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3.35/5 (sur 46 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris
Biographie :

Né à Paris, Stéphane Pair est journaliste radio pour la chaîne publique Franceinfo. Il traite depuis près de dix ans les faits divers, les questions de justice et de société. Élastique nègre est son premier roman.

Source : Fleuve
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Stéphane Pair est journaliste pour la chaîne publique France Info. Il traite depuis près de dix ans les faits divers, les questions de justice et de société. Élastique nègre est son premier roman.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Derrière Rosalie, il est bientôt 9 heures du matin sur l’horloge fixée au mur. Mais en réalité, il est minuit moins la minute pour Hubert. Le chabin s’apprête à bondir dans un néant augmenté.
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Pour les flics de la BAC de Pointe-à-Pitre, quoi qu'ils disent, l'arrière du quartier de Carénage, c'est un labyrinthe de cases, de ruelles et de tôles froissées où il ne faut pas mettre les pieds la nuit tombée. Chaque recoin, chaque angle abrite un bar clandestin où l'on trouve les 3P: pétards, punani, punch. L'herbe vient d'en face, de la Dominique, directement par bateau. Les pêcheurs de Portsmouth et de Roseau l'amènent jusqu'ici, comme on livre le pain, à l'arrière de la gare de Darboussier. La dope voyage cachée dans le ventre des poissons ou dans les bidons d'huile ou de mélasse. Les punani, elles, descendent tout droit de Saint-Domingue. Des noires et des mulâtresses bien en chair que l'on surnomme ici les "Espagnoles". Elles attendent le client sur des chaises pliantes rouillées en jacassant dans leur langue à tiroirs. Le punch, le rhum, c'est le seul bien local. Et c'est lui qui tient les hommes soudés dans l'ennui et la galère. A Carénage, il y a aussi toutes sortes de familles normales, et sans histoires qui ont fait l'erreur d'investir ici. Le jour, le quartier n'est pas pire qu'un autre en réalité. L'esprit de lakou' est toujours là. Mais la nuit, c'est comme si tous les paumés s'étaient donné rendez-vous.
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Au même moment, répondant au même ordre du ­palais, trois transports partent de la capitale, Port-au-Prince, pour rejoindre la même destination. Trois ­camions bâchés remplis, eux aussi, de petits tontons ­macoutes hargneux. Bérets sombres en travers du crâne, fusil ou machette sur les ­genoux, des billes remuant à la place des yeux, des garçons aussi terrifiés au-dedans qu’ils se donnent cet air terrifiant au-dehors. Des ­jeunes prélevés dans les campagnes les plus reculées et formés en quelques semaines à mordre le mollet qu’on leur désigne, la République indépendante d’Haïti en fabrique chaque mois des centaines, des milliers. Mais, ce jour-là, il n’en faut pas plus de soixante-deux pour pousser Jérémie [une ville de l’ouest du pays] dans l’abîme.
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Le chef ne se trompe pas. Et quand il se trompe, il a tout de même raison.
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Cette nuit, dans la mangrove, les hommes de Tavares que je guidais jusqu’à l’entrée du canal n’ont rien trouvé. Pas de trace du corps de Lize et je ne sais plus si je dois être soulagé ou non. Je ne ressens plus rien que de la haine pour le Bahaméen. Et cette haine dirigée, putain, voilà ce qui me soulage désormais. De retour au squat de La Havane, une bière à la main, je regarde Mélo et Frite cuisiner torse nu le crack. Il est 4 heures du matin. Face à face, les deux sont silencieux et concentrés. Ils portent des masques de chirurgien et des gants en latex. En vrac, devant eux, une boîte éventrée de bicarbonate, des flacons d’ammoniaque et d’alcool à 90 %, des sachets de levure Alsa, de la poudre de lait, quelques cachetons de Doliprane, mais surtout, au centre de la table, un petit tas de coke dans un bol en porcelaine dans lequel ils piochent chacun leur tour. Mélo fait une pause pour fumer une clope avec moi tandis que Frite lance une fournée. Le Dominicais a tellement fait ça toute sa vie qu’il pourrait baser sa coke en dormant. Il place d’abord sa blanche dans l’une des trois grandes cuillères qu’il a alignées devant lui. Il couvre la merde d’ammoniaque puis il fait aller et venir le métal sous la flamme pour faire apparaître le caramel au centre de sa cuillère. Dans la pénombre de la pièce, ses gants blancs dansent, précis, sous la flamme et jettent des ombres. De temps en temps, Frite rince la merde d’un peu d’alcool pour chasser l’ammoniaque et le dépôt, puis il recommence encore et encore. Il ajoute un peu de levure pour donner du volume. Le visage en biais, il observe de près le caillou et, si c’est assez, il finit par rincer dans un bol d’eau et dépose sa petite pépite cramoisie de crack avec les autres dans une boîte en plastique. La merde que Frite fabrique, je peux t’en parler, elle est très forte. Elle te défonce trois heures durant et les jumpy, c’est la clé, en redemandent. À la revente, je prends 200 % sur le moindre caillou produit ici. À Pointe-à-Pitre, il faut moins de trois heures à un de mes gars pour écouler cent vingt galettes. Ils dealent à La Havane mais surtout à « Washington », la cité Henri IV, où j’ai planté mon drapeau. Des points de vente sur les quatre barres qui cashent en toute saison, de jour mais surtout la nuit. Les cousins vendent la merde trente francs l’unité, jamais moins. Ils se protègent les uns les autres. Ils surveillent les accès grâce aux petits du quartier et, malgré l’envie de faire toujours plus d’oseille, je leur impose de tourner la vente d’une barre à l’autre. De la AA à la AD, c’est chaque jour, un hall différent. Aux camés de s’y retrouver.
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Mais quand la vieille femme blanche vient parmi nous, elle envoie du respect à la meute et ça calme tout le monde. J'ai jamais vu ça. Un frisson vient loin de mon enfance. Il me dresse les poils un à un sur la peau. Aujourd'hui, je le sais, j'ai trouvé plus fort que moi. Une petite femme ridée peut changer ma vie.
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Les cousins vendent la merde trente francs l’unité, jamais moins. Ils se protègent les uns les autres. Ils surveillent les accès grâce aux petits du quartier et, malgré l’envie de faire toujours plus d’oseille, je leur impose de tourner la vente d’une barre à l’autre. De la AA à la AD, c’est chaque jour, un hall différent. Aux camés de s’y retrouver.
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Je ne sais pas si vous avez un jour ressenti ça avec quelqu'un mais j'ai l'impression que je fais partie de lui ou bien qu'il fait parti de moi. J'ai peur parfois de devenir lui. Il est sale parce qu'il vient droit du garage. Et cette odeur autour de lui, et qu'il amène jusqu'ici, c'est aussi le garage. Valvoline. Et cette farine ? Valvoline.
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À Pointe-à-Pitre, il faut moins de trois heures à un de mes gars pour écouler cent vingt galettes. Ils dealent à La Havane mais surtout à « Washington », la cité Henri IV, où j’ai planté mon drapeau. Des points de vente sur les quatre barres qui cashent en toute saison, de jour mais surtout la nuit.
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Ma Zoé en Haïti l’obscurité s’étend sur l’intelligence. En Haïti la bêtise défie le jour. Mais il me suffit de savoir que des gens comme toi continuent à faire le bien pour me redonner espoir.
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