Citations de Stéphane Marsan (20)
La Fantasy, en tant qu’œuvre d'art, est à la fois liberté et contrainte. C'est le domaine du merveilleux, où l'extraordinaire n'exige aucune explication, contrairement à la SF par exemple. "Dans un trou vivait un hobbit". Ainsi commence Tolkien. Voilà, c'est dit. Ça existe pas de besoin de permission, de prétexte ou de rationalisation. Bienvenue dans un monde de Fantasy. "Il était une fois..." Après tout peut arriver. Un magicien, des nains, un anneau, un dragon... Tout ce que vous voudrez. Et même un vaisseau spatial, "il y a très longtemps, dans une galaxie très lointaine...".
Autrefois, en Grèce antique, un homme ne pouvait être considéré comme un héros que si un poète chantait ses exploits. Sans récit, pas de postérité. La Fantasy renvoie l'être humain à son désir d'immortalité. Par cette alliance d'un infiniment possible et d'une structure inscrite dans un langage, elle est une fiction de l'aventure humaine, de la dure réalité concrète de la vie et des rêves démesurés qu'elle engendre.
Sous ses airs de littérature répétitive et stéréotypée, la Fantasy, se révèle une fiction majeure, par la portée et l’effet de structure narrative et des éléments symboliques qu’elle véhicule. En ce sens, plus elle prédictible, plus elle est elle-même. Les atours dont elle se pare, c’est-à-dire les modifications du schéma de base et des passages obligés du récit, ne sont que mille façons de surprendre le lecteur pour le ramener à l’essentiel. Ainsi, quelle que soit sa qualité littéraire (ou cinématographique s’il s’agit de cinéma, graphique si l’on parle d’illustration etc.), la Fantasy remplit son office. Elle fait naître les émotions auxquelles le lecteur d’attend, elle satisfait un désir. Si, parfois, en plus, elle utilise ce désir pour étonner, qu’elle fait déraper l’itinéraire qui semblait tout tracé, tant mieux ! Un genre évolue de l’intérieur. Mais le désir initial ne doit jamais être perdu de vue.
De fait la Fantasy vit actuellement sur un paradoxe : elle est dénoncée comme une sous-littérature par la critique et fait en même temps les beaux jours de l’édition, même si elle n’a pas encore atteint le grand public (du moins, pas chez nous, car aux USA, lorsque Robert Jordan arrive en tête de la liste des best-sellers du New York Times, on conviendra qu’un public suffisamment « grand » est au rendez-vous…). Or on ne peut pas traiter une matière en l’évitant. Ni par le mépris. La Fantasy est peut-être une littérature fantôme pour la critique de l’Université, mais c’est un fantôme qui hante beaucoup de lecteurs !
Il existe un langage universel : celui de la tendresse. (Magali Ségura, "A Chloé")
Le discours des tenants de la Science-Fiction et de ceux de la Fantasy, renvoyés dos à dos, est celui du capitaine Haddock se voyant proposer de l'eau gazeuse dans son whisky : "Hola, malheureux ! Pas de SF dans ma Fantasy ! Pas de Fantasy dans ma SF !".
L’espoir est comme une graine. Il réclame de constantes attentions, quel que soit le terreau. L’espoir, le plus exigeant de tous les maîtres – le seul qui vous promette quelque chose. (Fabrice Colin, "L'Homme dont la mort était une forêt")
C’est beau, un désert qui meurt. (Richard Canal, dans "Ton Linceul sera de sable")
L’avenir n’est que la mort du passé, il le dévore. (Nikos Leterrier, dans "La Mort apprivoisée")
Les assassins sont toujours négligés. On ne retient d’eux que… leur victime. A moins d’être un illuminé religieux, le tueur est, curieusement, mis à l’arrière-plan, presque gommé, comme si l’acte de mort commis le rendait insupportable aux yeux de la postérité. (Corto Ravena, dans "Assassin")
Je connais une légende. Su tu passes la nuit sur une pierre couchée, sous le jugement de la lune, au matin tu te réveilleras poète. Ou fou. Ma mère disait que l’idée même d’essayer prouverait la folie, parce qu’envisager pareille nuit reviendrait à vouer ses poumons à trois semaines de bronchite ! (Nathalie Dau dans "Les Débris du chaudron")
Un maître assassin ne prend pas de risques. Il meurt dans son lit – fait rarissime – ou sous la lame d’un prétendant, fait coutumier. (Corto Ravena, dans "Assassin")
Seule la vie est importante, elle est plus importante que les traditions et les rites, plus importante que les croyances et les peurs. (Thomas Day, dans "Jusqu'aux Montagnes de la Lune")
Il nous faut croire aux fées pour les empêcher de mourir, ou de s'endormir à jamais au plus profond du labyrinthe. Ce qui, pour nos humaines perception, reviendrait strictement au même. (Nathalie Dau dans "Les Débris du chaudron")
Il faut faire la différence entre le genre et la catégorie marketing. Le genre c'est ce qui vous donne le sentiment que vous aimerez lire un autre livre qui ressemble à celui que vous venez d'aimer ; la catégorie marketing c'est ce que l'éditeur indique en couverture, en librairie, en bibliothèque etc. pour réunir l'intérêt du plus grand nombre de lecteurs potentiels, ou tout au moins d'en repousser le moins possible.
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Un peuple n’est rien sans enfants, sans vieux, sans femmes. Un peuple a tout perdu s’il perd le blanc du rire, les larmes de joie, la sagesse des anciens et le goût des femmes.
(Thomas Day, dans "Jusqu'aux Montagnes de la Lune")
Pour les farouches fils d’Erin, les Gallois ne sont jamais qu’une sous-espèce de racaille anglaise.
(Nathalie Dau dans Les Débris du chaudron")
Mon père était artisan : il fabriquait ces produits destinés aux sorciers et qui les aident à réussir leurs sorts, leurs potions. Je connais pas mal d’histoires où l’on raconte que les sorciers collectent eux-mêmes leurs ingrédients mais à l’époque où travaillait papa, ça n’était déjà plus le cas : tous les sorciers que j’ai connus sont d’irréductibles fainéants. Et s’ils pouvaient faire lancer leurs sorts par procuration sans perdre les avantages de leur boulot, croyez-moi, ils le feraient. (Erik Wietzel, "Les Ailes de la renommée")
Espérons qu'il y aura toujours des conteurs pour narrer nos histoires préférées, pour reprendre sans cesse "Il était une fois..."
Notre offre en romance se veut satisfaisante pour celles qui connaissent très bien le genre et en lisent beaucoup, de façon à ce qu'elles trouvent dans nos titres ce qu'elles aiment déjà : la romance a des règles très précises auxquelles il ne faut pas déroger ! :) Mais elle se veut à la fois novatrice et diversifiée, en proposant des coups de coeur, des histoires qui enchantent et émeuvent les lectrices, qui les réconcilient avec la vie le temps de 300 pages. Faire de la romance pour faire la même chose qu'Harlequin ça n'aurait eu aucun intérêt.
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