AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.06/5 (sur 18 notes)

Né(e) : 1973
Biographie :

Sylvia Aguilar Zéleny est une romancière et une nouvelliste née à Hermosillo, Sonora, Mexique, en 1973. Elle a étudié la littérature hispanique à l’université de Sonora et a commencé sa carrière comme enseignante à l’Institut de technologie et d’études supérieures de Monterrey. Elle occupe actuellement un poste de professeure assistante au sein du master de creative writing de l’université du Texas à El Paso. Une partie de son œuvre a été publiée au Mexique, aux Etats-Unis, en Argentine et en Espagne. Poubelle est son premier livre traduit en France.


(© Le bruit du monde - 2021)



Ajouter des informations
Bibliographie de Sylvia Aguilar Zéleny   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce jour-là, il y avait plus de brouillard que d’habitude. Le brouillard, c’est ce qu’il reste dans l’air quand les camions sont passés balancer leurs ordures et ont roulé sur la poubelle. Plus que du brouillard, d’ailleurs, c’est de la poussière, une couche de poussière que parfois on ne sent pas du tout et qui, d’autres fois, pique les yeux. Ce jour-là, le brouillard piquait un max, ça grattait et tout et tout . Les camions sont partis et je n’avais pas envie d’attendre les suivants. J’étais sur le point de rentrer à la baraque quand je l’ai aperçu. Il était par terre, enroulé dans une couverture, comme tous les corps qui apparaissent ici de bon matin. Au début, je ne pensais pas aller voir, s’il y a bien quelque chose qu’on sait dans la décharge, c’est qu’il vaut mieux laisser les morts là où ils sont. Mais j’ai entendu un autre camion arriver, il se rapprochait lentement et le corps a commencé à bouger. Il a secoué la couverture. Il s’est découvert. Il a fait un effort pour se lever. Je l’ai reconnu à cause des cheveux blancs, mêlés aux gris et aux noirs, accrochés en petite queue-de-cheval sur sa nuque. J’ai couru l’aider, je me suis dépêchée. Coup de bol, le camion a vidé sa putain de charge un peu plus loin, sinon, adios don Chepe, il serait mort de chez mort. C’est déjà arrivé à un gamin, à une femme, et à un mec de mon âge aussi. La vérité, c’est que ça arrive à tous les gens trop cons pour savoir se placer correctement quand le camion décharge sa cascade d’ordures.
Des novices, quoi.
Commenter  J’apprécie          150
Tous les chiens qui sont arrivés après, je ne leur ai plus jamais donné de nom. Les chiens, maintenant, ils s’appellent juste les chiens. C’est plus facile quand ils n’ont pas de nom. S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que parfois il vaut mieux qu’ils n’aient pas de nom, parce que quand tu les appelles et qu’ils ne viennent pas, tu t’en fous. Les chiens, ils finissent toujours par revenir, mais je sais qu’un jour non, un jour ils ne reviendront pas, un jour je vais les trouver les tripes à l’air, écrasés par un pneu de camion ou tout gonflés après avoir bouffé un mauvais truc. Et tant pis, c’est comme ça, avec les chiens, ils vont et viennent. Y en a toujours un autre qui arrive et c’est comme si c’était le même chien. Si tu l’appelles « chien » et c’est tout, tu t’en fous que ce soit un autre et pas celui qui te suivait depuis des mois.
Les chiens sans nom sont ma seule famille.
Commenter  J’apprécie          51
Chela habitait dans un autre quartier, pas loin d’ici. Elle était femme au foyer. Son mari subvenait aux besoins de la famille, jusqu’à ce qu’un jour il ne revienne pas de la maquiladora, l’usine où il travaillait. Elle a d’abord signalé sa disparition, puis est allée interroger les gens de l’usine, mais elle a fini par comprendre qu’elle ne le retrouverait pas et qu’elle risquait plutôt de mettre en danger ses enfants, alors elle a arrêté de poser des questions. Elle a travaillé dans une boucherie, puis dans un supermarché, jusqu’à ce qu’elle rencontre Alicia, qui l’a emmenée à la décharge : « Pour moi, la poubelle, c’est comme de l’argent. Ca ne me dégoûte même plus, vous voyez, je viens même avec mes gosses quand ils n’ont pas école, parce qu’ensemble on ramasse plus de trucs. Tout ce que vous voyez, ce n’est pas de la poubelle, c’est de la nourriture, c’est une maison, c’est des vêtements, c’est des meubles, c’est la vie. La misère est galopante, mais ici on peut s’en sortir.
Commenter  J’apprécie          30
Les fringues, je n’en avais pas grand-chose à faire, je préférais quand elle rapportait des livres. Elles les ont déjà lus, elle disait. Et moi, j’étais contente parce que, dans les livres, il y avait des fées, des crapauds enchantés, des lapins ou des montres. Je t’ai rapporté des jouets, elle disait aussi, regarde-moi ça, on dirait qu’elles n’y ont jamais touché. Les jouets, c’était pas vraiment des jouets, c’était plutôt des jeux de société à jouer à plusieurs, des casse-tête, des puzzles très difficiles à faire sans aide. Alors que les livres, eux, ils n’avaient besoin que de moi. Je pouvais les lire toute seule.
(p.12)
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sylvia Aguilar Zéleny (21)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le petit prince

Quel age avais t'il quand il vue une magnifique image?

4ans
8ans
6ans

15 questions
448 lecteurs ont répondu
Thème : Le Petit Prince de Antoine de Saint-ExupéryCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}