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Citations de Sophie Laffitte (25)


Tolstoï parlera, à plusieurs reprises, de Balzac à Gorki, tout en établissant un parallèle entre ce qui lui apparaît comme deux pôles inconciliables : la mentalité profonde des peuples français et russe : "Qu'y-t-il de commun entre nous et les français ? Eux sont des sensuels ; pour eux, la vie de l'esprit est moins importante que celle de la chair .. C'est un peuple usé, épuisé .. Et Balzac (ainsi que Dickens) ont écrit tous deux pas mal de mauvaises choses. Mais, ajoutait pensivement Tolstoï, malgré tout, Balzac est un génie, c'est-à-dire ce qu'on ne peut appeler autrement qu'un génie !
Dans Maxime Gorki, Trois russes
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"En septembre 1909, Tolstoï vient pour la dernière fois à Moscou. Une foule immense l'acclame, lui crie adieu. Lui, très vieux, très las, regarde d'un air rêveur ces hommes qui courent et assiègent son wagon. cet adieu de Moscou à son grand homme a été filmé et ce vieux film est poignant."

(Tolstoï est mort un an après. Il était attaché à cette belle maison en bois de Moscou. La famille l'avait achetée pour favoriser les études des enfants; Il avait écrit là Résurrection notamment. Il y passait l'hiver ..
Cette involution dans le parcours d'un homme est toujours poignante, déchirante )
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Fin janvier 1861, Tolstoï est à Paris où il retrouve Tourgueniev. Il visite les écoles parisiennes et achète un grand nombre d'ouvrages pédagogiques. Un mois après, il est à Londres, où il assiste à une conférence de Dickens sur l'éducation et rencontre souvent Alexandre Herzen, le célèbre écrivain révolutionnaire, pour lequel il ressent une admiration qui ne se démentira jamais. Quand à Herzen, il écrit à Tourgueniev : " Je vois souvent Tolstoï, nous nous sommes déjà disputés. Il est obstiné et dit des bêtises, mais c'est un homme simple et bon (7 mars 1861)
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Sophie Laffitte, docteur ès lettres, née à Kiev, on ne compte pas ses travaux, ses écrits en faveur de la littérature russe et son essor grâce à elle en France où elle a finalement trouvé exil. (Gogol, Tchekhov, Tolstoï ..). Elle a pratiquement disparu des écrans radars, et pourtant son oeuvre critique mérite vraiment d'être lue. Ce sont des références tant son travail est sérieux, documenté, bien écrit et plaisant à lire. C'est lumineux !..
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Les Quatre livres de lecture

Je me demande parfois si le degré d'ingratitude ou de dépréciation de soi-même que Tolstoï manifestait à l'égard de ses propres chefs d'oeuvre n'était pas inversement proportionnel à la qualité de ses oeuvres. Soit, ici, évidemment pour Les Quatre livres de lecture qui est un livre majeur, "supérieur" selon son auteur, et dont on ne peut comprendre qu'il ne soit pas au rang aujourd'hui de ses chefs d'oeuvre en termes de notoriété. Tolstoï le défend ici avec force, encore faut-il qu'on lui pose la question : quelle est son oeuvre qu'il préfère ? Question rare, comme si la réponse appartenait ipso facto aux lecteurs !

Mais justement, quand Charles Salomon l'avait rencontré chez lui pour envisager la traduction et la préface des Quatre livres de lecture, il glana des informations ou des confidences du genre de celle-ci : "On a entendu Tolstoï dire, en parlant de Guerre et paix et d'Anna Karénine : " Ce sont là des ouvrages écrits dans mon ancienne manière, manière que je désapprouve aujourd'hui ". Dans les dernières années de sa vie, j'ai moi-même surpris le dialogue entre lui et un de ses fils :
- Que lis-tu là ? - La Sonate à Kreutzer. - Ah ! cette saleté !
Jamais pareil propos ne serait sorti de sa bouche en parlant des Quatre livres de lecture.."

Tolstoï remit en cadeau un exemplaire des Quatre livres de lecture à Charles Salomon choisi par son auteur. Nous étions en juillet 1910. C'est sur cet exemplaire qu'a travaillé Charles Salomon pour faire sa traduction..

Je ne peux pas croire que Tolstoï ait traité la Sonate de saleté, ou du moins l'ait pensé. C'est une bêtise ou de la provocation ! Un an après la publication de la Sonate difficile à cause de la censure, Tolstoï a fait une post-face pour une meilleure compréhension de l'oeuvre et pour dissiper certains malentendus; mais n'a rien modifié du texte initial. Ce livre est prodigieux, c'est le génie de Tolstoï qui s'exprime. Tolstoï peut frapper fort quand il le veut, il le fera encore avec Résurrection, Hadji Mourat publié en 1903, Le Diable qui paraîtra à titre posthume ..
Résurrection sera épargné par ses critiques acerbes et il l'approuvera ultérieurement comme étant son gros roman le plus conforme à ses idées et en sera fier.
On est presque habitué avec Tolstoï à ses revirements d'opinion vis-à-vis de ses propres oeuvres qu'il ne négligeait pourtant jamais. Oui on se demande réellement parfois si Tolstoï ne brouille pas les pistes après ses succès colossaux, pour peut-être garder sa totale liberté d'agir et de montrer à ses détracteurs éventuels qu'il domine totalement son sujet. N'est-ce pas le lézard qui laisse sa queue à celui qui pensait avoir percé un de ses secrets ..
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Tolstoï et Stendhal ..
"Mais le grand orgueilleux qu'était Tolstoï était en même temps un être éperdument épris de sincérité. Ce constant besoin de vérité, ces brusques élans d'humilité frappaient les plus lucides de ses contemporains. Il dira à Paul Boyer (1) :
"Pour ce qui est de moi, je sais ce que je dois aux autres, je le sais et je le dis ; aux autres, à deux surtout : Rousseau et Stendhal .. Stendhal ? Je ne veux voir en lui que l'auteur de la Chartreuse de Parme et le récit de la bataille de Waterloo. Qui donc avant lui avait décrit la guerre comme cela, c'est-à-dire comme elle est réellement ? .. Plus tard, au Caucase, mon frère , officier avant moi, m'avait confirmé la vérité de ces descriptions de Stendhal : il adorait la guerre, mais n'était point de ces naïfs qui croient au pont d'Arcole. "Tout cela, me disait-il, c'est du panache ! Et il n'y a point de panache à la guerre." Très peu de temps après , en Crimée (2), je n'eus qu'à regarder pour voir par mes propres yeux. Mais je le répète, pour tout ce que je sais de la guerre, mon premier maître, c'est Stendhal".

L'admiration que lui inspire Stendhal ne se démentira jamais : " Je relis pour me reposer, le très beau roman de Stendhal, la Chartreuse de Parme", écrit-il à sa femme le 11 avril 1887.

(1) Paul Boyer professeur et russisant qui a occupé pendant près d'un demi-siècle, de janvier 1891 à mai 1937, la chaire de russe de l'Ecole des Langues orientales a rendu visite à Tolstoï à Iasnaïa Poliana en 1901 et 1902 et a fait un très beau livre de ses entretiens avec l'écrivain russe : Chez Tolstoï publié chez IES en 1950

(2) On sait que Tolstoï fut officier d'abord au Caucase (où il écrivit la première rédaction des Cosaques, 1852), puis prit part au siège de Sébastopol ou il rédigea Sébastopol en décembre 1854, mai et août 1855.

(Je précise que Tolstoï et Stendhal étaient de génération différente et par conséquent ne se sont jamais rencontrés, quand ce dernier est mort, Tolstoï avait 14 ans, et les chefs d'oeuvre dont il est question plus haut datent des années 1830)
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Tchertkov

Et voilà que surgit dans la vie de Tolstoï un homme redoutable, immensément riche, qui allait acquérir une influence croissante sur les décisions, les actes de la vie de Léon Nicolaévitch. Cet homme, c'est Vladimir Grigoriévitch Tchertkov, disciple autoritaire, têtu et borné, mais propagandiste passionné des idées tolstoïennes. Ce sectaire était tout ce que Tolstoï n'était pas : tenace, obstiné, fanatique.
En 1887, sera rédigé le traité De la vie remanié à plusieurs reprises . interdit par la censure, l'ouvrage paraît à l'étranger en 1888, (et dans la traduction française de la comtesse Tolstoï, en mars 1889)
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En février 1862, une forte perte au billard chinois l'oblige à emprunter mille roubles à Katlov, directeur du Messager russe, et à revenir, par ce biais, à la littérature. Les Cosaques, sur le métier depuis dix ans, est vendu à Katlov et parait dans sa revue sous une forme qui ne satisfait pas son auteur, mais dont un critique aussi averti que Tourgueniev dira que c'est là " le plus beau récit de toute la littérature narrative russe"

Les Cosaques sera publié dans toute l'Europe et aux Etats-Unis et connaîtra un succès retentissant.
Quand il n'était pas satisfait d'un texte, ici écrit alors qu'il était sous-lieutenant en Crimée, il ne s'escrimait pas dessus, il le mettait de côté et y revenait plus tard. Ici ce qui est cocasse, c'est qu'il avait pratiquement décidé d'arrêter la littérature fictionnelle, il la jugeait immodeste et orgueilleuse et paradoxalement il nourrissait une ambition plus grande, ce sera deux ans plus tard avec Guerre et paix
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Ces derniers temps, je lis tout Victor Hugo; Savez-vous que personne ne parle d elui et que tout le monde l'a oublié justement parce que, lui restera pour toujours, à l'encontre de de tous ces Byron et Walter Scott Avez-vous lu, dans ses oeuvres complètes, ses articles critiques ? Tout ce dont on a discuté chez nous il y a dix ans et dont on continue à discuter encore à tort et à travers, a été exprimé par lui, il y a trente ans et d'une manière telle qu'on ne peut ni y ajouter ni en retrancher un seul mot.
(Lettre à Fet 10-20 mai 1866
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Si la nouvelle créée par Tchekhov est parfaitement originale, si c'est là le genre où il excelle, il n'en a pas moins été aussi un grand auteur de théâtre.
Ce théâtre, si particulier, si peu "théâtral", relève des mêmes règles intérieures que ses nouvelles. La texture de ses dialogues, le rayonnement poétique de son texte, les conventions subtiles qui régissent sa notion si personnelle de la durée, les dissonances, les coq-à-l'âne, qu'il aime tant, tout cela confère à ses drames une puissante originalité. Drames statiques dont toute action, tout développement linéaire d'une action donnée sont totalement bannis, au profit d'une coupe pratiquée dans l'épaisseur de la vie et qui met à nu les strates les plus profondes de l'âme humaine.
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La maison à Moscou

Depuis septembre 1881, la famille Tolstoï passe tous les hivers à Moscou dans une maison entourée d'un vaste jardin et située dans le quartier de Khamovniki. Léon Nicolaévitch déteste la vie citadine, mais se soumet aux désirs de sa femme et de ses enfants. Le 5 octobre 1881, il note dans son carnet : "Le mois le plus pénible de ma vie. Tous s'installent. Quand donc commenceront-ils à vivre ? "
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"Les contradictions qui opposent la doctrine de Tolstoï à son mode de vie ne laissent pas de surprendre un grand nombre de ses admirateurs qui se posent cette question simpliste : "Pourquoi Tolstoï n'a-t-il pas donné toute sa fortune aux pauvres ? "

Réponse perso : ben il faudrait peut-être chercher à savoir ce que dit l'intéressé avant de se poser la question pour les autres. Il suffit de lire ses ouvrages didactiques.
S'il a des admirateurs qui se posent cette question simpliste, et bien qu'ils s'interrogent davantage.

Mais, il me semble que l'auteur de ce texte dit ceci après :
Ceux qui en déduisent que Tolstoï aimait le confort et tenait à la richesse ne connaissaient ni l'homme, ni sa véritable mentalité.

Et puis fallait-il donner raison à Tchertkov, c'est vraiment un peu léger tout ça, pour ne pas dire bête !
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La Sonate à Kreutzer

"Interdite en Russie par la censure, La Sonate à Kreutzer parut d'abord à Genève (1890). L'année suivante, Alexandre III accorda l'autorisation de publier le roman dans les oeuvres complètes de Tolstoï, mais non en volume séparé. L'oeuvre suscita de violentes polémiques. Tolstoï voulait-il la fin de l'erra pas le risque d espèce ? Courroucé par ces attaques, il écrit une postface à la Sonate à Kreutzer : " Le voeu de chasteté n'est pas proposé ici comme une règle générale de conduite mais comme un idéal. Nul danger, d'ailleurs, que mon conseil soit universellement suivi. Notre espèce ne courra pas le risque de s'éteindre parce qu'une dizaine ou une vingtaine d'humains cesseront de se conduire comme des porcs"
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Tolstoï écrit à son ami Strakhov le 22 avril 1877 dans le Messager de l'Europe, quelle horreur que ce Saint Julien l'Hospitalier de Flaubert, traduit par Tourgueniev ! C'est un infâme ordure ! Et tous attaquent Hugo, lui dit dans son dialogue de la terre et de l'homme : " L'Homme ; je suis ton roi ; La Terre : tu es ma vermine. " Eh bien, pourquoi ont-ils été, eux, incapables de trouver cela ?..
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Dans son livre Tolstoï et ses contemporains, Sophie Laffitte remonte une lettre de Tchékhov adressée à son frère Alexandre :
"Qui peut s'intéresser à nos sentiments ? écrit-il, la subjectivité est une chose terrible. " Fidèle à lui-même, il fuit l'élément personnel ".
Dans une lettre révélatrice adressée à Alexis Souvorine, Tchékhov écrit le 4 mai 1889 ceci : " La nature est un excellent sédatif. Elle pacifie, c'est-à-dire rend l'homme indifférent. Seuls les êtres indifférents sont capables de voir les choses clairement, capables d'être justes et de travailler. Bien entendu, tout cela ne se rapporte qu'aux hommes nobles et intelligents : les hommes égoïstes et frivoles sont bien assez indifférents de toute façon..Vous écrivez que je suis devenu paresseux ..Non, travailler est pour moi une habitude, et, de ce point de vue, je suis un vrai fonctionnaire. Si de tout ce travail ne résultent pas deux récits par mois ou dix mille roubles de revenu annuel, la raison ,'en est pas dans ma paresse mais dans certains de mes traits psychologiques : pour la médecine, je n'aime pas suffisamment l'argent : pour la littérature, je manque de passion et, par conséquent, de talent. En moi, la flamme brûle avec uniformité et indolence, sans brusques flambées. C'est pour cela qu'il ne m'arrive pas d'écrire en une nuit quarante ou cinquante pages, ou, entraîné par le travail, de ne pas me mettre au lit dès que j'ai sommeil. C'est pour cela aussi que je ne commets ni absurdités notoires, ni actes remarquablement intelligents. Je manque de passion".
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