AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.71/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1971
Biographie :

Écrivain et traducteur français.

Il a publié
"Au bonheur des voiles, chroniques syriennes" (Le Seuil, 2013), "Même pour ne pas vaincre" (Le Seuil, 2011)


"Les cimetières engloutis" (Al Manar, 2013),
"La traversée de l'errance" La travesía de la errancia (La Cabra, Mexico, 2010),
"Urbaines miniatures" (L'Oreille du Loup, 2007) et
"Dans la nudité du temps" (L'Oreille du Loup, 2007).

Il a traduit plusieurs poètes latino-américains et espagnols contemporains, ainsi que la poète iranienne Forough Farrokhzad.

Ajouter des informations
Bibliographie de Stéphane Chaumet   (12)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

« C'est vrai que j'ai été condamnée pour rébellion et appartenance à un groupe armé illégal, mais je ne suis pas rentrée chez les Farc par conviction politique, je cherchais juste à sauver ma peau. » Après cinq ans d'emprisonnement, Karen regagne la liberté et les rues bruyantes de Bogotá. Enfermée, elle avait fini par trouver sa place, malgré la promiscuité et les injustices de cette société miniature. Une fois dehors, elle se tourne vers Sacha, un poète venu donner des ateliers d'écriture aux prisonnières. Avec lui, elle ne va pas écrire, mais parler, livrer le récit d'une vie bouleversée par la violence. D'abord embrigadée chez les paramilitaires, témoin de la brutalité et de l'obéissance aveugle des enrôlés, la jeune femme s'enfuit, croyant trouver refuge chez les Farc. Passée d'un camp à l'autre, jusqu'à la prison, Karen sera toujours guidée par un désir aigu de vivre, qui la mènera sur un nouveau chemin. Nourri par ses enquêtes sur le conflit armé en Colombie, Stéphane Chaumet offre le portrait d'une ex-guérillera étourdissante, à la personnalité électrique mais attachante, dont il recrée le flot du monologue intérieur avec justesse. « Sur les chemins perdus » de Stephane Chaumet Parution : 11 janvier 2024 Crédit musique : The Clash Crédit Vidéo : Brut Suivez toute l'actualité des éditions Globe sur les réseaux sociaux https://instagram.com/editions_globe https://twitter.com/EditionsGlobe https://www.facebook.com/EditionGlobe

+ Lire la suite

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
La nuit en prison, ça n'est jamais vraiment silencieux, la seule chose que tu ne puisses pas acheter c'est le silence, alors tu te demandes parfois : qu'est-ce que je vais faire de ma vie après ? On se la pose toutes un jour ou un autre, cette question, et je n'en ai pas connu beaucoup qui étaient sûres de la réponse.
Commenter  J’apprécie          10
"Ne pas rater sa mort." C’est quoi ne pas rater sa mort ?
Ma réponse: S’il n’y a rien après la mort, on ne peut pas faire l’expérience de la mort, de ce rien, puisqu’une fois mort on ne sait rien, on ne sent plus rien. On ne peut faire que l’expérience de mourir. C’est cette expérience que je ne voudrais pas “rater”, c’est-à-dire en avoir conscience. Mourir dans le sommeil, si je ne le sens pas, ne pas se réveiller, mourir comme on dit de « sa belle mort », voilà ce qui pour moi serait “rater sa mort”.
La sienne: Et si tu sentais l’ombre de la mort planer au-dessus de toi, pire, si tu sentais l’ombre de la mort s’étendre en toi, est-ce que tu penserais à la mort de la même façon?
Et la mienne: Je ne sais pas. Sans doute que non. Et encore moins si elle venait, à contretemps et scandaleusement, usurper sa place. Et je joignais un fragment du poème de Rilke où il souhaite à chacun « sa propre mort ».
Isa m’avait répondu avec un poème de Desnos (Comme une main à l’instant de la mort et du naufrage se dresse), accompagné d’un dessin naïf et drôle où elle se caricaturait en dansant avec un squelette et moi faisant la lecture au chevet d’un lit vide, un chat assis sur la table de nuit comme à la place d’une lampe nous observait avec ironie.
Le poème de Desnos se termine par ces vers :
Tu pleureras sur mon tombeau,
Ou moi sur le tien.
Il ne sera pas trop tard.
Je mentirai. Je dirai que tu fus ma maîtresse.
Et puis vraiment c’est tellement inutile,
Toi et moi, nous mourrons bientôt.
Commenter  J’apprécie          151
Je ne quittais jamais le camp, une vie dans la jungle marquée par la discipline et la routine, les règles, les horaires, les exercices, l’inconfort et une certaine solidarité. Tu te lèves à 4 heures et demie du matin pour l’appel (…), puis il y a la réunion de commandement, puis le nettoyage, puis le petit déjeuner, puis différentes tâches à accomplir. Tu manges, et c’est presque tout le temps du riz, des haricots rouges ou des lentilles, tu écoutes les infos, tu retournes au travail ou à ta formation, qui peut être soit un cours d’alphabétisation, soit un cours sur la situation internationale, les statuts de l’organisation ou l’idéologie marxiste, puis tu te laves dans l’eau froide de la rivière, tu as une heure de loisir avant l’appel à dormir, et à 8 heures et demie c’est le silence total. 
Commenter  J’apprécie          61
(Les premières pages du livre)
Je ne suis jamais retourné sur ta tombe et aujourd’hui tu aurais 40 ans. Quelle femme serais-tu ? Qu’aurais-tu fait de ton visage, de ta vie ? Aurais-tu réussi à être la comédienne que tu rêvais de devenir ? Aurais-tu des enfants ? Est-ce qu’un jour nous nous serions retrouvés, par hasard ou non, puis retrouvés nus, dans un lit, le tien ou le mien, ou celui d’un hôtel, à nouveau happés par le désir ? J’aurais passé mon doigt le long de ta cicatrice que les années auraient atténuée mais toujours là, du nombril au bas de la gorge, en silence, tu aurais suivi des yeux mon geste puis nos regards se seraient croisés et nous aurions su qu’à cet instant nous pensions à la même chose, basculés dix-huit ans en arrière, dans ta chambre, et par pudeur de cette complicité on se serait tus. Ou aurions-nous simplement bavardé, plus ou moins émus, nous racontant à gros traits nos vies, nos échecs, avec dérision, sans nous lamenter, retrouvant cet humour entre nous dès que nous étions autre part que dans ta chambre. Tu avais 22 ans quand tu es morte, et j’ai quelques fois eu, dans les mois qui ont suivi ta disparition, de terribles envies de toi. Des envies, bizarrement, beaucoup plus violentes que lorsque tu étais en vie et qu’on se rejoignait. Une nuit, je m’étais masturbé en pleurant, je nous voyais faire l’amour et en même temps je savais que plus jamais nous le ferions, que c’était fini, que ton corps était fini. Mais ta mort n’a pas aboli mon désir. Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j’avais des larmes, pris par une érection si dure qu’elle en était presque douloureuse, me branlant comme on arracherait quelque chose d’enterré au plus profond. On dit que la masturbation est solitaire, mais de quoi et de qui notre tête est-elle peuplée quand nous la pratiquons ? Je ne sais pas à qui ni à quoi tu pensais en te caressant, seule dans ta chambre ou la salle de bain, lors de ces trop longues journées où la maladie t’enfermait. Pour ma part je ne pensais pas à toi, d’autres filles que je connaissais, avec lesquelles une aventure semblait possible mais qui pour une raison ou une autre n’avait pas pu se produire, occupaient alors mon plaisir. C’est la seule fois où je me suis masturbé en pensant à toi, à t’ouvrir les cuisses, à sentir tes mains sur ma nuque tandis que ma langue se faisait fébrile, à m’enfoncer en toi contemplant ton visage renversé et lumineux. Avoir envie de faire l’amour avec une morte – pas un cadavre –, avec une fille qu’on désire mais qui est morte, une fille dont on a connu le corps chaud et qu’on ne prendra plus jamais dans ses bras, dont on ne sentira plus ni l’odeur ni le grain de la peau, un corps qu’on n’ouvrira et ne pénètrera plus, a longtemps été, quand ce désir m’a envahi, une douleur.

Le pire a pourtant été un rêve, quelques mois après ta mort. Je rentre chez moi, même si ça ne ressemble à aucun endroit où j’ai vécu, et tu es là, ta présence d’abord me stupéfie, je n’arrive pas à croire qu’il s’agisse vraiment de toi, je dois être en train de rêver me dis-je, et devinant mon trouble tu me dis c’est moi, si, c’est Isa, je suis venue te voir, je ne suis pas morte, regarde ma cicatrice, et tu ouvres lentement ton chemisier, sans honte, en me souriant. Je te regarde convaincu dans le rêve que ce n’est pas un rêve, que je ne dors pas, c’est inouï, j’ai du mal à comprendre mais l’évidence est là, je peux te toucher, te sentir, tu es bien vivante, de retour. À voix basse tu me dis je suis revenue à cause de ta carte postale, tu me la montres mais je vois à la photo que ce n’est pas celle que je t’ai envoyée, on se retrouve allongés sur le sol, tout est en ciment brut mais une immense vitre offre les lumières d’une ville comme flottant sur la mer, nous avons nos habits, nos corps se rapprochent imperceptiblement, toujours plus près, cherchent une tendresse, à se blottir, tes lèvres sont si proches que je sens ton souffle sur mon visage, et on reste comme ça. Quand je me suis réveillé, encore dans un demi-sommeil, avec la certitude et la sensation prégnantes en moi que tu n’étais pas morte, que j’allais te revoir, entendre ta voix, je me suis senti consolé, traversé par une joie souterraine. Il fallait tout de suite que je t’appelle, et me disant cela, comme si l’impatience de t’avoir au téléphone m’avait brusquement réveillé, la réalité m’est revenue de plein fouet, un vrai coup cinglant, et ç’a été une telle douleur, une telle rage surtout, une rage contre les odieux pièges du rêve. Les jours suivants je me suis couché avec la crainte de revivre un rêve aussi cruel, retrouvant une longue période d’insomnie, désirant un sommeil noir, un sommeil de pierre, un sommeil de pomme.

Dans ce rêve, je ne voyais pas cette cicatrice que tu aurais dû avoir après l’opération si elle avait réussi, mais je pense seulement aujourd’hui que même morte ils ont dû te recoudre de haut en bas et que ton cadavre aussi portait cette cicatrice. T’ont-ils recousue avec minutie ou bien grossièrement, comme sur la photo de cette jeune Mexicaine nue sur une table d’autopsie, qui me revient à l’esprit soudain avec ce genre de question tordue, et je me demande pourquoi. J’ai la vision de ton corps mort, ta mort jeune, la beauté sereine de ton visage mort, tes paupières closes. Les chirurgiens t’ont recousue, on a drainé ton sang, on lui a injecté un liquide embaumeur, on t’a nettoyée, habillée, peignée, maquillée, et ton visage est serein, figé, beau d’une beauté inhabituelle et qu’on a du mal à reconnaître.

La mort m’a regardé fixement dans les yeux, a observé mon corps nu, ensanglanté, couvert de poussière d’or, et pendant qu’elle s’apprêtait à tendre ses bras vers moi, quand j’ai senti son haleine glacée, j’ai lancé ce hurlement qui ne pouvait pas sortir de la gorge d’une moribonde, un hurlement de rage, un hurlement d’amour pour la vie que je ne voulais pas abandonner à 18 ans, j’ai hurlé mon viva la vida, et la grande chienne, abasourdie, est restée stupéfaite au moins autant que les vivants qui se pressaient autour de moi. Quand j’ai découvert ce texte de Frida Kahlo, je me suis dit à haute voix sans réfléchir, Isa, pourquoi tu n’as pas poussé ton viva la vida ? Mais anesthésié, qui peut crier au visage de la mort ? Des années plus tard on m’a fait une anesthésie générale. Au réveil, après une phase de vague délire d’où émergeait peu à peu la conscience, je ne me souvenais de rien, j’étais ressorti d’un trou absolument noir, sans aucune sensation, aucune image, aucune conscience de ce temps mort. Noir et inexistence. J’aurais pu ne pas me réveiller, je n’en aurais eu aucune conscience, jamais, aucune sensation. Et j’ai pensé à ta mort, avec l’illusion de comprendre comment tu étais « partie ».

Que serait devenue Isa, je me le suis demandé en regardant Isolde au restaurant, après l’avoir, elle, rencontrée par hasard, et quand elle m’a posé la seule question à laquelle je ne m’attendais absolument pas.
– Et ta copine qui était malade, qu’est-ce qu’elle est devenue ?

Comment pouvait-elle se souvenir d’Isa ? J’avais à peine parlé d’elle à Isolde, à regret, et il a fallu qu’elle devine ou soupçonne bien des choses à ce moment-là pour ne pas avoir oublié Isa et me poser cette question, alors qu’on se revoyait pour la première fois depuis dix-huit ans. J’ai simplement répondu qu’elle était morte, juste après… Je n’ai pas terminé ma phrase.
– Juste après quoi ? a insisté Isolde. Et comme je ne disais rien sans la quitter des yeux, j’ai encore pu constater sa redoutable intuition. Ta fuite ?

J’ai continué à me taire, buvant mon verre de vin et regardant Isolde. Ses yeux, sa bouche, ses fines rides autour, la beauté de cette femme de 45 ans qui me troublait encore. Isolde m’a souri et je n’ai pu m’empêcher de sourire à mon tour. Je crois qu’elle aussi avait envie de m’embrasser, mais nous savions qu’aucun des deux n’allait se pencher au-dessus de la table, que ce n’était pas encore le moment ni le lieu, et qu’on pouvait tout aussi bien ne pas s’embrasser. Ne voulant plus penser à cette tentation, je me suis remis à parler.

Depuis des années je ne pensais plus à Isolde, sauf furtivement, de façon involontaire, m’appliquant toujours à ne pas m’attarder sur les images ou sensations qui remontaient. On n’oublie pas, on s’efforce juste de ne pas remuer le souvenir. Après « ma fuite » j’ai durement et longtemps bataillé avec moi-même pour ne plus être hanté par sa présence, pour ne pas céder au désir qui me tenaillait de la revoir, de jouir avec elle. Si j’avais redouté au début – et désiré dans l’ombre de cette peur – de la croiser par hasard, avec le temps je n’envisageais même plus cette possibilité, encore moins dix-huit ans plus tard à Madrid, où je vivais depuis quelques semaines. Isolde faisait partie de mon passé, point, et ce passé avait fini de me tourmenter. Des choses fortes et déterminantes pour moi, vécues ces dix dernières années, ont enfoui mon histoire avec Isolde. La présence d’Isa dans ma mémoire a été plus constante, à cause de sa mort. Par son absence définitive, sa présence a pris une place et un sens tout autre.

Mais en revoyant Isolde dans la rue, je me suis rendu compte que ce n’était qu’une illusion, que cela ne voulait rien dire, j’ai dans la seconde senti une palpitation, quelque chose où se mêlaient l’inquiétude et le plaisir, un déferlement de souvenirs moins sous forme d’images que de sensations confuses que je n’ai pas eu le temps d’esquiver. Je marchais sans itinéraire ni but précis, pour le plaisir de marcher en ville, et j’ai fait une chose qu’habituellement je ne fais jamais, je suis retourné sur mes pas pour prendre un autre chemin, sans raison particulière, sauf que je n’avais soudain pas envie d’être dans cette rue-là, et deux minutes après, arrivant sur la Plaza del Ángel, j’ai vu une femme, presque de dos déjà, descendre la calle Huertas, et j’ai aussitôt pensé à elle, que c’était Isolde, impossible de confondre sa silhouette, sa dém
Commenter  J’apprécie          00
Une chambre et le dehors
tu fais lisser l’éclair
  
  
  
  
tu fais lisser l’éclair de ta robe
je vérifie l’éclat de la nuit
nous allons boire un alcool léger et noir
encore nous opacifier dans l’intime
conjurer la tristesse possible
par la chance d’une séparation sans adieu
conjuguer nos vertiges ou les nonchalances
fois qu’on pressent la dernière
et qu’on oublie qu’on vit
et c’est tout
Commenter  J’apprécie          30
Peut-être que mourir, ce n’est pas grand chose, ce qu’il y a d’inadmissible, c’est la mort de ceux qu’on aime.
Commenter  J’apprécie          40
Une chambre et le dehors
ma langue n’a pas de mot
  
  
  
  
ma langue n’a pas de mot pour dire
le bruit des feuilles dans le vent

goûter la plénitude de ne rien faire
laisser la conscience bruire
comme des feuilles dans le vent
Commenter  J’apprécie          20
Les gens croient toujours savoir mieux que toi ce qu'il faut répondre aux questions qu'ils te posent, où connaître la solution à tes problèmes. C'est énervant. Un jour Catalina m'a dit : Tu es électrique, à peine on te touche qu'on s'électrocute. Elle a touché mon bras et fait mine de recevoir une décharge, on a rigolé. En prison, si tu t'isoles, tu ne survis pas, elle a ajouté. Parce qu'en prison, tu n'es jamais seule, tu ressens une terrible solitude, mais tu n'as aucune intimité, c'est la promiscuité permanente. Et la colère, ça ne résout rien. Elle avait raison, mais comment ne pas être agressive avec cette rage qui m'habitait, ce dégoût de moi et de la vie, de ces mâles qui te transforment en proie.
Commenter  J’apprécie          10
En prison, tu déclenches vite un mécanisme de survie, moi c'était l'agressivité.
Commenter  J’apprécie          20
Et si tu sentais l’ombre de la mort planer au-dessus de toi, pire, si tu sentais l’ombre de la mort s’étendre en toi, est-ce que tu penserais à la mort de la même façon ?
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Stéphane Chaumet (44)Voir plus

Quiz Voir plus

Cendrillon (pièce de théâtre de Joël Pommerat)

Dans quel type de maison habitent la belle-mère de Sandra et ses deux filles ?

Une maison en acier
Une maison en bois
Une maison en paille
Une maison en verre

12 questions
103 lecteurs ont répondu
Thème : Cendrillon de Joël PommeratCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..