"Chandni Chowk est l'âme de l'Inde, [...]. C'est le foyer des hindous et des musulmans, des sikhs et des chrétiens. C'est le symbole de l'harmonie religieuse" (Grasset - p.554)
"Elle n'ira pas loin si elle s'obstine à parler des Bangladeshis. Quel gâchis - une femme qui n'a jamais possédé de délicatesse féminine et qui est en train de perdre sa seule qualité : sa jeunesse. L'éducation des femmes est une erreur : quand elles savent lire les magazines anglais elles ne trouvent pas de maris." (Grasset - p.373)
Gopal soupire, vaincu, et tâche de se concentrer sur le spectacle : l'océan Chandni Chowk en plein brouillard. Il est midi. Le soleil mitraille chaque bâtiment, chaque ruelle, chaque silhouette mouvante dans le labyrinthe. La brume absorbe toutes les couleurs, ne laissant que des nuances de gris. Les petites immeubles projettent leur ombre sur leurs voisin, créant un dessin en clair-obscur qui s'allonge de Jama Masjid jusqu'à l'horizon où il se fond graduellement dans un ciel gris. Et dans cet océan nagent voitures, scooters, rickshaws, innombrables insectes accrochés aux rubans d’asphalte. La cité vit et respire, les sons bourdonnent, frondent comme une centaine de générateurs électriques dans le sous-sol d'un immeuble.
"Voyez-vous Chandni Chowk, Gopal Das ? [...] Ne cherchez pas à repérer les bâtiments, les gens, les ruelles ou les échoppes. Dites-moi si vous voyez Chandni Chowk dans sa globalité, ou du moins si vous l'entendez ? Ecoutez attentivement, les klaxons, les hoquets des scooters, le ronronnement des moteurs, et vous les entendrez vous appeler. Rickshawalas, mendiants, marchands de fruits, vendeurs de fleurs, paanvalas, chaivalas, prostituées, chiffonniers ! Castes répertoriées, tribus répertoriés, autres basses castes, musulmans ! Tailleurs, barbiers, masseurs, teinturiers !" (Grasset - p.685)