Citations de Sylvain Ricard (99)
Si la vie est un don, alors je peux en disposer comme je le souhaite.
La plupart entrent ici pour un simple vol ou une escroquerie et ressortent avec un diplôme de grand banditisme . La prison ne peut pas les aider .
Je... Je ne sais plus comment faire pour tenir. Je me cogne aux murs, et quoi que je dise, quoi que je fasse, tout me revient en pleine gueule. Je suis enfermé dans cette prison, je sais pourquoi. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ils veulent que je sois enfermé à l'intérieur aussi, comme si j'étais condamné à une double peine. On le sait bien qu'on a fait des conneries. On ne les a pas faites par hasard, ils le savent bien. Et au lieu de nous aider à nous en sortir, ils nous enfoncent la tête dans la merde, toujours plus profond. Y a rien à espérer de ces années passées à croupir. On ressortira pires qu'avant.
De quelle prison parle-t-on? Des murs inutiles qui nous entourent ou de l’enfermement de notre esprit duquel vous ne souhaitez pas que l’on sorte? (…) Vous savez bien que derrière chaque personne qui entre ici il y a une douleur, il y a un besoin, il y a un manque. Rien de tout cela n’est trivial. Nous y arrivons inachevés, en souffrance. Nous en ressortons détruits, déshumanisés.
J'avais mis la main sur l'habit du Klaniste. Une robe blanche et une cagoule pointue. De son statut de géniteur, mon père passait au rang d'idole !
L'autre jour, il y a le fils d'un prisonnier qui s'est suicidé parce qu'on le laissait pas voir son père. Ce gamin est mort, et pourtant il n'avait pas été condamné, lui. Un gamin ! (p. 61)
Je suis né en 1908 dans le Sud des Etats-Unis...A cette époque , le simple fait d'être noir était beaucoup plus qu'un handicap , plus vraisemblablement un calvaire...
On nous fout en taule pour nous réinsérer, mais faudrait déjà penser à nous sociabiliser! Un prisonnier sur deux en dépression, un sur trois drogué ou alcoolique, un quart bon pour la camisole.
Je pense à toutes les souffrances que je lui ai causées [à ma mère]. L'angoisse, toute sa vie. Je me dis des fois que le plus grand malheur est à l'arrière... On se défonçait pour quelques grandes idées qui nous avaient conquis et donnaient un sens à nos vies, mais pour l'arrière, les mères, les soeurs, tout ça restait souvent un mystère. Pour les mères, les soeurs, les femmes, les enfants, la vie était toute autre... [...] Il m'a fallu des années pour comprendre pourquoi ses yeux brillaient : à cause des larmes...
(p. 80-81)
Par les jours et les nuits d'un mortel échiquier
Dans la diagonale des reines
Vont les fous cavaliers
Du Roi Blanc
Et tour à tour jaillit le sang
Noir d'ébène
Qu'un seul guerrier d'ivoire assombri par le doute
Trouble le blanc Kuklos
Pour mater à jamais tout espoir sur sa route
Au Roi Noir on le jette en pâture
Comme à un chien son os
Et s'inverse la main au jeu de la torture
Inexorablement la haine noire
Arpente le damier de sa mémoire
Et de ses doigts manquants
De case en case à coups de gouge
De ce pion blanc
Laisse une trace rouge
Sur le damier des noirs
Sur l'échiquier des blancs
La vengeance sans fin terrifiante et sereine
Qu'elle soit dame ou reine
Mère aveugle des siens nourrit les désespoirs
Et veille sur le clan
Etienne Ricard
La lecture de Dans la colonie pénitentiaire est une épreuve, tellement l'atroce et le cruel côtoient la légèreté, la douceur et la béatitude.
Sylvain Ricard (auteur du scénario BD)
p2
Bref l'homme est aujourd'hui en mesure de créer de toutes pièces des agents pathogènes d'une violence difficilement imaginable, capable sans doute de décimer des pays entiers... voire plus.
- Mais qu'est ce que tu foutais dans un marché bio ?
- Ben, j'ai trouvé ce que je cherchais : de la nana bien ferme, élevée aux produits naturels.
Nous, en entrant au parti, quand on nous présentait un type comme "des nôtres", c'était un type extra, un frère à la vie à la mort. Seulement voilà, l'homme est plein de recoins, il trimballe plein de trucs au fond de lui-même et tout ça ne change pas d'un seul coup, rien qu'en prenant part à un juste combat. Pour changer il faut d'autres efforts, et cette fameuse "direction" ne voyait pas plus loin que le bout de son nez... Au lieu de soutenir ses hommes, elle les brisait complètement, comme s'ils étaient engagés par contrat à vivre sans besoins, à se faire baiser toute leur vie sans avoir mal. La direction nous disait "Ne jurez pas, ne criez pas, ne réclamez pas", la morale communiste et tout le bazar... Un vrai pensionnat pour jeunes filles. Tu te rends compte, nous, des révolutionnaires, avoir pour code de conduite... les dix commandements ? Tout ce baratin bourgeois, on nous le servait sous forme de morale communiste et de conduite révolutionnaire.
(p. 8)
- C'est [le maton] le plus con de tous, tout le monde le sait. Y en a toujours quelques uns en prison, comme il y en a d'autres qui sont sympas. Pareil que chez nous, finalement.
(p. 20)
- Regardez-moi ça. Entassés comme des bêtes. Pire que dans un abattoir. On est traités comme des chiens. On peut pas laisser faire, faut qu'on le fasse savoir !
- Qu'est-ce que tu veux... On n'y peut rien, c'est comme ça.
- C'est pas comme ça ! Si on se conduit comme des femmelettes, on sera traités comme des femmelettes. Faut les obliger à bouger.
- Ecoute, Milan, je suis là depuis presque deux ans, j'en ai vu des gars comme toi qui voulaient tout péter.
- Et ?
- Et rien du tout. Il s'est rien passé, à part du mitard pour ceux qui avaient gueulé. On peut rien faire ! C'est eux les patrons, c'est eux qui décident. Faut être patient, prendre ce qu'il y a à prendre. Tu vas t'y faire.
- Je vois.
(p. 10)
La peine encourue en cas d’euthanasie est la réclusion criminelle. C’est plus facile d’y être favorable quand on ne prend pas la responsabilité d’un tel geste.
Je vais la tuer !! C'est ton dernier lever de soleil !
Si vous voulez une totale sécurité aller en prison. Vous êtes nourris, vêtus, pris en charge médicalement et ainsi de suite. La seule chose qui manque ... c'est la liberté.
(un noir à un homme qu'il vient de tabasser)
C'est marrant ça, ton sang est de la même couleur que le nôtre!
Tu n'as pas un ancêtre noir ?