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EAN : 9782925141495
200 pages
La Peuplade (02/02/2023)
3.8/5   10 notes
Résumé :
De retour dans son pays natal après une longue absence, une femme prend soin de sa mère tombée malade. La veille de son hospitalisation, sa fille lui fait une promesse : l’emmener à Montauk, quand tout ira mieux. Mais comment voguer jusque-là ?

Boussole pour éviter la chute et déjouer l’urgence, l’écriture dessine la route vers ce lieu inconnu, au détour des trajets et des souvenirs réveille&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« un jour d'été, un jour de joie
deux ans ça se fête tu me diras
je ferai tout pour être là
nous sommes trois jours avant »

« tu ne peux pas mourir. » C'est un véritable coup de coeur que j'ai eu pour ce premier roman de Sophie Dora Swan, présenté comme un récit, dont la construction, résoluement immersive – faite de listes, de définitions, de citations, de diagnostics, de messages rapportés… - s'avère fort originale et efficace pour rendre compte de la détresse d'une fille dont la mère, dépressive et suicidaire, doit être hospitalisée. Passant habilement de la poésie à la prose, convoquant des écrivaines ayant abordé le thème de la mort et du suicide maternel, faisant même au passage un clin d'oeil à Stephen King, heureusement qu'il y a Montauk pour arrimer un tant soit peu cette dérive, et introduire une lueur d'espoir pour la narratrice… Des mots magnifiques et touchants pour dire la peur de perdre, d'une nouvelle voix que je vais suivre à coup sûr.
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L'empathie stupéfiante, « Voir Montauk » est humble et magnanime, (la plus belle des qualités humaines). Un hymne à la mère dont la justesse des mots révèle une poésie sublime et douce. « Voir Montauk », le macrocosme des mansuétudes. The End, l'allégorie d'une destination intime, unique, l'espérance des survivances.
Ce premier livre de Sophie Dora Swan est le cri du coeur, celui d'une jeune femme pour sa maman. Cette dernière est en proie à la mélancolie depuis toujours. Affligée dans le crépuscule de sa vie, le temps est compté. Ce chant d'amour viscéral, infini est un rai de lumière. Si beau, si présent, si authentique, que les larmes coulent. Montauk, l'idéal dans leurs mains. S'accrocher à ce projet, voir Montauk comme une grotte en pleine montagne, refuge où ne remue que le vaste des résistances, l'édénique, la plausible guérison.
Ce texte est une litanie, un éphéméride dont l'urgence est le temps présent. Comme une prière à mains nues confiée à la matrice-mère.
« Voir Montauk » rémanence, résurgence, agir, se dévouer, s'abandonner, vertueuse, digne, dévoreuse de regards, profiter et aimer encore. La grâce parentale, ne jamais lâcher le fil.
Semaine après semaine, l'épistolaire est bouleversant. Sablier qui s'écoule, les grains de sable qui agitent les souvenirs. le quotidien et son devoir, celui d'un escompte hyperbolique du futur. Vivre avec des bottes de sept lieues, rattraper le temps perdu, espérer encore, un peu, beaucoup, passionnément. Fille et mère siamoises dans l'épreuve. Vaincre les troubles mentaux. Rassembler l'épars de ce qui peut changer. Convaincre Montauk d'être le passeur, l'oasis, le lieu vierge d'elles (ailes) comme s'il pouvait tout changer et tout arrêter.
Les mains dans la farine, façonner le gâteau pour l'absente, et répondre présente le jour comme la nuit, malgré les doutes cauchemars.
« Voir Montauk » «Contre nos impuissances/un couteau/ma rage la nuit/nue/sur le comptoir de la cuisine/où nous dansions autrefois. Oui/réduire l'abysse/qui te sépare du monde/ vivant ».
L'exutoire est intègre et intransigeant, « peut-être/malade/de moi/fille/qui pleure/comme tu te noies ».
Elle ne cède rien à ce qui fût de son enfance. « Je viens au monde et je bouleverse le tien, ce bébé, c'est la solitude des femmes oubliées, ce sont les gens que tu ne peux plus regarder, mais comme le phare de Montauk tu te tiens debout, mère et filles alliées en brise-lames, mes cris pour te ramener du loin où tu pensais aller ».
Cette mère vulnérable, dont l'écho fissure le « je » d'une narration qui rassemble les conséquences, mains en coquille même si, « je me demande si on échappe un jour aux douleurs héritées en pendentif.. .Voir Montauk, un espace de compensation ».
Le phare dont le halo attire comme un aimant tout le ressac d'une mère (mer). Tout recommencer et ne plus se tromper, et renaître. Où se trouve le bon ordre ? Qui de la mère ou de la fille s'est perdue sur la marelle entre ciel et terre ?
« Des lèvres qui sont comme des cailloux entre toi et moi, un chemin pour nous éloigner l'une de l'autre et nous retrouver ». « Je m'accroche à ces reines filles, ces reines mères, je m'agrippe à leurs bras de fer, j'y pleure toute une nuit, toute une vie ».
Ce texte est un feu de joie, dont chaque crépitement est requiem. « Des enfants cerfs-volants/des slushs cerise/ t'as jamais goûté/mais tu verras/tu vas aimer/ je t'ai dit, Maman/ nous/sera simple/là-bas ».
Montauk, comme une merveille d'apaisement. L'obsession cardinale et rédemptrice d'atteindre la rive. « Voir Montauk » là où mère et fille « reposent en trésor . »
Un livre spéculatif qui accroche ses bras autour de votre cou. Pour chacun (e), notre devoir. Publié par les majeures Éditions La Peuplade.
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« Je m'occupe de toi, je m'occupe de tout, ça va de soi, ça va de moi »

Voir Montauk ou le cri d'une fille en proie à la douleur que vit sa mère, une douleur non palpable car mentale. Une mère sur un plongeoir, prête à faire le grand saut vers la mort. Sa fille comme un phare dans sa nuit. Mais comment être une femme ancrée quand la mère hurle, quand elle détient le projet secret et profond de sa mère ? Quand l'appel à l'aide est tellement assourdissant qu'il annihile toute idée de se sentir aimer, de sentir soi, comment, comment éloigner la culpabilité et la responsabilité d'être l'éclaireur ?

Et puis il y a cette idée salvatrice, peut-être, d'aller respirer l'air marin, de voir Montauk. Mère & Fille, face à la mer, unies à nouveau dans le calme au goût salé, les pieds dans le sable. L'anxiété irrécusable et le coeur s'apaisent, emportés par les vagues. Une utopie marine ? Montauk ou la promesse de se retrouver à deux, de retrouver chacune sa place, arrimées au port de l'amour maternel.

L'écriture oscille entre tranche de récit et poésie, les mots vacilles au rythme des vagues, des rouleaux, de l'embrun. Tout y est suggestif sauf cette douleur criante et tangible. Un récit puissant où l'urgence suinte des pages, l'urgence d'une issue, sur le plongeoir ou le sable, s'échouer ou se relever tant bien que mal, s'enraciner dans la brume ou entrevoir le soleil. Sophie Dora Swan offre un récit d'une grande force qui se lit avec intensité.
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Je ne sais pas trop quoi penser de ce petit roman. Certes créatif et original dans sa forme, avec une belle écriture. C'est un récit entrecoupé de poèmes qui sont très jolis mais l'histoire ne m'a pas vraiment touchée. Il se lit rapidement mais il ne m'en reste presque rien.

L'histoire raconte la tristesse d'une fille face à la profonde détresse de sa mère qui vit des problèmes de santé mentale. Elle promet à sa mère de l'emmener à Montauk, village de son enfance, quand elle ira mieux. Je voguais dans le flou tout au long de ce récit et je me demande en le terminant, si elles y sont allées finalement à Montauk ou non. Pas sûre...
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Une histoire de proche aidant. Une fille et sa mère dans la souffrance, la dépression et l'envie d'en finir.

Une narration originale entre roman et poème, un style décousu qui exprime à lui tout seul le désarroi et la perte de repères.

Un relation fille-mère réunies par la violence de la maladie
Lien : https://www.noid.ch/voir-mon..
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critiques presse (1)
LeDevoir
06 février 2023
Outre les thèmes difficiles qu’elle traite avec délicatesse, ce qui frappe dans ce premier livre de Sophie Dora Swan, née en 1983, c’est l’aisance avec laquelle elle passe de la prose à la poésie, n’hésitant pas à insérer dans ce récit morcelé des listes de toutes sortes, des entrées d’agenda et des SMS pour traduire la fébrilité de la narratrice.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En direction du nord, je lui dis
ça : J’ai tellement peur que tu
meures, maman. Tellement
peur. Ce sera trop
douloureux. En même temps,
on dirait que ça me soulagera.
On dirait que ça coexistera, la
douleur et le soulagement.
Elle me répond : Je te
comprends. C’était pareil
avec ma mère.
daria colonna
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affamée, je pille les mots de ces femmes refuges, je lis les mères qui dévastent, les filles qui désertent, je lis les filles qui détestent, les mères qui rejettent, je lis les mères vivantes (oui, il en existe), les filles aimantes (oui, il en existe), je ne sais plus où me situer, prêtez-moi une carte une étoile polaire un mélèze qui pique le ciel pour éclaire l'orage.
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Il y a comme une odeur d’adieu dans l’air alors je retiens mon souffle et j’écoute encore – que faire sinon – l’angoisse perfore ta gorge, je cherche des mots pansements mais la boîte est vide comme ton regard, courbée j’essuie la panique qui glisse sur le sol, vases communicants – bientôt une carcasse au pied du lit, bientôt deux carcasses devant la nuit.
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pour une fois
nous ancrer du même côté
enrouler l'Atlantique
l'alarme la vie râpeuse

ratisser les mots larges
des jeux de cartes
sur table
pique sur le cœur
recoudre la douceur

mains ouvertes
petites voiles
dégager la mémoire
des tombes ensablées
qui défient le vent
nos cœurs tentacules
tricotés en amarres
lover
nos corps fragiles
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parfois on croirait que pour avoir droit au désespoir il faut l’afficher, comme autrefois on se couvrait de noir pour signaler son deuil, seulement il arrive que le désespoir ne prenne pas de couleur, alors on se retrouve entre deux images et dans la solitude du secret.

camille readman prud’homme
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