Deuxième oeuvre du programme de littérature du Bac l'2013-2014 : Lorenzaccio, d'Alfred de Musset. Sylvain Ledda, professeur de littérature française du XIXe, professeur de littérature et arts à l'université de Rouen et spécialiste du théâtre romantique, nous présente l'oeuvre et ses adaptations, dans ces vidéos exclusives NRP.
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Certes, chez Dumas, le ton et les décors changent souvent, parfois brusquement, pour des raisons hautement symboliques. Considérons, par exemple, la fin de l’acte IV. Napoléon est debout sur le grand escalier qui donne sur la cour de Fontainebleau. Abandonné de presque tous ses généraux, il y fait des adieux pleins d’abnégation et de grandeur à des soldats restés fidèles. Puis, au début de l’acte V, sans autre transition qu’un rapide changement de décor, on voit des solliciteurs mesquins et intéressés demandant des récompenses qu’ils ne méritent pas au ministère de la guerre à Paris.
Au lendemain de la proclamation des résultats, Ravel se tait, se replie dans le silence, attitude d'aphasie qu'il adoptera souvent face aux blessures de la vie.
Plus son bureau est exigu, plus Dumas voit grand. La reine de Suède l'obsède. Il n'a que Christine en tête et néglige ses devoirs de père, de fils et d'amant. Pourquoi une telle passion? Christine, c'est l'histoire d'une reine qu'une conspiration exile. Trahie par son amant Monaldeschi, elle le fait assassiner. La donne se fonde sur un épisode historique auquel Dumas insuffle un rythme d'épopée. Descartes y prend la parole, plus vrai que nature. Les décors changent comme les humeurs des personnages. Au-delà de l'anecdote historique qu'il amplifie, c'est sa nature d'écrivain qui se révèle dans cette traversé de la création: Dumas est un obsessionnel. Saisi d'une frénésie créatrice, il ne pense qu'à cette tragédie, animé d'un besoin viscéral de donner corps à " cette puissance que l'on prend dans le présent pour le hasard, et qui, lorsqu'on interroge le passé, devient la Providence".
Quatre hommes sont voués à la guillotine pour avoir empêché la fonte de la cloche de l'église. Dumas ordonne de démembrer la "machine" buveuse de sang pour qu'elle serve de bois de chauffage aux armées; il congédie le bourreau et libère les prisonniers.
Musset meurt l’année de parution des Fleurs du mal et de Madame Bovary, mais ni Baudelaire ni Flaubert ne voudrons voir qu’il était leur frère d’ironie. Ils haïront les Nuits en quoi ils verront l’emblème de cette éloquence romantique qu’ils abhorrent. Il est vrai qu’une certaine nuit de Mai 1835, la muse était venue à Musset, une branche d’églantier à la main, et l’avait consolé. En contrepoint de la lyrique amoureuse, le poète avait aussi parlé à la mort, que ses personnages aient désiré, tels que Coelio ou Lorenzo, qu’ils aient pleuré sur un cadavre chéri tels Octave, Camille et Perdican.
Le hasard ou la Providence font bien les choses. Musset s’éteint au soir du 2 mai 1857 : une nouvelle nuit de mai, la dernière.
Musset meurt à 46 ans, comme Robert Schumann, comme Gérard de Nerval, deux autres poètes de la fantaisie noire, ignorant de leur vivant que, chacun à sa manière, ils avaient écrit les pages les plus ardentes du romantisme.
Musset a-t-il tout dit et tout écrit en vingt-cinq ans ? Au cours de la décennie 1840-1850, si les grandes œuvres se font plus rares, l’inspiration ne s’est pas complètement tarie ; même si la maladie et les excès, la misanthropie et les désillusions l’ont affaibli, Musset poursuit la recherche d’une création littéraire, entre jeu et sérieux.
À trente ans, Musset se voit cependant comme un homme usé dont la glorieuse jeunesse n’est qu’une vision spectrale. Certes il valse encore, mais au retour d’une faite que son ami Tattet a organisé à Bury, près de Montmorency, il écrit :
J’ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté.
Ces vers, tirés du sonnet tristesse, sonnent le glas des espérances et donnent le -la- de la décennie qui s’ouvre.
Sans le savoir, Dumas vient de faire deux des rencontres qui compteront dans sa carrière et dans sa vie: dans la salle, son insolent et courtois voisin, Nodier, l'un des esprits les plus originaux de son temps, reçoit chez lui, à l'Arsenal, tout le romantisme français.
Elle charge, en effet, son fils d'une mission digne des meilleurs films d'espionnage. Alexandre est camarade de jeux de Charles Richard, fils du directeur de la prison de Soisson. Louise et le notaire Mennesson, fervent bonapartiste, lui confient un rouleau de louis d'or et deux pistolets qu'il devra remette aux frères Lallemand, après avoir fait diversion.
Là il s'ébat en plein air, goûte le plaisir de la vie libre et découvre sa peur viscérale des serpents. De cette enfance valoise, il conservera toute sa vie l'amour de la nature et de la chasse.
En 1895, Maurice Ravel fête ses vingt ans. Il arbore une abondante chevelure brune et parfois une belle moustache sombre. Ce jeune homme de petite taille (il mesure un peu plus d'un mètre soixante d'après ses papiers militaires) présente tous les dehors d'un dandy : costume ajusté, cravate savamment nouée, gilet croisé et montre de gousset.