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Citations de Stéphanie Perez (48)


— Tu as décidé de porter le hijab ?
— Ah, ça ? C’est juste pour leur montrer qu’on ne veut plus de leur modèle américain ! On est contre la société de consommation ! On est Iraniens, il faut respecter nos racines !
— Mais… tu ne fais pas tes prières, tu ne vas jamais à la mosquée. Tu crois vraiment que le Coran peut organiser la société ? Tu peux manifester sans te voiler, non ?
— Cela n’a rien à voir, Cyrus ! Ce n’est pas un signe religieux ! On montre notre opposition de cette manière, c’est un moyen de reconnaissance. Cette révolution n’est pas religieuse ! Je porte un foulard comme les femmes du reste du pays, nous sommes toutes unies contre le chah !
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De Farah Pahlavi, il ignorait presque tout au moment de son couronnement. (...)
C'était " l'impératrice des arts".L 'empereur lui accordait toute confiance et elle faisait ouvrir les musées les uns après les autres.Qu'est-ce qu'il y connaissait, lui, à l'art, à la culture, à la peinture moderne, le gamin timide qui avait arrêté l'école à 15 ans, fils d'un jardinier et d'une couturière ?
(...)
Et pourtant.Aujourd'hui, en ce mois de mars 1979 chahuté par le révolution islamique, il est l'un des derniers survivants d'un monde en voie d'effondrement. (...)
De lui dépend l'avenir du Musée d'Art moderne de Téhéran, le préféré de l'impératrice, le plus mystérieux aussi. De lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran.A 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges.

( p.13)
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Qom, Tabriz, Mashad, Ispahan. Après un démarrage timide dans les provinces au début de cette année 1978, les manifestations grossissent de semaine en semaine. La révolte est en marche, la clameur de la rue enfle, encore et encore. Depuis son exil irakien, l’ayatollah Khomeiny appelle à renverser le souverain vendu aux États-Unis, le vieil imam barbu a rassemblé une armée de mollahs qui fait se lever les mosquées. Son portrait sévère domine certains cortèges. La religion face à l’insupportable ostentation, le Coran contre le bâillonnement. p. 108
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Cyrus sourit, étonné de voir l'artiste parler de ses oeuvres comme d'êtres vivants.Une maison comme un écrin, juste pour des tableaux. Si sa mère voyait ça du fond de sa cuisine minuscule, elle se dirait que c'est encore une de ses excentricités de riches à la vie facile.

( p.42)
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Cyrus hausse les épaules. Croire aveuglément en un dieu est beaucoup plus facile que d'inventer de nouvelles idées.Le Coran contre la modernité ?

( p.112)
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Le chef-d'oeuvre de l'Américain Jackson Pollock, " Mural on Indian Red Ground", sort de l'obscurité et dévore la lumière.
(...)
Cyrus reste muet, il n'a jamais entendu parler de ce peintre capable de déclencher de telles émotions, mais pour une raison qu'il ignore, les larmes lui montent aux yeux.Pleurer devant un tableau, quelle expérience inattendue !.Mais oui, il est submergé par des sentiments inconnus, cette oeuvre lui parle et le bouleverse au plus profond de son être, il sort son petit carnet noir et note discrètement le nom de cet artiste new- yorkais sur lequel il se promet de se renseigner.Il comprend pourquoi l'art peut devenir la passion d'une vie.

( p.70)
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Par ces temps agités, évoquer l'art américain relève d'un certain courage. Parler d'art tout court est devenu un vrai défi.

( p.185)
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Il fallait que ça brille. il fallait que ça claque. L'Iran était le pays des superlatifs, et devait le rester. Les folies précèdent toujours les grandes catastrophes.
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Septembre 1979

Cyrus ne quitte plus la petite bibliothèque du musée, les livres d'art sont devenus d'indispensables et rassurants compagnons. Il consacre tout son temps libre à compléter l'inventaire des œuvres.Il faut lutter contre l'effacement, la disparition programmée de ces tableaux, il veut tout savoir d'eux, leur rendre leur identité, leur dignité, leur histoire, même si le moindre indice lui demande des heures de recherches minutieuses.

( p.195)
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Dans l'Iran du chat , la démesure est un art de vivre.
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Elle a passé de longues heures en cachette, à prendre des instantanés de la vie iranienne avec le petit appareil Kodak qui appartenait à son frère, le seul objet qu'il lui reste de lui.La photo, pour elle, c'est un acte révolutionnaire pour réveiller les consciences.

( p.48)
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Croire aveuglément en un dieu est beaucoup plus facile que d'inventer de nouvelles idées.
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Bien sûr, la face sombre du régime ne lui échappe pas, contrairement à ce que lui reprochait Azadeh, bien sûr, qu"il juge intolérable de voir son peuple trembler de peur, qu'il est écartelé entre deux mondes.Mais la vérité, c'est qu'il se sent chaque jour un peu plus à sa place dans ce Musée et qu'il n'a aucune envie de le quitter. Il y a trouvé un cocon rassurant et feutré, préservé des soubresauts extérieurs et de la tempête qui gronde.Il s'éveille, à sa grande surprise, aux émotions artistiques, avides d'apprendre, de savoir, il aime la folie de ces étrangers qui apportent toute leur énergie créatrice, il apprécie leur contact même s'il n'est pas des leurs et qu'il ne le sera jamais.Lorsque Monsieur Diba réfléchit pendant des heures à la meilleure place pour mettre en valeur un tableau, il est ému. (...) Ce Musée le fait voyager vers des territoires inconnus et insoupçonnés, mais il sait que son oncle Ali, en ce moment, maudit l'art des Pahlavi, et toute leur dynastie.

( p.105)
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Ali est, comme leurs voisins de l’immeuble, commerçant au grand bazar de Téhéran. Dans les allées animées et bruyantes, au milieu des effluves d’aromates et de cuir, il vend des vêtements pour hommes, sans compter ses heures, toujours levé aux aurores pour aller chercher ses stocks, toujours le dernier à fermer son échoppe. Une vie consacrée au labeur. Ces temps-ci, les brusques changements sociaux et la modernité tapageuse artificiellement imposés par les Pahlavi le déconcertent de plus en plus. Comme des milliers d’Iraniens, il se méfie de cette occidentalisation hâtive. Épris d’ordre, jusqu’à présent toujours respectueux de l’autorité, il a, comme Azadeh, du mal à dissimuler sa rage grandissante contre ces privilégiés qui, lorsqu’ils ne se noient pas dans une débauche indécente, se protègent derrière un régime qui abuse de son pouvoir et muselle son peuple miséreux. Lui qui n’était pas particulièrement religieux, s’est laissé pousser la barbe, ne lâche plus son Coran et ne manque plus une prière. Il se rend désormais à la mosquée tous les soirs, alors qu’il n’y avait pas mis les pieds depuis dix ans. Ali se met à rêver de révolution, et il n’est pas le seul.
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Des œuvres qu’on ne regarde plus sont-elles condamnées à mourir à petit feu ?
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La liberté est au bout de l’asphalte. Même si le soleil brûlant de l’été fait fondre la chaussée et perdre la tête, même si la pollution record baigne la ville de sa brume ocre et fait suffoquer. Il est heureux, derrière son volant. Pour trouver un peu de sérénité, il cherche la silhouette apaisante des monts de l’Alborz qui se découpent au loin et ceinturent la capitale avec majesté.
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Cyrus a entendu certains opposants au chah trouver ces investissements incongrus, malvenus, et insultants pour le peuple, alors que le salaire mensuel moyen d’une famille atteint à peine les 70 dollars. Mais il n’aime pas parler de politique, c’est source d’ennuis.
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Pendant deux jours, Cyrus reste cloîtré là, aux côtés de son patron. Les deux hommes plongent les toiles dans une nuit contrainte. Pourvu qu’elle ne soit pas une éternité ! Dans la réserve, les tableaux condamnés à l’invisibilité sont soigneusement accrochés sur des rails métalliques, alignés sur ces cadres grillagés comme les barreaux d’une prison. Cyrus les imagine faire connaissance avec leurs voisins de cellule, s’entrechoquer, à travers les époques et les styles. Dans la pénombre du sous-sol, l’espace-temps est bouleversé. La sensuelle Gabrielle de Renoir, égérie du XIXe siècle, ira-t-elle parler d’amour au couple homosexuel de Bacon qui s’est aimé au XXe ? Quels secrets peuvent-ils bien partager ? Il aime voir les tableaux esseulés se confronter dans un étrange ballet de couleurs et de mouvements, s’apprivoiser, se mélanger et dialoguer pour survivre à cet exil forcé.
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Elle sourit en pensant au jeune garçon timide qu'elle a embauché, devenu conservateur malgré lui.Elle avait décelé son potentiel, mais qui aurait cru qu'il serait devenu le gardien du temple? L'histoire est définitivement imprévisible.

(...)- Je ne sais toujours pas expliquer pourquoi j'ai été touché en plein cœur. Pourquoi j'ai eu le sentiment que les œuvres me parlaient, qu'elles me comprenaient. C'est un mystère. Mais j'aime l'idée que le mystère ne soit jamais élucidé.

( p.231)
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Excusez-moi si je pleure.S'il n'y avait pas eu les tableaux, je ne sais pas ce que je serais devenu.Ils m'ont maintenu vivant.J'aurais donné ma vie pour eux.Dieu m'a donné le courage. (...)
Ils m'ont tellement donné, tellement consolé.

(p.229)
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