Un monde idéal où c'est la fin: Histoire 3 - J.Heska
La vie, c’est comme les maths. On est bien obligé d’admettre que ça a un sens même si on n’y comprend rien.
"La vie, c'est comme Mario Bros 1. On passe son temps à trimer pour ramasser des pièces, on est obligés d'avancer pour affronter de nouveaux dangers, on subit sans cesse les mêmes épreuves répétitives, le temps est limité et on finira quand même par mourir. Mais surtout, on a beau poursuivre l'aventure, la princesse est toujours dans un autre château."
"- Mais merde, réveillez-vous ! Ce que vous faites est dangereux !
– Qu’est-ce que tu crois ? Qu’il vaut mieux lancer une révolution douce ? Ou attendre de péter un câble, prendre un flingue et tirer sur tout le monde ? Tu ne comprends pas qu’une bonne partie de la population en a marre de cette société de merde où chacun se trouve des excuses pour agir comme un con. Tu l’as très bien dit toi-même. Les gentils en ont ras le bol, les gentils ne se feront plus avoir !"
J'ai cette sensation au creux de mes entrailles de ne pas appartenir à ce monde, que l'espèce humaine n'a rien à voir avec moi... Je suis si différent, si anonyme, si incompréhensible pour des êtres qui me sont pourtant semblable sur le plan physique : deux yeux, deux ras, deux jambes, un cœur, deux poumons, un cerveau... .
(P39)
“Bienvenue dans notre monde merveilleux, Newton. Tu vas contribuer à faire prospérer une organisation criminelle qui nourrit grassement quelques privilégiés au détriment de la majorité des êtres humains sur cette planète. Merci.”
Je range maladroitement la monnaie dans mon portefeuille à scratch bariolé. Les visages penchés sur les gobelets de café, de jus d’orange ou de jus de tomate (pour ceux qui sont au régime) se relèvent et fixent ma boisson avec dégoût. Une fille donne même un coup de coude complice à sa voisine.
Qu’ont-ils contre mon coca ?
Je renonce à boire ici en lisant le journal que M. Vingt Minutes m’a lancé à la figure à l’entrée du métro, à Charpennes, et je me glisse en dehors de la pièce enfumée par les nuages caféinés. Je débouche directement au milieu de l’open space, la moelle épinière de l’entreprise, la véritable petite fourmilière où les gens s’agitent continuellement. Tout le monde se connaît ici, et tout le monde est ami avec tout le monde…
Ou du moins, fait semblant. Patricia est toujours fourrée avec Chantal, mais elle sait que cette dernière a des vues sur son mari. Benoît trompe Clémentine (du service import/export) avec Myrtille, sans même s’en cacher. Il doit avoir une attirance pour les filles qui portent des noms de fruits. Gérard lance de grands sourires à Frédéric, mais lui crache dessus dès qu’il a le dos tourné.
Lorsque les Etats proscrirent la spéculation, tout d’abord sur les matières premières, puis sur les biens, la dette, les échanges et enfin les entreprises, les hommes ne purent plus faire de profit. La finance mondiale périclita, les investisseurs sombrèrent, les banques tombèrent, les Etats se dégradèrent, les sociétés s’étiolèrent. Mais au-delà de ces problèmes qui auraient pu trouver une solution par le génie humain, ce fut toute la capacité d’entreprendre qui fut remise en cause. Les êtres humains n’avaient plus envie de réaliser, de créer, de se surpasser car ils n’avaient plus la possibilité de faire du profit.
"Soudain, un miaulement déchirant le sortit de sa torpeur. Les sens en alerte, il s’avança prudemment. Des volutes de poussière montaient au loin. Il fit signe à sa section.
Ils arrivaient.Les chats. Pour lancer leur assaut et détruire ce qu’il restait de l’humanité. Mais le sergent s’était juré d’inverser la tendance aujourd’hui même. La bataille de la dernière chance ne serait pas perdue.
Il pointa son HK G36 et fronça les sourcils.
– Les salauds, marmonna-t-il dans sa barbe de trois jours. Ils ont mis des chatons en première ligne…
L’ennemi déferla dans l’avenue, couinant de petits miaulements farouches, crevant le front en moins de cinq secondes, défonçant des positions pourtant verrouillées, dévorant des soldats sans résistance.
-Merde, qu’attendez-vous pour riposter? hurla-t-il à la radio. Faites-moi vrombir la mitrailleuse !
-On..On ne peut pas…grésilla la voix de Mattéo. Ils…Ils sont trop…mignons."
L’ignorance est la forme d’antipathie la plus commune. Ignorance des codes sociaux, des besoins de l’autre, de la liberté, etc. Elle se manifeste de façon volontaire ou involontaire et induit un décalage entre la réalité et la perception de la réalité. (p.211)
La vie, c'est comme les ricochets. C'est plein de rebondissements.