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3.1/5 (sur 60 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Montmorency, Val d'Oise
Biographie :

Thierry Dancourt est né à Montmorency, dans le Val-d’Oise. Il travaille aujourd’hui comme rédacteur indépendant dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. Hôtel de Lausanne, écrit à Paris et à Casablanca, est son premier roman.


Source : http://www.editionslatableronde.fr/auteur.php?id_aut=72784
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Raymond Dardel considère son bol de gaspacho. Février 1951: six ans ont eu beau s’écouler, c'est chaque fois la même chose, le même sentiment de malaise, peut-être de honte, c’est comme si chaque fuis, lui, Raymond, n’y avait pas droit, Il ne peut s'empêcher de penser à ses camarades qui ne sont pas rentrés, ses camarades restés là-bas — au Struthof, pour ce qui est de Perrine, exécutée d’une balle dans la nuque le surlendemain de son admission; à Auschwitz, pour ce qui est d’Oleg Vetrov, mort de fatigue après que Dardel et lui y ont été transférés suite à l’évacuation du Struthof à l’été 1944 —, ou à ceux qui se sont évanouis sans laisser de traces: Lucien Ariston, probablement torturé puis pendu dans les sous-sols de la Direction générale de la sécurité du Reich à Berlin; la psychiatre Alexandra Brantov, un temps détenue à la prison de Fresnes, avant, sans doute, d’être oubliée au fond d’une geôle nazie, méconnaissable. Le même malaise, oui, devant son bol de gaspacho, comme si, à tous, il leur avait ôté la nourriture de la bouche. p. 160
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Protégez notre source passait avant tout, vous vous en doutez, mais dès l’instant où elle n'avait plus besoin, et pour cause, d'être protégée…

— Et alors, l'agent qui prétendait être en relation avec Fischer? Agent «double», par conséquent…

C'est bien comme cela que vous dites, n'est-ce pas ?
Une expression amusée défendit les traits de Jeanson :

- Oui c’est possible

Eh bien, le parcours de cet agent débutait par des fréquentations laissant à désirer, celle, en particulier, pendant la guerre, d'un réseau communiste qui le conduirait à son interpellation par la Gestapo et à son incarcération, durant plusieurs mois, en 1943, à la maison d'arrêt de Fresnes. Deux ans plus tard, à la chute de Berlin, les archives allemandes tombaient aux mains des Soviétiques, lesquels en tireraient des fiches concernant les activités sous l’Occupation de personnalités françaises en vue, ainsi que de personnes étant passées, de près ou de loin, pour une raison ou pour une autre, dans la ligne de mire des Allemands : résistants, antifascistes, communistes... Il se trouvait que certaines d'entre elles seraient engagées par la D. S.T. après la Libération, ce qui, dans le cas des communistes ou sympathisants, ne manquerait pas, il allait sans dire, d'être «embêtant». (Au cours de ces années-là, les enquêtes préalables au recrutement étaient sommaires, une simple formalité, «trois questionnaires noircis à la hâte sur un coin de table», et puis tout baignait alors dans une telle confusion: qui était qui, véritablement, qui avait fait quoi sous l'occupant...)

—Les Russes finissent bien entendu par pointer le bout de leur nez, le menacent de tout déballer, etc., et voilà notre agent solidement ferré, qui se retourne sans faire trop d'histoires.

C'était là une hypothèse, car ses motivations étaient peut-être tout autres : idéologiques, financières, personnelles, les trois à la fois... Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, l'oiseau s'était envolé.

- Ce qui nous pose un problème, évidemment, mais en pose aussi un à nos camarades slaves, parce que non seulement ils ont perdu pour partie leurs yeux et leurs oreilles chez nous, mais, ce qu’ils n’aiment guère non plus, ils savent dans la nature, depuis quelques années, quelque part, quelqu'un connaissant quelque chose sur eux : leur fonctionnement, leurs méthodes, leur niveau de connaissances sur certains sujets. Ils sont furieux, semblerait-il, et le jour où ils lui mettront le grappin dessus, nos camarades slaves...
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« Cette rencontre fortuite, l’évocation de ces noms presque oubliés, de ces journées lointaines… me voici plongé dans un état second, entre deux eaux, l’une plus glacée, l’autre trouble. Les voitures passant sur le quai, le mur de soutènement en pierre, les quelques personnes attendant sous l’abri d’autobus, les colonnes métalliques grises du pont de Bir-Hakeim, les grosses lanternes suspendues, la passerelle : chaque fois qu’un client pousse la porte du café et que celle-ci forme un angle avec la paroi vitrée, tout, par le jeu des reflets, se mélange, se télescope ; les plans s’interpénètrent, glissent les uns sur les autres jusqu’à former une image morcelée, éclatée, une image de kaléidoscope.
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INCIPIT
— Qu’est-ce que je vous sers, madame Caprile ?
— Un Alka-Seltzer.
— Votre café en même temps ou ensuite ?
— Ensuite, je vous prie.
Le San Remo est un restaurant italien qui, l’après-midi, fait salon de thé, et on peut alors y prendre une boisson chaude avec des petits gâteaux, des « pièces sèches », comme on les appelle. Habillant les murs, de hautes glaces, des trumeaux, des décors en stuc, des panneaux en bois peint représentant, dans les tons bleus, des scènes champêtres et des personnages du folklore, par exemple Arlequin. Des banquettes recouvertes de velours bordeaux. Une moquette épaisse, aux motifs géométriques, sur laquelle on a l’impression de rebondir. Au bout de la salle, la paroi vitrée donne rue des Eaux-Vives, où tombe, limpide, fluide, une lumière printanière. De l’autre côté – le San Remo forme l’angle –, l’avenue Pictet-de-Rochemont file en direction de la route de Chêne, qui conduit à Chêne-Bougeries.
Cécile Caprile est attablée non loin de la desserte des pièces sèches. À ses pieds, le sac de voyage dans lequel elle a rangé quelques affaires de montagne, des vêtements chauds. Elle consulte la carte, hésite, se demande si au lieu des sablés aux amandes auxquels elle est, dit Franck, « abonnée », elle ne goûterait pas plutôt à leur nouveauté : le délice meringué.
— Cécile, quelle surprise…
Elle redresse la tête. S’approchant d’un pas vif, une femme d’une trentaine d’années vêtue d’un tailleur gris chiné, un manteau de demi-saison pendant à son bras, un journal à la main.
— Rosy…
Cécile se lève, et les deux jeunes femmes s’embrassent. Rosy s’écarte, prend du recul :
— Montre-moi comme tu es élégante, ma chérie.
Lentement, elle détaille Cécile de la tête aux pieds – polo, pantalon corsaire serré à la taille, souliers vernis noirs –, puis :
— Je peux m’asseoir cinq minutes ?
Elle suspend son manteau au dossier de la chaise, pose le journal sur la table.
— Mais naturellement, Rosy.
Installée en face de Cécile, elle déboutonne la veste de son tailleur :
— Quelles températures nous avons, mon Dieu, pour un début d’avril. Alors, ma belle, te voilà de retour parmi nous ?
— Non, Rosy, pas exactement. Tu sais, mes parents habitent toujours là, je viens leur rendre visite tous les deux ou trois mois.
— Oui, tu me l’avais dit la dernière fois. Il y a combien de temps ? Bien quatre ans, non ?
— Environ. Et d’ailleurs ici même, au San Remo.
— Tout juste. Tu es une habituée ?
— C’est… sur le chemin… entre leur domicile et la gare…
Le garçon dépose sur la table un verre d’eau et une soucoupe contenant une pastille d’Alka-Seltzer.
— Avec le café, lui demande Cécile, pourrez-vous m’apporter votre nouveauté ?
— Le délice meringué ?
— Le délice meringué.
Se tournant vers son amie :
— Pièce sèche, Rosy ? Boisson humide ?
— Allez, je me laisse tenter… Discrète entorse à mon régime… personne n’en saura rien…
Elle déplie la carte, la parcourt en la tapotant de l’index. Cécile la regarde. Rosy et son allure, sa mentalité de petite-bourgeoise des bords du lac… Mais elle-même, Cécile, quelle est son allure, quelle est sa mentalité ? Ne fait-elle pas partie, comme les autres, de cette petite bourgeoisie des bords du lac ? Ou n’en ferait-elle pas partie, sans toutes ces complications ? Et que lit-on d’une vie sur un visage ? Que saisit-on de celle de Cécile, en quelque sorte divisée – ou multipliée – par deux depuis si longtemps ?
— Pour moi ce sera un macaron au chocolat et un thé noir.
Le serveur prend son calepin, humecte un doigt pour aller à la page suivante et se met à écrire. Une graphie appliquée, ample, stylisée.
— Tu l’as vu noter ma commande ? observe Rosy après son départ. Des pleins et des déliés, presque.
— Oui, il a toujours fait ça. Le service est long, long… Et pour peu qu’il ait à s’occuper de plusieurs clients… Un jour que je le remarquais, il m’a répondu qu’une commande joliment notée est le gage d’une commande correctement exécutée.
— Diable.
Cécile laisse tomber dans son verre le comprimé effervescent. Il tournoie sur lui-même, mû par sa propre disparition.
— Mal de tête, ma chérie ?
— Comme chaque fois que je suis de passage à Genève.
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Après que Cécile a quitté la pièce, Franck explique qu’un article intitulé «Nouvelles macabres de l'aiguille du Tour» relate la découverte, il y a deux semaines, d’un corps gisant au fond d’une crevasse, conservé quasiment intact par le glacier. On y fait le lien avec un accident survenu à cet endroit par le passé: sous réserve d’une confirmation par les archives de la gendarmerie de Chamonix, l'officier interrogé par le journaliste pense que c’est celui de l’un des deux alpinistes disparus sur le versant sud de l’aiguille du Tour il y a une dizaine d’années. Certaines fractures constatées laissent supposer que, avant de chuter dans la crevasse, l’homme a glissé le long de la pente sur une centaine de mètres. Mais pourquoi seul l’un des deux corps a été retrouvé? Et ces cartouches de 7,65 L pour pistolet automatique, dans une poche?
— Le sac à dos était ouvert, continue Franck, et tout autour il y avait des mousquetons, un réchaud, une gamelle, un emballage du Vieux Campeur, etc.
Papiers d’identité endommagés, en grande partie effacés. p. 43
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Christine Stretter et moi, nous avions pris l'habitude de nous retrouver dans des hôtels à Paris. Ou bien en dehors de Paris, en région, puisque par exemple nous avons séjourné dans un hôtel de la ville d'Orléans, Loiret. Nous y avons passé une journée et demie, presque deux, un mercredi et un jeudi du mois de février
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Richard, à l'instar de beaucoup de personnes, de beaucoup de choses, doit se loger dans l’un de ces tiroirs de l'existence de Franck qui lui demeurent verrouillés. Elle a l'habitude, et lui aussi, Franck, a l’habitude, en vertu de l’accord muet qui, depuis tant d’années, clôture leurs territoires respectifs. Que connait-il de la vie de Cécile à Paris? De l'appartement du quartier de l’Opéra qu'elle partage avec Georges, son mari? De son amie Claire? De ses travaux de lectrice pour une maison d’édition de livres d’aventures? p. 49
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— Comme tu y vas, Franck. Parle-moi plutôt de ton Richard et son ancien hôtel…
En réalité, explique-t-il, un ensemble hôtelier adossé à un centre thermal actuellement en faillite. Ce centre, Aqualis, créé autour d’une source d’eau chaude, a connu de belles heures au cours des années qui ont suivi son ouverture il y a dix ans, en 1950, avant de subir la concurrence de stations aux tarifs meilleur marché, plus traditionnelles, et surtout moins perdues, si bien que l’établissement a fermé ses portes après seulement neuf années d’activité. Il a accueilli des colonies de vacances et des classes de neige, mais là encore cette reconversion aura été de courte durée, à croire que l’endroit, déjà cruellement touché par une avalanche meurtrière, endeuillé ensuite par la mort accidentelle de deux ouvriers sur le chantier de construction, est frappé de malédiction. Plusieurs sociétés d’investissement ont manifesté leur intérêt, apportant dans leurs cartons des idées de nouvelle affectation, hôtel de luxe, maison de repos ; toutefois, rien n’est fait à ce jour.
Quand il a pris son poste, Richard a quitté l’appartement qu’il habitait au village pour un logement de fonction dans l’un des quatre immeubles composant l’ensemble. Fonction… La personne chargée de le recruter lui a parlé, simplement, de « veille » : veille sur les différents bâtiments, veille sur les allées et venues, veille sur les mouvements alentour.
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Dehors, il s'était remis à neiger et de gros flocons s'agglutinaient autour du lampadaire, papillons blancs attirés par la lumière.
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Solange revenait vers eux. Elle s'avançait avec précaution, dans la pénombre en regardant où elle posait le pied. Rejetant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle s'aperçut qu'elle avait perdu une des épingles qui les retenaient; celle ci avait du tomber tout à l'heure sur le canapé de la bibliothèque. Quand elle passa devant le cadre bleu de l'aquarium des napoléons, celle cise découpa en ombre chinoise
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