Si vous aviez su que j'allais vous répondre ça, vous n'auriez pas commencé à poser des questions hein?
_ Je suis trop vieux pour être surpris par les mauvaises nouvelles, ne t'inquiète pas. Mais pas assez résigné pour croire que je ne peux rien faire pour t'aider.
Il suffit qu'on ait une petite vie discrète pour que les gens fassent comme si vous n'étiez pas là. Mais on existe, bon sang!
Pour un doigt perdu dans la mine, ils donnaient une prime. De l'argent. Ton père était tombé malade. Il fallait de l'argent pour le soigner. Alors, je me suis coupé le pouce, le doigt qui payait le plus.
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Plus de dix heures par jour, ils creusaient sous terre Et ils gagnaient à peine de quoi manger ... Mon nonno, il me racontait qu'une fois rentré à la maison, il lui restait juste la force de s'endormir !
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- Mussolini ?
- Si. Pour un gros porc, j'ai pas trouvé meilleur nom.
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Ce que serait devenue la ville si je n'avais pas existé! (p61)
Quarante ans de ma vie à aspirer, ça fait des tonnes de poussière, non? Alors si je n'avais pas été là...
- Ah, oui. C'est juste...
Ca veut donc dire qu'aussi petite qu'ait été ma vie, elle n'a pas complètement été inutile.
Pas complètement... Il faut bien avouer que le bilan n'est pas folichon!
Toutes ces années, j'ai passé mes journées à nettoyer. Et le soir, je fabriquais de jolies maquettes pour oublier ce que je faisais la journée... Quel programme!
Monsieur Gillet... Je crois bien que j'ai raté ma vie.
Vous croyez qu'à 65 ans, on peut encore tout changer?
- Je ne sais pas...
- MMM
Oui...
C'est des mains qui ont jamais travaillé, ça...
Et la télé? Tu n'as toujours pas la télé?
Non.
Je ne vais jamais tenir...
- Je ne comprends pas qu'on puisse faire copain-copain avec un cochon puis le manger après !
- Hé bé... Déjà, il t'a adopté. Il a bon caractère, ce Mussolini.
- Mussolini ?
- Si. Pour un gros porc, j'ai pas trouvé meilleur nom.
- À trois ans, mes parents m'ont donné à ma tante.
- Donné ?
- Oui. Elle avait pas d'enfants. Et mon père, il en avait beaucoup. Alors, il m'a envoyé vivre chez sa sœur. C'était comme ça.
Au début, j'ai pleuré. Puis j'ai compris qu'être le fils unique de ma tante, c'était mieux qu'un des sept de mes parents. Très heureux, j'ai été avec elle. Puis elle est morte. J'avais 12 ans.
Je suis retourné chez mes parents. Là, j'ai vite compris que c'était plus chez moi. Pour eux, j'étais devenu le fils de ma tante.
Puis, à 18 ans, on m'a envoyé à la guerre. Benito Mussolini, il m'a dit de tirer. Je savais pas sur qui mais j'ai dit oui.
Puis on m'a dit : "Va en Belgique !" J'ai dit oui ! "Descends à la mine" ? Oui ! "Crève de misère" ? Oui !
Oui, oui, oui !
Moi je me suis toujours laissé faire. Et j'ai tout laissé filer.
Toute ma vie.
Jamais je me suis senti chez moi quelque part. Jamais !
La Belgique ? Tu sais comment les gens d'ici nous appelaient quand on est arrivé ?
Les Macaronis....
Macaronis ! Macaronis !
Vita di merda !!!!