On aurait dit un champ exubérant de fleurs improbables, dont ils partageaient l'espérance de vie plutôt courte. Ils saisissaient donc toutes les occasions pour profiter de la vie et s'amuser. Ils s'entraînaient dur, se battaient dur, jouaient dur. En dehors des combats, ils copulaient librement, s'adonnaient à des jeux de hasard et buvaient, et ils mouraient jeunes, presque sans exception.
Au diable les contes de fées ! Les belles histoires ne finissaient jamais bien, dans la vie.
La vie n'était que risque, et le pire de tous consistait à ne pas la vivre pleinement.
Les hommes n'aimaient pas les femmes. Ils se servaient d'elles. Pour satisfaire leur désir, engendrer des héritiers et obéir.
Il entraperçut en elle la jeune fille de seize ans qu'elle avait dû être. Un beau fruit mûr et charnu, sûrement. Il songea au mufle qui l'avait cueilli, en avait exprimé tout le jus sucre, prenant sans vergogne ce qui aurait du revenir à un mari aimant et attentionné.
Ainsi va la vie, dit-elle en haussant une épaule. Tout ce qui vit meurt trop vite. Mais apporter de la joie aux autres tant qu'on est vivant, laisser le souvenir de sa beauté et le parfum de sa vie derrière soi...
Je reconnais aux paysans le droit d'avoir un niveau de vie correct. Je reconnais qu'ils devraient avoir accès aux forets et aux cours d'eau communaux pour pourvoir à leurs besoins, malgré les tentatives des nobles de les réquisitionner. Je reconnais que les seigneurs ne devraient pas ôter le pain de la bouche des familles affamées qui travaillent la terre pour les entretenir. Cependant, je n'approuve pas la volonté des ligues d'utiliser le nom du Christ, la violence ou les menaces pour parvenir à leurs fins.
Vaquer à ses affaires, passer des heures au marché... battre son linge au lavoir... Comme ce doit être... reposant. Paisible. Ennuyeux, même.
Il lui faudrait toutefois faire preuve de tact, Alonsa serait sa pire ennemie. Il savait qu'elle le désirait autant qu'il la désirait ; malgré cela, elle formait une adversaire de taille. Il devrait évaluer ses défenses, découvrir ses faiblesses avant qu'elle ne les renforce. Alors, il s livrerait à un siège assidu ; un assaut frontal direct, en vérité.
Pourquoi les femmes aiment-elles tant les fleurs ? Elles ne servent à rien. Elles poussent, elles fanent, elles meurent.