Citations de Stuart Turton (242)
Si ce n’est pas l’enfer, le diable prend à coup sûr des notes
Par chance, les feuilles et les brindilles sont tellement démoralisées par la pluie de tout à l'heure qu'elles n'ont plus le cœur à crier sous mes pieds.
P.478
Tant de souvenirs et de secrets, tant de fardeaux. Chaque vie pèse si lourd. Je ne sais pas comment il est possible d'en porter ne serait ce qu'une.
Je ne puis qu'imaginer ce que ça doit faire d'être tellement préoccupé par l'avenir qu'on est pris par surprise par le présent.
... Anna laisse tomber le tesson de verre et vient s'asseoir à côté de moi. Je sens sa chaleur, sa solidité. Elle est la seule chose réelle dans un monde d'échos.
Quels que soient les talents de Miller dans ce monde, mentir n'en fait pas partie. Son visage âgé est un amas de rides et de chair pendante, suffisamment de matière pour offrir une scène à ses émotions. Chaque froncement de sourcils et une tragédie, chaque sourire, une farce. Un mensonge situé quelque part entre les deux, suffit à faire s'écrouler le spectacle dans sa totalité.
L’intelligence est une force, et ils n’accepteront pas une femme plus forte qu’eux. Leur fierté les en empêchera, et leur fierté est ce qu’ils ont de plus cher.
Je sens mes souvenirs tout juste hors de portée. Ils ont du poids et une forme, comme des meubles recouverts d'un drap dans une pièce obscure. J'ai simplement égaré la lumière qui me permet de les voir.
Rien de tel qu’un masque pour révéler la vraie nature d’une personne.
La chance. Il détestait ce mot. C'était un aveu, pas une explication. C'était ce sur quoi vous vous reposiez quand le bon sens et la compétence vous avaient quitté.
J’oublie tout à chaque pas.
Je finis par crier “Anna” et referme brusquement la bouche de surprise.
Mon esprit est vide. Je ne sais pas qui est Anna ni pourquoi j’appelle son nom. Je ne sais même pas comment je suis arrivée ici. Je me tiens dans une forêt, protégeant mes yeux du crachin. Mon cœur cogne, j’empeste la transpiration et mes jambes tremblent. J’ai dû courir, mais je ne me souviens pas pourquoi.
Demain pourra être ce que je voudrai, ce qui signifie que, pour la première fois depuis des décennies, je peux avoir hâte que ce jour arrive. Au lieu d’être une chose à craindre, il pourra être une promesse que je me fais à moi-même. Une chance d’être plus courageux ou plus bienveillant, d’arranger les choses. D’être meilleur que je ne le suis aujourd’hui.
Chaque jour après celui-ci sera un cadeau.
Je dois juste continuer de marcher pour y parvenir.
- Si nous n'obtenons pas cet argent, eh bien...à vrai dire, je ne sais pas ce qui se passera, mais nous finirons ruinés, et je suis assez certain que nous ferons de très mauvais pauvres.
- C'est le cas de la plupart des gens.
- Eh bien, au moins ils ont de l'entraînement.
La colère est solide, elle a du poids. On peut la frapper du poing. Alors que la pitié est un brouillard dans lequel on finit par se perdre.
P.27
La dernière fois que j'ai vu cet homme, il gisait mort sur le sol de la forêt et je lui faisais les poches. Blackheath l'a relevé et épousseté, remontant son mécanisme pour qu'il puisse tout recommencer.
Si ce n'est pas l'enfer, le diable prend à coup sûr des notes.
Par chance, les feuilles et les brindilles sont tellement démoralisées par la pluie de tout à l'heure qu'elles n'ont pas le coeur de crier sous mes pieds.
Il fait nuit noire, la lune rôdant derrière les nuages tel un chien derrière une vieille clôture en bois, [...].
P.514
À quel point faut-il être perdu pour laisser le diable vous indiquer votre chemin ?
Tout homme est dans une cage qu'il a lui-même fabriquée.
C'est le souvenir d'Anna qui me pousse à faire le premier pas. Elle a perdu la vie à cause de ses trente secondes d'indécision, et maintenant j'hésite de nouveau. Ravalant ma nervosité, j'essuie la pluie de mes yeux et traverse la pelouse, gravissant les marches en ruine qui mènent à la porte d'entrée. Une chose terrible s'est produite dans la forêt, une chose qui peut toujours être punie si j'arrive à réveiller les habitants de cette demeure.
Malheureusement je n'y parviens pas.