On dit que le bon maître est « celui qui enseigne à se passer de maître ».
Quand débuta la vente, Yesügei alla se placer dans l’allée des vendeurs. L’un d’eux tenait à la main un trognon de racine de gingembre, qu’il tenta de dissimuler dans sa manche. Yesügei n’ignorait pas que c’était pour en frotter le fondement de la bête. Cette friction au gingembre leur fait lever la queue. Or un cheval qui porte haut la queue fait toujours bonne impression, c’est qu’il pète de santé, comme on dit. Il murmura au vendeur stupéfait :
— Vas-y ! frotte-lui le cul pendant que je regarde ailleurs.
Si les Chinois des temps reculés tenaient les Mongols pour des créatures sorties tout droit des enfers, nos voyageurs, eux, se crurent un instant au paradis, face à ce plat divin, qu’on eût dit apprêté tout exprès pour eux par des créatures célestes.
Rivières cristallines, lac posé tel un joyau sur des berges d’un vert presque phosphorescent, on n’entendait que des exclamations. Quelqu’un a écrit que le paysage, c’est le visage d’un pays. Ce visage-ci produisit aux voyageurs un effet inoubliable.
Tout finit par arriver : « Avec le temps, l’herbe devient du lait. »
On trouvait aussi à Ooty, comme partout en Inde, des Ecosssais.
Car la principale exportation de l'Écosse n'est pas, comme on pourrait le croire, le whisky, le saumon, la musique de cornemuse, le jute ou la laine, mais les Écossais...
[...] Yesügei aimait les paysages de sa terre natale, autant, plus même, que les femmes. À vrai dire, les uns lui évoquaient les autres et vice-versa et son goût pour les deux s'en trouvait renforcé. Les femmes aux reliefs proéminents lui rappelaient les sommets de l'Altaï; les plus vallonnées, le Khangaï; les fausses plates, la steppe; les profondes, le Gobi; les brillantes, le ciel; les ondoyantes, une rivière.
En tant que médecins, Doc et Arjun adhéraient à la théorie qui veut qu’un malade a plus de chances de guérir si on le soigne avec un remède auquel il croit, ou qui correspond à sa civilisation d’origine, à ses coutumes, à son environnement habituel. Car, comme on dit, une goutte de venin de serpent dans un verre de lait, administrée à deux malades atteints du même mal mais aux origines et croyances différentes, ne produit pas le même effet.
P 305 « La bio-piraterie un mot nouveau pour une pratique ancienne car, à l’échelle artisanale, ça s’est toujours pratiqué : l’homme a toujours exploré ailleurs la flore inconnue chez lui. Mais depuis que c’est devenu une véritable industrie, on ne constate qu’abus et corruption. Parce qu’il n’existe aucune équité entre les pays fournisseurs de plantes et ceux qui traitent et exploitent la marchandise, les prospecteurs, souvent étrangers, cherchent à tirer bénéfice à la fois de leurs employeurs et de leurs fournisseurs, les collecteurs indigènes. Ceux-ci sont les principales victimes, car ils ne voient que rarement les profits annoncés. Ainsi, qu’il agisse de minerais ou de plantes et essences pour la pharmacologie, la cosmétique ou les engrais, étant donné les puissance des lobbies, les intérêts économiques priment au point d’influencer aussi bien la politique de l’Etat que les scrutins régionaux. »
Tu sais, la yourte est toujours ouverte. Tu viens quand tu veux.