’est quoi ça, “frouillé”?
—Ben! (Elle me regardait comme si j’étais le dernier des imbéciles.) Froid et mouillé: frouillé!
—Ben ouais, je suis con.»
Elle s’approchait pour me caresser le bras, genre mais non mais non (mais un peu quand même), et elle posait sa tête sur mon épaule en soupirant.
«Tu fais quoi?»
–Notre première nuit dehors, le centre-ville était si désert qu’on aurait dit que mes pleurs résonnaient dans tout Montréal, qu’ils rebondissaient d’immeuble en immeuble, de porte barrée en fenêtre fermée... p’têt’ jusqu’à elle. Sam m’a donné sa patte et elle m’a regardé. Dans le noir, je voyais juste ses yeux orange qui reflétaient la lumière d’un lampadaire. J’ai mis ma tête dans son cou et je l’ai tenue comme quand j’étais petit et que je m’endormais en pleurant sans vraiment savoir la raison, en serrant mon ours en peluche. On pourrait croire qu’une fois adulte, j’aurais su pourquoi je pleurais, mais non. Y avait trop de choses, beaucoup trop de choses. Tellement qu’il a fallu que j’en choisisse une. «J’ai plus de maison.» Je sanglotais vraiment, pour la première fois depuis trop longtemps. C’était du sérieux laisser-aller. Y avait personne pour me dire de me ressaisir et qu’y avait pire que moi. Y avait personne pour me dire qu’il était là, alors que je me sentais tellement seul que j’étais vide et sec à l’intérieur. J’ai répété Pourquoi moi? dans ma tête tant de fois que je crois que j’ai fini par le demander tout haut. T’es en train de rater ta vie. Tu pourras pas dire que je t’ aurai pas prévenu. Fuck you, mom. C’est toi qui m’as raté. J’ai reniflé un bon coup. Trop. J’ai failli vomir. Sam s’est couchée à côté de moi. La lumière s’est éteinte. C’est ça notre vie, maintenant. Arrête de pleurer et dors. Je suis là, ça va bien aller.
–Normalement, ma mère était toujours à la maison quand j’y étais. Pas parce qu’elle avait quelque chose à faire, juste pour être là. Je sais pas ce qui s’est passé avec elle, avec moi ou avec nous. Un jour, je regardais la télé la tête posée sur ses cuisses, et le lendemain, elle était devenue comme le bruit du frigo: tu te rends compte à quel point il t’énervait juste quand il arrête. Et quand le bourdonnement repart, ça finit par te rendre fou. P’têt’ que c’était dû aux fausses couches qu’elle avait faites après ma naissance. Mon père disait que c’était ça, en tout cas. Il fallait être gentil avec elle, et patient, parce qu’elle avait beaucoup de peine. Mais ma peine à moi, due au fait que tout le monde se foutait de ma peine, justement, tout le monde s’en foutait. Ça me faisait de la peine, et c’était comme l’histoire de la poule ou de l’œuf.
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C'est un des gros blocs pas loin du métro. Le genre de bloc que tu te demandes toujours c'est qui qui reste là quand tu passes à côté. C'est-tu des logements de vieux? Des logements sociaux? C'était-tu supposé être de quoi de hot quand ils ont pensé à les construire; pis finalement, ç'avait viré en genre de poulailler pour des poules pas en liberté?
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(...) les questions, ça me fait chier. Mentir, c'est fatiguant, et voir la face du monde changer quand tu leur réponds la vérité, c'est déprimant.
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Je lui ai dit, une fois, qu'il allait certainement se faire écraser par une déneigeuse ou recevoir une balle perdue. Évidemment, il m'a demandé pourquoi. J'allais pas dire "parce que je t'aime", j'aurais eu l'air cave.
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