Je ne sais pas trop quoi penser de ce petit roman. Certes créatif et original dans sa forme, avec une belle écriture. C'est un récit entrecoupé de poèmes qui sont très jolis mais l'histoire ne m'a pas vraiment touchée. Il se lit rapidement mais il ne m'en reste presque rien.
L'histoire raconte la tristesse d'une fille face à la profonde détresse de sa mère qui vit des problèmes de santé mentale. Elle promet à sa mère de l'emmener à Montauk, village de son enfance, quand elle ira mieux. Je voguais dans le flou tout au long de ce récit et je me demande en le terminant, si elles y sont allées finalement à Montauk ou non. Pas sûre...
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Au-delà de sa forme, Voir Montauk évoque sobrement la quête d’un lieu virtuel: une destination commune pour la fille et la mère… Le rivage d’une enfance fantasmée et réparatrice? Comme si la menace de séparation infligée par la maladie engendrait le désir de retrouvailles aux couleurs pastel de l’originel.
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« un jour d’été, un jour de joie
deux ans ça se fête tu me diras
je ferai tout pour être là
nous sommes trois jours avant »
« tu ne peux pas mourir. » C’est un véritable coup de cœur que j’ai eu pour ce premier roman de Sophie Dora Swan, présenté comme un récit, dont la construction, résoluement immersive – faite de listes, de définitions, de citations, de diagnostics, de messages rapportés… - s’avère fort originale et efficace pour rendre compte de la détresse d’une fille dont la mère, dépressive et suicidaire, doit être hospitalisée. Passant habilement de la poésie à la prose, convoquant des écrivaines ayant abordé le thème de la mort et du suicide maternel, faisant même au passage un clin d’œil à Stephen King, heureusement qu’il y a Montauk pour arrimer un tant soit peu cette dérive, et introduire une lueur d’espoir pour la narratrice… Des mots magnifiques et touchants pour dire la peur de perdre, d’une nouvelle voix que je vais suivre à coup sûr.
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Tout part d'une promesse : celle d'une jeune femme d'emmener sa mère à Montauk, après sa convalescence. Au gré des montagnes russes de sa patience, la protagoniste nous livre ses réflexions, tantôt tristes, tantôt heureuses, mais toujours sincères sur l'attente, la compassion et les efforts quotidiens d'optimisme. En utilisant des styles différents, l'autrice "illustre" son propos : poésie en vers, prose, procédés artistiques, tout y est, c'est doux, juste et beau.
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« Je m’occupe de toi, je m’occupe de tout, ça va de soi, ça va de moi »
Voir Montauk ou le cri d’une fille en proie à la douleur que vit sa mère, une douleur non palpable car mentale. Une mère sur un plongeoir, prête à faire le grand saut vers la mort. Sa fille comme un phare dans sa nuit. Mais comment être une femme ancrée quand la mère hurle, quand elle détient le projet secret et profond de sa mère ? Quand l’appel à l’aide est tellement assourdissant qu’il annihile toute idée de se sentir aimer, de sentir soi, comment, comment éloigner la culpabilité et la responsabilité d’être l’éclaireur ?
Et puis il y a cette idée salvatrice, peut-être, d’aller respirer l’air marin, de voir Montauk. Mère & Fille, face à la mer, unies à nouveau dans le calme au goût salé, les pieds dans le sable. L’anxiété irrécusable et le cœur s’apaisent, emportés par les vagues. Une utopie marine ? Montauk ou la promesse de se retrouver à deux, de retrouver chacune sa place, arrimées au port de l’amour maternel.
L’écriture oscille entre tranche de récit et poésie, les mots vacilles au rythme des vagues, des rouleaux, de l’embrun. Tout y est suggestif sauf cette douleur criante et tangible. Un récit puissant où l’urgence suinte des pages, l’urgence d’une issue, sur le plongeoir ou le sable, s’échouer ou se relever tant bien que mal, s’enraciner dans la brume ou entrevoir le soleil. Sophie Dora Swan offre un récit d’une grande force qui se lit avec intensité.
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L'empathie stupéfiante, « Voir Montauk » est humble et magnanime, (la plus belle des qualités humaines). Un hymne à la mère dont la justesse des mots révèle une poésie sublime et douce. « Voir Montauk », le macrocosme des mansuétudes. The End, l'allégorie d'une destination intime, unique, l'espérance des survivances.
Ce premier livre de Sophie Dora Swan est le cri du coeur, celui d'une jeune femme pour sa maman. Cette dernière est en proie à la mélancolie depuis toujours. Affligée dans le crépuscule de sa vie, le temps est compté. Ce chant d'amour viscéral, infini est un rai de lumière. Si beau, si présent, si authentique, que les larmes coulent. Montauk, l'idéal dans leurs mains. S'accrocher à ce projet, voir Montauk comme une grotte en pleine montagne, refuge où ne remue que le vaste des résistances, l'édénique, la plausible guérison.
Ce texte est une litanie, un éphéméride dont l'urgence est le temps présent. Comme une prière à mains nues confiée à la matrice-mère.
« Voir Montauk » rémanence, résurgence, agir, se dévouer, s'abandonner, vertueuse, digne, dévoreuse de regards, profiter et aimer encore. La grâce parentale, ne jamais lâcher le fil.
Semaine après semaine, l'épistolaire est bouleversant. Sablier qui s'écoule, les grains de sable qui agitent les souvenirs. le quotidien et son devoir, celui d'un escompte hyperbolique du futur. Vivre avec des bottes de sept lieues, rattraper le temps perdu, espérer encore, un peu, beaucoup, passionnément. Fille et mère siamoises dans l'épreuve. Vaincre les troubles mentaux. Rassembler l'épars de ce qui peut changer. Convaincre Montauk d'être le passeur, l'oasis, le lieu vierge d'elles (ailes) comme s'il pouvait tout changer et tout arrêter.
Les mains dans la farine, façonner le gâteau pour l'absente, et répondre présente le jour comme la nuit, malgré les doutes cauchemars.
« Voir Montauk » «Contre nos impuissances/un couteau/ma rage la nuit/nue/sur le comptoir de la cuisine/où nous dansions autrefois. Oui/réduire l'abysse/qui te sépare du monde/ vivant ».
L'exutoire est intègre et intransigeant, « peut-être/malade/de moi/fille/qui pleure/comme tu te noies ».
Elle ne cède rien à ce qui fût de son enfance. « Je viens au monde et je bouleverse le tien, ce bébé, c'est la solitude des femmes oubliées, ce sont les gens que tu ne peux plus regarder, mais comme le phare de Montauk tu te tiens debout, mère et filles alliées en brise-lames, mes cris pour te ramener du loin où tu pensais aller ».
Cette mère vulnérable, dont l'écho fissure le « je » d'une narration qui rassemble les conséquences, mains en coquille même si, « je me demande si on échappe un jour aux douleurs héritées en pendentif.. .Voir Montauk, un espace de compensation ».
Le phare dont le halo attire comme un aimant tout le ressac d'une mère (mer). Tout recommencer et ne plus se tromper, et renaître. Où se trouve le bon ordre ? Qui de la mère ou de la fille s'est perdue sur la marelle entre ciel et terre ?
« Des lèvres qui sont comme des cailloux entre toi et moi, un chemin pour nous éloigner l'une de l'autre et nous retrouver ». « Je m'accroche à ces reines filles, ces reines mères, je m'agrippe à leurs bras de fer, j'y pleure toute une nuit, toute une vie ».
Ce texte est un feu de joie, dont chaque crépitement est requiem. « Des enfants cerfs-volants/des slushs cerise/ t'as jamais goûté/mais tu verras/tu vas aimer/ je t'ai dit, Maman/ nous/sera simple/là-bas ».
Montauk, comme une merveille d'apaisement. L'obsession cardinale et rédemptrice d'atteindre la rive. « Voir Montauk » là où mère et fille « reposent en trésor . »
Un livre spéculatif qui accroche ses bras autour de votre cou. Pour chacun (e), notre devoir. Publié par les majeures Éditions La Peuplade.
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