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313 pages
Hachette Littérature (31/12/1971)
5/5   3 notes
Résumé :
Cet être à double face, celui qui, "ivre de vie", chercha en même temps à se défaire de "cet incohérent et magnifique désir de vie", dont parle Claudel, fut un des plus grands artistes que le monde ait connus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Autour de l'oeuvre de Tolstoï..

Quand on écrit on ne trouve pas toujours les mots qu'il faut . Et la lecture d'un grand biographe nous amène cela, combler nos manques, nos lacunes certainement - peut-être faudrait-il d'ailleurs s'abstenir quand on n'a pas cette qualité de biographe pour exprimer avec justesse et éclat nos propres sentiments, mais quand on les partage avec autant d'acuité et d'amour, il est parfois difficile de ne pas se risquer d'une plume maladroite à quelques commentaires. "Tiens oui, c'est ça que je voulais dire !.." et je n'avais pas idée que tel mot simple existait pour exprimer tel sentiment, telle idée.

C'est ce que je ressens en lisant ces lignes de Sophie Laffitte : "On a l'impression devant cet homme, de se trouver en présence d'un héros mythologique, d'une divinité païenne à la puissance presque illimitée, merveilleusement douée pour la vie des sens, et capable, avec une surprenante aisance, de créer de la beauté. Beauté si spontanée, si naturelle, qu'elle reste miraculeusement vivante et continue à irradier la chaleur de la vie, par-dessus le temps, les modes et les écoles littéraires. Car elle n'est pas littérature. Elle semble recréer toute chose et donne l'illusion d'une réalité plus réelle, plus intense, plus vraie que celle dans laquelle nous vivons."

Bon je ne vais pas chipoter quand elle joue avec le mot littérature, à mes yeux c'est tout simplement le génie littéraire de l'artiste. J'ai souvent vu cette beauté si spontanée, si naturelle chez le maître de Iasnaïa Poliana sans pouvoir la dire comme elle !..

Quand je lis sous la plume du peintre roumain Théodor Pallady ceci :" J'ai été l'élève de Gustave Moreau à l'Ecole des beaux-arts de Paris pendant sept ou huit ans et il m'a fallu autant de temps pour me débarrasser du poids de cette obsession, pour arriver à ce que ma personnalité devait produire comme résultat de mon talent et de mon tempérament..". C'est de cette beauté je pense dont parle Sophie Laffitte à propos de Tolstoï. A Pallady, Moreau lui avait enseigné l'étude minutieuse des détails, et Pallady une fois affranchi du maître, fort de son talent et de sa personnalité alla très vite vers une beauté spontanée, inspirée et non convenue ..




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Exposition organisée à Paris pour le cinquantenaire de sa mort, à la clef une biographie fut écrite par un collectif de gens de lettres dont Sophie Laffitte qui a pu obtenir le concours des gens de l'Union soviétique. Outre les éléments biographiques, ce livre commente chaque oeuvre du grand écrivain russe, y compris son théâtre fort méconnu en France de nos jours. Il a l'avantage de donner une vue synoptique sur la vie et l'oeuvre et est d'une précieuse aide pour se retrouver dans l'immense production de l'auteur.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les Quatre livres de lecture

Je me demande parfois si le degré d'ingratitude ou de dépréciation de soi-même que Tolstoï manifestait à l'égard de ses propres chefs d'oeuvre n'était pas inversement proportionnel à la qualité de ses oeuvres. Soit, ici, évidemment pour Les Quatre livres de lecture qui est un livre majeur, "supérieur" selon son auteur, et dont on ne peut comprendre qu'il ne soit pas au rang aujourd'hui de ses chefs d'oeuvre en termes de notoriété. Tolstoï le défend ici avec force, encore faut-il qu'on lui pose la question : quelle est son oeuvre qu'il préfère ? Question rare, comme si la réponse appartenait ipso facto aux lecteurs !

Mais justement, quand Charles Salomon l'avait rencontré chez lui pour envisager la traduction et la préface des Quatre livres de lecture, il glana des informations ou des confidences du genre de celle-ci : "On a entendu Tolstoï dire, en parlant de Guerre et paix et d'Anna Karénine : " Ce sont là des ouvrages écrits dans mon ancienne manière, manière que je désapprouve aujourd'hui ". Dans les dernières années de sa vie, j'ai moi-même surpris le dialogue entre lui et un de ses fils :
- Que lis-tu là ? - La Sonate à Kreutzer. - Ah ! cette saleté !
Jamais pareil propos ne serait sorti de sa bouche en parlant des Quatre livres de lecture.."

Tolstoï remit en cadeau un exemplaire des Quatre livres de lecture à Charles Salomon choisi par son auteur. Nous étions en juillet 1910. C'est sur cet exemplaire qu'a travaillé Charles Salomon pour faire sa traduction..

Je ne peux pas croire que Tolstoï ait traité la Sonate de saleté, ou du moins l'ait pensé. C'est une bêtise ou de la provocation ! Un an après la publication de la Sonate difficile à cause de la censure, Tolstoï a fait une post-face pour une meilleure compréhension de l'oeuvre et pour dissiper certains malentendus; mais n'a rien modifié du texte initial. Ce livre est prodigieux, c'est le génie de Tolstoï qui s'exprime. Tolstoï peut frapper fort quand il le veut, il le fera encore avec Résurrection, Hadji Mourat publié en 1903, Le Diable qui paraîtra à titre posthume ..
Résurrection sera épargné par ses critiques acerbes et il l'approuvera ultérieurement comme étant son gros roman le plus conforme à ses idées et en sera fier.
On est presque habitué avec Tolstoï à ses revirements d'opinion vis-à-vis de ses propres oeuvres qu'il ne négligeait pourtant jamais. Oui on se demande réellement parfois si Tolstoï ne brouille pas les pistes après ses succès colossaux, pour peut-être garder sa totale liberté d'agir et de montrer à ses détracteurs éventuels qu'il domine totalement son sujet. N'est-ce pas le lézard qui laisse sa queue à celui qui pensait avoir percé un de ses secrets ..
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Tolstoï et Stendhal ..
"Mais le grand orgueilleux qu'était Tolstoï était en même temps un être éperdument épris de sincérité. Ce constant besoin de vérité, ces brusques élans d'humilité frappaient les plus lucides de ses contemporains. Il dira à Paul Boyer (1) :
"Pour ce qui est de moi, je sais ce que je dois aux autres, je le sais et je le dis ; aux autres, à deux surtout : Rousseau et Stendhal .. Stendhal ? Je ne veux voir en lui que l'auteur de la Chartreuse de Parme et le récit de la bataille de Waterloo. Qui donc avant lui avait décrit la guerre comme cela, c'est-à-dire comme elle est réellement ? .. Plus tard, au Caucase, mon frère , officier avant moi, m'avait confirmé la vérité de ces descriptions de Stendhal : il adorait la guerre, mais n'était point de ces naïfs qui croient au pont d'Arcole. "Tout cela, me disait-il, c'est du panache ! Et il n'y a point de panache à la guerre." Très peu de temps après , en Crimée (2), je n'eus qu'à regarder pour voir par mes propres yeux. Mais je le répète, pour tout ce que je sais de la guerre, mon premier maître, c'est Stendhal".

L'admiration que lui inspire Stendhal ne se démentira jamais : " Je relis pour me reposer, le très beau roman de Stendhal, la Chartreuse de Parme", écrit-il à sa femme le 11 avril 1887.

(1) Paul Boyer professeur et russisant qui a occupé pendant près d'un demi-siècle, de janvier 1891 à mai 1937, la chaire de russe de l'Ecole des Langues orientales a rendu visite à Tolstoï à Iasnaïa Poliana en 1901 et 1902 et a fait un très beau livre de ses entretiens avec l'écrivain russe : Chez Tolstoï publié chez IES en 1950

(2) On sait que Tolstoï fut officier d'abord au Caucase (où il écrivit la première rédaction des Cosaques, 1852), puis prit part au siège de Sébastopol ou il rédigea Sébastopol en décembre 1854, mai et août 1855.

(Je précise que Tolstoï et Stendhal étaient de génération différente et par conséquent ne se sont jamais rencontrés, quand ce dernier est mort, Tolstoï avait 14 ans, et les chefs d'oeuvre dont il est question plus haut datent des années 1830)
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En février 1862, une forte perte au billard chinois l'oblige à emprunter mille roubles à Katlov, directeur du Messager russe, et à revenir, par ce biais, à la littérature. Les Cosaques, sur le métier depuis dix ans, est vendu à Katlov et parait dans sa revue sous une forme qui ne satisfait pas son auteur, mais dont un critique aussi averti que Tourgueniev dira que c'est là " le plus beau récit de toute la littérature narrative russe"

Les Cosaques sera publié dans toute l'Europe et aux Etats-Unis et connaîtra un succès retentissant.
Quand il n'était pas satisfait d'un texte, ici écrit alors qu'il était sous-lieutenant en Crimée, il ne s'escrimait pas dessus, il le mettait de côté et y revenait plus tard. Ici ce qui est cocasse, c'est qu'il avait pratiquement décidé d'arrêter la littérature fictionnelle, il la jugeait immodeste et orgueilleuse et paradoxalement il nourrissait une ambition plus grande, ce sera deux ans plus tard avec Guerre et paix
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"En septembre 1909, Tolstoï vient pour la dernière fois à Moscou. Une foule immense l'acclame, lui crie adieu. Lui, très vieux, très las, regarde d'un air rêveur ces hommes qui courent et assiègent son wagon. cet adieu de Moscou à son grand homme a été filmé et ce vieux film est poignant."

(Tolstoï est mort un an après. Il était attaché à cette belle maison en bois de Moscou. La famille l'avait achetée pour favoriser les études des enfants; Il avait écrit là Résurrection notamment. Il y passait l'hiver ..
Cette involution dans le parcours d'un homme est toujours poignante, déchirante )
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Fin janvier 1861, Tolstoï est à Paris où il retrouve Tourgueniev. Il visite les écoles parisiennes et achète un grand nombre d'ouvrages pédagogiques. Un mois après, il est à Londres, où il assiste à une conférence de Dickens sur l'éducation et rencontre souvent Alexandre Herzen, le célèbre écrivain révolutionnaire, pour lequel il ressent une admiration qui ne se démentira jamais. Quand à Herzen, il écrit à Tourgueniev : " Je vois souvent Tolstoï, nous nous sommes déjà disputés. Il est obstiné et dit des bêtises, mais c'est un homme simple et bon (7 mars 1861)
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